
La Réserve fédérale américaine a maintenu son taux directeur près de zéro, mais a averti que le rythme de la reprise économique a ralenti au cours des derniers mois. Anthony Okolie et Scott Colbourne, directeur général, Gestion de Placements TD, discutent de ce que cela signifie pour les marchés.
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Comme prévu, la Réserve fédérale a maintenu les taux lors de la première réunion de 2021. Mais Scott, qu’est-ce qui a retenu votre attention aujourd’hui? Oui.
Bonne question. En fait, Anthony, aujourd’hui, il n’y avait vraiment aucune attente de changement de cap, au mieux quelques ajustements à la déclaration, et c’est ce qu’il s’est passé. La Fed a fait une sorte d’évaluation du marché et a reconnu que l’économie américaine est un peu ralentie. En fin de compte, ce n’est pas vraiment une surprise.
Vraiment, la Fed n’essaie pas d’introduire de changements ou de notion de réduction progressive de sa politique ou de hausse pour l’avenir. Ce n’était donc pas une surprise et les marchés vont s’habituer à la politique très accommodante de la Fed pendant un certain temps.
J’aimerais parler un peu plus des marchés boursiers, si vous me le permettez. Je voudrais connaître votre avis sur la frénésie d’achat des particuliers et les niveaux record des positions d’actions comme GameStop et AMC. Est-ce que la Réserve fédérale peut s’attaquer à cette spéculation, ou est-ce que c’est le rôle des organismes de réglementation?
Je pense vraiment que la Fed ne va pas s’occuper de ça. On dit beaucoup que cette activité est du ressort de la politique de la Fed ou de celles des banques centrales, ce qui est discutable. Mais en fin de compte, si quelque chose doit être observé, c’est d’un point de vue réglementaire.
Et honnêtement, je pense que d’un point de vue réglementaire, toutes les réglementations ont été axées sur la protection du petit investisseur et non du grand investisseur. Et dans ce cas, c’est le petit investisseur qui fait face au grand investisseur. Donc je pense vraiment qu’on va laisser les marchés tranquilles, et que nous allons tous observer cette activité fascinante sur le marché, au final.
Une belle perspective. Parlons des obligations. Nous avons vu que les taux obligataires à long terme ont augmenté. L’administration Biden apporte beaucoup d’optimisme avec cette proposition de programme colossal de 1 900 milliards de dollars. La Fed va-t-elle maintenir cette politique de faiblesse prolongée des taux alors que nous voyons les taux obligataires grimper au fil du temps?
Le grand thème en jeu, que les investisseurs ont observé et sur lequel ils ont investi, est cette tendance à la relance, n’est-ce pas? Nous sommes tous attentifs aux progrès, comme l’a déclaré la Fed aujourd’hui, aux progrès du virus et aux progrès de la vaccination. C’est vraiment ce qui va déterminer la trajectoire du marché, et la relance dont vous parlez sera certainement aussi un facteur favorable.
Qu’est-ce que cela signifie pour la courbe des taux? Elle s’est largement accentuée. En d’autres termes, le long terme s’est vendu davantage que le court terme grâce l’appui des banques centrales.
À mesure que les progrès se poursuivent et que nous gagnons en confiance dans la reprise, une spéculation apparaît sur le marché. Où allons-nous à partir de là? C’est un sujet intéressant, cette notion de réduction progressive. La Banque du Canada a un peu parlé de réduction progressive de sa politique. Le compte rendu de la banque du Brésil durcit également le ton. Et aujourd’hui, le gouverneur de la Fed, M. Powell, va certainement être interpellé sur cette notion de réduction progressive, car certains gouverneurs régionaux de la Fed ont lancé cette approche.
Toutes les banques centrales font pression contre ça. Elles veulent toutes augmenter les taux à l’avenir. C’est donc un point que nous allons surveiller au cours des prochaines années, mais les banques centrales sont vraiment contre. Elles veulent vraiment maintenir des conditions financières très accommodantes pour un certain temps, nous avons aussi un nouveau régime de politique monétaire, un ciblage de l’inflation moyenne par la Fed.
