
Kim Parlee récapitule les faits saillants de la journée, faisant le point sur la COVID-19 et discutant avec Dr Vipan Nikore, médecin en chef, Groupe Banque TD, des dernières nouvelles sur la lutte contre le coronavirus, y compris la mise au point d’un vaccin.
Print Transcript
[MUSIC PLAYING]
Bienvenue au bulletin quotidien sur la COVID-19 du vendredi 27 mars de Parlons argent. Ici Kim Parlee. Dans un instant, nous allons nous entretenir avec le Dr Vipan Nikore. Il est médecin en chef à la Banque TD et travaille également à la Cleveland Clinic. Dans un premier temps, toutefois, j’aimerais revenir sur l’actualité de la journée. Il y a des informations importantes qui viennent d’être diffusées.
Le gouvernement a annoncé un accroissement de l’aide aux petites entreprises. Il subventionnera à hauteur de 75 % les salaires versés par les PME admissibles dans le but de prévenir des licenciements, et ce, avec effet rétroactif à partir du 15 mars. Il crée le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes, qui consistera en prêts garantis par l’État, d’un montant pouvant aller jusqu’à 40 000 $.
Il reporte au mois de juin la date limite de versement de la TPS et de la TVH pour les petites et moyennes entreprises. La Banque du Canada a aussi annoncé des mesures : elle a réduit son taux directeur de 50 points de base, pour le ramener à 0,25 %, et elle a engagé une opération d’assouplissement quantitatif. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a été déclaré positif au COVID-19. Johnson, qui est âgé de 55 ans, est le premier chef d’État à avoir contracté le virus.
Comme promis, nous allons maintenant nous entretenir avec le Dr Vipan Nikore, qui va faire le point sur l’aspect sanitaire de la crise du coronavirus. Dr Nikore, dans la mesure du possible, j’aimerais commencer par les faits nouveaux importants à vos yeux qui sont survenus depuis une semaine sur le plan sanitaire.
Oui, merci, Kim. Je vais commencer par quelques chiffres essentiels : nous en sommes à 550 000 cas à l’échelle mondiale, et l’un des principaux développements concerne les États-Unis, qui comptent maintenant plus de 80 000 cas. Les États-Unis ont supplanté la Chine comme pays comptant le plus grand nombre de cas. Nous avons mentionné déjà l’existence d’une transmission locale au Canada et aux États-Unis. Elle est devenue importante.
Les voyages ne seront plus un facteur aussi important, car les gens sont confinés à l’intérieur des frontières nationales depuis un certain temps. Nous observons d’importants foyers d’infection au Canada et aux États-Unis. Aux États-Unis, il y a New York, New Orleans. Le nombre de cas y est en forte progression. Selon certaines projections, on manquera de respirateurs, là-bas, dans un proche avenir. On y transforme en hôpitaux des lieux comme les palais des congrès.
Au Canada, on commence à observer des foyers d’infection à Montréal; c’est préoccupant. Je ne saurais trop insister sur la nécessité de maintenir une distance entre soi et les autres ainsi que de se laver les mains. Ce sont là les mesures les plus efficaces en ce moment.
Vous avez mentionné la progression de certains chiffres. Un chiffre que les gens surveillent est celui du taux de mortalité. On voit se dessiner des différences à cet égard entre les pays. Je me demandais si vous avez une idée de ce qui peut expliquer ça.
C’est très intéressant, et je pense qu’il est très important d’observer ce qui se passe dans les autres pays, ce qui marche dans les autres pays, d’observer les tendances et de les analyser. On voit des endroits comme l’Italie, où le taux de mortalité avoisine les 11 %... Le taux n’est pas très loin de ça en Espagne également. D’autre part, il y a des endroits comme la Corée et surtout l’Allemagne, où le taux de mortalité se situe aux alentours de 0,6 %. Il existe de multiples hypothèses pour expliquer pourquoi cela a pu se produire ou pourquoi cela se produit.
Il y a l’âge : en Italie, la population est plus âgée qu’ailleurs. Il y a les habitudes culturelles. Un des principaux facteurs est la réalisation de tests. Quand on peut réaliser des tests, on peut isoler les personnes infectées, appliquer des mesures de mise en quarantaine strictes, qui les empêcheront d’infecter d’autres personnes. C’est une très bonne stratégie.
