Le cours du pétrole atteint des sommets depuis plusieurs mois en raison des inquiétudes des négociateurs concernant l’approvisionnement. Hussein Allidina, chef, Produits de base à Gestion de Placements TD, discute avec Greg Bonnell de MoneyTalk des évolutions récentes et de l’éventualité que les gains continuent.
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Les cours du pétrole ont augmenté ce mois-ci, les événements géopolitiques attirant l'attention des investisseurs, mais le cours du brut se résume-t-il à une simple prime du risque? Hussein Allidina de gestion de placement TD nous rejoint pour en discuter. Bonjour, Hussein.
Bonjour, Greg. Ça me fait plaisir de participer à votre émission. Je suis désolé de ne pas être en personne.
Parlons de ce qui justifie cette récente percée du pétrole. Vous avez évoqué les préoccupations géopolitiques. Celles-ci sont en arrière-plan depuis cinq mois et récemment, avec l'intensification des attaques en mer Rouge. Mais quand on considère les données fondamentales, la plupart des participants au début de cette année prévoyaient que les stocks augmenteraient pendant le premier trimestre, le premier trimestre n'est pas terminé, mais en janvier, il y a eu d'importants prélèvements. En février, il y a une augmentation normale des stocks. Selon les dernières données, les stocks continuent de diminuer.
Tout ceci est très positif. La demande est ferme. J'ai un graphique qui montre la demande d'essence aux États-Unis. La demande d'essence aux États-Unis se maintient bien... ...de fait, à des niveaux que l'on s'attendrait à voir pendant l'été. Nous ne sommes pas à l'été, la météo clémente encourage peut-être les déplacements en automobile, mais la demande est très ferme. Quand on conjugue tous ces éléments, on constate une situation de stock plus serrée que prévu. Nous avions des stocks très limités au début, nous pensions qu'ils seraient reconstitués pendant le premier trimestre, cela ne s'est pas reproduit. Par conséquent, le déport du marché du brut est très marqué. La courbe des contrats à terme du WTI, il s'agit des données d'hier, est beaucoup plus prononcée par rapport à ce qu'elle était il y a un mois, il y a une semaine. Ceci souligne...
Vous avez parlé des marchés émergents, du fait que la demande est au rendez-vous là-bas, mais vous avez dit quelque chose de très important, c'est que l'OPEP a tenu ses engagements de limiter l'offre peut-être plus qu'elle ne devrait l'être.
Oui, donc l'OPEP a réduit la production, et puisqu'elle a réduit la production, cela a considéré un resserrement de l'équilibre. Je ne suis pas de ceux qui pensent que le cours du pétrole va dépasser les 90 ou 95$ le baril cette année. En effet, si c'était le cas, l'OPEP augmenterait de nouveau la production. Mais en tant qu'investisseur dans les produits de base, il n'est pas nécessaire que le cours du pétrole augmente considérablement. Avec le déport de la courbe, je réalise 10% sur l'opération et cela concourt aux équilibres serrés que l'on voit sur le marché du brut.
Parlons des investissements dans le secteur. Le cours du brut augmente, vous ne considérez pas qu'ils vont augmenter beaucoup puisque l'OPEP rouvrirait les vannes au besoin. Mais le sous-investissement dans ce secteur est un thème depuis aussi longtemps que passe cette émission, il y a près de deux ans. Vous y êtes régulièrement intervenu. Cela n'a pas beaucoup changé.
Non. En vérité, nous n'investissons pas dans les produits de base en général, dans le pétrole en particulier, depuis 10 à 12 ans. La croissance que nous avons constatée l'an dernier dans l'offre hors OPEP, à part le pétrole de schiste aux États-Unis, dont le cycle est relativement court, émanait du Brésil, de la Guyane et du Canada. Il s'agit de projets avec de très longs délais de mise en œuvre, sept, huit, dix ans. Pour beaucoup de ses projets, les premières immobilisations ont été engrangées pendant le dernier super cycle. Si la demande continue d'augmenter, ce que je crois, si vous pensez que la croissance économique se poursuivra, il faudra investir où les équilibres demeureront serrés, ce qui exigera une hausse des prix pour limiter la croissance de la demande. L'an dernier, les marchés ont adopté une attitude pessimiste à l'égard de la croissance de laproduction aux États-Unis, or celle-ci a augmenté nettement au quatrième trimestre. Je suis passé à votre émission et j'ai dit qu'une partie de cette augmentation est attribuable aux producteurs privés qui cherchent à augmenter leur production afin de pouvoir être rachetés dans le secteur des fusions et acquisitions. Des données plus récentes aux États-Unis montrent que la production a reculé. Je ne parle pas du mois de janvier où il y a eu un gel au Texas. Je parle de données plus récentes depuis une quinzaine de jours. On tourne autour de 13 millions de barils par jour, ce qui est 200 000 barils par jour de moins qu'au quatrième trimestre de l'an dernier. Il faut vraiment qu'il y ait une augmentation de l'investissement, puisque la demande continue d'augmenter, et la situation réelle est très serrée.