Donc, dans l’ensemble, du point de vue d’un investisseur, il faut s’attendre à une Fed et des banques centrales très accommodantes pendant une longue période et, à l’occasion, des ajustements ou des remises en question par les banques centrales avec cette notion de réduction progressive, mais dans un avenir lointain.
Parlez-nous un peu du marché des obligations de sociétés américain, qui a connu une augmentation significative au cours de l’année dernière. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une zone de risque pour l’économie américaine?
Non. Je ne pense pas. Les entreprises ont vraiment tiré profit du faible niveau des écarts de taux des obligations de sociétés et du niveau absolu des taux obligataires pour refinancer leur bilan. Les investisseurs doivent caractériser les risques des entreprises qu’ils visent et il y a vraiment plus d’investissements BBB que par le passé. Dans certains indices, ils représentent jusqu’à 50 %.
C’est donc un domaine que nous, en tant qu’investisseurs, devons évaluer sur le marché. Mais d’un point de vue systémique, ce n’est pas un risque, et c’est en fait le comportement que l’on attend des entreprises, de profiter des rendements faibles.
Et très rapidement, compte tenu de ce contexte de taux bas, quelles perspectives voyez-vous pour le dollar américain à court terme?
Encore une fois, avec cette tendance de taux faibles, de taux absolus faibles au niveau mondial, en particulier aux États-Unis. C’est un peu défavorable pour le dollar américain. Nous voyons les mesures de relance, la politique budgétaire/monétaire contribuant à la croissance mondiale. C’est généralement bon pour les devises en dehors des États-Unis.
De manière générale, un dollar américain faible est la tendance que nous devrions voir pour les prochains temps avec des périodes occasionnelles d’évaluation du marché et d’équilibrage des positions. Mais la tendance générale est à l’affaiblissement du dollar américain et, à cet effet un dollar canadien légèrement plus fort.
Scott, merci d’avoir participé à cette webdiffusion.
Ça m’a fait plaisir. Heureux d’avoir discuté avec vous.
[MUSIQUE]
Bonne question. En fait, Anthony, aujourd’hui, il n’y avait vraiment aucune attente de changement de cap, au mieux quelques ajustements à la déclaration, et c’est ce qu’il s’est passé. La Fed a fait une sorte d’évaluation du marché et a reconnu que l’économie américaine est un peu ralentie. En fin de compte, ce n’est pas vraiment une surprise.
Vraiment, la Fed n’essaie pas d’introduire de changements ou de notion de réduction progressive de sa politique ou de hausse pour l’avenir. Ce n’était donc pas une surprise et les marchés vont s’habituer à la politique très accommodante de la Fed pendant un certain temps.
J’aimerais parler un peu plus des marchés boursiers, si vous me le permettez. Je voudrais connaître votre avis sur la frénésie d’achat des particuliers et les niveaux record des positions d’actions comme GameStop et AMC. Est-ce que la Réserve fédérale peut s’attaquer à cette spéculation, ou est-ce que c’est le rôle des organismes de réglementation?
Je pense vraiment que la Fed ne va pas s’occuper de ça. On dit beaucoup que cette activité est du ressort de la politique de la Fed ou de celles des banques centrales, ce qui est discutable. Mais en fin de compte, si quelque chose doit être observé, c’est d’un point de vue réglementaire.
Et honnêtement, je pense que d’un point de vue réglementaire, toutes les réglementations ont été axées sur la protection du petit investisseur et non du grand investisseur. Et dans ce cas, c’est le petit investisseur qui fait face au grand investisseur. Donc je pense vraiment qu’on va laisser les marchés tranquilles, et que nous allons tous observer cette activité fascinante sur le marché, au final.
