Deux millions de Canadiens appartiennent à la génération sandwich : ils s’occupent à la fois de leurs enfants et de leurs parents âgés. La plupart d’entre eux des femmes de 35 à 44 ans.
Kim Parlee présente aux personnes dans cette situation des spécialistes en santé mentale et en finances dans un épisode spécial de MoneyTalk Life enregistré devant public.
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[APPLAUSE]
Bonjour. Bienvenue à l’émission. Ici Kim Parlee. Merci d’être des nôtres. Ce soir, nous abordons la génération qui se trouve prise en sandwich.
Tout le monde vit plus longtemps. Les couples reportent la naissance des enfants. Et les enfants quittent plus tard la maison familiale. La pression est intense pour deux millions de Canadiens qui sont coincés dans cette situation.
Pour réfléchir au problème et voir comment aider tout le monde à se sentir un peu moins à l’étroit, j’ai invité une psychologue clinicienne et une experte des questions financières. Mais d’abord, je laisserai Jayne Huhtanen vous raconter son histoire.
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Bonjour, papa.
Bonjour, ma petite. Comment ça va?
Je m’appelle Jayne et, oui, je fais partie de la génération sandwich. J’ai 55 ans. Mariée, je suis la mère de deux garçons, mais aussi la fille d’un père qui avance en âge. D’où l’analogie du sandwich.
Ça circule bien sur les routes? Avec tous les travaux, c’est un vrai cauchemar, oh.
Mon père, Henry, est âgé de 88 ans. Étonnamment, il est encore très autonome pour son âge. Il vit seul. Il peut faire encore environ 90 % de ses tâches lui-même.
Mais, il ralentit. Son corps n’obéit plus comme avant. Il marche avec une canne pour ne pas perdre l’équilibre. Et il entend de moins en moins bien.
Je m’inquiète en particulier lorsqu’il va au chalet tout seul; il pourrait tomber sans que personne le sache. Comment ferions-nous pour nous en occuper?
Voilà ce qui reste des affaires de mon père lorsqu’il a quitté sa copropriété pour aller en résidence. Je dois tout trier et choisir ce que je veux garder et ce dont je veux me départir.
J’occupe un travail à temps plein. En fait, j’ai ma propre entreprise. Ce qui représente encore plus de travail. Après ma journée, parfois la soirée peut être très occupée. Je dois préparer le souper.
Mon fils peut avoir besoin d’aide pour les devoirs. Et, bien sûr, il y a toujours la lessive à faire. Et je ne dois pas oublier non plus mon autre fils, qui étudie à l’université en dehors de la ville.
Tu as eu un cours de laboratoire, hier?
Oui.
Mon mari sait se rendre utile dans la maison; il me donne un bon coup de main. Mais, c’est souvent la mère qui vit le stress mental de devoir tout planifier et qui doit voir à ce que les choses se fassent.
Je ne dois pas oublier de préparer mes légumes, et...
Tu fais attention à ce que tu manges.
L’une de mes grandes appréhensions, c’est de ne pas être à la hauteur pour mon père, mon mari et mes enfants.
La journée s’est bien passée?
Oui.
Je me soucie des conséquences qu’entraînent les choix que je dois faire. Par exemple, si, pour assister à un événement au travail, je rate le match de hockey de mon fils, je crains de manquer la meilleure partie qu’il ait jamais jouée.
Jayne?
Oui?
Peux-tu m’aider?
Oui.
C’est trop haut.
Oh, la valise? Oui. Oui. Bien sûr.
À cette étape de ma vie, je suis parfois stressée et débordée. Il y a bien des choses auxquelles penser. Et ne rien oublier peut être une tâche exténuante. Je suis toujours fatiguée. Et je dois faire en sorte que rien ne cloche afin de pouvoir soutenir tous les membres de ma famille.
Mesdames et messieurs, veuillez accueillir Jayne Huhtanen.
Jayne, merci de votre présence.
Je vous en prie, Kim.
Je tiens d’abord à souligner combien vous avez été généreuse en nous laissant entrer chez vous pour découvrir ce que vous vivez. Quels sentiments vous inspire cet extrait?
J’ai un peu la gorge nouée.
Oui.
