
Le prix de l’or a profité de la hausse de la demande mondiale, y compris de la part de certaines banques centrales. Bart Melek, chef mondial, Stratégie relative aux produits de base à Valeurs Mobilières TD, explique à Greg Bonnell que certains investisseurs font des provisions de lingots d’or pour compenser les effets de l’inflation.
Print Transcript
[LOGO SONORE]
- Après la forte progression des dernières semaines, les investisseurs envisagent l’évolution des taux d’intérêt et se demandent si la tendance se maintiendra pour l’or. Bart Melek, chef, Stratégie relative aux produits de base, VMTD, se joint à nous. Bart, c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous.
- Je suis toujours très content d’être ici. Merci beaucoup de l’invitation.
- On a donc constaté au cours des dernières semaines… une hausse marquée du prix de l’or. Il semble se stabiliser maintenant en attendant peut-être le prochain catalyseur. Qu’est-ce qui nous a menés là? Et qu’est-ce que l’avenir nous réserve?
- Alors, la période est très bonne pour l’or. Au cours des 12 derniers mois, le rendement a été nettement supérieur par rapport à toutes les autres grandes catégories d’actif. Il s’est bien comporté l’an dernier, du moins globalement. Il se comporte très bien cette année. Et nous restons optimistes à l’égard de l’or.
Mais entre-temps, nous pensons qu’il est encore possible de voir une correction. Mais qu’est-ce qui nous a menés à cette excellente performance de l’or? L’or s’est très bien comporté malgré l’approche très ferme de la Fed, qui a persisté avec un scénario très restrictif pendant le reste de l’année. L’inflation demeure élevée, mais l’or s’est très bien comporté.
Mais il y a évidemment deux aspects. Au début du cycle de resserrement, tout le monde était d’accord avec l’idée que les taux d’intérêt allaient être élevés et que la politique monétaire serait restrictive. Et l’or, à la surprise générale… et surtout les aficionados de l’or étaient ravis de ce comportement de l’or. Nous l’attribuons au fait que les banques centrales, les investisseurs individuels et d’autres investisseurs partout dans le monde ont un appétit très fort pour l’or physique.
En effet, l’an dernier, nous avons enregistré un volume record de 1 136 tonnes d’or acquis par les banques centrales et le secteur officiel en général, même la Chine a officiellement indiqué, après une longue pause, qu’elle accumulait de l’or. Et du côté des investisseurs individuels, en période de hausse de l’inflation en Europe et en Asie, la demande d’or et d’argent a été très forte et les investisseurs voulaient des métaux pour se protéger des ravages de l’inflation.
- Contre quoi tentent-ils de se protéger en achetant de façon record de l’or physique?
- Eh bien, dans l’ensemble, ils tentent de se protéger contre l’inflation. Ils n’ont pas confiance et préfèrent de loin détenir des lingots que des dettes. Et n’oublions pas que l’or n’est un passif pour personne. Si vous avez de l’or, vous avez de l’or. Il a une valeur intrinsèque. Personne n’a à vous payer un taux d’intérêt. Vous n’avez qu’un lingot d’or qui vaut quelque chose.
Et les banques centrales semblent continuer de se tourner vers le lingot d’or, en particulier dans les marchés émergents où nous avons observé la part de l’or par rapport à la hausse du dollar américain et la part du dollar dans les réserves de change des marchés émergents a perdu du terrain en faveur de l’or. Et je pense que cela découle, dans une certaine mesure, des sanctions qui sont imposées par le monde occidental, les États-Unis et l’Europe, à la Russie, avec la moitié de ses réserves de change en dollars, euros et autres monnaies occidentales qui sont devenues inutiles. Ils ne peuvent plus rien faire avec. Mais a priori ils peuvent physiquement déplacer l’or et obtenir des crédits auprès d’autres banques ou de banques centrales. Et c’est quelque chose qu’on ne peut pas arrêter.
Et nous sommes d’accord sur un point, alors que les tensions s’intensifient entre la Chine et le monde occidental, en particulier les États-Unis, les Chinois pourraient vouloir suivre cette stratégie. Après tout, les Chinois disposent d’une importante réserve de change, d’environ 3,18 milliards de dollars. Et l’or représente seulement 3,6 % environ de cela.
Si vous comparez cela aux États-Unis, qui en ont nettement plus de 60, la France, environ 60, l’Allemagne, plus de 60 et l’Italie plus de 60, ils ont très peu d’or dans leurs réserves. Et pour de nombreuses raisons, en plus de la géopolitique, ils pourraient vouloir en avoir une plus grande part, parce que la part du dollar dans le commerce pourrait baisser et que les devises et actifs doivent correspondre aux flux commerciaux, pas nécessairement dans ce que l’on considère comme un bon placement.
