Pour la première fois en quatre ans, la Réserve fédérale américaine a procédé à une baisse de taux d’un demi-point ramenant son taux du financement à un jour à 5 %. Scott Colbourne, directeur général et chef, Titres à revenu fixe à gestion active, Gestion de Placements TD, discute avec Anthony Okolie de cette forte réduction et de ses répercussions sur les marchés et l’économie.
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La Fed frappe fort avec une baisse de taux de 50 points de base, la première depuis plus de quatre ans. Scott Colbourne de Gestion de Placements TD nous fait part de sa réaction. Scott, pourquoi 50 plutôt que 25?
C’était l’une des réunions les plus attendues depuis longtemps. À l’approche de la réunion d’aujourd’hui, le marché était vraiment partagé entre 25 et 50 points de base. Il penchait peut-être légèrement pour 50 points de base.
La Fed a lancé un grand cycle de réduction avec cette baisse de 50 points, en reconnaissant qu’il faut se rapprocher du taux neutre d’environ 3 %. La balance des risques se met à pencher vers une détérioration du marché du travail. La Fed a donc voulu amorcer le processus et elle a frappé fort.
Vous dites que les marchés tendaient vers une baisse de 25 points de base à l’approche de cette annonce. Certains disaient que la Fed ne baisserait pas ses taux de 50 points de base en raison du message qu’elle enverrait sur la santé de l’économie américaine. Alors, quel message la Fed envoie-t-elle?
La Fed normalise sa politique et elle prend acte de l’immense chemin parcouru sur le plan de l’inflation. Elle est convaincue qu’elle se rapproche de 2 %. La Fed a un double mandat. Elle doit aussi assurer le plein emploi, et on observe une détérioration du marché du travail.
Dans le résumé des projections économiques d’aujourd’hui, le taux de chômage est proche de 4,4 % et va rester au même niveau l’an prochain. La Fed prend acte du refroidissement du marché de l’emploi après une période de surchauffe, mais elle veut éviter une détérioration.
Et Jay Powell, le gouverneur de la Fed, a déclaré à Jackson Hole que la Fed ne voulait pas voir le chômage grimper. Il faut donc ramener le taux des fonds fédéraux de 5,5 % à un niveau qui tient compte à la fois du ralentissement de l’inflation et du marché de l’emploi.
Cette annonce change-t-elle vos perspectives pour l’économie américaine?
Non. Pour moi, la Fed a fait de l’excellent travail pour inverser le choc de l’inflation. Elle veut que l’atterrissage en douceur se matérialise et elle veut que la croissance économique se poursuive.
Le PIB de la Fed d’Atlanta avoisine 3 %. C’est légèrement supérieur au potentiel. La Fed veut que la croissance se poursuive. Elle veut que le marché de l’emploi poursuive sa croissance.
C’est donc une très bonne nouvelle. La Fed reconnaît que son taux à long terme se rapproche plus de 3 % et qu’un taux de 5,5 % est trop restrictif pour une économie proche de son potentiel sur les plans de l’emploi, de l’inflation et de la croissance.
Parlons un peu de l’inflation. Selon vous, quels sont les risques pour la Fed après la décision d’aujourd’hui?
La Fed a déclaré que ses décisions allaient toujours dépendre des données. Elle prévoit une autre baisse de 50 points de base dans son résumé des projections économiques. Le marché attend des baisses un peu plus conséquentes.
Elle va recalibrer à mesure que les données lui parviennent. Si le marché du travail se détériore davantage, on peut s’attendre à une autre baisse de 50 points de base avant la fin de l’année. Mais si on se projette plus loin, dans les 18 mois qui viennent, il faut se rapprocher du taux neutre de 3 %.
Et pour passer de 5,5 à 3 %, il faut compter environ 10 baisses de 25 points. La Fed va recalibrer son approche au fil des réunions, en se fondant sur toutes les données qu’elle reçoit.
Y a-t-il un risque de réaccélération de l’inflation après cette forte réduction?
