
Kim Parlee récapitule les faits saillants de la journée. Elle fait le point sur la COVID-19, puis discute avec Michael Craig, chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD des très nombreux changements de politique annoncés par la Fed afin de soutenir le crédit et l’économie.
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Bonjour, et bienvenue au Bulletin quotidien COVID-19 de la capsule MoneyTalk du lundi 23 mars. Je suis Kim Parlee. Dans quelques instants, nous discuterons avec Michael Craig, chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD, de l’importante décision prise par la Fed ce matin. Mais avant d’en arriver là, faisons un tour d’horizon des nouvelles du jour.
Les marchés reculent de nouveau malgré les mesures d’urgence de la Réserve fédérale, qui s’engage à acheter des actifs sans limite pour appuyer le crédit et l’économie, soit un assouplissement quantitatif illimité, ou l’achat illimité d’obligations. Le président Trump a envoyé la National Guard en Californie, à New York et à Washington afin d’intensifier les efforts pour faire face à la COVID-19.
Au Canada, le premier ministre a déclaré aujourd’hui qu’aucune mesure ne sera écartée afin d’imposer la distanciation sociale. Air Transat a annoncé la mise à pied de 70 % de son effectif, ce qui fait suite au licenciement de 5 100 travailleurs d’Air Canada. Les groupes d’entreprises canadiens exhortent le gouvernement fédéral à verser des subventions salariales pour éviter les licenciements massifs. Le Canada est le premier pays à déclarer qu’il n’enverra aucun de ses athlètes aux Jeux de Tokyo. Le Japon affirme que le report des Jeux olympiques est désormais une possibilité.
D’accord. Pour en savoir plus sur ce que tout cela pourrait signifier pour nos marchés, j’ai invité Michael Craig; comme je l’ai mentionné, il est chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD. Michael, pouvez-vous commencer par nous expliquer exactement ce la Fed a déclaré aujourd’hui?
La semaine dernière, la Fed a annoncé un programme de 700 000 G $. Maintenant, elle annonce l’assouplissement quantitatif illimité, le « QE infinity ». Et la Fed en a rajouté. Elle a déclaré qu’elle était prête à acheter autant les obligations de sociétés du marché secondaire, celles qui sont en circulation, que les obligations de sociétés sur le marché des nouvelles émissions. La Fed offre aussi le financement direct pour les petites et moyennes entreprises.
Il s’agit une annonce extrêmement importante et sans précédent, très franchement. Les marchés se sont redressés à la nouvelle, mais sont de nouveau en plein repli. En fin de compte, cette mesure s’impose si l’on veut débloquer les marchés du crédit, et c’est ce qui constitue réellement la plus grande source de stress en ce moment.
Pouvez-vous m’expliquer un peu plus en détail pourquoi nous ne constatons pas une évolution plus positive des marchés? Comme vous l’avez dit, c’est sans précédent. Je ne veux pas vous mettre les mots dans la bouche, mais de ce que je peux voir, la situation est réellement sans précédent. Même si l’on constate une évolution positive du marché des obligations de sociétés, je crois que ça prendra quelques jours avant que les marchés boursiers emboîtent le pas. Et l’on constate beaucoup de pressions négatives à la baisse. Enfin, il y a, à Washington, l’impasse concernant des mesures budgétaires, qui inquiète les gestionnaires de portefeuilles d’actions.
Selon moi, le marché boursier n’aboutira à rien tant que les marchés obligataires n’auront pas recommencé à se stabiliser. Donc, je me penche bien plus sur les obligations de sociétés en ce moment. Une fois que ce marché se débloquera, je tournerai mon attention vers les actions.
Et qu’attendez-vous du gouvernement américain sur le plan budgétaire? On a annoncé que des mesures de relance allaient être adoptées, mais maintenant on apprend qu’il y a impasse. Il semble que les enjeux auxquels se heurtait le gouvernement américain par le passé sont revenus le hanter.
Oui. Je crois qu’ils sont un peu en désaccord en ce moment. Les démocrates désirent certainement mettre l’accent sur les travailleurs individuels et sur les soins de santé, tandis que les républicains cherchent plutôt à favoriser les entreprises. Je crois qu’il faut réaliser que les entreprises ne connaîtront pas un retour à la normale quand tout sera terminé. Et celles qui jouissent de vastes subventions devront se montrer-- leur pouvoir discrétionnaire sur leurs activités sera quelque peu limité.
J’ose espérer qu’un accord sera conclu d’ici un jour ou deux, mais je crois que les démocrates veulent seulement avoir un peu plus de contrôle. En théorie, selon le libellé actuel de l’entente, Trump pourrait financer ses hôtels, et je crois que les démocrates veulent simplement empêcher ce genre de choses et avoir un peu plus de contrôle sur la façon dont les fonds sont distribués.