Un autre facteur important concerne le système de santé... sa capacité de soigner les gens, compte tenu du nombre de respirateurs, et caetera. Il est également intéressant de noter que l’Allemagne a le ratio infirmières-patient le plus élevé. On l’a constaté dans la présente situation. Alors, voilà des observations intéressantes.
J’aimerais que nous parlions un peu plus du système hospitalier. C’est intéressant. Le Canada compte plus de 4 000 cas, et vous êtes sur le terrain, vous travaillez avec des cliniques et des hôpitaux, qu’est-ce que vous observez quant à la façon dont on se prépare au Canada?
Je pense que les hôpitaux et les systèmes de santé se sont adaptés avec une rapidité remarquable. Les systèmes de santé ne sont évidemment pas très enclins à prendre des risques, ce n’est pas comme les technos de Silicon Valley, mais ils ont procédé à des adaptations remarquables.
Parmi les choses que j’ai observées... en matière d’équipement de protection individuelle, nous progressons rapidement. Nous tâchons de libérer des capacités et des locaux, de ne plus accepter que les cas urgents, comme le reste du monde, qui pratique la distanciation physique et ne maintient que les services essentiels. C’est ce que nous faisons. Évidemment, il a fallu supprimer des services non essentiels. On voit beaucoup de télésanté et de télémédecine.
On voit beaucoup d’endroits interdire l’accès aux visiteurs. Nous avons fait ça à Trillium, à notre hôpital, ici. Ce ne sont que quelques mesures, la liste est longue, les hôpitaux effectuent un énorme travail de préparation. Alors...
J’ai deux ou trois autres questions, je sais que vous êtes très occupé aujourd’hui, mais ce qui préoccupe avant tout les gens, c’est de savoir si nous pouvons freiner le virus. Vous avez indiqué que les mesures les plus efficaces sont le confinement chez soi et le lavage des mains, mais les gens craignent une résurgence à l’automne. Qu’entendez-vous dire à ce sujet?
C’est assurément plausible. Il sera important de suivre la situation en Chine et dans d’autres pays qui ont été touchés avant nous. Si nous constatons ce qui arrive là-bas, ça ne veut pas dire que ça va arriver ici. Dans le cas d’autres virus, y compris à l’époque de la grippe espagnole, il y a eu deux ou trois résurgences. Alors, c’est assurément plausible. Peu importe ce qui arrivera, avec un peu de chance, quand ça ira mieux, plus tard, nous devrons prendre des mesures de précaution et faire très attention quand nous retournerons au travail et reprendrons une vie normale.
Dans cette optique, avons-nous appris quelque chose de nouveau au sujet du virus depuis une semaine, particulièrement pour ce qui est d’un vaccin? On espère – on croise les doigts – que dans l’éventualité d’une résurgence nous aurons des armes pour l’affronter.
Oui, nous approfondissons constamment notre connaissance du virus. Je dirais que ces derniers jours nous n’avons rien appris de particulièrement important. Nous affinons constamment les hypothèses concernant la transmission asymptomatique, qui est une donnée importante dans la lutte pour freiner le virus; nous consolidons la thèse d’un virus transmissible par les gouttelettes respiratoires.
Une des choses intéressantes concerne l’acquisition de l’immunité. Après avoir contracté un virus, maints virus que nous avons, il est courant que nous acquérions une certaine immunité. La FDA a autorisé en urgence, cette semaine, la mise à l’essai d’un traitement consistant à prélever du sang chez une personne ayant eu le virus et à injecter ce sang à une personne susceptible d’être infectée. C’est au stade de l’essai. C’est encore spéculatif. On ne sait pas ce que ça va donner. Bien entendu, c’est une théorie plausible. On a donc décidé de procéder rapidement à des essais pour faire avancer le dossier. Alors...
Vipan, nous apprécions que vous nous accordiez du temps, vous êtes occupé, et nous allons vous laisser retourner à votre travail. Un grand merci!
Je vous en prie. Faites attention à vous!
C’était le Dr Vipan Nikore. Médecin en chef de la TD, il travaille aussi en étroite collaboration – collaboration, Excusez-moi – avec la Cleveland Clinic. Merci d’avoir été des nôtres. Nous espérons que vous allez bien et que vous serez de nouveau des nôtres demain.
