
Anthony Okolie récapitule l’actualité du jour, notamment les dernières nouvelles sur la COVID-19, puis Kim Parlee et Rob Vanderhooft, chef des placements, Gestion de Placements TD, discutent de la façon dont les périodes de volatilité accrue peuvent aider à éliminer les excédents et à créer des occasions de placement.
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Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien COVID-19 MoneyTalk du mercredi 27 mai. Ici, Anthony Okolie. Dans quelques minutes, Kim Parlee s’interrogera sur la façon dont la volatilité peut créer des occasions sur le marché avec Rob Vanderhooft, chef des placements, Gestion de Placements TD. Commençons cependant en faisant un survol rapide des nouvelles du jour. Deux des plus grandes banques au Canada disent avoir vu leurs bénéfices diminuer de moitié au deuxième trimestre, alors que la crise de la COVID-19 a obligé la Banque Royale du Canada et la Banque de Montréal à mettre de côté des sommes impressionnantes en vue de potentielles pertes sur prêt. C’est la fin d’une époque pour l’une des plus grandes entreprises de presse au Canada. Toronto Star, entreprise propriétaire du Toronto Star et de plus de 70 autres journaux, a accepté l’offre de deux grandes entreprises canadiennes familiales et sera privatisée. Les entreprises de médias sociaux sont sous les projecteurs après la menace du président Donald Trump de réglementer ou de fermer ces entreprises. L’avertissement visait apparemment Twitter puisqu’il survient alors que l’entreprise commence à soumettre les gazouillis du président à une vérification des faits. Enfin, l’Union européenne a proposé un imposant plan de relance pour faire face au coronavirus. Le plan, qui s’élève à 824 G$, vise à soutenir les pays les plus durement touchés sans augmenter le triste taux de mortalité des pays du Sud, dont l’Italie, l’Espagne et la Grèce. C’était le résumé des nouvelles du jour. Voici maintenant la discussion de Kim Parlee avec Rob Vanderhooft.
Rob, c’est un peu les montagnes russes depuis que la pandémie a commencé, c’est-à-dire depuis, en Amérique du Nord, au moins le début de mars. Que pensez-vous des niveaux du marché actuels?
On a définitivement été témoin d’un recul des marchés et probablement de façon excessive du côté des marchés des actions. Les marchés n’aiment pas l’incertitude. À ce stade-ci, elle s’est probablement résorbée en partie. Les marchés ont rebondi. Je dirais qu’ils se situent actuellement à la limite supérieure de leur fourchette de justes évaluations, étant donné les attentes à l’égard des bénéfices.
Si on regarde plus loin... je dirais que, même sur les marchés actuels, la reprise est inégale. On a évidemment vu les titres de certaines grandes entreprises technologiques gonfler d’une certaine façon, mais d’autres restent derrière. La volatilité augmentera-t-elle?
Non. Je crois que la volatilité s’est atténuée, par rapport aux niveaux très très élevés qu’on a vus au début de la pandémie. Ça s’est calmé. Les marchés fonctionnent presque normalement en ce qui a trait aux liquidités. Au début, celles-ci représentaient un gros défi, et assurément du côté des obligations.
Mais une grande part de ça est limitée. On est de retour à la norme quant à ces facteurs. On ne s’attend pas à ce que ce type de volatilité revienne à moins d’un changement brutal dans la direction dans laquelle on se dirige.
La voie vers la reprise est visible. À quoi ressemble-t-elle selon vous? Ou plutôt quels renseignements regardez-vous pour évaluer la voie que pourrait prendre la reprise?
L’effet sur la croissance économique a été considérable. Mais encore une fois, on veut voir une certaine remontée de l’économie. On regarde du côté de la Chine et de la Corée du Sud. La remontée a été assez rapide du côté de la production industrielle et des services. Par contre, on observe un décalage économique du côté des consommateurs. Ils éprouvent une réticence, disons, plutôt justifiée. Le chômage a indéniablement joué un rôle sur ce plan. Les consommateurs hésitent encore à sortir et cet obstacle psychologique durera encore un certain temps. La reprise du côté des consommateurs n’a pas encore été aussi bonne. On s’attend à ce que le retard se poursuive. La vitesse à laquelle la reprise se produira dépend en fait d’un traitement et d’un vaccin. Il faudra attendre un vaccin fonctionnel et savoir quand il sera disponible pour que les consommateurs reprennent confiance et se réinvestissent dans le marché.