Oui. La Fed doit maintenir l’équilibre entre ses deux mandats. En ce moment, elle a vraiment la conviction, comme le montre son résumé des projections, que l’inflation se rapproche de 2 %. Beaucoup de données indiquent un ralentissement du marché de l’emploi.
Les risques liés à l’inflation sont toujours présents. La Fed reconnaît que les risques proviennent du secteur des services et du secteur du logement. Mais dans l’ensemble, elle s’attend à une normalisation au cours des prochains mois. Elle va rester attentive, mais elle s’attend à ce que l’inflation se rapproche de 2 %. D’accord. Passons au dollar américain. Que signifie potentiellement cette baisse massive des taux pour l’évolution du dollar américain?
La réaction immédiate aujourd’hui, c’est un affaiblissement du dollar. Je pense que ça va se poursuivre. Au premier semestre 2024, le dollar américain s’est apprécié d’environ 6 % – 5 ou 6 %. Depuis la mi-juin, on observe un début de normalisation. Parmi les monnaies qui se normalisent par rapport au dollar américain, il y a le yen.
Cette tendance va se poursuivre. La plupart des devises en bénéficient – le dollar australien, canadien, néo-zélandais. Le yen va poursuivre sa normalisation. C’est bon pour l’euro et la livre sterling. Dans l’ensemble, le dollar américain va fléchir sous l’effet des baisses de la Fed. Qu’est-ce que vous allez surveiller dans les prochains mois, avant la prochaine décision de la Fed?
Je vais garder un œil sur le marché du travail. C’est vraiment le catalyseur du changement de perspectives du gouverneur en ce qui concerne les taux d’intérêt et l’économie. Le marché de l’emploi joue un rôle clé.
On vient de parler des risques d’une inflation persistante. Il est certain qu’on va surveiller ce point. Sur la grande toile de fond mondiale, l’économie chinoise bat fortement de l’aile et on observe une sorte de poussée déflationniste.
Je vais surveiller le marché des produits de base pour m’assurer qu’il n’y pas d’autres signes de poussée inflationniste. Toutes ces données vont m’aider à déterminer à quelle vitesse la Fed va tenter de revenir aux alentours de 3 %.
Il va falloir rester vigilant. Scott, merci encore de votre présence.
Je vous en prie. Merci. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]
La Fed frappe fort avec une baisse de taux de 50 points de base, la première depuis plus de quatre ans. Scott Colbourne de Gestion de Placements TD nous fait part de sa réaction. Scott, pourquoi 50 plutôt que 25?
C’était l’une des réunions les plus attendues depuis longtemps. À l’approche de la réunion d’aujourd’hui, le marché était vraiment partagé entre 25 et 50 points de base. Il penchait peut-être légèrement pour 50 points de base.
La Fed a lancé un grand cycle de réduction avec cette baisse de 50 points, en reconnaissant qu’il faut se rapprocher du taux neutre d’environ 3 %. La balance des risques se met à pencher vers une détérioration du marché du travail. La Fed a donc voulu amorcer le processus et elle a frappé fort.
Vous dites que les marchés tendaient vers une baisse de 25 points de base à l’approche de cette annonce. Certains disaient que la Fed ne baisserait pas ses taux de 50 points de base en raison du message qu’elle enverrait sur la santé de l’économie américaine. Alors, quel message la Fed envoie-t-elle?
La Fed normalise sa politique et elle prend acte de l’immense chemin parcouru sur le plan de l’inflation. Elle est convaincue qu’elle se rapproche de 2 %. La Fed a un double mandat. Elle doit aussi assurer le plein emploi, et on observe une détérioration du marché du travail.
Dans le résumé des projections économiques d’aujourd’hui, le taux de chômage est proche de 4,4 % et va rester au même niveau l’an prochain. La Fed prend acte du refroidissement du marché de l’emploi après une période de surchauffe, mais elle veut éviter une détérioration.
Et Jay Powell, le gouverneur de la Fed, a déclaré à Jackson Hole que la Fed ne voulait pas voir le chômage grimper. Il faut donc ramener le taux des fonds fédéraux de 5,5 % à un niveau qui tient compte à la fois du ralentissement de l’inflation et du marché de l’emploi.
