Les professionnels de la santé ont dû revoir leur façon de travailler, et plusieurs affirment que les nouvelles procédures sont là pour rester. Chris Gandhu, planificateur pour les clients à valeur nette élevée à Gestion de patrimoine TD, et le Dr Adam Stewart, médecin de famille à Madoc, ON, discutent avec Kim Parlee de l’avenir des soins de santé.
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[MUSIQUE]
Adam, j’aimerais commencer par vous.
Comment la médecine a-t-elle changé au cours des derniers mois? Pouvez-vous aussi nous expliquer les avantages et les inconvénients?
Bien sûr. Tout d’abord, merci de m’avoir invité. Je pense que les soins virtuels ont vraiment été catapultés au moins deux ou trois ans dans le futur, tant pour les patients que pour les médecins, qui, avant, auraient pu avoir été réticents à tenir des consultations vidéo, téléphoniques ou par courriel.
Ça a donc des avantages et des inconvénients. Nous voyons plus d’appels téléphoniques, de possibilités d’envoyer des courriels et de consultations vidéo virtuelles. Ça a donc fait augmenter les méthodes de consultation avec les patients. Et on se rend compte que ce n’est peut-être pas nécessaire de voir tous les patients en personne, et ça a un impact positif sur la capacité. On se rend compte qu’on peut accroître notre capacité à voir plus de patients, ce qui témoigne aussi des avantages du système de santé.
Cela dit, cette pandémie amène certains inconvénients. Certains patients doivent être vus en personne. Et chaque rencontre avec un patient est maintenant un équilibre entre... il y a ce niveau supplémentaire de prise de décisions pour les médecins. C’est un mélange de logistique et de sécurité. Par exemple, on doit se demander si le patient peut être évalué en toute sécurité au téléphone ou si on doit le faire venir. Est-ce que ça peut attendre? Est-ce que ce centre de diagnostic est ouvert pour une radiographie pulmonaire? Vont-ils recevoir une personne qui tousse? Ce spécialiste est-il ouvert?
Il y a donc beaucoup de difficultés aussi. Je crois donc que, à la fin de la journée, et je parle au nom de la plupart d’entre nous, médecins, on ressent maintenant beaucoup de fatigue liée aux décisions qu’on doit prendre chaque jour, en plus de notre charge de travail habituelle.
Oui, et on voit... c’est un bon point. J’ai l’impression que tout exige quatre fois plus d’efforts et quatre fois plus de planification pour des tâches simples. Et je suis certaine que cela prend d’importantes proportions dans votre monde. D’ailleurs, est-ce que je peux vous demander quels sont les changements que vous avez observés et qui plaisent aux patients? Voyez-vous des patients plus satisfaits de la façon dont les choses fonctionnent actuellement?
Il y a certains avantages qui se sont traduits par des soins vraiment axés sur le patient. Et je pense que beaucoup de patients aiment vraiment l’idée de recevoir un coup de fil rapide plutôt que d’avoir à se présenter au bureau en personne. En plus, on vit dans une région rurale... en fait je pratique et je vis dans une région rurale, et certains de mes patients doivent voyager 45 minutes, une heure ou même deux heures à l’aller et au retour pour se rendre dans certaines grandes villes pour voir leur spécialiste.
C’est-à-dire qu’ils devraient normalement prendre une demi-journée ou une journée de congé, alors que maintenant, s’il s’agit d’un suivi rapide auprès d’un spécialiste, je pense qu’ils apprécient vraiment le fait qu’ils peuvent faire un petit suivi au téléphone de 5, ou même 20 minutes, sans avoir à prendre une journée complète de congé. Je pense donc que c’est un avantage énorme pour les patients.
Chris, je veux vous inclure à la conversation. On a écouté Adam parler de ce que ça signifie pour sa profession de médecin et pour les patients. Mais quand on regarde l’efficacité des entreprises, et je sais que vous travaillez avec un certain nombre de médecins et de dentistes, qu’est-ce que vous constatez sur le plan de l’efficacité? Qu’est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus?