À la lumière de ces facteurs et, je sais que toutes les personnes à qui j’ai parlées, y compris vous, ont mentionné notre dépendance à un vaccin... De toute évidence, c’est un facteur très important, quelle stratégie de placement adoptez-vous pendant la crise?
Vous savez, on doit s’en tenir à des attentes à très long terme. On doit voir au-delà et adopter un horizon de 12 à 18 mois. Sur le plan stratégique, pour notre composition des actifs à long terme, on a réduit notre proportion d’actions. Puis, sur le plan tactique, quand les marchés descendent à des niveaux très bas, ou les marchés boursiers, on veut acheter des titres. On est revenu à des cibles stratégiques à long terme au chapitre de la répartition. Puis, plus récemment, les marchés des actions se sont appréciés; on a eu tendance à vendre un peu de nos titres sur ces marchés, encore une fois, dans le but d’atteindre notre cible stratégique à long terme. D’un point de vue tactique, on étoffe nos positions et on en vend au fur et à mesure.
Ne parlons pas trop en profondeur des tactiques. On a des graphiques qui montrent votre position, sur le plan de la répartition des actifs. Voici celui pour les titres à revenu fixe. Que faites-vous avec de tels titres dans un environnement où les taux d’intérêt sont pratiquement nuls?
Encore ici, on a sous-pondéré les titres à revenu fixe et on va maintenir cette position. On s’attend à ce que les taux demeurent bas encore longtemps. Les mesures des banques centrales sous-entendent que le taux d’inflation, par exemple, continue d’être très très bas. Les taux devraient rester faibles encore un bon bout de temps, ce qui veut dire qu’on se tourne vers certains titres axés sur les revenus. On a augmenté nos obligations de sociétés de qualité investissement dans nos portefeuilles. Encore une fois, pour ajouter des revenus à la variable des titres à revenu fixe, puisqu’on s’attend à de très faibles taux pour une durée prolongée.
Montrons le graphique sur les actions pour que vous nous donniez votre opinion. Il est à l’écran à l’instant et on peut voir que vous privilégiez encore une fois les actions américaines par rapport à celles du Canada.
Je regarde le rendement de l’économie canadienne par rapport à celle des États-Unis. On s’attend à ce que le Canada accuse un retard sur ses voisins du Sud à ce chapitre. Un des facteurs déterminants, ici, c’est qu’environ 12 % de notre PIB repose sur le secteur du pétrole et du gaz au Canada. Et ce secteur a subi d’énormes pressions. On s’attend donc à ce qu’il affiche un rendement relativement inférieur. Voilà d’où vient notre position en matière de répartition des actifs. On s’attend aussi à ce que le rendement des États-Unis soit supérieur à celui de l’Europe, d’un point de vue économique. Par conséquent, les revenus devraient continuer de dépasser nos attentes à l’échelle internationale et assurément au Canada, même si ce sera à des niveaux plus bas.
Parlez-nous un peu du marché des fonds non traditionnels. On va afficher votre position pour ce marché, et on peut voir, ici, que quand on parle des fonds non traditionnels et des actifs réels, vous avez surpondéré les prêts hypothécaires commerciaux, ce qui est intéressant.
Oui. Encore une fois, les prêts hypothécaires commerciaux s’inscrivent dans l’optique de tirer plus de revenus. On continue de voir des écarts très importants des taux de ce côté.
Ces écarts se sont creusés jusqu’à un certain point comme tous les autres écarts. Ils offrent donc un rendement absolu et relatif très attrayant. On a donc maintenu notre surpondération. Quant aux infrastructures, on y retrouve encore de très bonnes occasions de tirer de solides rendements. Il est possible de tirer un rendement à deux chiffres dans certains projets d’infrastructure qu’on regarde en ce moment. Des rendements des plus intéressants. Dans le secteur immobilier, notre position est plus neutre pour l’instant. Certains taux de location sont inférieurs tout comme les perceptions de loyer dans certains secteurs. Du côté du marché des bureaux, c’est correct dans l’ensemble. Même chose pour le secteur industriel. Les répercussions se sont davantage fait sentir du côté du détail. Quant au secteur des immeubles multirésidentiels, il s’en est mieux sorti qu’on le pensait.
Puis, il y a la dernière catégorie : l’or, les devises et les liquidités.