Je dois me retenir pour ne pas pleurer. Parce que les difficultés du quotidien me sautent aux yeux. Et, pour avoir parlé avec d’autres femmes sur le plateau ce soir, je sais qu’elles vivent les mêmes problèmes.
Oui.
Je ne suis pas seule dans cette situation. Mais, parfois, j’ai le sentiment de l’être quand il faut surmonter tous les obstacles de la vie et qu’ils se dressent des deux côtés à la fois.
Oui. C’est intéressant. Vous savez, lorsque vous avez dit dans l’extrait que vous n’étiez pas... Bon, j’avoue. En l’écoutant la première fois, j’ai pleuré...
Vous craigniez de ne pas être à la hauteur. Vous vous sentez tiraillée et avez l’impression de vous éparpiller dans toutes les directions. Quelle aide vous faut-il ou croyez-vous qu’il vous faut?
Parfois, c’est seulement une oreille pour écouter ce qui m’arrive et faire le point sur une situation. Je ne demande à personne de régler le problème à ma place...
Oui.
... Mais plutôt de me prêter une oreille. Et aussi de m’aider à trouver les ressources offertes qui pourraient m’être utiles, que ce soit en ligne ou quelqu’un à qui parler. Ça m’aiderait très certainement. Il y a aussi la question du temps...
Oui.
... Le temps.
C’est le nerf de la guerre, non?
Oui.
Trouver le temps de tout faire. Avez-vous l’impression... Vous me semblez très posée, très organisée. En plus, vous dirigez votre propre entreprise. Avez-vous l’impression que la pression s’intensifie actuellement ou c’est le contraire?
L’inquiétude augmente. C’est peut-être quelque chose que je m’impose, en un sens. La pression s’intensifie. Je sais que mon père, même s’il est encore en assez bonne forme, ne va pas rajeunir. Ses forces déclinent.
Le quotidien est de plus en plus lourd à porter pour lui. Et je devrai être là pour l’aider. Je sais que les choses vont se compliquer avant de se simplifier.
Oui.
Je me fais aussi du souci pour mes enfants. À leur âge, ils doivent aller à l’école. Puis, il leur faudra trouver du travail. Et ce n’est pas une mince tâche. Toutes ces questions me stressent. Et, vais-je pouvoir prendre ma retraite un jour?
Oui.
Qu’en pensez-vous actuellement?
Justement, comment vont les affaires actuellement? Nous n’avons même pas abordé le sujet...
De fait.
Comment vont les affaires actuellement?
Ça va bien. Je ne peux pas me plaindre. Mais, comme tout travailleur autonome le sait, on ne peut pas prendre de répit. Si on veut faire une pause, l’entreprise ne survit pas très longtemps.
Oui.
Un travailleur autonome n’a pas le luxe de prendre un temps d’arrêt.
Je vois.
Demeurez des nôtres. Au retour, nous recevons des expertes pour voir comment aider Jayne à faire le point sur sa situation, mais aussi toute personne qui vit les mêmes problèmes. Karen Hood, docteure en psychologie clinique, et Rowena Chan se joindront à nous après la pause. Restez à l’écoute.
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Nous sommes de retour.
Ce soir, nous parlons de la génération sandwich, c’est-à-dire les Canadiens qui doivent prendre soin de leurs enfants et de leurs parents vieillissants. La situation est très stressante, comme vient de le décrire Jayne.
Jayne doit s’occuper de ses deux garçons et de son père de 88 ans. Je reçois aussi maintenant Karen Hood, docteure en psychologie clinique, directrice des services cliniques à la clinique Yorkville Medical et directrice des sciences du comportement pour Newtopia Lifestyle Management, et Rowena Chan, chef, Planification financière pour le Programme à l’intention des investisseuses, Gestion de patrimoine TD.
Bienvenue à vous deux. À défaut de pouvoir étirer le temps, pourriez-vous nous aider à déterminer ce que Jayne et à vrai dire tous ceux qui nous regardent peuvent faire pour en trouver. Mais, auparavant, qu’est-ce qui ressort à votre avis de son histoire?
Par rapport à l’histoire de Jayne, oui.
Oui.