Oui. La télémédecine peut réduire considérablement les coûts pour les médecins. Par exemple, on n’a plus besoin de la clinique traditionnelle avec une grande salle d’attente et plusieurs salles pour recevoir les patients, car on fait tout par télémédecine. Et bien sûr, comme les patients s’enregistrent en ligne, peut-être ce n’est plus nécessaire d’avoir des réceptionnistes.
Et comme Adam a pu en faire l’expérience et comme je l’ai entendu dire, le fait de rencontrer des patients virtuellement augmente l’efficacité, car on peut voir plus de patients pendant la même période. Et, bien sûr, cela augmente le chiffre d’affaires des médecins. Kim, juste la façon dont vous et moi travaillons de la maison actuellement, si la télémédecine permet aux médecins de travailler eux aussi de la maison, cela comporte ses propres avantages et sa propre efficacité.
Quels sont les défis auxquels vous faites face, pour que tous ces systèmes fonctionnent comme Chris le dit, parce qu’on sait que, au bout du compte, ce serait bien d’avoir tout ça en place. Mais je suis certaine qu’il faut mettre en place une infrastructure de données, ou même un système de codage, ou changer la façon dont les choses sont structurées, pour que tout ça fonctionne.
Je pense que oui, comme Chris l’a dit, il y a des gains d’efficacité à réaliser. Mais il y a aussi les autres patients qu’on doit rencontrer. Et il y a certaines difficultés pour mettre en place des soins virtuels, par exemple simplement pour se connecter. Ça prend parfois de 15 à 20 minutes de plus pour maîtriser cette nouvelle technologie à laquelle les médecins et les patients ne sont pas habitués. Dans les débuts, le rythme est un peu plus lent. Mais je pense que ça peut être amélioré.
En parlant de ça, les plateformes technologiques pourraient être améliorées. Celles qu’on a actuellement et qui sont en quelque sorte imposées par le gouvernement pour utiliser toute sa gamme de codes de frais, du moins en Ontario, elles ne sont pas aussi conviviales ou intuitives pour les patients et les médecins. Il y a donc des améliorations à apporter, c’est certain. Mais je crois que c’est possible.
Deuxièmement, les codes de facturation doivent vraiment être mis à niveau avec ce qui se passe actuellement. L’Ontario a donc improvisé des codes de facturation pour aider à rémunérer les médecins pour les appels téléphoniques. Mais il existe maintenant une technologie qui permet aux patients de m’envoyer par courriel une photo de leur rougeur ou de leur tache cutanée, et je peux leur répondre, ou un membre du personnel peut le faire... je peux donner des conseils au personnel pour qu’il appelle ensuite le patient. Mais selon les structures de rémunération actuelles, les médecins ne sont pas payés, sauf s’ils parlent au patient au téléphone ou le voient en personne. On doit donc tenir compte de ces aspects-là en fonction des besoins d’aujourd’hui.
Et pour terminer, je dirai simplement, étant donné que je vis cette situation, toute cette technologie-là suppose certaines choses. Elle suppose que les patients ont un ordinateur ou un téléphone intelligent, et donc qu’ils peuvent se le permettre. Et elle suppose qu’ils ont accès à Internet haute vitesse dans le cas de la vidéo, pour les consultations virtuelles. Et pour les gens comme moi qui pratiquent dans une région rurale, âgée et pauvre, ce n’est pas le cas. Il faut donc tenir compte de ces autres patients.
Oui, il y a beaucoup d’infrastructures à surmonter. Encore une fois, le résultat pourrait être formidable, mais il y a beaucoup à faire entre les deux. Je sais que l’une des choses qu’il faut gérer dans tout ça, c’est l’aspect réglementaire. Adam, vous avez parlé un peu de facturation. Mais, Chris, de votre point de vue, qu’est-ce que vous pensez de toutes ces choses-là qui doivent être mises en place?
