
La Banque du Canada (BdC) maintient son taux directeur et prévoit que l’économie prendra de la vitesse en 2021. Anthony Okolie s’entretient avec James Orlando, économiste principal, Groupe Banque TD, pour savoir si les marchés ont commencé à anticiper une hausse de l’inflation et de taux plus vite que prévu.
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[MUSIQUE]
La Banque du Canada a maintenu son taux du financement à un jour à 0,25 % et s’est engagée à maintenir les taux d’intérêt inchangés jusqu’en 2023. James, est-ce que quelque chose a retenu votre attention aujourd’hui?
Oui, absolument. La Banque du Canada a revu à la hausse ses perspectives de croissance économique. Elle a parlé de la résilience incroyable de l’économie canadienne, surtout durant cette deuxième vague d’infections à la COVID-19. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas si longtemps, on s’attendait à ce que la deuxième vague de COVID entraîne une croissance négative du PIB au premier trimestre.
Et maintenant, avec les récentes données économiques, certaines des données de haute fréquence qui sont publiées, nous espérons voir que, pendant toute cette période de la deuxième vague, chaque mois, nous aurons une croissance positive du PIB. Et c’est tout simplement étonnant. Il est étonnant de voir que nous, en tant que Canadiens, en tant que personnes, en tant qu’entreprises, ayons été si résilients durant cette période. Cela se reflète donc dans les perspectives revues à la hausse de la Banque du Canada.
Et qu’en est-il de cet important programme de relance budgétaire américain? Selon vous, y aura-t-il des répercussions à court terme sur la politique de la Banque du Canada?
Oui, le programme américain de 1,9 billion de dollars va certainement stimuler la croissance économique américaine. Il positionne mieux les Américains pour l’avenir. Cela signifie que la reprise économique aux États-Unis sera plus forte que prévu. Et c’est important pour le Canada, car les États-Unis sont le principal partenaire commercial du Canada. Et plus les États-Unis s’en tirent bien, meilleures sont nos exportations. Il y a donc certainement des liens entre le renforcement de l’économie américaine et son transit par le Canada. On estime donc qu’il s’agit d’un impact favorable pour l’économie canadienne et nos perspectives.
James, nous avons déjà parlé de la hausse des taux obligataires au Canada et aux États-Unis. Dans quelle mesure est-il probable que la Banque du Canada puisse maintenir cette politique de taux d’intérêt à long terme?
Oui, vous avez tout à fait raison. Les taux obligataires au Canada, aux États-Unis et partout dans le monde ont commencé à augmenter avec la reprise économique qu’on observe actuellement. Et la hausse des taux obligataires découle de cette reprise. Ça se produit à chaque récession. Vous savez, pendant la récession, au début, les taux obligataires ont chuté énormément. Et lorsque la reprise commence à prendre de la vitesse, les taux à long terme commencent à augmenter.
C’est très typique. On s’attend à ce que ça se poursuive. La Banque du Canada et d’autres banques centrales n’ont en fait pas beaucoup parlé de la hausse des taux obligataires et de son impact sur la croissance économique. Nous savons, par exemple... il suffit de regarder les taux hypothécaires actuellement au Canada. Les taux hypothécaires avaient baissé très bas, à des niveaux historiquement bas, et ont commencé à monter au cours des derniers mois.
Ils ont maintenant augmenté à un niveau qui ne sera pas restrictif sur le plan économique. Cela ne va pas refroidir le marché de l’habitation, mais ça pourrait le ralentir dans une moindre mesure que ce qu’il était avant. Et tout ça est sur la marge actuellement.
Donc je ne crois pas que la Banque du Canada affirme que les taux obligataires sont plus élevés, et qu’il faut modifier notre politique. Je crois qu’elle dit qu’à mesure que la reprise va se poursuivre, les taux obligataires devraient être un peu plus élevés. On pense qu’ils pourraient continuer d’augmenter au cours des prochains mois, mais on ne pense pas qu’ils vont atteindre un niveau qui va nuire vraiment à la reprise économique actuelle.
Quelles perspectives voyez-vous pour le dollar canadien au cours des prochains mois? Nous avons entendu parler de la vigueur des marchés des produits de base. Est-ce que cela va avoir un impact sur le dollar?
