En abaissant son taux du financement à un jour à 4,75 %, la Banque du Canada (BdC) est devenue la première banque centrale du G7 à réduire les taux d’intérêt durant le cycle actuel. Andrew Kelvin, chef, Stratégie canadienne et mondiale liée aux taux, VMTD, discute avec Greg Bonnell de Parlons Argent de ce à quoi il faut s’attendre de la BdC à l’avenir.
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La banque du Canada a réduit son taux d'intérêt directeur de 25 points de base, devenant ainsi le premier pays du G7 à commencer à réduire les coûts d'emprunt après un cycle de hausses énergiques. Notre banque centrale laisse également entendre que d'autres réductions pourraient avoir lieu. Andrew Kelvin de Valeurs mobilières TD se joint à nous pour analyser.
Bonjour, Greg.
Alors, vous avez prédit l'annonce et votre prédiction s'est réalisée. Que pensez-vous?
Il n'y a pas eu beaucoup de surprise, non seulement dans la décision, nous prévoyions une coupure de taux, mais dans la manière dont la banque a décrit cette coupure de taux. La banque a laissé entendre qu'il s'agira d'un cycle d'assouplissement plus progressif par rapport au cycle de hausse. La justification de cette baisse de taux est simple. Les données étaient au rendez-vous. La dynamique économique a faibli depuis le début de l'année. L'inflation de base annualisée, c'est-à-dire la dynamique de l'inflation, tournait autour de 3 à 3,5. Depuis deux mois, ce chiffre est inférieur à 2 %. L'inflation globale diminue progressivement. 2,7 %, c'est encore élevé, mais pas aussi élevé que ça a été le cas et cela se situe dans la fourchette de 1 à 3 % de la banque. La dynamique à court terme laisse entrevoir un retour durable de l'inflation à 2 % et c'est vraiment la clé. Il y a eu suffisamment de statistiques de l'IPC en recul qui ont paru pour que la banque puisse être convaincue que la tendance se maintiendra. Les données sur la croissance au premier trimestre n'étaient pas aussi dynamiques que l'on prévoyait. La Banque du Canada avait prévu 2,1 %. Le chiffre s'est établi à 1,7 %. L'inflation recule. L'économie plus faible que la Banque du Canada ne s'y attendait, ce sont les données dont elle avait besoin pour adopter une position moins restrictive, mais restrictive tout de même. Il aurait pu être justifié d'attendre encore plus pour être tout à fait certain.
Vous avez dit que la banque aurait pu justifier une décision d'attendre encore en arguant que les salaires n'avaient pas encore commencé à modérer leur croissance. Cette question a justement été évoquée dans la conférence de presse. Le taux de chômage au Canada a très nettement augmenté depuis un an. Le marché du travail est moins serré, la demande n'est pas aussi élevée qu'elle l'était. La croissance des salaires est sans doute attribuable à la compression des marges pour les entreprises qu'une tendance menant à l'inflation. Quand il y a un taux de chômage de 6 % ou supérieur, il s'ensuit que les pressions sur les salaires ne devraient pas être aussi élevées dans l'avenir. Les données étaient donc au rendez-vous. Il aurait été possible de faire preuve d'une extrême prudence, ce qui aurait eu un coût minime pour l'économie, mais la Banque du Canada a constaté que l'économie justifie les réductions et a donc réduit les taux d'intérêt.
La Banque du Canada a laissé entendre qu'il est vraisemblable qu'il y aura d'autres réductions, mais il y a toujours un risque. Vous avez parlé de la croissance des salaires. Il y a la géopolitique, mais également le prix des logements.
C'était très intéressant. J'étais un peu étonné d'entendre cela évoqué de façon si explicite. En général, il faut creuser dans un rapport sur la politique monétaire pour trouver une allusion au prix des logements. La Banque du Canada est sensible à l'inflation des coûts du logement. La réalité, c'est que puisqu'il y a une très forte demande de logements insatisfaite, la sous-gouverneure Rogers l'a dit dans la conférence de presse, vu qu'il y a une demande excédentaire, l'inflation des prix du logement sera supérieure à l'inflation globale pendant assez longtemps sans doute. Si l'inflation hors logement peut être suffisamment inférieure à 2 %, on peut parvenir à un multiple de 2 % même si l'inflation de logements persiste, mais c'est un élément très important de la corbeille un élément de la corbeille qui peut évoluer très rapidement dans ce pays. Le logement représente le quart de l'IPC. Si le quart de l'IPC peut bondir, cela représente une menace pour la cible de 2 %, dans un sens comme dans l'autre. À l'heure actuelle, il y a la hausse des prix du logement, mais la même proposition pourrait se réaliser s'il y avait un resserrement excessif, ce n'est pas ce qui s'est produit, et il aurait pu y avoir une rétrogradation des prix du logement.