Oui. Adam a soulevé de très bons points. En fait, le troisième intervenant, c’est-à-dire le gouvernement, doit maintenant entrer en jeu. Les codes de facturation sont un excellent exemple, parce que le système est conçu pour les interactions en personne et la facturation qui va avec. Mais maintenant, bien sûr, la réalité est très différente.
Et comme Adam l’a mentionné, il y a beaucoup d’investissement technologique, de formation et de recyclage pour les médecins, et peut-être pour les patients aussi. Il est donc approprié que le gouvernement intervienne et offre son aide à cet égard-là. De plus, il y a certains problèmes intergouvernementaux, Kim. Si je donne un exemple hypothétique... supposons qu’on a une médecin en Alberta qui a une clinique en Alberta. Et peut-être qu’elle aime passer ses étés à Kelowna sur le lac. Qui n’aimerait pas ça? Elle est donc à Kelowna, mais elle a un cabinet de télémédecine où elle voit des patients en Alberta et peut-être même aussi loin qu’en Ontario. Qui va la rémunérer? Est-ce que c’est la Colombie-Britannique? L’Alberta? L’Ontario? On n’a pas encore déterminé ça.
Je crois donc qu’on attend tous que le gouvernement intervienne et facilite ce processus.
Oui, il y a beaucoup de choses à faire pour rattraper le retard... vous avez raison, en ce qui concerne... vous savez, la technologie n’est qu’un des aspects, mais c’est la réglementation. Adam, sur ce point aussi, quand je pense à la provenance de vos factures et à quelle province, comme Chris l’a mentionné, mais aussi, je suppose, si on parle de protection de la vie privée et de consentement, comment respectez-vous ça dans des consultations virtuelles?
Oui, c’est un très bon point, parce que même avant la COVID-19, on essayait de passer au courriel, c’est-à-dire à communiquer avec les patients par courriel ou sur des portails sécurisés. Pour ce faire, il faut obtenir un consentement explicite conformément à la réglementation actuelle, car les patients doivent savoir que leur courriel n’est pas entièrement sécurisé. Pour ce qui est de notre cabinet, ça fait probablement de trois à cinq ans qu’on essaie activement de le faire, et on n’a toujours pas le consentement ou le refus de tous les patients. Ces choses-là prennent du temps.
On travaille dans un cabinet de médecin de famille. On voit donc nos patients assez régulièrement. Je n’ose pas imaginer toute la logistique nécessaire pour les spécialistes. Il y a donc certains indices et certaines politiques qui sont établies et selon lesquelles, peut-être, si le médecin de famille obtient le consentement, il est également transféré au bureau du spécialiste. Des mesures comme celles-là vont nous aider grandement à passer rapidement à la prochaine génération.
Et du point de vue financier? Chris, si on regarde les clients avec qui vous travaillez, comment... Adam a mentionné que cela faisait trois ou quatre ans qu’il essayait de mettre ça en place pour les consultations virtuelles, mais que ce n’est pas encore tout à fait au point. Mais de quelles autres façons les professionnels de la santé doivent-ils se préparer à tout ça?
Oui. Kim, ce que nous avons vraiment, ce sont des aspects connus et quelques inconnues. Ce que l’on sait, c’est qu’en raison de la distanciation sociale et de la quarantaine, les visites chez les médecins et les dentistes sont en baisse par rapport au niveau d’avant la COVID. Il pourrait donc être nécessaire d’intégrer la télémédecine à votre cabinet simplement pour fixer des rendez-vous et engranger quelques revenus.
Pour les dentistes, en particulier, et les professionnels paramédicaux qui comptent sur des employés et sur une assurance maladie parrainée par leur employeur pour leur facturation... eh bien, le taux de chômage au Canada est spectaculaire à l’heure actuelle, et ils devront peut-être adapter leurs pratiques de facturation pour tenir compte de cette nouvelle réalité.