Oui, notre position concernant l’or. Il est davantage couvert quant aux risques à venir. Selon moi, c’est pour ça que l’or prend de la valeur. Le coût relatif de l’or – en présence de taux très faibles – est extrêmement bas. Donc l’or est plus intéressant dans une position de couverture. Quant au dollar canadien, il suit encore une fois les attentes qu’on a à l’égard du rendement économique du pays par rapport aux États-Unis.
Rob, parlons un peu du secteur du pétrole. Ça a été plutôt fou, et particulièrement pénible pour, disons, les Canadiens qui avaient déjà été durement touchés. Mais on a tout récemment vu les prix du pétrole commencer à remonter légèrement. Est-ce que ça va durer?
Il y a effectivement eu un rebond intéressant des prix du pétrole, et c’est encourageant. Selon nous, ça va être plus difficile à partir de maintenant, si on regarde où on était avant la crise. En février, le prix du pétrole WTI se situait à 53 $US. On ne croit pas qu’il remontera à ce niveau de sitôt. Mais on est heureux de voir cette remontée du côté du pétrole. Par contre, les prix ne devraient pas continuer d’augmenter au point où ils remonteraient jusqu’à 53 $US.
Affichons un graphique que vous avez récemment publié. Il est question de l’offre et de la demande pour le pétrole brut. Ça montre ce qui s’est passé, eh bien, des deux côtés, en millions de barils par jour, depuis le premier trimestre de 2019 et ce qui est prévu au cours de ceux à venir. Expliquez-nous ce qui se passe relativement à l’offre et à la demande et ce qui vous fait dire ça.
C’est la base de notre raisonnement à cet égard. Il y a eu une reprise du secteur pétrolier, mais quand on approche du sommet, les prix augmentent. Donc, si on regarde la chute de la demande découlant de la COVID-19, on peut voir qu’elle a été soudaine. La destruction de la demande se chiffre probablement à 20 millions de barils par jour au deuxième trimestre. Évidemment, toujours en fonction d’un marché normal à cent millions de barils par jour. La destruction de la demande a donc été assez impressionnante. On a vu des réponses du côté de l’offre. Les membres de l’OPEP+ ont conclu une entente visant à réduire la production, ce qui pourrait rétablir un peu l’équilibre entre l’offre et la demande vers la fin de cette année. On a toutefois une préoccupation concernant les positions relatives aux stocks. Les stocks sont vraiment très élevés et continuent de l’être. Des efforts pour les réduire seront essentiels pour faire remonter les prix du pétrole aux alentours des 53 $US à 55 $US.
Qu’est-ce que ces niveaux de stocks et de prix signifient pour les producteurs pétroliers canadiens ou tout le secteur de l’énergie du Canada?
La situation a été plutôt difficile pour les entreprises pétrolières du Canada. Si on considère le WTI qui se situe actuellement à 33 $US, et le WSC, qui représente essentiellement le prix auquel se réfèrent la plupart des producteurs de l’Ouest canadien, qui se négocie selon un écart de 4 $US à 8 $US. En ce moment, il reprend du poil de la bête, mais les prix demeurent anémiques et, à ces niveaux, il est difficile pour la plupart des producteurs d’être rentables. Pratiquement tous les producteurs ont réduit leurs dépenses en immobilisations ou s’attendent à le faire de façon significative. Du coup, on prévoit qu’il y aura une certaine baisse de la production. Ce sont les producteurs de sables bitumineux – qui représentent les deux tiers de notre production – qui ont le plus gros défi. Il est difficile pour eux de réduire la production. On peut remarquer que la majorité des baisses de production sont faites par des producteurs de pétrole et de gaz plus conventionnels, lesquels bénéficient d’une plus grande souplesse.
Dites-moi, quand vous, quand on a vu ces fortes baisses des prix du pétrole, il y a quelques mois... Ça a fait les manchettes et on parlait de la fin du pétrole, ou de son remplacement par des sources d’énergie de substitution à une échelle beaucoup plus grande. Que dites-vous de cette idée? Est-ce une option à laquelle on devrait songer?