Une entente sera conclue, j’en suis convaincu. Le gouvernement sera forcé de le faire en raison des marchés qui continuent de se replier, mais il reste à voir qui fera quoi et qui prendra ses responsabilités.
Quand on regarde vers l’arrière, ou plutôt vers l’avant, en ce qui concerne la direction que prennent les choses, et il est difficile d’en parler maintenant à cause de la grande incertitude, Goldman Sachs estime que le produit intérieur brut des États-Unis régressera de 24 % au prochain trimestre. Alors, si l’on se penche là-dessus – et je sais qu’il existe tout un éventail, de résultats possibles, de choses qui qui peuvent arriver – dites-moi, si vous le pouvez, le meilleur scénario et le pire scénario possibles.
Premièrement, avec la chute du PIB, nous avons essentiellement fermé de larges pans de l’économie, donc... Je lis ici, par exemple, que les réservations de restaurant sont pratiquement inexistantes. Les dépenses discrétionnaires se sont brusquement repliées. On pourrait ainsi s’attendre à une croissance nulle, car on a plus ou moins stoppé le progrès économique.
Ce n’est pas très surprenant, et tout cela est reflété par l’état actuel des marchés. Dans le meilleur des cas, le virus atteindra son paroxysme dans quatre à huit semaines, la pandémie commencera à se résorber, les quarantaines seront levées et la National Guard retournera chez elle. La vie reprendra son cours normal d’ici l’été, et cette situation ne se répètera pas à l’automne. Si c’est ce qui arrive, même si nous constatons une baisse de 20 %, de 15 % ou de 25 % du PIB pour le deuxième trimestre, nous pourrons être témoins du phénomène inverse au troisième trimestre, car la demande aura été incroyablement refoulée. Les gens veulent sortir de chez eux, vivre leur vie, consommer, et le reste. C’est le scénario idéal et, en fin de compte, nous aurons vécu une récession, mais ce ne sera pas la fin du monde.
La situation la moins réjouissante est la suivante : on se rend à l’été et les choses vont un peu mieux, mais le virus revient en force à l’automne ou se mute pour devenir quelque chose d’encore plus mortel. C’est un scénario apocalyptique dans la mesure où, en réalité, nous avançons en terrain inconnu; il est difficile de savoir exactement ce que tout cela signifie. Mais tout cela, pour moi... Une possibilité qui m’inquiète, c’est que ce phénomène nous arrive en vagues, comme nous l’avons vécu en 1918 avec la grippe espagnole.
D’accord. Michael, je vous remercie d’avoir pris le temps de nous parler aujourd’hui.
Bonne journée, Kim, prenez soin de vous.
Vous aussi.
[MUSIQUE]
Les marchés reculent de nouveau malgré les mesures d’urgence de la Réserve fédérale, qui s’engage à acheter des actifs sans limite pour appuyer le crédit et l’économie, soit un assouplissement quantitatif illimité, ou l’achat illimité d’obligations. Le président Trump a envoyé la National Guard en Californie, à New York et à Washington afin d’intensifier les efforts pour faire face à la COVID-19.
Au Canada, le premier ministre a déclaré aujourd’hui qu’aucune mesure ne sera écartée afin d’imposer la distanciation sociale. Air Transat a annoncé la mise à pied de 70 % de son effectif, ce qui fait suite au licenciement de 5 100 travailleurs d’Air Canada. Les groupes d’entreprises canadiens exhortent le gouvernement fédéral à verser des subventions salariales pour éviter les licenciements massifs. Le Canada est le premier pays à déclarer qu’il n’enverra aucun de ses athlètes aux Jeux de Tokyo. Le Japon affirme que le report des Jeux olympiques est désormais une possibilité.
D’accord. Pour en savoir plus sur ce que tout cela pourrait signifier pour nos marchés, j’ai invité Michael Craig; comme je l’ai mentionné, il est chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD. Michael, pouvez-vous commencer par nous expliquer exactement ce la Fed a déclaré aujourd’hui?
La semaine dernière, la Fed a annoncé un programme de 700 000 G $. Maintenant, elle annonce l’assouplissement quantitatif illimité, le « QE infinity ». Et la Fed en a rajouté. Elle a déclaré qu’elle était prête à acheter autant les obligations de sociétés du marché secondaire, celles qui sont en circulation, que les obligations de sociétés sur le marché des nouvelles émissions. La Fed offre aussi le financement direct pour les petites et moyennes entreprises.
Il s’agit une annonce extrêmement importante et sans précédent, très franchement. Les marchés se sont redressés à la nouvelle, mais sont de nouveau en plein repli. En fin de compte, cette mesure s’impose si l’on veut débloquer les marchés du crédit, et c’est ce qui constitue réellement la plus grande source de stress en ce moment.
