Lorsqu’elle a annoncé sa baisse de 50 points de base des taux d’intérêt, la Fed a déclaré qu’elle était convaincue que l’inflation se dirigeait clairement vers les 2 %. Alexandra Gorewicz, vice-présidente et directrice de la gestion active des portefeuilles de titres à revenu fixe, Gestion de Placements TD, explique à Greg Bonnell de MoneyTalk pourquoi la réduction pourrait être mieux considérée comme une gestion du risque par la Fed.
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La réserve fédérale a surpris les marchés avec une baisse de taux de grande ampleur. S'agit-il simplement d'un recalibrage, comme l'a dit le président Jerome Powell? Ou de signes de difficultés potentielles à venir pour la plus grande économie du monde? Voici Alex Gorewicz, vice-présidente et directrice de l'équipe de titres à revenus fixes à Gestion active.
Bonjour.
Alors, c'est un bon moment pour parler de revenus fixes avec les taux d'intérêts qui sont en baisse. Vous êtes une invitée régulière, on a parlé de la bataille contre l'inflation, de l'augmentation des coûts d'emprunt... Alors, 50 points de base, qu'est-ce que vous en pensez?
Eh bien, on pourrait qualifier cette baisse de différentes manières. C'est un peu, comme l'a dit Jerome Powell, une baisse liée à la gestion des risques. Donc, gestion des risques ou recalibrage, comme l'a dit Jerome Powell. Oui. Vous savez, recalibrage pour moi, ça suggère une certaine précision. Mais ce que la réserve fédérale a fait au cours des neuf derniers mois, ce n'est pas vraiment précis. En juin, la réserve fédérale a dû changer drastiquement ses prévisions pour 2024, par rapport à ce qui était prévu en décembre de l'année dernière. Et maintenant, on revient plus ou moins à la prévision du mois de mars. Donc, ce n'est pas vraiment un recalibrage en ce qui me concerne. En tout cas, ce n'est pas aussi précis. Mais en tout cas, il s'agit d'une décision liée à la gestion des risques. Parce qu'en fait, la réserve fédérale ne sait pas vraiment ce qui va se produire. En fait, elle a été très surprise par l'augmentation de l'inflation, augmentation beaucoup plus inattendue que prévu il y a deux ans. Et au cours des derniers mois, la Fed a été surprise par des données sur le marché du travail qui étaient plus faibles que prévu. Et donc, Jerome Powell a dit que s'ils avaient eu les chiffres, ils avaient eu les chiffres du marché du travail plus tôt, ils auraient baissé les taux plus tôt.
Alors, pour l'inflation, on est arrivés pratiquement à 2 %, ici en particulier au Canada. Alors, il semble que l'on va quand même dans la bonne direction.
Oui. Je suis d'accord. Le dernier chiffre de l'IPC remet toutefois cela en question. Quand on regarde évidemment l'inflation sous-jacente, on s'attendait à ce qu'elle baisse. Mais il y a eu une petite augmentation de l'inflation de base qu'on a vue. Juin et juillet, en fait, on a vu qu'il semblait que l'inflation baissait, mais août a vu une remontée de l'inflation. Donc, quand on regarde en fait les tendances de l'inflation, il est beaucoup trop tôt pour dire si effectivement, on peut, on a complètement jugulé l'inflation.
Maintenant, pour ce qui est du marché du travail, on a vu qu'il y avait une sorte d'affaiblissement des conditions du marché du travail, surtout du côté de l'offre en particulier. Il semble que l'inflation du secteur des services a effectivement baissé un petit peu. Mais il s'agira de voir ce qu'il en sera plus tard pour l'inflation: si l'inflation reste stable, même au-dessus de 2 %, la réserve fédérale continuera de baisser ses taux.
Bon. C'est vrai qu'il y a un mandat double pour la réserve fédérale: l'emploi, l'inflation. Et donc, la réserve fédérale espère que ça arrivera à moins de 2 %, où l'on peut vraiment baisser les taux. Ce serait vraiment le résultat idéal pour eux. Mais est-ce que ça va vraiment se produire?
Eh bien, c'est possible. Parce que c'est vrai que les choses peuvent se produire assez rapidement. Peut-être même plus rapidement que prévu. Powell a parlé du recalibrage de la politique monétaire et il a souvent fait référence à juillet de l'année dernière. Alors, moi, je suis allée voir quelle était la prévision économique à cette époque-là pour 2024. Alors, évidemment, à cette époque, il s'agissait de faire des prévisions sur 18 mois. Mais la prévision pour 2024 à l'époque n'était pas très différente de la situation actuelle. En fait, par rapport à leurs attentes de l'année dernière, en fait, la surprise, c'est que la croissance économique a été plus forte. Et si on regarde donc la croissance, la réserve fédérale suggère que le troisième trimestre pourrait être assez solide.