Elle fait face à diverses pressions et difficultés et elle arrive mal à tout concilier. Elle doit s’occuper de son père âgé, élever des enfants qui comptent sur elle sur les plans affectif et financier dans une certaine mesure et gérer une entreprise à temps plein. Toutes ces pressions causent souvent un stress excessif. On se sent dépassé. On a l’impression de s’éparpiller. Le temps manque pour se poser et s’occuper de soi.
Oui. Et ce sont les femmes qui portent ce fardeau.
Oui. Le fardeau des tâches revient en majorité aux femmes dans une proportion d’environ deux pour un. Oui. Normalement, ce sont les femmes qui prennent soin de la famille.
J’aurais cru que la proportion était de 10 pour 1. Mais, je digresse.
Rowena, qu’est-ce que vous avez remarqué? Jayne en a plein les bras. Son histoire me fait penser à la mienne, parce que ma mère a 86 ans, qu’elle entend moins bien et qu’elle marche maintenant avec une canne. J’ai aussi deux enfants à l’université. Je comprends très bien ses difficultés. Et j’aimerais bien apprendre de docteure Hood ce que je peux faire.
Nous avons donc une experte qui va en consulter une autre. Voilà. J’en reviens à vous. Vous avez entendu Jayne décrire en particulier le stress qu’elle vit.
Et aussi, comme je l’ai dit plus tôt en me rappelant une conversation que nous avons eue auparavant, lorsqu’elle dresse la liste de ses priorités, il y a – et pas nécessairement dans cet ordre – son père, ses enfants et son mari. Son mari pourrait bien d’ailleurs contester cette hiérarchie. Et Jayne arrive au bas de la liste. Ce qui semble un problème important.
Effectivement. Cela fait partie, je pense, du cours normal de la nouvelle réalité pour bien des gens de la génération sandwich.
Que peut-elle faire?
Il s’agit en fait, comme vous le dites, de trouver le temps. Les journées n’ont que 24 heures. On ne peut pas les allonger. Alors, comment trouver les moments dont on a besoin? Comme je le disais à Jayne plus tôt, pour elle, il y a certaines habitudes auxquelles elle tient en fin de journée. Elle en profite pour reprendre son souffle, se détendre...
- Oui, oui, juste quelques minutes...
- décanter la journée pendant que les enfants sont occupés ou au lit. Jayne apprécie ce moment. Elle peut se plonger dans un livre, regarder la télé ou peut-être prendre un verre de vin...
- Oui.
- ou une tasse de thé.
- Ou une bouteille.
- Tout dépend de la journée.
Oui.
Il suffit d’avoir la possibilité de se détendre. Et nous avons aussi parlé d’autres façons de lâcher prise en s’appropriant de courts instants, ne serait-ce que dix minutes de temps à autre. Ces répits ont des bienfaits cumulatifs.
Qu’il s’agisse de prendre quelques minutes pour marcher ou pour respirer à fond. Je sais que vous travaillez à la maison. Alors, même durant la journée, vous pouvez faire le tour du pâté de maisons pour vous changer les idées. Ou elle pourrait aussi passer plus de temps avec son père, sortir marcher avec lui. Le voisinage est agréable...
- Oui.
- là où se trouve la résidence.
Oui.
Il faut apprécier ces instants et, en les savourant, s’installer dans le moment présent. Il ne faut pas se soucier de ce qui vous attend, mais plutôt se concentrer sur les arbres, sur la beauté qui nous entoure. Remplir ses poumons et goûter l’instant...
L’autre aspect que nous allons aborder tout à l’heure, c’est de demander de l’aide.
- Comment...
- Une des façons de gagner du temps consiste à demander de l’aide.
Je vais demander à Rowena d’intervenir dans une seconde; elle fait aussi partie de l’émission...
- Tout à fait.
– Mais, pour les gens qui... Comment peuvent-ils demander de l’aide? Parce que c’est difficile quand il s’agit de votre mari ou de vos enfants... Comment faire pour...
- Ça peut être difficile.
- Comment faire pour les amener à proposer de vous aider, plutôt que de leur demander en sachant que rien ne se fera. Comment faire pour qu’ils participent?
Il faut d’abord réaliser l’importance d’être très précis et direct quant à l’aide que vous attendez.
Ce serait donc une bonne idée d’évaluer vos besoins. Il y a peut-être certaines tâches avec votre père ou dans la maison que vous aimez faire. Ce pourrait être, par exemple, d’aller au supermarché ou de faire quoi que ce soit d’autre.