Pouvez-vous m’expliquer un peu plus en détail pourquoi nous ne constatons pas une évolution plus positive des marchés? Comme vous l’avez dit, c’est sans précédent. Je ne veux pas vous mettre les mots dans la bouche, mais de ce que je peux voir, la situation est réellement sans précédent. Même si l’on constate une évolution positive du marché des obligations de sociétés, je crois que ça prendra quelques jours avant que les marchés boursiers emboîtent le pas. Et l’on constate beaucoup de pressions négatives à la baisse. Enfin, il y a, à Washington, l’impasse concernant des mesures budgétaires, qui inquiète les gestionnaires de portefeuilles d’actions.
Selon moi, le marché boursier n’aboutira à rien tant que les marchés obligataires n’auront pas recommencé à se stabiliser. Donc, je me penche bien plus sur les obligations de sociétés en ce moment. Une fois que ce marché se débloquera, je tournerai mon attention vers les actions.
Et qu’attendez-vous du gouvernement américain sur le plan budgétaire? On a annoncé que des mesures de relance allaient être adoptées, mais maintenant on apprend qu’il y a impasse. Il semble que les enjeux auxquels se heurtait le gouvernement américain par le passé sont revenus le hanter.
Oui. Je crois qu’ils sont un peu en désaccord en ce moment. Les démocrates désirent certainement mettre l’accent sur les travailleurs individuels et sur les soins de santé, tandis que les républicains cherchent plutôt à favoriser les entreprises. Je crois qu’il faut réaliser que les entreprises ne connaîtront pas un retour à la normale quand tout sera terminé. Et celles qui jouissent de vastes subventions devront se montrer-- leur pouvoir discrétionnaire sur leurs activités sera quelque peu limité.
J’ose espérer qu’un accord sera conclu d’ici un jour ou deux, mais je crois que les démocrates veulent seulement avoir un peu plus de contrôle. En théorie, selon le libellé actuel de l’entente, Trump pourrait financer ses hôtels, et je crois que les démocrates veulent simplement empêcher ce genre de choses et avoir un peu plus de contrôle sur la façon dont les fonds sont distribués.
Une entente sera conclue, j’en suis convaincu. Le gouvernement sera forcé de le faire en raison des marchés qui continuent de se replier, mais il reste à voir qui fera quoi et qui prendra ses responsabilités.
Quand on regarde vers l’arrière, ou plutôt vers l’avant, en ce qui concerne la direction que prennent les choses, et il est difficile d’en parler maintenant à cause de la grande incertitude, Goldman Sachs estime que le produit intérieur brut des États-Unis régressera de 24 % au prochain trimestre. Alors, si l’on se penche là-dessus – et je sais qu’il existe tout un éventail, de résultats possibles, de choses qui qui peuvent arriver – dites-moi, si vous le pouvez, le meilleur scénario et le pire scénario possibles.
Premièrement, avec la chute du PIB, nous avons essentiellement fermé de larges pans de l’économie, donc... Je lis ici, par exemple, que les réservations de restaurant sont pratiquement inexistantes. Les dépenses discrétionnaires se sont brusquement repliées. On pourrait ainsi s’attendre à une croissance nulle, car on a plus ou moins stoppé le progrès économique.
Ce n’est pas très surprenant, et tout cela est reflété par l’état actuel des marchés. Dans le meilleur des cas, le virus atteindra son paroxysme dans quatre à huit semaines, la pandémie commencera à se résorber, les quarantaines seront levées et la National Guard retournera chez elle. La vie reprendra son cours normal d’ici l’été, et cette situation ne se répètera pas à l’automne. Si c’est ce qui arrive, même si nous constatons une baisse de 20 %, de 15 % ou de 25 % du PIB pour le deuxième trimestre, nous pourrons être témoins du phénomène inverse au troisième trimestre, car la demande aura été incroyablement refoulée. Les gens veulent sortir de chez eux, vivre leur vie, consommer, et le reste. C’est le scénario idéal et, en fin de compte, nous aurons vécu une récession, mais ce ne sera pas la fin du monde.
La situation la moins réjouissante est la suivante : on se rend à l’été et les choses vont un peu mieux, mais le virus revient en force à l’automne ou se mute pour devenir quelque chose d’encore plus mortel. C’est un scénario apocalyptique dans la mesure où, en réalité, nous avançons en terrain inconnu; il est difficile de savoir exactement ce que tout cela signifie. Mais tout cela, pour moi... Une possibilité qui m’inquiète, c’est que ce phénomène nous arrive en vagues, comme nous l’avons vécu en 1918 avec la grippe espagnole.
D’accord. Michael, je vous remercie d’avoir pris le temps de nous parler aujourd’hui.
Bonne journée, Kim, prenez soin de vous.
Vous aussi.
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