Les banques centrales et d’autres investisseurs s’inquiètent également de la dette astronomique des États-Unis, de leurs passifs non capitalisés au titre de la sécurité sociale et d’autres dépenses, des impôts relativement faibles et on pourrait assister à une monétisation furtive avec des taux d’intérêt qui demeureraient plus bas qu’ils ne le devraient et l’inflation, plus élevée que prévu. En fait, c’est une des raisons pour lesquelles l’or s’est si bien comporté.
Il y a une grande différence entre ce que la Réserve fédérale prévoit pour les taux d’intérêt dans un an, à la fin de l’année, et le marché obligataire, je le mentionne dans mon article, il y a 110 écarts de base entre les points et lorsque la Fed finance des contrats à terme, le marché fluctue à la hausse comme à la baisse. On a un chiasme avec les négociateurs, les spéculateurs aurifères et les investisseurs, la Fed a un problème de crédibilité à leur égard. Il reste à voir qui finira par avoir raison.
Et si nous observons certains de ces changements, nous pensons que cet écart diminuera un peu au cours des prochains mois. L’économie américaine continue de bien se comporter. Il se pourrait très bien qu’il y ait une hausse en mai. Et cela a déjà commencé à être pris en compte.
- Est-ce que ce sont les pressions à court terme sur l’or que vous… vous avez dit beaucoup de choses constructives à long terme, mais à court et moyen terme.
- Je pense que c’est ce qui s’est produit. Cette remontée, la plus récente qui a porté l’or à 2 048 environ, son sommet, vraiment très bon, était liée à une position vendeur. Les gens étaient en position vendeur. Bien sûr, il y a eu des positions acheteur.
Maintenant qu’on voit l’écart entre la situation de la Fed et celle du marché, on pourrait avoir une nouvelle acquisition de positions vendeur, et des positions acheteur avec des gens qui pourraient vouloir faire des profits. Après tout, il y a eu un très bon rendement. Nous restons d’avis que le prix moyen de l’or au deuxième trimestre sera d’environ 1 975 en moyenne. Donc, selon toute probabilité, comme le prix en vigueur depuis le début du trimestre est en moyenne de 2 004 $, si on fait le calcul, on devrait toujours avoir une baisse.
[LOGO SONORE]
[MUSIQUE]
- Après la forte progression des dernières semaines, les investisseurs envisagent l’évolution des taux d’intérêt et se demandent si la tendance se maintiendra pour l’or. Bart Melek, chef, Stratégie relative aux produits de base, VMTD, se joint à nous. Bart, c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous.
- Je suis toujours très content d’être ici. Merci beaucoup de l’invitation.
- On a donc constaté au cours des dernières semaines… une hausse marquée du prix de l’or. Il semble se stabiliser maintenant en attendant peut-être le prochain catalyseur. Qu’est-ce qui nous a menés là? Et qu’est-ce que l’avenir nous réserve?
- Alors, la période est très bonne pour l’or. Au cours des 12 derniers mois, le rendement a été nettement supérieur par rapport à toutes les autres grandes catégories d’actif. Il s’est bien comporté l’an dernier, du moins globalement. Il se comporte très bien cette année. Et nous restons optimistes à l’égard de l’or.
Mais entre-temps, nous pensons qu’il est encore possible de voir une correction. Mais qu’est-ce qui nous a menés à cette excellente performance de l’or? L’or s’est très bien comporté malgré l’approche très ferme de la Fed, qui a persisté avec un scénario très restrictif pendant le reste de l’année. L’inflation demeure élevée, mais l’or s’est très bien comporté.
Mais il y a évidemment deux aspects. Au début du cycle de resserrement, tout le monde était d’accord avec l’idée que les taux d’intérêt allaient être élevés et que la politique monétaire serait restrictive. Et l’or, à la surprise générale… et surtout les aficionados de l’or étaient ravis de ce comportement de l’or. Nous l’attribuons au fait que les banques centrales, les investisseurs individuels et d’autres investisseurs partout dans le monde ont un appétit très fort pour l’or physique.
En effet, l’an dernier, nous avons enregistré un volume record de 1 136 tonnes d’or acquis par les banques centrales et le secteur officiel en général, même la Chine a officiellement indiqué, après une longue pause, qu’elle accumulait de l’or. Et du côté des investisseurs individuels, en période de hausse de l’inflation en Europe et en Asie, la demande d’or et d’argent a été très forte et les investisseurs voulaient des métaux pour se protéger des ravages de l’inflation.