Ça, ce sont les aspects connus. Les inconnues sont vraiment... Quand on pense aux gouvernements provinciaux et fédéral qui ne dépensent pas des dizaines, mais peut-être des centaines de milliards de dollars pour la COVID, d’où va venir cet argent-là? Qui va payer pour ça? Et il pourrait y avoir plusieurs solutions. Mais il est certain que l’une des options sur la table va consister à augmenter les taux d’imposition actuels ou peut-être à instaurer une nouvelle taxe.
Et je pense que la meilleure façon de se préparer à cette inconnue, c’est d’être proactif. Comme vous le feriez pour votre entreprise si vous avez un plan d’affaires, ou un plan financier personnel en place. Intégrez ces éventualités, ces inconnues, puis informez-vous sur les stratégies fiscales, certaines dont vous pouvez peut-être tirer parti aujourd’hui et d’autres qui pourraient mieux vous convenir si ces éventualités-là entrent en jeu.
Adam, je vous laisse le dernier mot. Avez-vous d’autres réflexions à nous faire part et y a-t-il certaines choses que vous envisagez pour les prochaines années?
Comme on l’a dit plus tôt, c’est une période intéressante, car il y a certainement des occasions de faire avancer la technologie. Et la question qui m’intéresse, comme Chris l’a mentionné plus tôt, comment est-ce que je peux accroître la capacité de mon cabinet sans nécessairement avoir besoin de l’espace physique? Je viens tout juste de rédiger un article pour Parlons Argent qui a été publié aujourd’hui ou hier, sur la façon dont je pourrais trier et organiser mes patients différemment en fonction de l’approche choisie pour la consultation, que ce soit par téléphone, courriel, en personne, par vidéo ou en urgence. Peut-être il faut les voir dès le lundi matin. Peut-être ça peut attendre au jeudi après-midi, quand c’est moins occupé. J’ai donc hâte de voir comment tout ça va progresser.
Très intéressant. Vous nous avez donné d’excellentes informations. Et merci à vous deux de vous être joints à nous.
Merci.
Merci beaucoup.
[MUSIQUE]
Adam, j’aimerais commencer par vous.
Comment la médecine a-t-elle changé au cours des derniers mois? Pouvez-vous aussi nous expliquer les avantages et les inconvénients?
Bien sûr. Tout d’abord, merci de m’avoir invité. Je pense que les soins virtuels ont vraiment été catapultés au moins deux ou trois ans dans le futur, tant pour les patients que pour les médecins, qui, avant, auraient pu avoir été réticents à tenir des consultations vidéo, téléphoniques ou par courriel.
Ça a donc des avantages et des inconvénients. Nous voyons plus d’appels téléphoniques, de possibilités d’envoyer des courriels et de consultations vidéo virtuelles. Ça a donc fait augmenter les méthodes de consultation avec les patients. Et on se rend compte que ce n’est peut-être pas nécessaire de voir tous les patients en personne, et ça a un impact positif sur la capacité. On se rend compte qu’on peut accroître notre capacité à voir plus de patients, ce qui témoigne aussi des avantages du système de santé.
Cela dit, cette pandémie amène certains inconvénients. Certains patients doivent être vus en personne. Et chaque rencontre avec un patient est maintenant un équilibre entre... il y a ce niveau supplémentaire de prise de décisions pour les médecins. C’est un mélange de logistique et de sécurité. Par exemple, on doit se demander si le patient peut être évalué en toute sécurité au téléphone ou si on doit le faire venir. Est-ce que ça peut attendre? Est-ce que ce centre de diagnostic est ouvert pour une radiographie pulmonaire? Vont-ils recevoir une personne qui tousse? Ce spécialiste est-il ouvert?