Eh bien. Si on regarde les dix dernières années, la demande en pétrole a augmenté de 1 % à 1,5 % par année. Ça représente de 1 à 1,5 million de barils par jour par année. Et cette tendance s’est poursuivie. Et, selon nous, ça ne va pas cesser d’augmenter. Il faut aussi regarder ce qui se passe du côté de la consommation au Canada. Par exemple, on a tendance à dénigrer les producteurs pétroliers, entre autres à cause des émissions de CO2. Mais on a aussi tendance à ne faire aucun rapprochement avec la consommation. Au Canada, la consommation continue de grimper; on figure probablement au 3e rang des pays de l’OCDE pour la consommation de pétrole par habitant. Il n’y a pas eu de ralentissement cyclique. Ça a ralenti à cause de la COVID-19. Encore une fois, quand l’économie reviendra à des niveaux plus normaux, ça va continuer. Les très faibles prix indiquent que la consommation ne changera probablement pas de manière considérable avant un certain temps. On est tous en faveur des énergies renouvelables. Sur le plan des infrastructures, il y a de nombreux projets en cours pour les énergies renouvelables. La fin du pétrole ne sera pas pour demain.
Rob, merci beaucoup.
Merci.
Rob, c’est un peu les montagnes russes depuis que la pandémie a commencé, c’est-à-dire depuis, en Amérique du Nord, au moins le début de mars. Que pensez-vous des niveaux du marché actuels?
On a définitivement été témoin d’un recul des marchés et probablement de façon excessive du côté des marchés des actions. Les marchés n’aiment pas l’incertitude. À ce stade-ci, elle s’est probablement résorbée en partie. Les marchés ont rebondi. Je dirais qu’ils se situent actuellement à la limite supérieure de leur fourchette de justes évaluations, étant donné les attentes à l’égard des bénéfices.
Si on regarde plus loin... je dirais que, même sur les marchés actuels, la reprise est inégale. On a évidemment vu les titres de certaines grandes entreprises technologiques gonfler d’une certaine façon, mais d’autres restent derrière. La volatilité augmentera-t-elle?
Non. Je crois que la volatilité s’est atténuée, par rapport aux niveaux très très élevés qu’on a vus au début de la pandémie. Ça s’est calmé. Les marchés fonctionnent presque normalement en ce qui a trait aux liquidités. Au début, celles-ci représentaient un gros défi, et assurément du côté des obligations.
Mais une grande part de ça est limitée. On est de retour à la norme quant à ces facteurs. On ne s’attend pas à ce que ce type de volatilité revienne à moins d’un changement brutal dans la direction dans laquelle on se dirige.
La voie vers la reprise est visible. À quoi ressemble-t-elle selon vous? Ou plutôt quels renseignements regardez-vous pour évaluer la voie que pourrait prendre la reprise?
L’effet sur la croissance économique a été considérable. Mais encore une fois, on veut voir une certaine remontée de l’économie. On regarde du côté de la Chine et de la Corée du Sud. La remontée a été assez rapide du côté de la production industrielle et des services. Par contre, on observe un décalage économique du côté des consommateurs. Ils éprouvent une réticence, disons, plutôt justifiée. Le chômage a indéniablement joué un rôle sur ce plan. Les consommateurs hésitent encore à sortir et cet obstacle psychologique durera encore un certain temps. La reprise du côté des consommateurs n’a pas encore été aussi bonne. On s’attend à ce que le retard se poursuive. La vitesse à laquelle la reprise se produira dépend en fait d’un traitement et d’un vaccin. Il faudra attendre un vaccin fonctionnel et savoir quand il sera disponible pour que les consommateurs reprennent confiance et se réinvestissent dans le marché.
À la lumière de ces facteurs et, je sais que toutes les personnes à qui j’ai parlées, y compris vous, ont mentionné notre dépendance à un vaccin... De toute évidence, c’est un facteur très important, quelle stratégie de placement adoptez-vous pendant la crise?
Vous savez, on doit s’en tenir à des attentes à très long terme. On doit voir au-delà et adopter un horizon de 12 à 18 mois. Sur le plan stratégique, pour notre composition des actifs à long terme, on a réduit notre proportion d’actions. Puis, sur le plan tactique, quand les marchés descendent à des niveaux très bas, ou les marchés boursiers, on veut acheter des titres. On est revenu à des cibles stratégiques à long terme au chapitre de la répartition. Puis, plus récemment, les marchés des actions se sont appréciés; on a eu tendance à vendre un peu de nos titres sur ces marchés, encore une fois, dans le but d’atteindre notre cible stratégique à long terme. D’un point de vue tactique, on étoffe nos positions et on en vend au fur et à mesure.