Pensez-vous que ces investissements seront au rendez-vous? Que faudrait-il pour que les investissements soient faits? Quel serait l'encouragement au producteur si le pétrole n'augmente pas tellement? - Le problème c'est que nous sommes d'ores et déjà au-dessus du seuil de rentabilité, mais à cause de l'importance attachée au principe ESG, à la transition énergétique, les actionnaires, depuis cinq à dix ans, ont enjoint aux entreprises de restituer leur flux de trésorerie. Elle continue de le faire, ce qui est formidable à court terme en tant qu'investisseur sur le marché boursier, mais à moyen terme, les compagnies énergétiques ne ressembleront pas à des compagnies énergétiques, puisque elles ne s'investissent pas dans l'amont. Mais au fur et à mesure que les cours montent et demeurent élevés, il y aura des immobilisations supplémentaires, mais nous sommes très loin des niveaux où nous devrions être, compte tenu de la rareté des investissements depuis 10 ans.
Dans quelle mesure pourrait-il y avoir des hauts et des bas d'ici quelques années si les investisseurs tentent de soupeser les facteurs ESG, la transition énergétique d'une part et d'autre part la nécessité de combustibles fossiles dans l'actualité? Il ne semble pas qu'il s'agira d'une transition nette. Je crois que ce sera un peu désordonné.
Oui, nous en avons parlé. Je pense que les marchés... estiment qu'il sera facile de passer des hydrocarbures aux énergies renouvelables et c'est une idée fausse. Le monde tel que nous le connaissons est basé sur une infrastructure depuis 10 ans qui est tributaire des hydrocarbures. Il y a déjà des difficultés quant à la disponibilité... par exemple, la capacité de chargement des véhicules électriques. Il y a un ralentissement dans le monde développé dans les ventes de véhicules électriques parce que le taux d'adoption est moins élevé. Je pense que cette transition ne sera pas nette. L'idée que la transition se fera sans heurts est erronée et dangereuse à mon avis.
Bonjour, Greg. Ça me fait plaisir de participer à votre émission. Je suis désolé de ne pas être en personne.
Parlons de ce qui justifie cette récente percée du pétrole. Vous avez évoqué les préoccupations géopolitiques. Celles-ci sont en arrière-plan depuis cinq mois et récemment, avec l'intensification des attaques en mer Rouge. Mais quand on considère les données fondamentales, la plupart des participants au début de cette année prévoyaient que les stocks augmenteraient pendant le premier trimestre, le premier trimestre n'est pas terminé, mais en janvier, il y a eu d'importants prélèvements. En février, il y a une augmentation normale des stocks. Selon les dernières données, les stocks continuent de diminuer.
Tout ceci est très positif. La demande est ferme. J'ai un graphique qui montre la demande d'essence aux États-Unis. La demande d'essence aux États-Unis se maintient bien... ...de fait, à des niveaux que l'on s'attendrait à voir pendant l'été. Nous ne sommes pas à l'été, la météo clémente encourage peut-être les déplacements en automobile, mais la demande est très ferme. Quand on conjugue tous ces éléments, on constate une situation de stock plus serrée que prévu. Nous avions des stocks très limités au début, nous pensions qu'ils seraient reconstitués pendant le premier trimestre, cela ne s'est pas reproduit. Par conséquent, le déport du marché du brut est très marqué. La courbe des contrats à terme du WTI, il s'agit des données d'hier, est beaucoup plus prononcée par rapport à ce qu'elle était il y a un mois, il y a une semaine. Ceci souligne...
Vous avez parlé des marchés émergents, du fait que la demande est au rendez-vous là-bas, mais vous avez dit quelque chose de très important, c'est que l'OPEP a tenu ses engagements de limiter l'offre peut-être plus qu'elle ne devrait l'être.