Cette annonce change-t-elle vos perspectives pour l’économie américaine?
Non. Pour moi, la Fed a fait de l’excellent travail pour inverser le choc de l’inflation. Elle veut que l’atterrissage en douceur se matérialise et elle veut que la croissance économique se poursuive.
Le PIB de la Fed d’Atlanta avoisine 3 %. C’est légèrement supérieur au potentiel. La Fed veut que la croissance se poursuive. Elle veut que le marché de l’emploi poursuive sa croissance.
C’est donc une très bonne nouvelle. La Fed reconnaît que son taux à long terme se rapproche plus de 3 % et qu’un taux de 5,5 % est trop restrictif pour une économie proche de son potentiel sur les plans de l’emploi, de l’inflation et de la croissance.
Parlons un peu de l’inflation. Selon vous, quels sont les risques pour la Fed après la décision d’aujourd’hui?
La Fed a déclaré que ses décisions allaient toujours dépendre des données. Elle prévoit une autre baisse de 50 points de base dans son résumé des projections économiques. Le marché attend des baisses un peu plus conséquentes.
Elle va recalibrer à mesure que les données lui parviennent. Si le marché du travail se détériore davantage, on peut s’attendre à une autre baisse de 50 points de base avant la fin de l’année. Mais si on se projette plus loin, dans les 18 mois qui viennent, il faut se rapprocher du taux neutre de 3 %.
Et pour passer de 5,5 à 3 %, il faut compter environ 10 baisses de 25 points. La Fed va recalibrer son approche au fil des réunions, en se fondant sur toutes les données qu’elle reçoit.
Y a-t-il un risque de réaccélération de l’inflation après cette forte réduction?
Oui. La Fed doit maintenir l’équilibre entre ses deux mandats. En ce moment, elle a vraiment la conviction, comme le montre son résumé des projections, que l’inflation se rapproche de 2 %. Beaucoup de données indiquent un ralentissement du marché de l’emploi.
Les risques liés à l’inflation sont toujours présents. La Fed reconnaît que les risques proviennent du secteur des services et du secteur du logement. Mais dans l’ensemble, elle s’attend à une normalisation au cours des prochains mois. Elle va rester attentive, mais elle s’attend à ce que l’inflation se rapproche de 2 %. D’accord. Passons au dollar américain. Que signifie potentiellement cette baisse massive des taux pour l’évolution du dollar américain?
La réaction immédiate aujourd’hui, c’est un affaiblissement du dollar. Je pense que ça va se poursuivre. Au premier semestre 2024, le dollar américain s’est apprécié d’environ 6 % – 5 ou 6 %. Depuis la mi-juin, on observe un début de normalisation. Parmi les monnaies qui se normalisent par rapport au dollar américain, il y a le yen.
Cette tendance va se poursuivre. La plupart des devises en bénéficient – le dollar australien, canadien, néo-zélandais. Le yen va poursuivre sa normalisation. C’est bon pour l’euro et la livre sterling. Dans l’ensemble, le dollar américain va fléchir sous l’effet des baisses de la Fed. Qu’est-ce que vous allez surveiller dans les prochains mois, avant la prochaine décision de la Fed?
Je vais garder un œil sur le marché du travail. C’est vraiment le catalyseur du changement de perspectives du gouverneur en ce qui concerne les taux d’intérêt et l’économie. Le marché de l’emploi joue un rôle clé.
On vient de parler des risques d’une inflation persistante. Il est certain qu’on va surveiller ce point. Sur la grande toile de fond mondiale, l’économie chinoise bat fortement de l’aile et on observe une sorte de poussée déflationniste.
Je vais surveiller le marché des produits de base pour m’assurer qu’il n’y pas d’autres signes de poussée inflationniste. Toutes ces données vont m’aider à déterminer à quelle vitesse la Fed va tenter de revenir aux alentours de 3 %.
Il va falloir rester vigilant. Scott, merci encore de votre présence.
Je vous en prie. Merci. [LOGO SONORE] [MUSIQUE]