Ne parlons pas trop en profondeur des tactiques. On a des graphiques qui montrent votre position, sur le plan de la répartition des actifs. Voici celui pour les titres à revenu fixe. Que faites-vous avec de tels titres dans un environnement où les taux d’intérêt sont pratiquement nuls?
Encore ici, on a sous-pondéré les titres à revenu fixe et on va maintenir cette position. On s’attend à ce que les taux demeurent bas encore longtemps. Les mesures des banques centrales sous-entendent que le taux d’inflation, par exemple, continue d’être très très bas. Les taux devraient rester faibles encore un bon bout de temps, ce qui veut dire qu’on se tourne vers certains titres axés sur les revenus. On a augmenté nos obligations de sociétés de qualité investissement dans nos portefeuilles. Encore une fois, pour ajouter des revenus à la variable des titres à revenu fixe, puisqu’on s’attend à de très faibles taux pour une durée prolongée.
Montrons le graphique sur les actions pour que vous nous donniez votre opinion. Il est à l’écran à l’instant et on peut voir que vous privilégiez encore une fois les actions américaines par rapport à celles du Canada.
Je regarde le rendement de l’économie canadienne par rapport à celle des États-Unis. On s’attend à ce que le Canada accuse un retard sur ses voisins du Sud à ce chapitre. Un des facteurs déterminants, ici, c’est qu’environ 12 % de notre PIB repose sur le secteur du pétrole et du gaz au Canada. Et ce secteur a subi d’énormes pressions. On s’attend donc à ce qu’il affiche un rendement relativement inférieur. Voilà d’où vient notre position en matière de répartition des actifs. On s’attend aussi à ce que le rendement des États-Unis soit supérieur à celui de l’Europe, d’un point de vue économique. Par conséquent, les revenus devraient continuer de dépasser nos attentes à l’échelle internationale et assurément au Canada, même si ce sera à des niveaux plus bas.
Parlez-nous un peu du marché des fonds non traditionnels. On va afficher votre position pour ce marché, et on peut voir, ici, que quand on parle des fonds non traditionnels et des actifs réels, vous avez surpondéré les prêts hypothécaires commerciaux, ce qui est intéressant.
Oui. Encore une fois, les prêts hypothécaires commerciaux s’inscrivent dans l’optique de tirer plus de revenus. On continue de voir des écarts très importants des taux de ce côté.
Ces écarts se sont creusés jusqu’à un certain point comme tous les autres écarts. Ils offrent donc un rendement absolu et relatif très attrayant. On a donc maintenu notre surpondération. Quant aux infrastructures, on y retrouve encore de très bonnes occasions de tirer de solides rendements. Il est possible de tirer un rendement à deux chiffres dans certains projets d’infrastructure qu’on regarde en ce moment. Des rendements des plus intéressants. Dans le secteur immobilier, notre position est plus neutre pour l’instant. Certains taux de location sont inférieurs tout comme les perceptions de loyer dans certains secteurs. Du côté du marché des bureaux, c’est correct dans l’ensemble. Même chose pour le secteur industriel. Les répercussions se sont davantage fait sentir du côté du détail. Quant au secteur des immeubles multirésidentiels, il s’en est mieux sorti qu’on le pensait.
Puis, il y a la dernière catégorie : l’or, les devises et les liquidités.
Oui, notre position concernant l’or. Il est davantage couvert quant aux risques à venir. Selon moi, c’est pour ça que l’or prend de la valeur. Le coût relatif de l’or – en présence de taux très faibles – est extrêmement bas. Donc l’or est plus intéressant dans une position de couverture. Quant au dollar canadien, il suit encore une fois les attentes qu’on a à l’égard du rendement économique du pays par rapport aux États-Unis.
Rob, parlons un peu du secteur du pétrole. Ça a été plutôt fou, et particulièrement pénible pour, disons, les Canadiens qui avaient déjà été durement touchés. Mais on a tout récemment vu les prix du pétrole commencer à remonter légèrement. Est-ce que ça va durer?
