
Depuis le début de la pandémie, nous avons été inondés de nouvelles sur un potentiel vaccin, des compagnies pharmaceutiques publiant une suite de résultats préliminaires positifs. Anthony Okolie et Tarik Aeta, analyste du secteur des soins de santé, Gestion de Placements TD, discutent de l’état d’un potentiel vaccin contre la COVID-19 et des progrès thérapeutiques.
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Au cours des derniers mois, nous avons été témoins d’une vague de nouvelles portant sur des résultats préliminaires positifs de sociétés pharmaceutiques par rapport à un vaccin. Tarik Aeta, analyste des soins de santé à Gestion de Placements TD, se joint à moi pour parler de certaines nouvelles sur la mise au point de vaccins.
Tarik, tu as apporté un tableau qui contient beaucoup de renseignements. Je vois au haut du tableau cinq approches différentes en matière de vaccins. Peux-tu nous en dire davantage?
Oui. Si on remonte au début de la pandémie, en février et en mars, il y avait beaucoup d’incertitude à savoir quelle technologie de vaccin serait la plus efficace dans notre lutte contre la COVID-19. La bonne nouvelle est que désormais, non seulement 160 vaccins sont en cours de développement, mais la plupart des principales approches en matière de vaccins présentent des données prometteuses dans le cadre des essais cliniques de phase I.
Comme tu l’as dit, nous avons ici un tableau des cinq principales approches. J’aimerais attirer votre attention sur les deux dernières rangées, qui indiquent si les vaccins neutralisent les anticorps, ainsi que la réponse des cellules T. Pour qu’un vaccin soit efficace, il faut une bonne réponse sur les deux plans.
Donc, parmi les cinq principales façons de faire un vaccin, les trois premières ont présenté des données très prometteuses. Cela comprend les vaccins à ARNm, comme ceux de Moderna et de Pfizer-BioNTech. Nous avons également vu de très bonnes données sur les vaccins vectoriels, comme celui du partenariat entre AstraZeneca et Oxford. Enfin, les vaccins à sous-unités protéiques semblent également prometteurs, avec les solides données de Novavax que nous avons obtenues la semaine dernière. Il faut cependant noter que nous n’avons que les données de la phase I, et il faut des essais de phase III plus importants pour prouver l’efficacité.
Je pense que ce qui préoccupe tout le monde, c’est la rapidité avec laquelle nous allons obtenir un vaccin et l’efficacité de ce vaccin potentiel. Deux catégories du tableau ont une mention « rapide » pour le temps de mise en marché.
Oui.
Qu’est-ce qu’on entend par « rapide »?
La mention « rapide » fait référence à la technologie de vaccin. Donc, l’ARNm et le plasmide d’ADN… en théorie, ces approches devraient être les plus rapides, comme il n’est pas nécessaire de cultiver des virus en laboratoire. Mais quand on pense à la rapidité avec laquelle on peut mettre un vaccin sur le marché, il faut plutôt regarder du côté des vaccins qui sont les plus avancés dans le développement clinique.
Pour l’instant, ce serait les vaccins Moderna, Pfizer-BioNTech et AstraZeneca. Ils en sont tous trois à la phase III de leurs essais. À l’heure actuelle, les trois groupes comptent chacun de 30 000 à 50 000 participants. Dans le cas des trois vaccins, nous pourrions obtenir des données dès octobre, et l’approbation pourrait être donnée plus tard à l’automne.
On a beaucoup entendu parler du vaccin de Moderna, qui, dans le tableau, est dans la catégorie des vaccins à mise en marché rapide. Ce vaccin a aussi obtenu des résultats positifs en termes de production d’anticorps. Dirais-tu qu’il s’agit du meneur en ce moment?
Oui. Je ne dirais pas que Moderna est le meneur absolu. Tu sais, le chef de la direction de Moderna a mentionné qu’ils estiment leur probabilité de réussite à 80 %, alors ils ont très confiance en leur vaccin. Mais les vaccins Pfizer-BioNTech et AstraZeneca-Oxford sont aussi très prometteurs.
Je dirais donc que ces trois vaccins sont, à bien des égards, ex æquo pour ce qui est de la course à l’approbation. Et les trois ont obtenu de bonnes données. Il y a des différences dans ces données, mais elles sont toutes bonnes.
Tu as parlé du partenariat entre AstraZeneca et Oxford, mais le tableau indique une mise en marché « moyenne à rapide » pour ce vaccin. Pourquoi est-ce le cas?
