
De nombreux organismes sans but lucratif et organismes de bienfaisance ont été touchés durement par la COVID-19. Kim Parlee et Bruce MacDonald, président et chef de la direction, Imagine Canada, discutent des répercussions de la COVID-19 sur le secteur caritatif au Canada, notamment la perte de revenus et l’annulation de programmes et d’événements.
Print Transcript
[MUSIQUE]
Bruce, je veux commencer par parler des répercussions de la COVID-19 sur le secteur caritatif.
Eh bien, ce dernier est profondément touché. Notre économiste en chef, au début de la pandémie, a fait certaines modélisations financières avec des collègues. Ils regardaient les prévisions financières qui indiquaient qu’il était probable qu’après six mois de distanciation sociale, et nous avons déjà fait plus de la moitié du chemin, les organismes de bienfaisance et sans but lucratif perdent environ 15,6 G$ cette année et près de 200 000 emplois. Il serait donc très difficile pour notre secteur de s’en remettre.
Et pas seulement pour votre secteur, mais pour n’importe quel secteur. Ce sont d’énormes pertes. Que faites-vous? Ce que je veux dire par là, c’est quels sont les problèmes particuliers auxquels sont confrontés les organismes de bienfaisance? Je pense aux collectes de fonds, qui sont très importantes, le fait de trouver des gens, la nouvelle situation de travail. Comment catégoriseriez-vous toutes les choses auxquelles ces organismes doivent penser?
Eh bien, d’abord et avant tout, l’une des choses que doivent gérer les organismes, c’est que dans de nombreuses parties de notre secteur très diversifié, la demande a grandement augmenté. Les organismes se demandent comment servir les gens dans le besoin qui viennent les voir.
Les organismes qui dépendaient de bénévoles et de programmes en personne doivent s’adapter rapidement pour offrir leurs services en ligne. Au niveau des collectes de fonds, les organismes qui dépendaient grandement d’événements spéciaux trouvent que la situation est problématique.
La plupart des événements ont été annulés et il n’y a pas de sollicitation porte-à-porte. Même les collectes de dons importants, qui dépendent largement des rencontres et des interactions en personne, ont été touchées, et les organismes tentent de trouver une façon de s’adapter.
L’autre point que je dois souligner, c’est que la situation est très différente de celle observée pendant la récession de 2008-2009, où, dans la plupart des cas, les organismes pouvaient se tourner vers d’autres sources de revenus. Ils pouvaient se tourner vers d’autres secteurs si l’un d’eux était particulièrement touché. Dans ce cas-ci, il semble n’y avoir aucun recours.
Vous ne brossez pas un très beau portrait, en termes de ce que les gens ont à affronter. Et j’imagine qu’un autre endroit où les organismes de bienfaisance peuvent obtenir du financement quand ils n’ont pas d’autres recours, c’est le gouvernement, mais comme nous le voyons jour après jour, les gouvernements sont de plus en plus surendettés. Qu’est-ce que cela signifie?
Je pense qu’il y a deux choses. D’abord, au niveau du gouvernement fédéral, c’est génial que les organismes de bienfaisance et sans but lucratif soient inclus dans des programmes importants offrant une subvention pour les salaires ou les loyers. C’est une excellente nouvelle pour notre secteur. Ça permet aux gens de travailler en ce moment. Toutefois, pour ceux qui dépendent d’un soutien continu du gouvernement, les répercussions de la crise sont reportées. De nombreux gouvernements ont décidé de ne pas couper le financement de ces organismes.
Pour en revenir à ce que vous disiez, lorsque les fonds seront épuisés et que les gouvernements décideront de s’attaquer à leur déficit, les organismes qui dépendent largement du financement gouvernemental devront avoir réfléchi au fait que ces fonds publics pourraient éventuellement être récupérés, et pris des mesures pour se préparer à cette éventualité.
D’après une conversation que nous avons eue plus tôt, je sais que nous observons un effet disproportionné sur les emplois des femmes dans le secteur caritatif. Dites-m’en plus à ce sujet.
Oui. Eh bien, des 2,4 millions de personnes au Canada qui sont employés par des organismes de bienfaisance ou sans but lucratif, environ 70 % sont des femmes. Les mises à pied qui ont lieu partout au pays touchent, de façon disproportionnée, les femmes qui travaillent dans notre secteur.
Il est donc très important que des services de soutien soient mis en place, que les organismes innovent et s’adaptent rapidement, d’abord et avant tout pour que ces services soient offerts aux Canadiens, mais du point de vue de l’emploi, pour s’assurer que les gens qui travaillent dans ce secteur puissent retourner au travail.
L’une des raisons pour lesquelles nous avons cette conversation, c’est que nous travaillons ensemble sur un webinaire qui aura lieu le 26 juin à 14 h, HE, et permettra aux organismes de bienfaisance de venir discuter des perspectives économiques. Quelle est votre intention à cet égard? Pourquoi pensez-vous que cela est si important?