Donc, quand on compare avec la prévision d'il y a 18 mois, et les projections de l'emploi de la réserve fédérale, la question est de savoir pourquoi ils ne baissent pas plus les taux d'intérêt. Bon. En tout cas c'est très intéressant pour le reste de l'année, à savoir si, justement, après 50 points de base de baisse, on va avoir une autre baisse de 50 points de base.
Oui, il y aura encore 50 points de base, étant donné que le marché du travail est en train de s'affaiblir. Alors, maintenant, il s'agira de voir quels sont les chiffres, par exemple, de demandes de prestations d'emploi. En fait, bon, le marché du travail est en train de s'affaiblir, mais les gens ne perdent pas leur emploi en masse. Il peut y avoir des pertes d'emploi ici ou là, mais ce n'est pas vraiment significatif. Donc, si le marché du travail continue de s'affaiblir du côté de l'offre, parce qu'il y a plus de gens qui arrivent sur le marché du travail, mais qui ne trouvent pas vraiment un emploi, là, il y aura un rythme de baisse plus graduelle de taux d'intérêt. Maintenant s'il y a un plus grand nombre de gens qui se retrouvent au chômage, là, il pourrait y avoir plus de 50 points de base de baisse. Ça, ça dépend donc du marché du travail.
Oui, parce que pour le moment, ils ont baissé de 50 points. Il s'agit de voir ce qui va se passer. Si la faiblesse du marché de l'emploi s'accélère, eh bien, il s'agira de déterminer ce qu'on fera avec les taux d'intérêt. Donc... Et avec les prévisions de la Fed, il se peut qu'il y ait une accélération du rythme de baisse.
Alors, quelles en seront les conséquences sur le marché obligataire?
Bon. Sur le marché obligataire, c'est assez intéressant. Et les marchés obligataires ont anticipé un certain nombre de baisses de taux d'intérêt au cours des prochaines années, et les taux obligataires ont été assez élevés d'ailleurs durant ce cycle.
Alors maintenant, quelle est la perspective, à partir d'aujourd'hui?
Alors, on ne peut pas garantir un certain rendement, mais je dirais que s'il y a une réduction graduelle dans la politique monétaire, ce qui est déjà anticipé par le marché obligataire, eh bien, les taux obligataires et les rendements obligataires pourraient être à 4 et 4 et demi pour cent. Maintenant, si l'économie s'affaiblit, et en particulier le marché du travail s'affaiblit plus rapidement et que la réserve fédérale doit baisser ses taux d'intérêt de manière plus agressive, s'il s'agit de réviser leurs politiques donc, eh bien, je crois que pour ce qui est des rendements, on pourra voir des choses intéressantes.
La réserve fédérale a surpris les marchés avec une baisse de taux de grande ampleur. S'agit-il simplement d'un recalibrage, comme l'a dit le président Jerome Powell? Ou de signes de difficultés potentielles à venir pour la plus grande économie du monde? Voici Alex Gorewicz, vice-présidente et directrice de l'équipe de titres à revenus fixes à Gestion active.
Bonjour.
Alors, c'est un bon moment pour parler de revenus fixes avec les taux d'intérêts qui sont en baisse. Vous êtes une invitée régulière, on a parlé de la bataille contre l'inflation, de l'augmentation des coûts d'emprunt... Alors, 50 points de base, qu'est-ce que vous en pensez?
Eh bien, on pourrait qualifier cette baisse de différentes manières. C'est un peu, comme l'a dit Jerome Powell, une baisse liée à la gestion des risques. Donc, gestion des risques ou recalibrage, comme l'a dit Jerome Powell. Oui. Vous savez, recalibrage pour moi, ça suggère une certaine précision. Mais ce que la réserve fédérale a fait au cours des neuf derniers mois, ce n'est pas vraiment précis. En juin, la réserve fédérale a dû changer drastiquement ses prévisions pour 2024, par rapport à ce qui était prévu en décembre de l'année dernière. Et maintenant, on revient plus ou moins à la prévision du mois de mars. Donc, ce n'est pas vraiment un recalibrage en ce qui me concerne. En tout cas, ce n'est pas aussi précis. Mais en tout cas, il s'agit d'une décision liée à la gestion des risques. Parce qu'en fait, la réserve fédérale ne sait pas vraiment ce qui va se produire. En fait, elle a été très surprise par l'augmentation de l'inflation, augmentation beaucoup plus inattendue que prévu il y a deux ans. Et au cours des derniers mois, la Fed a été surprise par des données sur le marché du travail qui étaient plus faibles que prévu. Et donc, Jerome Powell a dit que s'ils avaient eu les chiffres, ils avaient eu les chiffres du marché du travail plus tôt, ils auraient baissé les taux plus tôt.
Alors, pour l'inflation, on est arrivés pratiquement à 2 %, ici en particulier au Canada. Alors, il semble que l'on va quand même dans la bonne direction.