Oui, certainement. Le huard s’est donc très bien comporté du fait que les prix des produits de base, c’est-à-dire les produits de base non énergétiques, s’en sont très bien tirés en raison du boom manufacturier. Et maintenant, les prix de l’énergie commencent vraiment à augmenter. Et tout ça devrait se poursuivre, n’est-ce pas? Les prix de l’énergie sont liés à la mobilité. Si on voyage davantage, si on prend l’avion, qu’on conduit davantage nos voitures, ça entraîne une demande pour les prix de l’énergie, et ça fait augmenter les prix de l’énergie, et aussi la demande pour le dollar canadien.
Sans compter qu’on parle beaucoup de la Banque du Canada, et qu’elle va probablement être en mesure de relever ses taux directeurs d’ici deux ou trois ans. Et ça commence à être pris en compte dans les taux obligataires plus élevés. Les taux canadiens ont considérablement augmenté par rapport aux taux d’autres pays.
Ce n’est donc plus seulement une question de produits de base. On commence à voir les taux d’intérêt et la demande des investisseurs étrangers vouloir profiter de ce rendement supplémentaire. Ils se tournent donc vers le marché canadien et voient des taux de rendement supérieurs à ceux qu’ils peuvent obtenir dans d’autres pays, et ils tentent d’en profiter. Ils essaient d’obtenir l’écart de rendement supplémentaire qu’ils peuvent avoir au Canada. Donc, quand on achète une obligation canadienne, il faut acheter des dollars canadiens. Il en résulte alors une demande pour les dollars canadiens. Tout ça s’oriente donc vers un dollar canadien fort.
En résumé, James, qu’est-ce que les investisseurs devraient retenir de l’annonce d’aujourd’hui?
Je pense que ce que les investisseurs doivent retenir de cette annonce, c’est que la Banque du Canada reconnaît que la reprise se porte mieux qu’elle ne le pensait initialement. La croissance économique rebondit. La deuxième vague d’infections à la COVID-19 n’a pas eu d’impact aussi important que prévu sur l’économie canadienne. Donc la reprise semble bonne. Les perspectives pour 2021-2022 sont excellentes. Et nous allons continuer d’avancer dans une direction plus positive.
Vous savez, nous ne sommes pas encore sortis du bois. Le taux de chômage demeure élevé au Canada. Toutefois, la consolidation de cette reprise, qui se poursuit, devrait continuer d’améliorer ces perspectives et de faire en sorte que les taux obligataires continuent d’augmenter, probablement à un niveau d’environ 2 % au cours des deux prochaines années.
James, merci beaucoup pour votre temps.
Merci.
[MUSIQUE]
La Banque du Canada a maintenu son taux du financement à un jour à 0,25 % et s’est engagée à maintenir les taux d’intérêt inchangés jusqu’en 2023. James, est-ce que quelque chose a retenu votre attention aujourd’hui?
Oui, absolument. La Banque du Canada a revu à la hausse ses perspectives de croissance économique. Elle a parlé de la résilience incroyable de l’économie canadienne, surtout durant cette deuxième vague d’infections à la COVID-19. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas si longtemps, on s’attendait à ce que la deuxième vague de COVID entraîne une croissance négative du PIB au premier trimestre.
Et maintenant, avec les récentes données économiques, certaines des données de haute fréquence qui sont publiées, nous espérons voir que, pendant toute cette période de la deuxième vague, chaque mois, nous aurons une croissance positive du PIB. Et c’est tout simplement étonnant. Il est étonnant de voir que nous, en tant que Canadiens, en tant que personnes, en tant qu’entreprises, ayons été si résilients durant cette période. Cela se reflète donc dans les perspectives revues à la hausse de la Banque du Canada.
Et qu’en est-il de cet important programme de relance budgétaire américain? Selon vous, y aura-t-il des répercussions à court terme sur la politique de la Banque du Canada?
Oui, le programme américain de 1,9 billion de dollars va certainement stimuler la croissance économique américaine. Il positionne mieux les Américains pour l’avenir. Cela signifie que la reprise économique aux États-Unis sera plus forte que prévu. Et c’est important pour le Canada, car les États-Unis sont le principal partenaire commercial du Canada. Et plus les États-Unis s’en tirent bien, meilleures sont nos exportations. Il y a donc certainement des liens entre le renforcement de l’économie américaine et son transit par le Canada. On estime donc qu’il s’agit d’un impact favorable pour l’économie canadienne et nos perspectives.
James, nous avons déjà parlé de la hausse des taux obligataires au Canada et aux États-Unis. Dans quelle mesure est-il probable que la Banque du Canada puisse maintenir cette politique de taux d’intérêt à long terme?