Oui, donc l'OPEP a réduit la production, et puisqu'elle a réduit la production, cela a considéré un resserrement de l'équilibre. Je ne suis pas de ceux qui pensent que le cours du pétrole va dépasser les 90 ou 95$ le baril cette année. En effet, si c'était le cas, l'OPEP augmenterait de nouveau la production. Mais en tant qu'investisseur dans les produits de base, il n'est pas nécessaire que le cours du pétrole augmente considérablement. Avec le déport de la courbe, je réalise 10% sur l'opération et cela concourt aux équilibres serrés que l'on voit sur le marché du brut.
Parlons des investissements dans le secteur. Le cours du brut augmente, vous ne considérez pas qu'ils vont augmenter beaucoup puisque l'OPEP rouvrirait les vannes au besoin. Mais le sous-investissement dans ce secteur est un thème depuis aussi longtemps que passe cette émission, il y a près de deux ans. Vous y êtes régulièrement intervenu. Cela n'a pas beaucoup changé.
Non. En vérité, nous n'investissons pas dans les produits de base en général, dans le pétrole en particulier, depuis 10 à 12 ans. La croissance que nous avons constatée l'an dernier dans l'offre hors OPEP, à part le pétrole de schiste aux États-Unis, dont le cycle est relativement court, émanait du Brésil, de la Guyane et du Canada. Il s'agit de projets avec de très longs délais de mise en œuvre, sept, huit, dix ans. Pour beaucoup de ses projets, les premières immobilisations ont été engrangées pendant le dernier super cycle. Si la demande continue d'augmenter, ce que je crois, si vous pensez que la croissance économique se poursuivra, il faudra investir où les équilibres demeureront serrés, ce qui exigera une hausse des prix pour limiter la croissance de la demande. L'an dernier, les marchés ont adopté une attitude pessimiste à l'égard de la croissance de laproduction aux États-Unis, or celle-ci a augmenté nettement au quatrième trimestre. Je suis passé à votre émission et j'ai dit qu'une partie de cette augmentation est attribuable aux producteurs privés qui cherchent à augmenter leur production afin de pouvoir être rachetés dans le secteur des fusions et acquisitions. Des données plus récentes aux États-Unis montrent que la production a reculé. Je ne parle pas du mois de janvier où il y a eu un gel au Texas. Je parle de données plus récentes depuis une quinzaine de jours. On tourne autour de 13 millions de barils par jour, ce qui est 200 000 barils par jour de moins qu'au quatrième trimestre de l'an dernier. Il faut vraiment qu'il y ait une augmentation de l'investissement, puisque la demande continue d'augmenter, et la situation réelle est très serrée.
Pensez-vous que ces investissements seront au rendez-vous? Que faudrait-il pour que les investissements soient faits? Quel serait l'encouragement au producteur si le pétrole n'augmente pas tellement? - Le problème c'est que nous sommes d'ores et déjà au-dessus du seuil de rentabilité, mais à cause de l'importance attachée au principe ESG, à la transition énergétique, les actionnaires, depuis cinq à dix ans, ont enjoint aux entreprises de restituer leur flux de trésorerie. Elle continue de le faire, ce qui est formidable à court terme en tant qu'investisseur sur le marché boursier, mais à moyen terme, les compagnies énergétiques ne ressembleront pas à des compagnies énergétiques, puisque elles ne s'investissent pas dans l'amont. Mais au fur et à mesure que les cours montent et demeurent élevés, il y aura des immobilisations supplémentaires, mais nous sommes très loin des niveaux où nous devrions être, compte tenu de la rareté des investissements depuis 10 ans.
Dans quelle mesure pourrait-il y avoir des hauts et des bas d'ici quelques années si les investisseurs tentent de soupeser les facteurs ESG, la transition énergétique d'une part et d'autre part la nécessité de combustibles fossiles dans l'actualité? Il ne semble pas qu'il s'agira d'une transition nette. Je crois que ce sera un peu désordonné.
Oui, nous en avons parlé. Je pense que les marchés... estiment qu'il sera facile de passer des hydrocarbures aux énergies renouvelables et c'est une idée fausse. Le monde tel que nous le connaissons est basé sur une infrastructure depuis 10 ans qui est tributaire des hydrocarbures. Il y a déjà des difficultés quant à la disponibilité... par exemple, la capacité de chargement des véhicules électriques. Il y a un ralentissement dans le monde développé dans les ventes de véhicules électriques parce que le taux d'adoption est moins élevé. Je pense que cette transition ne sera pas nette. L'idée que la transition se fera sans heurts est erronée et dangereuse à mon avis.