Oui. Je suis d'accord. Le dernier chiffre de l'IPC remet toutefois cela en question. Quand on regarde évidemment l'inflation sous-jacente, on s'attendait à ce qu'elle baisse. Mais il y a eu une petite augmentation de l'inflation de base qu'on a vue. Juin et juillet, en fait, on a vu qu'il semblait que l'inflation baissait, mais août a vu une remontée de l'inflation. Donc, quand on regarde en fait les tendances de l'inflation, il est beaucoup trop tôt pour dire si effectivement, on peut, on a complètement jugulé l'inflation.
Maintenant, pour ce qui est du marché du travail, on a vu qu'il y avait une sorte d'affaiblissement des conditions du marché du travail, surtout du côté de l'offre en particulier. Il semble que l'inflation du secteur des services a effectivement baissé un petit peu. Mais il s'agira de voir ce qu'il en sera plus tard pour l'inflation: si l'inflation reste stable, même au-dessus de 2 %, la réserve fédérale continuera de baisser ses taux.
Bon. C'est vrai qu'il y a un mandat double pour la réserve fédérale: l'emploi, l'inflation. Et donc, la réserve fédérale espère que ça arrivera à moins de 2 %, où l'on peut vraiment baisser les taux. Ce serait vraiment le résultat idéal pour eux. Mais est-ce que ça va vraiment se produire?
Eh bien, c'est possible. Parce que c'est vrai que les choses peuvent se produire assez rapidement. Peut-être même plus rapidement que prévu. Powell a parlé du recalibrage de la politique monétaire et il a souvent fait référence à juillet de l'année dernière. Alors, moi, je suis allée voir quelle était la prévision économique à cette époque-là pour 2024. Alors, évidemment, à cette époque, il s'agissait de faire des prévisions sur 18 mois. Mais la prévision pour 2024 à l'époque n'était pas très différente de la situation actuelle. En fait, par rapport à leurs attentes de l'année dernière, en fait, la surprise, c'est que la croissance économique a été plus forte. Et si on regarde donc la croissance, la réserve fédérale suggère que le troisième trimestre pourrait être assez solide.
Donc, quand on compare avec la prévision d'il y a 18 mois, et les projections de l'emploi de la réserve fédérale, la question est de savoir pourquoi ils ne baissent pas plus les taux d'intérêt. Bon. En tout cas c'est très intéressant pour le reste de l'année, à savoir si, justement, après 50 points de base de baisse, on va avoir une autre baisse de 50 points de base.
Oui, il y aura encore 50 points de base, étant donné que le marché du travail est en train de s'affaiblir. Alors, maintenant, il s'agira de voir quels sont les chiffres, par exemple, de demandes de prestations d'emploi. En fait, bon, le marché du travail est en train de s'affaiblir, mais les gens ne perdent pas leur emploi en masse. Il peut y avoir des pertes d'emploi ici ou là, mais ce n'est pas vraiment significatif. Donc, si le marché du travail continue de s'affaiblir du côté de l'offre, parce qu'il y a plus de gens qui arrivent sur le marché du travail, mais qui ne trouvent pas vraiment un emploi, là, il y aura un rythme de baisse plus graduelle de taux d'intérêt. Maintenant s'il y a un plus grand nombre de gens qui se retrouvent au chômage, là, il pourrait y avoir plus de 50 points de base de baisse. Ça, ça dépend donc du marché du travail.
Oui, parce que pour le moment, ils ont baissé de 50 points. Il s'agit de voir ce qui va se passer. Si la faiblesse du marché de l'emploi s'accélère, eh bien, il s'agira de déterminer ce qu'on fera avec les taux d'intérêt. Donc... Et avec les prévisions de la Fed, il se peut qu'il y ait une accélération du rythme de baisse.
Alors, quelles en seront les conséquences sur le marché obligataire?
Bon. Sur le marché obligataire, c'est assez intéressant. Et les marchés obligataires ont anticipé un certain nombre de baisses de taux d'intérêt au cours des prochaines années, et les taux obligataires ont été assez élevés d'ailleurs durant ce cycle.
Alors maintenant, quelle est la perspective, à partir d'aujourd'hui?
Alors, on ne peut pas garantir un certain rendement, mais je dirais que s'il y a une réduction graduelle dans la politique monétaire, ce qui est déjà anticipé par le marché obligataire, eh bien, les taux obligataires et les rendements obligataires pourraient être à 4 et 4 et demi pour cent. Maintenant, si l'économie s'affaiblit, et en particulier le marché du travail s'affaiblit plus rapidement et que la réserve fédérale doit baisser ses taux d'intérêt de manière plus agressive, s'il s'agit de réviser leurs politiques donc, eh bien, je crois que pour ce qui est des rendements, on pourra voir des choses intéressantes.