Oui, vous avez tout à fait raison. Les taux obligataires au Canada, aux États-Unis et partout dans le monde ont commencé à augmenter avec la reprise économique qu’on observe actuellement. Et la hausse des taux obligataires découle de cette reprise. Ça se produit à chaque récession. Vous savez, pendant la récession, au début, les taux obligataires ont chuté énormément. Et lorsque la reprise commence à prendre de la vitesse, les taux à long terme commencent à augmenter.
C’est très typique. On s’attend à ce que ça se poursuive. La Banque du Canada et d’autres banques centrales n’ont en fait pas beaucoup parlé de la hausse des taux obligataires et de son impact sur la croissance économique. Nous savons, par exemple... il suffit de regarder les taux hypothécaires actuellement au Canada. Les taux hypothécaires avaient baissé très bas, à des niveaux historiquement bas, et ont commencé à monter au cours des derniers mois.
Ils ont maintenant augmenté à un niveau qui ne sera pas restrictif sur le plan économique. Cela ne va pas refroidir le marché de l’habitation, mais ça pourrait le ralentir dans une moindre mesure que ce qu’il était avant. Et tout ça est sur la marge actuellement.
Donc je ne crois pas que la Banque du Canada affirme que les taux obligataires sont plus élevés, et qu’il faut modifier notre politique. Je crois qu’elle dit qu’à mesure que la reprise va se poursuivre, les taux obligataires devraient être un peu plus élevés. On pense qu’ils pourraient continuer d’augmenter au cours des prochains mois, mais on ne pense pas qu’ils vont atteindre un niveau qui va nuire vraiment à la reprise économique actuelle.
Quelles perspectives voyez-vous pour le dollar canadien au cours des prochains mois? Nous avons entendu parler de la vigueur des marchés des produits de base. Est-ce que cela va avoir un impact sur le dollar?
Oui, certainement. Le huard s’est donc très bien comporté du fait que les prix des produits de base, c’est-à-dire les produits de base non énergétiques, s’en sont très bien tirés en raison du boom manufacturier. Et maintenant, les prix de l’énergie commencent vraiment à augmenter. Et tout ça devrait se poursuivre, n’est-ce pas? Les prix de l’énergie sont liés à la mobilité. Si on voyage davantage, si on prend l’avion, qu’on conduit davantage nos voitures, ça entraîne une demande pour les prix de l’énergie, et ça fait augmenter les prix de l’énergie, et aussi la demande pour le dollar canadien.
Sans compter qu’on parle beaucoup de la Banque du Canada, et qu’elle va probablement être en mesure de relever ses taux directeurs d’ici deux ou trois ans. Et ça commence à être pris en compte dans les taux obligataires plus élevés. Les taux canadiens ont considérablement augmenté par rapport aux taux d’autres pays.
Ce n’est donc plus seulement une question de produits de base. On commence à voir les taux d’intérêt et la demande des investisseurs étrangers vouloir profiter de ce rendement supplémentaire. Ils se tournent donc vers le marché canadien et voient des taux de rendement supérieurs à ceux qu’ils peuvent obtenir dans d’autres pays, et ils tentent d’en profiter. Ils essaient d’obtenir l’écart de rendement supplémentaire qu’ils peuvent avoir au Canada. Donc, quand on achète une obligation canadienne, il faut acheter des dollars canadiens. Il en résulte alors une demande pour les dollars canadiens. Tout ça s’oriente donc vers un dollar canadien fort.
En résumé, James, qu’est-ce que les investisseurs devraient retenir de l’annonce d’aujourd’hui?
Je pense que ce que les investisseurs doivent retenir de cette annonce, c’est que la Banque du Canada reconnaît que la reprise se porte mieux qu’elle ne le pensait initialement. La croissance économique rebondit. La deuxième vague d’infections à la COVID-19 n’a pas eu d’impact aussi important que prévu sur l’économie canadienne. Donc la reprise semble bonne. Les perspectives pour 2021-2022 sont excellentes. Et nous allons continuer d’avancer dans une direction plus positive.
Vous savez, nous ne sommes pas encore sortis du bois. Le taux de chômage demeure élevé au Canada. Toutefois, la consolidation de cette reprise, qui se poursuit, devrait continuer d’améliorer ces perspectives et de faire en sorte que les taux obligataires continuent d’augmenter, probablement à un niveau d’environ 2 % au cours des deux prochaines années.
James, merci beaucoup pour votre temps.
Merci.
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