Il y a donc beaucoup de difficultés aussi. Je crois donc que, à la fin de la journée, et je parle au nom de la plupart d’entre nous, médecins, on ressent maintenant beaucoup de fatigue liée aux décisions qu’on doit prendre chaque jour, en plus de notre charge de travail habituelle.
Oui, et on voit... c’est un bon point. J’ai l’impression que tout exige quatre fois plus d’efforts et quatre fois plus de planification pour des tâches simples. Et je suis certaine que cela prend d’importantes proportions dans votre monde. D’ailleurs, est-ce que je peux vous demander quels sont les changements que vous avez observés et qui plaisent aux patients? Voyez-vous des patients plus satisfaits de la façon dont les choses fonctionnent actuellement?
Il y a certains avantages qui se sont traduits par des soins vraiment axés sur le patient. Et je pense que beaucoup de patients aiment vraiment l’idée de recevoir un coup de fil rapide plutôt que d’avoir à se présenter au bureau en personne. En plus, on vit dans une région rurale... en fait je pratique et je vis dans une région rurale, et certains de mes patients doivent voyager 45 minutes, une heure ou même deux heures à l’aller et au retour pour se rendre dans certaines grandes villes pour voir leur spécialiste.
C’est-à-dire qu’ils devraient normalement prendre une demi-journée ou une journée de congé, alors que maintenant, s’il s’agit d’un suivi rapide auprès d’un spécialiste, je pense qu’ils apprécient vraiment le fait qu’ils peuvent faire un petit suivi au téléphone de 5, ou même 20 minutes, sans avoir à prendre une journée complète de congé. Je pense donc que c’est un avantage énorme pour les patients.
Chris, je veux vous inclure à la conversation. On a écouté Adam parler de ce que ça signifie pour sa profession de médecin et pour les patients. Mais quand on regarde l’efficacité des entreprises, et je sais que vous travaillez avec un certain nombre de médecins et de dentistes, qu’est-ce que vous constatez sur le plan de l’efficacité? Qu’est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus?
Oui. La télémédecine peut réduire considérablement les coûts pour les médecins. Par exemple, on n’a plus besoin de la clinique traditionnelle avec une grande salle d’attente et plusieurs salles pour recevoir les patients, car on fait tout par télémédecine. Et bien sûr, comme les patients s’enregistrent en ligne, peut-être ce n’est plus nécessaire d’avoir des réceptionnistes.
Et comme Adam a pu en faire l’expérience et comme je l’ai entendu dire, le fait de rencontrer des patients virtuellement augmente l’efficacité, car on peut voir plus de patients pendant la même période. Et, bien sûr, cela augmente le chiffre d’affaires des médecins. Kim, juste la façon dont vous et moi travaillons de la maison actuellement, si la télémédecine permet aux médecins de travailler eux aussi de la maison, cela comporte ses propres avantages et sa propre efficacité.
Quels sont les défis auxquels vous faites face, pour que tous ces systèmes fonctionnent comme Chris le dit, parce qu’on sait que, au bout du compte, ce serait bien d’avoir tout ça en place. Mais je suis certaine qu’il faut mettre en place une infrastructure de données, ou même un système de codage, ou changer la façon dont les choses sont structurées, pour que tout ça fonctionne.
Je pense que oui, comme Chris l’a dit, il y a des gains d’efficacité à réaliser. Mais il y a aussi les autres patients qu’on doit rencontrer. Et il y a certaines difficultés pour mettre en place des soins virtuels, par exemple simplement pour se connecter. Ça prend parfois de 15 à 20 minutes de plus pour maîtriser cette nouvelle technologie à laquelle les médecins et les patients ne sont pas habitués. Dans les débuts, le rythme est un peu plus lent. Mais je pense que ça peut être amélioré.
En parlant de ça, les plateformes technologiques pourraient être améliorées. Celles qu’on a actuellement et qui sont en quelque sorte imposées par le gouvernement pour utiliser toute sa gamme de codes de frais, du moins en Ontario, elles ne sont pas aussi conviviales ou intuitives pour les patients et les médecins. Il y a donc des améliorations à apporter, c’est certain. Mais je crois que c’est possible.