Une belle perspective. Parlons des obligations. Nous avons vu que les taux obligataires à long terme ont augmenté. L’administration Biden apporte beaucoup d’optimisme avec cette proposition de programme colossal de 1 900 milliards de dollars. La Fed va-t-elle maintenir cette politique de faiblesse prolongée des taux alors que nous voyons les taux obligataires grimper au fil du temps?
Le grand thème en jeu, que les investisseurs ont observé et sur lequel ils ont investi, est cette tendance à la relance, n’est-ce pas? Nous sommes tous attentifs aux progrès, comme l’a déclaré la Fed aujourd’hui, aux progrès du virus et aux progrès de la vaccination. C’est vraiment ce qui va déterminer la trajectoire du marché, et la relance dont vous parlez sera certainement aussi un facteur favorable.
Qu’est-ce que cela signifie pour la courbe des taux? Elle s’est largement accentuée. En d’autres termes, le long terme s’est vendu davantage que le court terme grâce l’appui des banques centrales.
À mesure que les progrès se poursuivent et que nous gagnons en confiance dans la reprise, une spéculation apparaît sur le marché. Où allons-nous à partir de là? C’est un sujet intéressant, cette notion de réduction progressive. La Banque du Canada a un peu parlé de réduction progressive de sa politique. Le compte rendu de la banque du Brésil durcit également le ton. Et aujourd’hui, le gouverneur de la Fed, M. Powell, va certainement être interpellé sur cette notion de réduction progressive, car certains gouverneurs régionaux de la Fed ont lancé cette approche.
Toutes les banques centrales font pression contre ça. Elles veulent toutes augmenter les taux à l’avenir. C’est donc un point que nous allons surveiller au cours des prochaines années, mais les banques centrales sont vraiment contre. Elles veulent vraiment maintenir des conditions financières très accommodantes pour un certain temps, nous avons aussi un nouveau régime de politique monétaire, un ciblage de l’inflation moyenne par la Fed.
Donc, dans l’ensemble, du point de vue d’un investisseur, il faut s’attendre à une Fed et des banques centrales très accommodantes pendant une longue période et, à l’occasion, des ajustements ou des remises en question par les banques centrales avec cette notion de réduction progressive, mais dans un avenir lointain.
Parlez-nous un peu du marché des obligations de sociétés américain, qui a connu une augmentation significative au cours de l’année dernière. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une zone de risque pour l’économie américaine?
Non. Je ne pense pas. Les entreprises ont vraiment tiré profit du faible niveau des écarts de taux des obligations de sociétés et du niveau absolu des taux obligataires pour refinancer leur bilan. Les investisseurs doivent caractériser les risques des entreprises qu’ils visent et il y a vraiment plus d’investissements BBB que par le passé. Dans certains indices, ils représentent jusqu’à 50 %.
C’est donc un domaine que nous, en tant qu’investisseurs, devons évaluer sur le marché. Mais d’un point de vue systémique, ce n’est pas un risque, et c’est en fait le comportement que l’on attend des entreprises, de profiter des rendements faibles.
Et très rapidement, compte tenu de ce contexte de taux bas, quelles perspectives voyez-vous pour le dollar américain à court terme?
Encore une fois, avec cette tendance de taux faibles, de taux absolus faibles au niveau mondial, en particulier aux États-Unis. C’est un peu défavorable pour le dollar américain. Nous voyons les mesures de relance, la politique budgétaire/monétaire contribuant à la croissance mondiale. C’est généralement bon pour les devises en dehors des États-Unis.
De manière générale, un dollar américain faible est la tendance que nous devrions voir pour les prochains temps avec des périodes occasionnelles d’évaluation du marché et d’équilibrage des positions. Mais la tendance générale est à l’affaiblissement du dollar américain et, à cet effet un dollar canadien légèrement plus fort.
Scott, merci d’avoir participé à cette webdiffusion.
Ça m’a fait plaisir. Heureux d’avoir discuté avec vous.
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