Qu’est-ce qui ne vous pose pas de problème? Et qu’est-ce qui vous paraît trop exigeant? Quels sont les besoins à combler? Il faut ensuite voir qui peut vous aider. À la maison, il y a votre mari et vos deux fils. Même si l’un d’eux habite au loin, alors que l’autre est à la maison.
J’ai un fils à l’école, oui.
Il faut donc savoir comment mobiliser ces forces et engager la conversation sur le sujet. C’est un peu comme de tenir une réunion familiale plutôt que de dire « il faut qu’on se parle », en prenant un ton grave que personne n’aime entendre.
De fait.
Il n’en faut pas plus pour mettre tout le monde sur la défensive. Il s’agit simplement de tenir une réunion quand tout le monde est là et de lancer la discussion. On connaît la situation de grand-papa. Il vit maintenant dans une résidence. Il s’y installe tranquillement. Et vous voyez l’aide que je lui apporte.
Mais, parfois, je dois dire que je me sens débordée. Je suis dépassé par les événements et j’aimerais bien pouvoir compter sur le reste de la famille pour me donner un coup de main. J’apprécie votre aide pour XYZ. Je sais que votre mari vous aide, entre autres, dans la cuisine.
Oui. Oui.
Il faut le reconnaître quand c’est mérité. Ça n’empêche pas de mentionner d’autres aspects pour lesquels vous voudriez avoir de l’aide.
Dites-moi, du point de vue financier, qu’est-ce que Jayne doit prendre en compte pour pouvoir aller de l’avant.
Elle me semble, comme je j’ai dit, une personne très posée. Elle gère avec succès son entreprise. Elle a parlé de son père, dont les besoins médicaux augmentent. De quoi doit-elle tenir compte?
Jayne en a parlé dans l’extrait tout à l’heure; elle s’inquiète pour sa retraite. De fait, les baby-boomers en sont à l’étape cruciale pour l’épargne-retraite. Le fait de s’occuper de son père et de ses deux fils à l’université peut compliquer les choses pour la retraite.
Cela arrive – sans vouloir vous interrompre – Cela arrive souvent chez les femmes, n’est-ce pas?
Oui.
Parce qu’elles s’occupent d’abord des autres, oh…
- Oui.
Puis, elles se retrouvent sans argent.
C’est exactement ce qu’elle vient de dire.
Oui.
Et les femmes sont naturellement portées à aider. Il faut donc savoir garder le cap par rapport à votre stratégie de retraite. Un planificateur financier pourra vous aider à y voir clair avec votre famille. Cherchez à comprendre comment coordonner les objectifs que vous voulez tous atteindre.
Ça ressemble beaucoup à ce que Karen disait. Qui peut donner un coup de main? Quel type de budget établir? Qui peut contribuer? Vous travaillez tous dans le même sens et tout est transparent. Vous ne supportez plus seule tout le poids. Pour vous éviter du stress, il importe que vous respectiez votre stratégie d’épargne-retraite.
Je pense aussi qu’il est utile de préciser vos objectifs à vos enfants...
- Oui.
- Oui.
- pour que tout le monde soit au courant.
Oui.
Dans le cas de Jayne, je sais aussi qu’elle travaille à son compte.
Oui.
C’est un autre aspect qu’il faut aussi savoir gérer.
Oui.
Comme vous travaillez à votre compte, vous êtes plus vulnérable aux changements.
Oui.
Disons que vous voulez prendre du temps pour vous occuper de votre père. Tout à l’heure, vous disiez qu’en interrompant vos activités professionnelles, vous risquez de perdre nombre de vos clients. Ou les affaires pourraient ralentir. Ces situations vont se répercuter sur votre revenu.
Vous devez donc absolument constituer un fonds d’urgence, l’équivalent des dépenses de trois à six mois. De la sorte, en cas de difficultés, votre budget tiendra le coup pour les trois à six prochains mois.
Oui.
Parce que vous travaillez à votre compte, il vaudrait aussi sans doute mieux établir un plan pour assurer la relève de l’entreprise. C’est un peu comme une stratégie de sortie. Au moment de prendre votre retraite – ou peut-être une semi-retraite, quelles seront les conséquences fiscales?