[MUSIC PLAYING]
Bienvenue au bulletin quotidien sur la COVID-19 du vendredi 27 mars de Parlons argent. Ici Kim Parlee. Dans un instant, nous allons nous entretenir avec le Dr Vipan Nikore. Il est médecin en chef à la Banque TD et travaille également à la Cleveland Clinic. Dans un premier temps, toutefois, j’aimerais revenir sur l’actualité de la journée. Il y a des informations importantes qui viennent d’être diffusées.
Le gouvernement a annoncé un accroissement de l’aide aux petites entreprises. Il subventionnera à hauteur de 75 % les salaires versés par les PME admissibles dans le but de prévenir des licenciements, et ce, avec effet rétroactif à partir du 15 mars. Il crée le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes, qui consistera en prêts garantis par l’État, d’un montant pouvant aller jusqu’à 40 000 $.
Il reporte au mois de juin la date limite de versement de la TPS et de la TVH pour les petites et moyennes entreprises. La Banque du Canada a aussi annoncé des mesures : elle a réduit son taux directeur de 50 points de base, pour le ramener à 0,25 %, et elle a engagé une opération d’assouplissement quantitatif. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a été déclaré positif au COVID-19. Johnson, qui est âgé de 55 ans, est le premier chef d’État à avoir contracté le virus.
Comme promis, nous allons maintenant nous entretenir avec le Dr Vipan Nikore, qui va faire le point sur l’aspect sanitaire de la crise du coronavirus. Dr Nikore, dans la mesure du possible, j’aimerais commencer par les faits nouveaux importants à vos yeux qui sont survenus depuis une semaine sur le plan sanitaire.
Oui, merci, Kim. Je vais commencer par quelques chiffres essentiels : nous en sommes à 550 000 cas à l’échelle mondiale, et l’un des principaux développements concerne les États-Unis, qui comptent maintenant plus de 80 000 cas. Les États-Unis ont supplanté la Chine comme pays comptant le plus grand nombre de cas. Nous avons mentionné déjà l’existence d’une transmission locale au Canada et aux États-Unis. Elle est devenue importante.
Les voyages ne seront plus un facteur aussi important, car les gens sont confinés à l’intérieur des frontières nationales depuis un certain temps. Nous observons d’importants foyers d’infection au Canada et aux États-Unis. Aux États-Unis, il y a New York, New Orleans. Le nombre de cas y est en forte progression. Selon certaines projections, on manquera de respirateurs, là-bas, dans un proche avenir. On y transforme en hôpitaux des lieux comme les palais des congrès.
Au Canada, on commence à observer des foyers d’infection à Montréal; c’est préoccupant. Je ne saurais trop insister sur la nécessité de maintenir une distance entre soi et les autres ainsi que de se laver les mains. Ce sont là les mesures les plus efficaces en ce moment.
Vous avez mentionné la progression de certains chiffres. Un chiffre que les gens surveillent est celui du taux de mortalité. On voit se dessiner des différences à cet égard entre les pays. Je me demandais si vous avez une idée de ce qui peut expliquer ça.
C’est très intéressant, et je pense qu’il est très important d’observer ce qui se passe dans les autres pays, ce qui marche dans les autres pays, d’observer les tendances et de les analyser. On voit des endroits comme l’Italie, où le taux de mortalité avoisine les 11 %... Le taux n’est pas très loin de ça en Espagne également. D’autre part, il y a des endroits comme la Corée et surtout l’Allemagne, où le taux de mortalité se situe aux alentours de 0,6 %. Il existe de multiples hypothèses pour expliquer pourquoi cela a pu se produire ou pourquoi cela se produit.
Il y a l’âge : en Italie, la population est plus âgée qu’ailleurs. Il y a les habitudes culturelles. Un des principaux facteurs est la réalisation de tests. Quand on peut réaliser des tests, on peut isoler les personnes infectées, appliquer des mesures de mise en quarantaine strictes, qui les empêcheront d’infecter d’autres personnes. C’est une très bonne stratégie.