Il y a effectivement eu un rebond intéressant des prix du pétrole, et c’est encourageant. Selon nous, ça va être plus difficile à partir de maintenant, si on regarde où on était avant la crise. En février, le prix du pétrole WTI se situait à 53 $US. On ne croit pas qu’il remontera à ce niveau de sitôt. Mais on est heureux de voir cette remontée du côté du pétrole. Par contre, les prix ne devraient pas continuer d’augmenter au point où ils remonteraient jusqu’à 53 $US.
Affichons un graphique que vous avez récemment publié. Il est question de l’offre et de la demande pour le pétrole brut. Ça montre ce qui s’est passé, eh bien, des deux côtés, en millions de barils par jour, depuis le premier trimestre de 2019 et ce qui est prévu au cours de ceux à venir. Expliquez-nous ce qui se passe relativement à l’offre et à la demande et ce qui vous fait dire ça.
C’est la base de notre raisonnement à cet égard. Il y a eu une reprise du secteur pétrolier, mais quand on approche du sommet, les prix augmentent. Donc, si on regarde la chute de la demande découlant de la COVID-19, on peut voir qu’elle a été soudaine. La destruction de la demande se chiffre probablement à 20 millions de barils par jour au deuxième trimestre. Évidemment, toujours en fonction d’un marché normal à cent millions de barils par jour. La destruction de la demande a donc été assez impressionnante. On a vu des réponses du côté de l’offre. Les membres de l’OPEP+ ont conclu une entente visant à réduire la production, ce qui pourrait rétablir un peu l’équilibre entre l’offre et la demande vers la fin de cette année. On a toutefois une préoccupation concernant les positions relatives aux stocks. Les stocks sont vraiment très élevés et continuent de l’être. Des efforts pour les réduire seront essentiels pour faire remonter les prix du pétrole aux alentours des 53 $US à 55 $US.
Qu’est-ce que ces niveaux de stocks et de prix signifient pour les producteurs pétroliers canadiens ou tout le secteur de l’énergie du Canada?
La situation a été plutôt difficile pour les entreprises pétrolières du Canada. Si on considère le WTI qui se situe actuellement à 33 $US, et le WSC, qui représente essentiellement le prix auquel se réfèrent la plupart des producteurs de l’Ouest canadien, qui se négocie selon un écart de 4 $US à 8 $US. En ce moment, il reprend du poil de la bête, mais les prix demeurent anémiques et, à ces niveaux, il est difficile pour la plupart des producteurs d’être rentables. Pratiquement tous les producteurs ont réduit leurs dépenses en immobilisations ou s’attendent à le faire de façon significative. Du coup, on prévoit qu’il y aura une certaine baisse de la production. Ce sont les producteurs de sables bitumineux – qui représentent les deux tiers de notre production – qui ont le plus gros défi. Il est difficile pour eux de réduire la production. On peut remarquer que la majorité des baisses de production sont faites par des producteurs de pétrole et de gaz plus conventionnels, lesquels bénéficient d’une plus grande souplesse.
Dites-moi, quand vous, quand on a vu ces fortes baisses des prix du pétrole, il y a quelques mois... Ça a fait les manchettes et on parlait de la fin du pétrole, ou de son remplacement par des sources d’énergie de substitution à une échelle beaucoup plus grande. Que dites-vous de cette idée? Est-ce une option à laquelle on devrait songer?
Eh bien. Si on regarde les dix dernières années, la demande en pétrole a augmenté de 1 % à 1,5 % par année. Ça représente de 1 à 1,5 million de barils par jour par année. Et cette tendance s’est poursuivie. Et, selon nous, ça ne va pas cesser d’augmenter. Il faut aussi regarder ce qui se passe du côté de la consommation au Canada. Par exemple, on a tendance à dénigrer les producteurs pétroliers, entre autres à cause des émissions de CO2. Mais on a aussi tendance à ne faire aucun rapprochement avec la consommation. Au Canada, la consommation continue de grimper; on figure probablement au 3e rang des pays de l’OCDE pour la consommation de pétrole par habitant. Il n’y a pas eu de ralentissement cyclique. Ça a ralenti à cause de la COVID-19. Encore une fois, quand l’économie reviendra à des niveaux plus normaux, ça va continuer. Les très faibles prix indiquent que la consommation ne changera probablement pas de manière considérable avant un certain temps. On est tous en faveur des énergies renouvelables. Sur le plan des infrastructures, il y a de nombreux projets en cours pour les énergies renouvelables. La fin du pétrole ne sera pas pour demain.
Rob, merci beaucoup.
Merci.