Comment vos revenus vont-ils évoluer? Il n’est jamais trop tôt pour dresser sa stratégie de sortie. Vous pourrez alors optimiser le moment et les conditions de votre retraite.
OK.
Et, c’est à espérer, au moment voulu. Parce que vous ne voulez pas... Je sais que bien des gens à leur compte travaillent beaucoup plus longtemps que prévu.
Oui.
Oui, oui.
Exactement.
Oui. Quel est le besoin que vous ressentez en particulier actuellement? À part de vouloir plus de temps?
Oui.
Alors, ce serait une stratégie, un plan pour mieux gérer toutes les situations. Tant les questions financières que le stress et les aspects psychologiques.
Oui. Oui.
Et comment être présente pour mon père, mes enfants et mon mari.
Votre mari vient encore en dernier.
Je sais. Je sais.
Pauvre lui.
Je sais. Je sais. Alors, comment mettre sur pied cette stratégie et cette structure afin de répondre à tous les besoins?
Oui, oui. En prenant l’exemple du passager qui met d’abord son masque à oxygène dans l’avion avant d’aider les autres.
Oui.
Oui.
C’est souvent le principal…
Eh bien, faisons une pause. Je vous demande d’applaudir chaleureusement Jayne pour nous avons raconté son histoire.
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Merci.
Merci beaucoup. Merci également à Karen, qui quitte notre plateau. Au retour, Rowena nous donnera quelques conseils pratiques pour aider tout ce beau monde de la génération sandwich à composer avec un budget serré. Vous regardez Parlons Argent. Demeurez des nôtres.
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Nous sommes de retour. Ce soir, nous discutons des quelque deux millions de Canadiens qui s’occupent de leurs enfants et de leurs parents âgés. En y ajoutant un travail à temps plein, on comprend que l’épuisement, les difficultés financières et autres questions d’argent risquent de se mettre de la partie.
Rowena Chan, chef, Planification financière pour le programme à l’intention des femmes investisseuses, Gestion de patrimoine TD, est toujours avec nous. Mais, avant d’aborder les quatre aspects auxquels, selon vous, les femmes doivent prêter attention, je rappelle que leur fardeau est disproportionné.
Karen nous l’a confirmé. Jayne le vit. Mais, selon moi, les enjeux financiers sont ceux qui posent le plus grand risque pour les femmes.
Oui. Vous avez raison. Les nombreuses études que nous avons menées révèlent que les femmes investissent différemment. Elles aiment qu’on les écoute. Et, avant d’établir un plan financier, nous devons connaître ce qu’elles vivent. Sinon, nous ne pourrons pas collaborer au plan et les aider à réaliser leurs rêves et leurs objectifs.
Oui.
Pour les hommes, le portrait est différent. Ils expriment leurs objectifs en chiffres. Par exemple, accumuler un million de dollars avant la retraite.
Oui.
Les femmes vont plutôt parler du mode de vie souhaité ou des étapes à franchir. Par exemple, Jayne pourrait dire qu’elle veut avoir assez d’argent à la retraite pour payer les études universitaires de ses enfants. Ou qu’elle veut faire deux voyages par année.
Oui.
C’est généralement la façon dont les femmes quantifient leurs objectifs.
Elles ont tendance à investir lentement, mais régulièrement. De ce point de vue, elles prennent moins de risques que les hommes, toute proportion gardée. Les sondages nous apprennent aussi que les mères ont tendance à considérer qu’elles connaissent un peu moins bien les placements que les hommes. C’est aussi curieux. Je sais que les femmes ont toujours tendance à sous-estimer leurs compétences...
- Oui.
- ...comparativement aux hommes.
Oui. Oui.
Donc, ce n’est pas surprenant.
Mais, de fait, elles prennent nombre de décisions financières en coulisse.
Tout à fait, oui.
Les Canadiennes gèrent des actifs d’environ 1 300 milliards de dollars. Mais, seulement trois sur dix possèdent un plan financier. Donc, si on réunit toutes ces données, nous devons vraiment améliorer le dialogue avec les femmes et mieux les comprendre pour les aider à établir un plan financier en vue d’atteindre leurs objectifs.
Des données très intéressantes... Pour en revenir aux quatre aspects auxquels les femmes doivent prêter attention – en particulier celles de la génération sandwich...