Eh bien, vous savez, au cours des trois derniers mois, les dirigeants d’organismes de bienfaisance et sans but lucratif ont travaillé fort. Ils ont essayé de réagir rapidement, d’offrir ces services en ligne, d’examiner la santé financière et le bien-être de leur organisme, et de s’assurer que leur conseil d’administration était fonctionnel et que leur personnel était en sécurité.
Ce que nous constatons, toutefois, c’est qu’ils se tournent maintenant vers l’avenir, et se demandent à quoi ressemblera l’été, l’automne et 2021. Nous avons une relation synergique avec la santé et le bien-être de l’économie canadienne.
Lorsque les fondations ont de l’argent, car leurs placements sont solides, que les gens travaillent, que les gouvernements disposent de fonds et que les sociétés investissent, la santé et le bien-être de l’économie canadienne sont liés à la disponibilité de ces fonds pour notre secteur.
Pour les dirigeants des organismes de bienfaisance et sans but lucratif, le fait d’avoir l’occasion d’entendre l’économiste en chef de la TD et l’économiste en chef de ces organismes au Canada discuter des perspectives de l’économie leur donne un aperçu de ce que l’avenir pourrait leur réserver pour qu’ils puissent planifier en conséquence.
Si l’on approfondit un peu plus la question de planifier en conséquence, quelles sont les choses auxquelles ils devraient penser, selon vous, pour ce qui est des perspectives économiques, en général, ou du type de planification et de collectes de fonds, ou encore des perspectives d’emploi?
Eh bien, ils examineront les projections quant à la croissance de l’économie. Va-t-elle augmenter ou stagner? Prévoyons-nous une récession sur une longue période?
Pour ceux qui travaillent beaucoup dans le domaine des dons majeurs, si les prévisions indiquent un repli des marchés, et que les Canadiens qui font des dons importants ont moins d’argent à leur disposition, eh bien, cela influe sur les projections de leur organisme quant aux fonds qu’ils pourraient recevoir.
Je pense aussi que même les données sur l’emploi pourraient être un indicateur, parce qu’il y a beaucoup de petits donateurs, des millions et des millions de petits donateurs au pays. S’ils s’inquiètent pour la nourriture et le loyer en ce moment, qu’est-ce que cela signifie pour les dons de 25 $, 50 $ ou 100 $ qu’ils faisaient par le passé? Et je pense que juste le fait d’entendre les réflexions macroéconomiques aidera les conseils d’administration et le personnel dans leurs conversations sur leurs prévisions budgétaires.
C’est une conversation importante, Bruce. Merci d’avoir discuté avec nous aujourd’hui. On se reparle bientôt.
Merci beaucoup.
[MUSIQUE]
Bruce, je veux commencer par parler des répercussions de la COVID-19 sur le secteur caritatif.
Eh bien, ce dernier est profondément touché. Notre économiste en chef, au début de la pandémie, a fait certaines modélisations financières avec des collègues. Ils regardaient les prévisions financières qui indiquaient qu’il était probable qu’après six mois de distanciation sociale, et nous avons déjà fait plus de la moitié du chemin, les organismes de bienfaisance et sans but lucratif perdent environ 15,6 G$ cette année et près de 200 000 emplois. Il serait donc très difficile pour notre secteur de s’en remettre.
Et pas seulement pour votre secteur, mais pour n’importe quel secteur. Ce sont d’énormes pertes. Que faites-vous? Ce que je veux dire par là, c’est quels sont les problèmes particuliers auxquels sont confrontés les organismes de bienfaisance? Je pense aux collectes de fonds, qui sont très importantes, le fait de trouver des gens, la nouvelle situation de travail. Comment catégoriseriez-vous toutes les choses auxquelles ces organismes doivent penser?
Eh bien, d’abord et avant tout, l’une des choses que doivent gérer les organismes, c’est que dans de nombreuses parties de notre secteur très diversifié, la demande a grandement augmenté. Les organismes se demandent comment servir les gens dans le besoin qui viennent les voir.
Les organismes qui dépendaient de bénévoles et de programmes en personne doivent s’adapter rapidement pour offrir leurs services en ligne. Au niveau des collectes de fonds, les organismes qui dépendaient grandement d’événements spéciaux trouvent que la situation est problématique.
La plupart des événements ont été annulés et il n’y a pas de sollicitation porte-à-porte. Même les collectes de dons importants, qui dépendent largement des rencontres et des interactions en personne, ont été touchées, et les organismes tentent de trouver une façon de s’adapter.
L’autre point que je dois souligner, c’est que la situation est très différente de celle observée pendant la récession de 2008-2009, où, dans la plupart des cas, les organismes pouvaient se tourner vers d’autres sources de revenus. Ils pouvaient se tourner vers d’autres secteurs si l’un d’eux était particulièrement touché. Dans ce cas-ci, il semble n’y avoir aucun recours.
