La Banque du Canada a abaissé son taux directeur à 4,50 %, les pressions inflationnistes continuant de diminuer. Andrew Hencic, économiste principal à la TD, discute avec Anthony Okolie de MoneyTalk de la décision de la banque centrale, de l’état de l’économie et de la trajectoire des taux.
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Comme prévu, la Banque du Canada a procédé à sa deuxième baisse de taux consécutive aujourd’hui. Je reçois Andrew Hencic, économiste principal à la TD, qui vient nous faire part de sa réaction. Andrew, est-ce que cela vous a surpris?
Pas vraiment. Les données macroéconomiques se sont quelque peu détériorées. Le marché de l’emploi s’est nettement replié. Les chiffres les plus récents des ventes au détail ont également été faibles. Et si on additionne la totalité de ces éléments à l’inflation, qui s’est établie à 2,7 % en juin, il est logique que la Banque ait agi aujourd’hui.
D’accord, maintenant, pensez-vous que la Banque du Canada va prendre une pause et attendre de voir quelles seront les répercussions de ces deux dernières réductions de taux, ou est-ce qu’il pourrait y avoir d’autres réductions de taux plus tard cette année?
Oui, c’est la grande question. De notre point de vue, on prévoit une pause à ce stade. J’ai mentionné que le marché de l’emploi avait fléchi. Certains événements donnent à la Banque l’assurance que l’inflation évolue dans la bonne direction.
Cela dit, il y a quelques facteurs qui fluctuent sous la surface : l’inflation dans le secteur des services et, plus précisément, les coûts d’habitation sont encore un peu élevés. Certaines tendances à court terme de l’inflation de base sont quelque peu préoccupantes. De notre point de vue, la Banque va probablement prendre une pause et voir comment les choses évoluent au cours des prochains mois, puis prendre une autre décision.
D’accord. Parlez-nous de vos perspectives pour le dollar canadien relativement à cet écart de taux directeur prévu entre le Canada et les États-Unis.
Pour ce qui est du dollar canadien, ce qui le stimule vraiment, c’est qu’on surveille l’évolution des taux à long terme. De ce point de vue, on a la majeure partie de la convergence entre les obligations canadiennes à 10 ans et les obligations américaines à 10 ans qui aura lieu l’an prochain. Cela signifie que le dollar canadien va demeurer autour de 0,72 $ pour le reste de 2024, puis se raffermira en 2025, lorsque les taux à long terme vont commencer à augmenter.
D’accord, et y a-t-il des conséquences pour la politique de taux de la Banque du Canada, compte tenu de l’évolution du paysage politique américain à l’approche des élections américaines?
Il est certain que les élections font les manchettes. Mais je pense que pour la Banque du Canada, et on l’a vu un peu dans la déclaration, elle met l’accent sur les facteurs nationaux. Elle s’intéresse vraiment à l’évolution quotidienne de l’inflation et de l’économie canadienne.
Donc, de son point de vue, elle examine des aspects comme ce qui se passe sur le marché du travail, ce qui se passe avec l’inflation du logement. Est-ce qu’elle constate que les tendances se maintiennent et qu’elle a confiance dans l’exécution de son mandat? Bien que les élections américaines fassent certainement les manchettes, je pense qu’elle est davantage axée sur le marché intérieur.
Alors revenons au marché intérieur. Un autre risque important, bien sûr, c’est le marché de l’habitation. Entrevoyez-vous un risque de réaccélération de l’inflation ou de hausse du marché de l’habitation après ces réductions de taux multiples?
C’est un peu la grande question. À notre avis, les taux demeurent en territoire restrictif. Il y a donc eu deux réductions, mais les taux d’intérêt demeurent élevés, surtout par rapport à la période prépandémique.
Donc, de ce point de vue-là, cela va fonctionner pour maintenir un plafond sur les prix des maisons et une accélération réelle du marché de l’habitation. Toutefois, à mesure qu’ils continuent de diminuer, on prévoit que la croissance des prix des logements va commencer à être positive sur 12 mois, vers la fin de 2024 et en 2025.
En ce qui concerne l’inflation elle-même, il y a, bien sûr, des risques de hausse. Mais selon nous, ce ne sera probablement pas le cas, étant donné que les taux sont toujours élevés par rapport aux taux historiques et qu’ils demeurent en territoire qu’on aime qualifier de restrictif. Alors une reprise et une hausse rapides ne sont pas vraiment notre scénario de base en ce moment.
D’accord. Vous avez parlé des risques de hausse de l’inflation. Quels indicateurs allez-vous surveiller alors que la Banque du Canada va envisager sa prochaine décision?
Il y a les classiques, l’inflation de base. Que se passe-t-il à court terme à ce niveau-là? L’un des indicateurs mentionnés par la Banque du Canada dans le communiqué d’aujourd’hui et qui nous intéresse vivement, c’est l’ampleur de l’inflation. Combien de catégories de prix augmentent plus rapidement que 3 % par année? Ça vous donne une idée de l’ampleur des hausses de prix.
Et puis, bien sûr, le marché de l’emploi... l’économie est-elle en mesure de soutenir le type de croissance démographique qu’on a observée pour ce qui est d’absorber cette main-d’œuvre supplémentaire? Au cours des derniers mois, la réponse a été non, pas vraiment. Est-ce que cette tendance va se poursuivre ou va-t-elle s’accélérer de nouveau? Ce sont donc les principaux facteurs que la Banque du Canada va examiner selon nous et qu’on va certainement examiner aussi.