- Oui, oui.
- ...il y a d’abord, et nous en avons parlé, de s’occuper de ses propres finances.
Oui.
Comment faire?
J’en reviens à la planification de la retraite.
Oui.
Comment atteindre ses objectifs? Parce que c’est important de continuer à investir pour la retraite afin d’être rassuré dans une perspective à long terme. Mais, surtout, le fardeau que les enfants adultes auront à supporter sera moins lourd lorsque vous aurez besoin de soins. Parce que vous ne voulez pas que la situation se répète, lorsque vous faites partie de la génération sandwich.
Voilà un bon point. Personne ne veut que ses enfants vivent les mêmes difficultés.
Exactement.
Deuxièmement – et je le répète, ce n’est pas facile à faire – il faut avoir une discussion franche sur l’argent et les responsabilités. Tout le monde dit que ce n’est pas compliqué. Mais, chacun ne veut pas trop s’en mêler.
Oui. Parce que sans une discussion franche sur les attentes, les objectifs et la façon de les atteindre ensemble, la tâche sera difficile au moment d’établir un plan, ou s’il y a un différend. Il faut aussi déterminer qui peut participer et quelles sont les responsabilités de chacun dans l’atteinte des résultats au moment de dresser un plan financier.
Troisièmement – et la question est un peu plus complexe – il faut établir avec soin un plan successoral. Oublions le jargon un instant. Qu’est-ce qu’un plan successoral?
Oui. Il s’agit de poser certaines questions. Avez-vous un testament? Avez-vous une assurance vie? Avez-vous une procuration? Ce sont les trois éléments de base.
Parlons des hypothèses qui peuvent se matérialiser. Disons que je suis hospitalisée d’urgence et que je n’ai pas de procuration. Qui va payer mes factures? C’est aussi simple que cela. Qui va s’occuper de mes finances?
Si je n’ai pas de testament et que je meurs subitement, cela risque de provoquer un différend dans la famille, sans parler de l’homologation. Il faut donc prévoir les questions fiscales lors de la planification successorale.
Et, finalement, aider ses parents à voir plus petit. Et, vous ne parlez pas que de la maison. Non. En fait, il s’agit de s’adapter à l’étape de vie. Par exemple, mes parents ont-ils vraiment besoin d’une maison de deux étages, alors qu’ils ont des problèmes de santé?
Devraient-ils s’acheter une copropriété, où ils obtiendront plus de services? Je pense aussi à la voiture, au mode de vie, aux soins supplémentaires dont ils auront besoin et à l’aide gouvernementale qu’il leur faudra. Il faut donc savoir s’adapter aux diverses étapes de vie.
On en revient donc au dialogue et à la nécessité d’avoir une discussion franche avec ses parents âgés. Il faut être réaliste en évaluant leur autonomie au fil des années. Rappelez-vous aussi que ce n’est pas une tâche ponctuelle. Il faut revoir régulièrement son plan et le comparer à la situation réelle. Parce que les choses...
- Parce que la vie change et que le plan doit suivre.
- Oui. La santé des parents âgés peut décliner plus vite qu’on le croit. Ou ils peuvent vivre plus longtemps que prévu. Qu’il s’agisse de planifier les questions financières, les soins de santé ou le mode de vie, il faut tenir compte de tous ces aspects, de manière à être mieux préparé si des imprévus surviennent.
Merci beaucoup, Rowena.
Je vous en prie.
Rowena Chan, chef, Planification financière pour le programme à l’intention des femmes investisseuses, Gestion de patrimoine TD. Je prends un bref instant pour remercier tous les invités que j’ai reçus durant l’émission. Jayne, qui nous a raconté son histoire, et docteure Hood, qui nous a offert ses conseils. J’en profite également pour remercier l’auditoire ici en studio. Tout le monde mérite des applaudissements. Le plateau n’en a été que plus agréable.
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Et merci d’avoir été des nôtres. Si vous avez commentaires ou des questions sur l’émission, visitez moneytalkgo.com/life. Vous pouvez aussi nous réécouter et attraper d’autres conseils. Pour nous envoyer vos commentaires ou vos questions, ou si vous avez besoin de conseils, écrivez-nous à moneytalk@bnn.ca. Merci d’avoir été des nôtres. À bientôt.
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