Le partenariat AstraZeneca-Oxford utilise la méthode du vaccin à vecteur viral. En théorie, il devrait falloir un peu plus de temps pour produire un vaccin à vecteur viral qu’un vaccin à ARNm. Mais AstraZeneca a la chance de pouvoir tirer parti du travail qu’Oxford a accompli par le passé pour d’autres vaccins qu’elle a développés.
Elle a déjà développé un vaccin contre l’adénovirus du chimpanzé, et AstraZeneca a pu tirer parti de cette technologie. Donc, AstraZeneca devrait pouvoir mettre en marché son vaccin rapidement simplement parce qu’elle peut tirer parti du travail qui a déjà été accompli dans ce domaine.
Mais peu importe qui produit des résultats positifs jusqu’à maintenant, il reste encore beaucoup à faire, n’est-ce pas? À quel point es-tu optimiste quant au succès des essais de phase III?
Oui. Je suis très optimiste. Et ce n’est pas seulement à cause des essais cliniques de phase I, mais aussi en raison des études sur les primates non humains que nous avons vues au cours des dernières semaines. En gros, on administre le vaccin à des singes, et on leur administre le coronavirus plus tard pour voir à quel point le vaccin les protège.
Par exemple, dans le cas du vaccin J&J, six singes sur six qui l’ont reçu n’avaient aucune trace du virus dans leurs poumons après avoir reçu une dose du coronavirus. Un seul singe avait des traces du virus dans ses voies respiratoires supérieures. De même, les données d’AstraZeneca et de Moderna sont encourageantes. Les deux vaccins ont protégé les poumons de tous les singes.
Cette semaine, nous avons également appris que la Russie avait déjà un vaccin. Qu’en penses-tu? Que devons-nous avoir à l’œil?
Oui. Si on prend du recul et qu’on regarde comment la Russie met au point son vaccin contre la COVID-19, scientifiquement, le vaccin semble fondé. La Russie met au point un vaccin à base d’adénovirus, et elle utilise donc la même approche qu’AstraZeneca et J&J.
Cela dit, quand on parle de science, il faut des preuves. La Russie n’a pas divulgué les données dans le cadre de l’essai de phase I. Et elle n’a même pas encore commencé les essais de phase III. Mais comme AstraZeneca et J&J ont connu du succès avec l’approche adénovirus, le vaccin russe pourrait fonctionner. C’est tout à fait possible.
Mais tant que nous n’aurons pas les données, nous n’en saurons pas plus. Je ne m’attends donc pas à ce que le vaccin russe gagne du terrain à l’extérieur de la Russie tant que ces données n’auront pas été divulguées.
C’est fascinant. Tant qu’il n’y aura pas de vaccin, il est vital d’améliorer les traitements. Y a-t-il des développements prometteurs en matière de traitements thérapeutiques?
Oui. Les traitements thérapeutiques n’ont pas reçu une très grande couverture médiatique, mais les cocktails de médicaments à base d’anticorps qu’Eli Lilly et Regeneron cherchent à lancer, peut-être dès cet automne, semblent prometteurs. Ces cocktails de médicaments à base d’anticorps peuvent aider à prévenir la COVID-19, et aussi à la traiter. Donc on pourrait les administrer aux personnes qui sont hospitalisées et ont besoin de traitement.
Je recommande aussi de garder l’œil sur le médicament antiviral oral de Merck; nous aurons plus de données sur ce médicament cet automne. Ces solutions sont importantes parce qu’elles aideront à combler l’écart jusqu’à ce qu’un vaccin soit offert au grand public et elles contribueront à réduire la mortalité pour les patients qui contractent la COVID-19.
D’accord. Il ne nous reste que quelques instants. Quelles sont les étapes importantes à venir au cours des prochains mois en ce qui a trait aux essais, aux traitements ou aux vaccins?
Eh bien… D’abord et avant tout, il faudra voir les données de phase III de Moderna, de BioNTech et d’AstraZeneca. Ces données, comme je disais, devraient être publiées dès octobre.
Ensuite, il faudra aussi voir les données de phase I de J&J et, plus tard, de Sanofi, à mesure que l’automne avance. Ces entreprises ont une capacité de fabrication importante. Donc, si elles réussissent et qu’on additionne leur capacité à celle d’AstraZeneca, de Moderna et de BioNTech, on arrive à 7 milliards de doses très rapidement. Et cela ne comprend pas les quelque 150 autres vaccins en développement.