Le gouverneur Macklem s'est vu poser une question. On lui a dit: que dire du mois de juillet? D'après vous, quelle sera la prochaine?
C'est la deuxième fois qu'on lui a posé la question au sujet du mois de juillet. Je crois qu'il y aura une coupure de taux en juillet. Historiquement, il est très rare que la Banque du Canada passe d'une politique monétaire stable à une nouvelle phase de politique monétaire sans prendre de décision de réduction ou de hausse à des réunions successives. Cela s'est produit; les deux dernières fois, c'était dans le cadre de la crise financière. La Banque du Canada a augmenté les taux en juillet 2007 et le monde a changé entre juillet et septembre 2007, donc à l'évidence, la banque n'a pas donné suite. Les coupures comme politique d'assurance du gouverneur Powell, après l'effondrement du pétrole dans la dernière décennie, il a déclaré qu'il s'agit d'une police d'assurance. Il est difficile de parler d'assurance aujourd'hui, et de fait, la Banque du Canada n'a pas parlé d'une police d'assurance. Nous savons à présent que ce n'est pas ainsi qu'elle considère la situation, ce qui aurait été étrange, d'ailleurs. Donc ce n'est pas un précédent non plus. Je prévois que la banque réduira les taux encore en juillet. Du point de vue de la banque, réduire en juin et en juillet puis attendre de voir comment les choses se présenteront en septembre est tout à fait conforme avec le message voulant que la cadence des réductions sera progressive. La banque a également souligné qu'elle se fierait aux données. Il y a encore deux statistiques de l'IPC qui paraissent d'ici la réunion de juillet. Si les chiffres sont plus élevés que prévus, peut-être que la Banque du Canada y pensera à deux fois quant à la trajectoire qu'elle a choisie, mais il serait inhabituel que la banque ne réduise pas les taux en juillet et cela créerait un défi de communication si elle ne réduisait pas les taux en juillet, car si elle ne réduit pas les taux en juillet et qu'elle n'est pas disposée à donner des orientations explicites, on pourrait se demander ce qui l'inquiète. Pourquoi vous croirions-nous quand vous dites que vous prévoyez d'autres réductions de taux? Vous voulez dire une fois tous les six mois? Si elle devait marquer une pause immédiatement après cette réduction-ci, cela créerait davantage de difficultés, cela en engendrerait davantage.
S'il y a une réduction en juin, une réduction en juillet puis une pause jusqu'au mois de septembre et que l'inflation continue de reculer, comment prévoyez-vous que le taux directeur se situera d'ici la fin de l'année?
Nous pensons qu'il peut y avoir encore deux coupures pendant le quatrième trimestre. Il y aura eu plusieurs trimestres de croissance assez faible, pas négative, il ne s'agit pas d'une récession, encore une fois, la croissance démographique est sans doute trop forte pour qu'il soit envisageable qu'un léger ralentissement de l'activité engendre une récession, mais la croissance faible, avec une inflation durablement à 2 %, nous pensons qu'il pourrait y avoir quelques autres coupures de taux par la Banque du Canada au quatrième trimestre. Nous pensons qu'elle achèvera l'année à 4 %. Bien sûr, la banque va surveiller les données. Cette année paraît le rapport sur l'emploi.
S'agira-t-il d'un des rapports où la Banque du Canada constatera qu'elle a pris la bonne décision, ou encore si elle se demandera si elle a pris la bonne décision?
Les rapports sur l'emploi sont très volatiles. Il y a tellement d'éléments de données qu'il est possible de choisir ceux qui confortent tel ou tel argument. La croissance de l'emploi a été assez forte pendant les trois premiers mois de 2024, mais la croissance démographique a été encore plus forte. Vu que le taux de chômage est supérieur à 6 % à l'heure actuelle, nous sommes en deçà du seuil de rentabilité de création d'emplois de 15 à 20 000 emplois par mois. Il serait difficile d'envisager que la Banque du Canada ait une surprise suffisamment mauvaise pour y repenser à deux fois quant à ses coupures de taux. Si un chiffre d'emploi élevé était suivi par plusieurs autres chiffres de l'emploi élevés, cela pourrait influer sur la réflexion de la banque d'ici la fin de l'année. Le gouverneur en a parlé. Compte tenu du fait que l'économie tourne légèrement à vide, il est possible qu'il y ait une croissance supérieure à la tendance sans que la tendance à la baisse de l'inflation ne s'interrompe et cela est particulièrement évident.