Deuxièmement, les codes de facturation doivent vraiment être mis à niveau avec ce qui se passe actuellement. L’Ontario a donc improvisé des codes de facturation pour aider à rémunérer les médecins pour les appels téléphoniques. Mais il existe maintenant une technologie qui permet aux patients de m’envoyer par courriel une photo de leur rougeur ou de leur tache cutanée, et je peux leur répondre, ou un membre du personnel peut le faire... je peux donner des conseils au personnel pour qu’il appelle ensuite le patient. Mais selon les structures de rémunération actuelles, les médecins ne sont pas payés, sauf s’ils parlent au patient au téléphone ou le voient en personne. On doit donc tenir compte de ces aspects-là en fonction des besoins d’aujourd’hui.
Et pour terminer, je dirai simplement, étant donné que je vis cette situation, toute cette technologie-là suppose certaines choses. Elle suppose que les patients ont un ordinateur ou un téléphone intelligent, et donc qu’ils peuvent se le permettre. Et elle suppose qu’ils ont accès à Internet haute vitesse dans le cas de la vidéo, pour les consultations virtuelles. Et pour les gens comme moi qui pratiquent dans une région rurale, âgée et pauvre, ce n’est pas le cas. Il faut donc tenir compte de ces autres patients.
Oui, il y a beaucoup d’infrastructures à surmonter. Encore une fois, le résultat pourrait être formidable, mais il y a beaucoup à faire entre les deux. Je sais que l’une des choses qu’il faut gérer dans tout ça, c’est l’aspect réglementaire. Adam, vous avez parlé un peu de facturation. Mais, Chris, de votre point de vue, qu’est-ce que vous pensez de toutes ces choses-là qui doivent être mises en place?
Oui. Adam a soulevé de très bons points. En fait, le troisième intervenant, c’est-à-dire le gouvernement, doit maintenant entrer en jeu. Les codes de facturation sont un excellent exemple, parce que le système est conçu pour les interactions en personne et la facturation qui va avec. Mais maintenant, bien sûr, la réalité est très différente.
Et comme Adam l’a mentionné, il y a beaucoup d’investissement technologique, de formation et de recyclage pour les médecins, et peut-être pour les patients aussi. Il est donc approprié que le gouvernement intervienne et offre son aide à cet égard-là. De plus, il y a certains problèmes intergouvernementaux, Kim. Si je donne un exemple hypothétique... supposons qu’on a une médecin en Alberta qui a une clinique en Alberta. Et peut-être qu’elle aime passer ses étés à Kelowna sur le lac. Qui n’aimerait pas ça? Elle est donc à Kelowna, mais elle a un cabinet de télémédecine où elle voit des patients en Alberta et peut-être même aussi loin qu’en Ontario. Qui va la rémunérer? Est-ce que c’est la Colombie-Britannique? L’Alberta? L’Ontario? On n’a pas encore déterminé ça.
Je crois donc qu’on attend tous que le gouvernement intervienne et facilite ce processus.
Oui, il y a beaucoup de choses à faire pour rattraper le retard... vous avez raison, en ce qui concerne... vous savez, la technologie n’est qu’un des aspects, mais c’est la réglementation. Adam, sur ce point aussi, quand je pense à la provenance de vos factures et à quelle province, comme Chris l’a mentionné, mais aussi, je suppose, si on parle de protection de la vie privée et de consentement, comment respectez-vous ça dans des consultations virtuelles?
Oui, c’est un très bon point, parce que même avant la COVID-19, on essayait de passer au courriel, c’est-à-dire à communiquer avec les patients par courriel ou sur des portails sécurisés. Pour ce faire, il faut obtenir un consentement explicite conformément à la réglementation actuelle, car les patients doivent savoir que leur courriel n’est pas entièrement sécurisé. Pour ce qui est de notre cabinet, ça fait probablement de trois à cinq ans qu’on essaie activement de le faire, et on n’a toujours pas le consentement ou le refus de tous les patients. Ces choses-là prennent du temps.