Enfin, sur le plan thérapeutique, comme je l’ai mentionné, il faut porter une attention particulière aux médicaments à base d’anticorps et au médicament antiviral oral de Merck. Nous aurons d’autres données sur ces médicaments à l’automne.
Tarik, merci beaucoup pour ces explications.
Oui. Merci, Anthony.
[MUSIQUE]
Tarik, tu as apporté un tableau qui contient beaucoup de renseignements. Je vois au haut du tableau cinq approches différentes en matière de vaccins. Peux-tu nous en dire davantage?
Oui. Si on remonte au début de la pandémie, en février et en mars, il y avait beaucoup d’incertitude à savoir quelle technologie de vaccin serait la plus efficace dans notre lutte contre la COVID-19. La bonne nouvelle est que désormais, non seulement 160 vaccins sont en cours de développement, mais la plupart des principales approches en matière de vaccins présentent des données prometteuses dans le cadre des essais cliniques de phase I.
Comme tu l’as dit, nous avons ici un tableau des cinq principales approches. J’aimerais attirer votre attention sur les deux dernières rangées, qui indiquent si les vaccins neutralisent les anticorps, ainsi que la réponse des cellules T. Pour qu’un vaccin soit efficace, il faut une bonne réponse sur les deux plans.
Donc, parmi les cinq principales façons de faire un vaccin, les trois premières ont présenté des données très prometteuses. Cela comprend les vaccins à ARNm, comme ceux de Moderna et de Pfizer-BioNTech. Nous avons également vu de très bonnes données sur les vaccins vectoriels, comme celui du partenariat entre AstraZeneca et Oxford. Enfin, les vaccins à sous-unités protéiques semblent également prometteurs, avec les solides données de Novavax que nous avons obtenues la semaine dernière. Il faut cependant noter que nous n’avons que les données de la phase I, et il faut des essais de phase III plus importants pour prouver l’efficacité.
Je pense que ce qui préoccupe tout le monde, c’est la rapidité avec laquelle nous allons obtenir un vaccin et l’efficacité de ce vaccin potentiel. Deux catégories du tableau ont une mention « rapide » pour le temps de mise en marché.
Oui.
Qu’est-ce qu’on entend par « rapide »?
La mention « rapide » fait référence à la technologie de vaccin. Donc, l’ARNm et le plasmide d’ADN… en théorie, ces approches devraient être les plus rapides, comme il n’est pas nécessaire de cultiver des virus en laboratoire. Mais quand on pense à la rapidité avec laquelle on peut mettre un vaccin sur le marché, il faut plutôt regarder du côté des vaccins qui sont les plus avancés dans le développement clinique.
Pour l’instant, ce serait les vaccins Moderna, Pfizer-BioNTech et AstraZeneca. Ils en sont tous trois à la phase III de leurs essais. À l’heure actuelle, les trois groupes comptent chacun de 30 000 à 50 000 participants. Dans le cas des trois vaccins, nous pourrions obtenir des données dès octobre, et l’approbation pourrait être donnée plus tard à l’automne.
On a beaucoup entendu parler du vaccin de Moderna, qui, dans le tableau, est dans la catégorie des vaccins à mise en marché rapide. Ce vaccin a aussi obtenu des résultats positifs en termes de production d’anticorps. Dirais-tu qu’il s’agit du meneur en ce moment?
Oui. Je ne dirais pas que Moderna est le meneur absolu. Tu sais, le chef de la direction de Moderna a mentionné qu’ils estiment leur probabilité de réussite à 80 %, alors ils ont très confiance en leur vaccin. Mais les vaccins Pfizer-BioNTech et AstraZeneca-Oxford sont aussi très prometteurs.
Je dirais donc que ces trois vaccins sont, à bien des égards, ex æquo pour ce qui est de la course à l’approbation. Et les trois ont obtenu de bonnes données. Il y a des différences dans ces données, mais elles sont toutes bonnes.
Tu as parlé du partenariat entre AstraZeneca et Oxford, mais le tableau indique une mise en marché « moyenne à rapide » pour ce vaccin. Pourquoi est-ce le cas?
Le partenariat AstraZeneca-Oxford utilise la méthode du vaccin à vecteur viral. En théorie, il devrait falloir un peu plus de temps pour produire un vaccin à vecteur viral qu’un vaccin à ARNm. Mais AstraZeneca a la chance de pouvoir tirer parti du travail qu’Oxford a accompli par le passé pour d’autres vaccins qu’elle a développés.