Bonjour, Greg.
Alors, vous avez prédit l'annonce et votre prédiction s'est réalisée. Que pensez-vous?
Il n'y a pas eu beaucoup de surprise, non seulement dans la décision, nous prévoyions une coupure de taux, mais dans la manière dont la banque a décrit cette coupure de taux. La banque a laissé entendre qu'il s'agira d'un cycle d'assouplissement plus progressif par rapport au cycle de hausse. La justification de cette baisse de taux est simple. Les données étaient au rendez-vous. La dynamique économique a faibli depuis le début de l'année. L'inflation de base annualisée, c'est-à-dire la dynamique de l'inflation, tournait autour de 3 à 3,5. Depuis deux mois, ce chiffre est inférieur à 2 %. L'inflation globale diminue progressivement. 2,7 %, c'est encore élevé, mais pas aussi élevé que ça a été le cas et cela se situe dans la fourchette de 1 à 3 % de la banque. La dynamique à court terme laisse entrevoir un retour durable de l'inflation à 2 % et c'est vraiment la clé. Il y a eu suffisamment de statistiques de l'IPC en recul qui ont paru pour que la banque puisse être convaincue que la tendance se maintiendra. Les données sur la croissance au premier trimestre n'étaient pas aussi dynamiques que l'on prévoyait. La Banque du Canada avait prévu 2,1 %. Le chiffre s'est établi à 1,7 %. L'inflation recule. L'économie plus faible que la Banque du Canada ne s'y attendait, ce sont les données dont elle avait besoin pour adopter une position moins restrictive, mais restrictive tout de même. Il aurait pu être justifié d'attendre encore plus pour être tout à fait certain.
Vous avez dit que la banque aurait pu justifier une décision d'attendre encore en arguant que les salaires n'avaient pas encore commencé à modérer leur croissance. Cette question a justement été évoquée dans la conférence de presse. Le taux de chômage au Canada a très nettement augmenté depuis un an. Le marché du travail est moins serré, la demande n'est pas aussi élevée qu'elle l'était. La croissance des salaires est sans doute attribuable à la compression des marges pour les entreprises qu'une tendance menant à l'inflation. Quand il y a un taux de chômage de 6 % ou supérieur, il s'ensuit que les pressions sur les salaires ne devraient pas être aussi élevées dans l'avenir. Les données étaient donc au rendez-vous. Il aurait été possible de faire preuve d'une extrême prudence, ce qui aurait eu un coût minime pour l'économie, mais la Banque du Canada a constaté que l'économie justifie les réductions et a donc réduit les taux d'intérêt.
La Banque du Canada a laissé entendre qu'il est vraisemblable qu'il y aura d'autres réductions, mais il y a toujours un risque. Vous avez parlé de la croissance des salaires. Il y a la géopolitique, mais également le prix des logements.
C'était très intéressant. J'étais un peu étonné d'entendre cela évoqué de façon si explicite. En général, il faut creuser dans un rapport sur la politique monétaire pour trouver une allusion au prix des logements. La Banque du Canada est sensible à l'inflation des coûts du logement. La réalité, c'est que puisqu'il y a une très forte demande de logements insatisfaite, la sous-gouverneure Rogers l'a dit dans la conférence de presse, vu qu'il y a une demande excédentaire, l'inflation des prix du logement sera supérieure à l'inflation globale pendant assez longtemps sans doute. Si l'inflation hors logement peut être suffisamment inférieure à 2 %, on peut parvenir à un multiple de 2 % même si l'inflation de logements persiste, mais c'est un élément très important de la corbeille un élément de la corbeille qui peut évoluer très rapidement dans ce pays. Le logement représente le quart de l'IPC. Si le quart de l'IPC peut bondir, cela représente une menace pour la cible de 2 %, dans un sens comme dans l'autre. À l'heure actuelle, il y a la hausse des prix du logement, mais la même proposition pourrait se réaliser s'il y avait un resserrement excessif, ce n'est pas ce qui s'est produit, et il aurait pu y avoir une rétrogradation des prix du logement.