Vous ne brossez pas un très beau portrait, en termes de ce que les gens ont à affronter. Et j’imagine qu’un autre endroit où les organismes de bienfaisance peuvent obtenir du financement quand ils n’ont pas d’autres recours, c’est le gouvernement, mais comme nous le voyons jour après jour, les gouvernements sont de plus en plus surendettés. Qu’est-ce que cela signifie?
Je pense qu’il y a deux choses. D’abord, au niveau du gouvernement fédéral, c’est génial que les organismes de bienfaisance et sans but lucratif soient inclus dans des programmes importants offrant une subvention pour les salaires ou les loyers. C’est une excellente nouvelle pour notre secteur. Ça permet aux gens de travailler en ce moment. Toutefois, pour ceux qui dépendent d’un soutien continu du gouvernement, les répercussions de la crise sont reportées. De nombreux gouvernements ont décidé de ne pas couper le financement de ces organismes.
Pour en revenir à ce que vous disiez, lorsque les fonds seront épuisés et que les gouvernements décideront de s’attaquer à leur déficit, les organismes qui dépendent largement du financement gouvernemental devront avoir réfléchi au fait que ces fonds publics pourraient éventuellement être récupérés, et pris des mesures pour se préparer à cette éventualité.
D’après une conversation que nous avons eue plus tôt, je sais que nous observons un effet disproportionné sur les emplois des femmes dans le secteur caritatif. Dites-m’en plus à ce sujet.
Oui. Eh bien, des 2,4 millions de personnes au Canada qui sont employés par des organismes de bienfaisance ou sans but lucratif, environ 70 % sont des femmes. Les mises à pied qui ont lieu partout au pays touchent, de façon disproportionnée, les femmes qui travaillent dans notre secteur.
Il est donc très important que des services de soutien soient mis en place, que les organismes innovent et s’adaptent rapidement, d’abord et avant tout pour que ces services soient offerts aux Canadiens, mais du point de vue de l’emploi, pour s’assurer que les gens qui travaillent dans ce secteur puissent retourner au travail.
L’une des raisons pour lesquelles nous avons cette conversation, c’est que nous travaillons ensemble sur un webinaire qui aura lieu le 26 juin à 14 h, HE, et permettra aux organismes de bienfaisance de venir discuter des perspectives économiques. Quelle est votre intention à cet égard? Pourquoi pensez-vous que cela est si important?
Eh bien, vous savez, au cours des trois derniers mois, les dirigeants d’organismes de bienfaisance et sans but lucratif ont travaillé fort. Ils ont essayé de réagir rapidement, d’offrir ces services en ligne, d’examiner la santé financière et le bien-être de leur organisme, et de s’assurer que leur conseil d’administration était fonctionnel et que leur personnel était en sécurité.
Ce que nous constatons, toutefois, c’est qu’ils se tournent maintenant vers l’avenir, et se demandent à quoi ressemblera l’été, l’automne et 2021. Nous avons une relation synergique avec la santé et le bien-être de l’économie canadienne.
Lorsque les fondations ont de l’argent, car leurs placements sont solides, que les gens travaillent, que les gouvernements disposent de fonds et que les sociétés investissent, la santé et le bien-être de l’économie canadienne sont liés à la disponibilité de ces fonds pour notre secteur.
Pour les dirigeants des organismes de bienfaisance et sans but lucratif, le fait d’avoir l’occasion d’entendre l’économiste en chef de la TD et l’économiste en chef de ces organismes au Canada discuter des perspectives de l’économie leur donne un aperçu de ce que l’avenir pourrait leur réserver pour qu’ils puissent planifier en conséquence.
Si l’on approfondit un peu plus la question de planifier en conséquence, quelles sont les choses auxquelles ils devraient penser, selon vous, pour ce qui est des perspectives économiques, en général, ou du type de planification et de collectes de fonds, ou encore des perspectives d’emploi?
Eh bien, ils examineront les projections quant à la croissance de l’économie. Va-t-elle augmenter ou stagner? Prévoyons-nous une récession sur une longue période?
Pour ceux qui travaillent beaucoup dans le domaine des dons majeurs, si les prévisions indiquent un repli des marchés, et que les Canadiens qui font des dons importants ont moins d’argent à leur disposition, eh bien, cela influe sur les projections de leur organisme quant aux fonds qu’ils pourraient recevoir.
Je pense aussi que même les données sur l’emploi pourraient être un indicateur, parce qu’il y a beaucoup de petits donateurs, des millions et des millions de petits donateurs au pays. S’ils s’inquiètent pour la nourriture et le loyer en ce moment, qu’est-ce que cela signifie pour les dons de 25 $, 50 $ ou 100 $ qu’ils faisaient par le passé? Et je pense que juste le fait d’entendre les réflexions macroéconomiques aidera les conseils d’administration et le personnel dans leurs conversations sur leurs prévisions budgétaires.
C’est une conversation importante, Bruce. Merci d’avoir discuté avec nous aujourd’hui. On se reparle bientôt.
Merci beaucoup.
[MUSIQUE]