Elle a déjà développé un vaccin contre l’adénovirus du chimpanzé, et AstraZeneca a pu tirer parti de cette technologie. Donc, AstraZeneca devrait pouvoir mettre en marché son vaccin rapidement simplement parce qu’elle peut tirer parti du travail qui a déjà été accompli dans ce domaine.
Mais peu importe qui produit des résultats positifs jusqu’à maintenant, il reste encore beaucoup à faire, n’est-ce pas? À quel point es-tu optimiste quant au succès des essais de phase III?
Oui. Je suis très optimiste. Et ce n’est pas seulement à cause des essais cliniques de phase I, mais aussi en raison des études sur les primates non humains que nous avons vues au cours des dernières semaines. En gros, on administre le vaccin à des singes, et on leur administre le coronavirus plus tard pour voir à quel point le vaccin les protège.
Par exemple, dans le cas du vaccin J&J, six singes sur six qui l’ont reçu n’avaient aucune trace du virus dans leurs poumons après avoir reçu une dose du coronavirus. Un seul singe avait des traces du virus dans ses voies respiratoires supérieures. De même, les données d’AstraZeneca et de Moderna sont encourageantes. Les deux vaccins ont protégé les poumons de tous les singes.
Cette semaine, nous avons également appris que la Russie avait déjà un vaccin. Qu’en penses-tu? Que devons-nous avoir à l’œil?
Oui. Si on prend du recul et qu’on regarde comment la Russie met au point son vaccin contre la COVID-19, scientifiquement, le vaccin semble fondé. La Russie met au point un vaccin à base d’adénovirus, et elle utilise donc la même approche qu’AstraZeneca et J&J.
Cela dit, quand on parle de science, il faut des preuves. La Russie n’a pas divulgué les données dans le cadre de l’essai de phase I. Et elle n’a même pas encore commencé les essais de phase III. Mais comme AstraZeneca et J&J ont connu du succès avec l’approche adénovirus, le vaccin russe pourrait fonctionner. C’est tout à fait possible.
Mais tant que nous n’aurons pas les données, nous n’en saurons pas plus. Je ne m’attends donc pas à ce que le vaccin russe gagne du terrain à l’extérieur de la Russie tant que ces données n’auront pas été divulguées.
C’est fascinant. Tant qu’il n’y aura pas de vaccin, il est vital d’améliorer les traitements. Y a-t-il des développements prometteurs en matière de traitements thérapeutiques?
Oui. Les traitements thérapeutiques n’ont pas reçu une très grande couverture médiatique, mais les cocktails de médicaments à base d’anticorps qu’Eli Lilly et Regeneron cherchent à lancer, peut-être dès cet automne, semblent prometteurs. Ces cocktails de médicaments à base d’anticorps peuvent aider à prévenir la COVID-19, et aussi à la traiter. Donc on pourrait les administrer aux personnes qui sont hospitalisées et ont besoin de traitement.
Je recommande aussi de garder l’œil sur le médicament antiviral oral de Merck; nous aurons plus de données sur ce médicament cet automne. Ces solutions sont importantes parce qu’elles aideront à combler l’écart jusqu’à ce qu’un vaccin soit offert au grand public et elles contribueront à réduire la mortalité pour les patients qui contractent la COVID-19.
D’accord. Il ne nous reste que quelques instants. Quelles sont les étapes importantes à venir au cours des prochains mois en ce qui a trait aux essais, aux traitements ou aux vaccins?
Eh bien… D’abord et avant tout, il faudra voir les données de phase III de Moderna, de BioNTech et d’AstraZeneca. Ces données, comme je disais, devraient être publiées dès octobre.
Ensuite, il faudra aussi voir les données de phase I de J&J et, plus tard, de Sanofi, à mesure que l’automne avance. Ces entreprises ont une capacité de fabrication importante. Donc, si elles réussissent et qu’on additionne leur capacité à celle d’AstraZeneca, de Moderna et de BioNTech, on arrive à 7 milliards de doses très rapidement. Et cela ne comprend pas les quelque 150 autres vaccins en développement.
Enfin, sur le plan thérapeutique, comme je l’ai mentionné, il faut porter une attention particulière aux médicaments à base d’anticorps et au médicament antiviral oral de Merck. Nous aurons d’autres données sur ces médicaments à l’automne.
Tarik, merci beaucoup pour ces explications.
Oui. Merci, Anthony.
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