Le gouverneur Macklem s'est vu poser une question. On lui a dit: que dire du mois de juillet? D'après vous, quelle sera la prochaine?
C'est la deuxième fois qu'on lui a posé la question au sujet du mois de juillet. Je crois qu'il y aura une coupure de taux en juillet. Historiquement, il est très rare que la Banque du Canada passe d'une politique monétaire stable à une nouvelle phase de politique monétaire sans prendre de décision de réduction ou de hausse à des réunions successives. Cela s'est produit; les deux dernières fois, c'était dans le cadre de la crise financière. La Banque du Canada a augmenté les taux en juillet 2007 et le monde a changé entre juillet et septembre 2007, donc à l'évidence, la banque n'a pas donné suite. Les coupures comme politique d'assurance du gouverneur Powell, après l'effondrement du pétrole dans la dernière décennie, il a déclaré qu'il s'agit d'une police d'assurance. Il est difficile de parler d'assurance aujourd'hui, et de fait, la Banque du Canada n'a pas parlé d'une police d'assurance. Nous savons à présent que ce n'est pas ainsi qu'elle considère la situation, ce qui aurait été étrange, d'ailleurs. Donc ce n'est pas un précédent non plus. Je prévois que la banque réduira les taux encore en juillet. Du point de vue de la banque, réduire en juin et en juillet puis attendre de voir comment les choses se présenteront en septembre est tout à fait conforme avec le message voulant que la cadence des réductions sera progressive. La banque a également souligné qu'elle se fierait aux données. Il y a encore deux statistiques de l'IPC qui paraissent d'ici la réunion de juillet. Si les chiffres sont plus élevés que prévus, peut-être que la Banque du Canada y pensera à deux fois quant à la trajectoire qu'elle a choisie, mais il serait inhabituel que la banque ne réduise pas les taux en juillet et cela créerait un défi de communication si elle ne réduisait pas les taux en juillet, car si elle ne réduit pas les taux en juillet et qu'elle n'est pas disposée à donner des orientations explicites, on pourrait se demander ce qui l'inquiète. Pourquoi vous croirions-nous quand vous dites que vous prévoyez d'autres réductions de taux? Vous voulez dire une fois tous les six mois? Si elle devait marquer une pause immédiatement après cette réduction-ci, cela créerait davantage de difficultés, cela en engendrerait davantage.
S'il y a une réduction en juin, une réduction en juillet puis une pause jusqu'au mois de septembre et que l'inflation continue de reculer, comment prévoyez-vous que le taux directeur se situera d'ici la fin de l'année?
Nous pensons qu'il peut y avoir encore deux coupures pendant le quatrième trimestre. Il y aura eu plusieurs trimestres de croissance assez faible, pas négative, il ne s'agit pas d'une récession, encore une fois, la croissance démographique est sans doute trop forte pour qu'il soit envisageable qu'un léger ralentissement de l'activité engendre une récession, mais la croissance faible, avec une inflation durablement à 2 %, nous pensons qu'il pourrait y avoir quelques autres coupures de taux par la Banque du Canada au quatrième trimestre. Nous pensons qu'elle achèvera l'année à 4 %. Bien sûr, la banque va surveiller les données. Cette année paraît le rapport sur l'emploi.
S'agira-t-il d'un des rapports où la Banque du Canada constatera qu'elle a pris la bonne décision, ou encore si elle se demandera si elle a pris la bonne décision?
Les rapports sur l'emploi sont très volatiles. Il y a tellement d'éléments de données qu'il est possible de choisir ceux qui confortent tel ou tel argument. La croissance de l'emploi a été assez forte pendant les trois premiers mois de 2024, mais la croissance démographique a été encore plus forte. Vu que le taux de chômage est supérieur à 6 % à l'heure actuelle, nous sommes en deçà du seuil de rentabilité de création d'emplois de 15 à 20 000 emplois par mois. Il serait difficile d'envisager que la Banque du Canada ait une surprise suffisamment mauvaise pour y repenser à deux fois quant à ses coupures de taux. Si un chiffre d'emploi élevé était suivi par plusieurs autres chiffres de l'emploi élevés, cela pourrait influer sur la réflexion de la banque d'ici la fin de l'année. Le gouverneur en a parlé. Compte tenu du fait que l'économie tourne légèrement à vide, il est possible qu'il y ait une croissance supérieure à la tendance sans que la tendance à la baisse de l'inflation ne s'interrompe et cela est particulièrement évident.