Un autre facteur important concerne le système de santé... sa capacité de soigner les gens, compte tenu du nombre de respirateurs, et caetera. Il est également intéressant de noter que l’Allemagne a le ratio infirmières-patient le plus élevé. On l’a constaté dans la présente situation. Alors, voilà des observations intéressantes.
J’aimerais que nous parlions un peu plus du système hospitalier. C’est intéressant. Le Canada compte plus de 4 000 cas, et vous êtes sur le terrain, vous travaillez avec des cliniques et des hôpitaux, qu’est-ce que vous observez quant à la façon dont on se prépare au Canada?
Je pense que les hôpitaux et les systèmes de santé se sont adaptés avec une rapidité remarquable. Les systèmes de santé ne sont évidemment pas très enclins à prendre des risques, ce n’est pas comme les technos de Silicon Valley, mais ils ont procédé à des adaptations remarquables.
Parmi les choses que j’ai observées... en matière d’équipement de protection individuelle, nous progressons rapidement. Nous tâchons de libérer des capacités et des locaux, de ne plus accepter que les cas urgents, comme le reste du monde, qui pratique la distanciation physique et ne maintient que les services essentiels. C’est ce que nous faisons. Évidemment, il a fallu supprimer des services non essentiels. On voit beaucoup de télésanté et de télémédecine.
On voit beaucoup d’endroits interdire l’accès aux visiteurs. Nous avons fait ça à Trillium, à notre hôpital, ici. Ce ne sont que quelques mesures, la liste est longue, les hôpitaux effectuent un énorme travail de préparation. Alors...
J’ai deux ou trois autres questions, je sais que vous êtes très occupé aujourd’hui, mais ce qui préoccupe avant tout les gens, c’est de savoir si nous pouvons freiner le virus. Vous avez indiqué que les mesures les plus efficaces sont le confinement chez soi et le lavage des mains, mais les gens craignent une résurgence à l’automne. Qu’entendez-vous dire à ce sujet?
C’est assurément plausible. Il sera important de suivre la situation en Chine et dans d’autres pays qui ont été touchés avant nous. Si nous constatons ce qui arrive là-bas, ça ne veut pas dire que ça va arriver ici. Dans le cas d’autres virus, y compris à l’époque de la grippe espagnole, il y a eu deux ou trois résurgences. Alors, c’est assurément plausible. Peu importe ce qui arrivera, avec un peu de chance, quand ça ira mieux, plus tard, nous devrons prendre des mesures de précaution et faire très attention quand nous retournerons au travail et reprendrons une vie normale.
Dans cette optique, avons-nous appris quelque chose de nouveau au sujet du virus depuis une semaine, particulièrement pour ce qui est d’un vaccin? On espère – on croise les doigts – que dans l’éventualité d’une résurgence nous aurons des armes pour l’affronter.
Oui, nous approfondissons constamment notre connaissance du virus. Je dirais que ces derniers jours nous n’avons rien appris de particulièrement important. Nous affinons constamment les hypothèses concernant la transmission asymptomatique, qui est une donnée importante dans la lutte pour freiner le virus; nous consolidons la thèse d’un virus transmissible par les gouttelettes respiratoires.
Une des choses intéressantes concerne l’acquisition de l’immunité. Après avoir contracté un virus, maints virus que nous avons, il est courant que nous acquérions une certaine immunité. La FDA a autorisé en urgence, cette semaine, la mise à l’essai d’un traitement consistant à prélever du sang chez une personne ayant eu le virus et à injecter ce sang à une personne susceptible d’être infectée. C’est au stade de l’essai. C’est encore spéculatif. On ne sait pas ce que ça va donner. Bien entendu, c’est une théorie plausible. On a donc décidé de procéder rapidement à des essais pour faire avancer le dossier. Alors...
Vipan, nous apprécions que vous nous accordiez du temps, vous êtes occupé, et nous allons vous laisser retourner à votre travail. Un grand merci!
Je vous en prie. Faites attention à vous!
C’était le Dr Vipan Nikore. Médecin en chef de la TD, il travaille aussi en étroite collaboration – collaboration, Excusez-moi – avec la Cleveland Clinic. Merci d’avoir été des nôtres. Nous espérons que vous allez bien et que vous serez de nouveau des nôtres demain.
[MUSIC PLAYING]