On travaille dans un cabinet de médecin de famille. On voit donc nos patients assez régulièrement. Je n’ose pas imaginer toute la logistique nécessaire pour les spécialistes. Il y a donc certains indices et certaines politiques qui sont établies et selon lesquelles, peut-être, si le médecin de famille obtient le consentement, il est également transféré au bureau du spécialiste. Des mesures comme celles-là vont nous aider grandement à passer rapidement à la prochaine génération.
Et du point de vue financier? Chris, si on regarde les clients avec qui vous travaillez, comment... Adam a mentionné que cela faisait trois ou quatre ans qu’il essayait de mettre ça en place pour les consultations virtuelles, mais que ce n’est pas encore tout à fait au point. Mais de quelles autres façons les professionnels de la santé doivent-ils se préparer à tout ça?
Oui. Kim, ce que nous avons vraiment, ce sont des aspects connus et quelques inconnues. Ce que l’on sait, c’est qu’en raison de la distanciation sociale et de la quarantaine, les visites chez les médecins et les dentistes sont en baisse par rapport au niveau d’avant la COVID. Il pourrait donc être nécessaire d’intégrer la télémédecine à votre cabinet simplement pour fixer des rendez-vous et engranger quelques revenus.
Pour les dentistes, en particulier, et les professionnels paramédicaux qui comptent sur des employés et sur une assurance maladie parrainée par leur employeur pour leur facturation... eh bien, le taux de chômage au Canada est spectaculaire à l’heure actuelle, et ils devront peut-être adapter leurs pratiques de facturation pour tenir compte de cette nouvelle réalité.
Ça, ce sont les aspects connus. Les inconnues sont vraiment... Quand on pense aux gouvernements provinciaux et fédéral qui ne dépensent pas des dizaines, mais peut-être des centaines de milliards de dollars pour la COVID, d’où va venir cet argent-là? Qui va payer pour ça? Et il pourrait y avoir plusieurs solutions. Mais il est certain que l’une des options sur la table va consister à augmenter les taux d’imposition actuels ou peut-être à instaurer une nouvelle taxe.
Et je pense que la meilleure façon de se préparer à cette inconnue, c’est d’être proactif. Comme vous le feriez pour votre entreprise si vous avez un plan d’affaires, ou un plan financier personnel en place. Intégrez ces éventualités, ces inconnues, puis informez-vous sur les stratégies fiscales, certaines dont vous pouvez peut-être tirer parti aujourd’hui et d’autres qui pourraient mieux vous convenir si ces éventualités-là entrent en jeu.
Adam, je vous laisse le dernier mot. Avez-vous d’autres réflexions à nous faire part et y a-t-il certaines choses que vous envisagez pour les prochaines années?
Comme on l’a dit plus tôt, c’est une période intéressante, car il y a certainement des occasions de faire avancer la technologie. Et la question qui m’intéresse, comme Chris l’a mentionné plus tôt, comment est-ce que je peux accroître la capacité de mon cabinet sans nécessairement avoir besoin de l’espace physique? Je viens tout juste de rédiger un article pour Parlons Argent qui a été publié aujourd’hui ou hier, sur la façon dont je pourrais trier et organiser mes patients différemment en fonction de l’approche choisie pour la consultation, que ce soit par téléphone, courriel, en personne, par vidéo ou en urgence. Peut-être il faut les voir dès le lundi matin. Peut-être ça peut attendre au jeudi après-midi, quand c’est moins occupé. J’ai donc hâte de voir comment tout ça va progresser.
Très intéressant. Vous nous avez donné d’excellentes informations. Et merci à vous deux de vous être joints à nous.
Merci.
Merci beaucoup.
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