Excellentes observations, Andrew. Merci d’avoir été des nôtres aujourd’hui.
Merci beaucoup de m’avoir reçu, Anthony. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]
Comme prévu, la Banque du Canada a procédé à sa deuxième baisse de taux consécutive aujourd’hui. Je reçois Andrew Hencic, économiste principal à la TD, qui vient nous faire part de sa réaction. Andrew, est-ce que cela vous a surpris?
Pas vraiment. Les données macroéconomiques se sont quelque peu détériorées. Le marché de l’emploi s’est nettement replié. Les chiffres les plus récents des ventes au détail ont également été faibles. Et si on additionne la totalité de ces éléments à l’inflation, qui s’est établie à 2,7 % en juin, il est logique que la Banque ait agi aujourd’hui.
D’accord, maintenant, pensez-vous que la Banque du Canada va prendre une pause et attendre de voir quelles seront les répercussions de ces deux dernières réductions de taux, ou est-ce qu’il pourrait y avoir d’autres réductions de taux plus tard cette année?
Oui, c’est la grande question. De notre point de vue, on prévoit une pause à ce stade. J’ai mentionné que le marché de l’emploi avait fléchi. Certains événements donnent à la Banque l’assurance que l’inflation évolue dans la bonne direction.
Cela dit, il y a quelques facteurs qui fluctuent sous la surface : l’inflation dans le secteur des services et, plus précisément, les coûts d’habitation sont encore un peu élevés. Certaines tendances à court terme de l’inflation de base sont quelque peu préoccupantes. De notre point de vue, la Banque va probablement prendre une pause et voir comment les choses évoluent au cours des prochains mois, puis prendre une autre décision.
D’accord. Parlez-nous de vos perspectives pour le dollar canadien relativement à cet écart de taux directeur prévu entre le Canada et les États-Unis.
Pour ce qui est du dollar canadien, ce qui le stimule vraiment, c’est qu’on surveille l’évolution des taux à long terme. De ce point de vue, on a la majeure partie de la convergence entre les obligations canadiennes à 10 ans et les obligations américaines à 10 ans qui aura lieu l’an prochain. Cela signifie que le dollar canadien va demeurer autour de 0,72 $ pour le reste de 2024, puis se raffermira en 2025, lorsque les taux à long terme vont commencer à augmenter.
D’accord, et y a-t-il des conséquences pour la politique de taux de la Banque du Canada, compte tenu de l’évolution du paysage politique américain à l’approche des élections américaines?
Il est certain que les élections font les manchettes. Mais je pense que pour la Banque du Canada, et on l’a vu un peu dans la déclaration, elle met l’accent sur les facteurs nationaux. Elle s’intéresse vraiment à l’évolution quotidienne de l’inflation et de l’économie canadienne.
Donc, de son point de vue, elle examine des aspects comme ce qui se passe sur le marché du travail, ce qui se passe avec l’inflation du logement. Est-ce qu’elle constate que les tendances se maintiennent et qu’elle a confiance dans l’exécution de son mandat? Bien que les élections américaines fassent certainement les manchettes, je pense qu’elle est davantage axée sur le marché intérieur.
Alors revenons au marché intérieur. Un autre risque important, bien sûr, c’est le marché de l’habitation. Entrevoyez-vous un risque de réaccélération de l’inflation ou de hausse du marché de l’habitation après ces réductions de taux multiples?
C’est un peu la grande question. À notre avis, les taux demeurent en territoire restrictif. Il y a donc eu deux réductions, mais les taux d’intérêt demeurent élevés, surtout par rapport à la période prépandémique.
Donc, de ce point de vue-là, cela va fonctionner pour maintenir un plafond sur les prix des maisons et une accélération réelle du marché de l’habitation. Toutefois, à mesure qu’ils continuent de diminuer, on prévoit que la croissance des prix des logements va commencer à être positive sur 12 mois, vers la fin de 2024 et en 2025.
En ce qui concerne l’inflation elle-même, il y a, bien sûr, des risques de hausse. Mais selon nous, ce ne sera probablement pas le cas, étant donné que les taux sont toujours élevés par rapport aux taux historiques et qu’ils demeurent en territoire qu’on aime qualifier de restrictif. Alors une reprise et une hausse rapides ne sont pas vraiment notre scénario de base en ce moment.
D’accord. Vous avez parlé des risques de hausse de l’inflation. Quels indicateurs allez-vous surveiller alors que la Banque du Canada va envisager sa prochaine décision?
Il y a les classiques, l’inflation de base. Que se passe-t-il à court terme à ce niveau-là? L’un des indicateurs mentionnés par la Banque du Canada dans le communiqué d’aujourd’hui et qui nous intéresse vivement, c’est l’ampleur de l’inflation. Combien de catégories de prix augmentent plus rapidement que 3 % par année? Ça vous donne une idée de l’ampleur des hausses de prix.
Et puis, bien sûr, le marché de l’emploi... l’économie est-elle en mesure de soutenir le type de croissance démographique qu’on a observée pour ce qui est d’absorber cette main-d’œuvre supplémentaire? Au cours des derniers mois, la réponse a été non, pas vraiment. Est-ce que cette tendance va se poursuivre ou va-t-elle s’accélérer de nouveau? Ce sont donc les principaux facteurs que la Banque du Canada va examiner selon nous et qu’on va certainement examiner aussi.
Excellentes observations, Andrew. Merci d’avoir été des nôtres aujourd’hui.
Merci beaucoup de m’avoir reçu, Anthony. [LOGO AUDIO] [MUSIQUE]