- Contre quoi tentent-ils de se protéger en achetant de façon record de l’or physique?
- Eh bien, dans l’ensemble, ils tentent de se protéger contre l’inflation. Ils n’ont pas confiance et préfèrent de loin détenir des lingots que des dettes. Et n’oublions pas que l’or n’est un passif pour personne. Si vous avez de l’or, vous avez de l’or. Il a une valeur intrinsèque. Personne n’a à vous payer un taux d’intérêt. Vous n’avez qu’un lingot d’or qui vaut quelque chose.
Et les banques centrales semblent continuer de se tourner vers le lingot d’or, en particulier dans les marchés émergents où nous avons observé la part de l’or par rapport à la hausse du dollar américain et la part du dollar dans les réserves de change des marchés émergents a perdu du terrain en faveur de l’or. Et je pense que cela découle, dans une certaine mesure, des sanctions qui sont imposées par le monde occidental, les États-Unis et l’Europe, à la Russie, avec la moitié de ses réserves de change en dollars, euros et autres monnaies occidentales qui sont devenues inutiles. Ils ne peuvent plus rien faire avec. Mais a priori ils peuvent physiquement déplacer l’or et obtenir des crédits auprès d’autres banques ou de banques centrales. Et c’est quelque chose qu’on ne peut pas arrêter.
Et nous sommes d’accord sur un point, alors que les tensions s’intensifient entre la Chine et le monde occidental, en particulier les États-Unis, les Chinois pourraient vouloir suivre cette stratégie. Après tout, les Chinois disposent d’une importante réserve de change, d’environ 3,18 milliards de dollars. Et l’or représente seulement 3,6 % environ de cela.
Si vous comparez cela aux États-Unis, qui en ont nettement plus de 60, la France, environ 60, l’Allemagne, plus de 60 et l’Italie plus de 60, ils ont très peu d’or dans leurs réserves. Et pour de nombreuses raisons, en plus de la géopolitique, ils pourraient vouloir en avoir une plus grande part, parce que la part du dollar dans le commerce pourrait baisser et que les devises et actifs doivent correspondre aux flux commerciaux, pas nécessairement dans ce que l’on considère comme un bon placement.
Les banques centrales et d’autres investisseurs s’inquiètent également de la dette astronomique des États-Unis, de leurs passifs non capitalisés au titre de la sécurité sociale et d’autres dépenses, des impôts relativement faibles et on pourrait assister à une monétisation furtive avec des taux d’intérêt qui demeureraient plus bas qu’ils ne le devraient et l’inflation, plus élevée que prévu. En fait, c’est une des raisons pour lesquelles l’or s’est si bien comporté.
Il y a une grande différence entre ce que la Réserve fédérale prévoit pour les taux d’intérêt dans un an, à la fin de l’année, et le marché obligataire, je le mentionne dans mon article, il y a 110 écarts de base entre les points et lorsque la Fed finance des contrats à terme, le marché fluctue à la hausse comme à la baisse. On a un chiasme avec les négociateurs, les spéculateurs aurifères et les investisseurs, la Fed a un problème de crédibilité à leur égard. Il reste à voir qui finira par avoir raison.
Et si nous observons certains de ces changements, nous pensons que cet écart diminuera un peu au cours des prochains mois. L’économie américaine continue de bien se comporter. Il se pourrait très bien qu’il y ait une hausse en mai. Et cela a déjà commencé à être pris en compte.
- Est-ce que ce sont les pressions à court terme sur l’or que vous… vous avez dit beaucoup de choses constructives à long terme, mais à court et moyen terme.
- Je pense que c’est ce qui s’est produit. Cette remontée, la plus récente qui a porté l’or à 2 048 environ, son sommet, vraiment très bon, était liée à une position vendeur. Les gens étaient en position vendeur. Bien sûr, il y a eu des positions acheteur.
Maintenant qu’on voit l’écart entre la situation de la Fed et celle du marché, on pourrait avoir une nouvelle acquisition de positions vendeur, et des positions acheteur avec des gens qui pourraient vouloir faire des profits. Après tout, il y a eu un très bon rendement. Nous restons d’avis que le prix moyen de l’or au deuxième trimestre sera d’environ 1 975 en moyenne. Donc, selon toute probabilité, comme le prix en vigueur depuis le début du trimestre est en moyenne de 2 004 $, si on fait le calcul, on devrait toujours avoir une baisse.
[LOGO SONORE]
[MUSIQUE]