Les études montrent que les femmes détiendront bientôt la majorité du patrimoine personnel au Canada, mais également qu’elles sont insatisfaites de la façon dont elles sont traitées par le secteur des services financiers. Kim Parlee et Ingrid Macintosh, dirigeante responsable, Les femmes et le patrimoine de la TD, discutent de ce qui doit être fait et de la façon dont la TD répond aux besoins des femmes.
Bonne Journée internationale des femmes en avance! J’aimerais commencer par le thème dont il est question. Je crois que c’est « Oser remettre en question ». Alors qu’osez-vous remettre en question?
Aujourd’hui, et c’est ce que je fais d’ailleurs tous les jours, j’ose remettre en question certains mythes concernant les femmes par rapport à l’argent et aux placements. Nous savons qu’il existe de nombreuses idées stéréotypées concernant les femmes et la façon dont elles interagissent avec l’argent ou les services financiers. Et je pense que nous devons vraiment nous tenir debout et nous attaquer à certains de ces stéréotypes. Nous savons que, plus que jamais, les femmes sont plus éduquées que les hommes, gagnent plus d’argent qu’eux et vivent plus longtemps qu’eux, et très bientôt, elles contrôleront la majorité de la richesse au Canada. Toutefois, il y a toujours quelque chose qui fait en sorte que les femmes ne sont pas nécessairement à l’aise de parler d’argent ou de vraiment explorer leur avenir de placement.
Et nous savons que c’est un élément vraiment essentiel de leur santé financière et de leur patrimoine financier à long terme. Et c’est tant sur le plan financier que sur le plan sociétal.
Au moment où vous et moi nous nous parlons, Kim, près d’un an après l’apparition de la COVID, les répercussions sociétales sur les femmes liées à la « Shecession », la récession des femmes, n’ont jamais été aussi prononcées. Les femmes ont été fortement touchées par la COVID, de manière disproportionnée. Et je pense que nous devons vraiment en faire plus maintenant pour soutenir les femmes et leur santé financière future.
Absolument. Et je sais que vous avez apporté des statistiques pour illustrer l’état de certains aspects dont vous venez de parler. Et elles sont assez étonnantes. On va y jeter un coup d’œil.
Oui. Merci, Kim. Certaines de ces statistiques expliquent pourquoi je me passionne autant pour notre programme Les femmes et le patrimoine et pour le soutien aux femmes. Comme je l’ai dit au début, les femmes possèdent actuellement environ 1,5 billion de dollars. Et au cours des cinq prochaines années, ce chiffre va plus que doubler pour atteindre bien au-delà de 3 billions de dollars, et ce sera en fait la part dominante du portefeuille au Canada.
Toutefois, deux tiers des femmes à la préretraite sont âgées entre 45 et 55 ans. Elles n’ont pas de plan financier. Et la moitié des femmes célibataires ne font même pas affaire avec un conseiller. Et on se dit que c’est un problème qu’on pourrait en quelque sorte résoudre. Mais il y a encore des éléments sous-jacents à propos des femmes et de l’argent. Et nous savons que 87 % des femmes disent avoir de la difficulté à trouver un conseiller avec qui elles sont à l’aise. Malheureusement, nous savons aussi que les conseillers sont probablement deux fois plus susceptibles de s’adresser aux hommes. Nous avons donc beaucoup de travail à faire pour soutenir les femmes, mais aussi en tant qu’entreprise.
Vous avez parlé de certains des éléments sous-jacents qui peuvent influer sur ces chiffres, et je sais que certains ne sont que des normes. Des normes familiales, culturelles. Et je sais que... vous et moi en avons beaucoup parlé... vous avez cette histoire qui me surprend toujours. Pouvez-vous nous la raconter?
Bien sûr. C’est à propos de mes expériences. Je travaille moi-même dans le secteur des services financiers depuis plus de 30 ans. Je dirais que ma mère a été une pionnière dans le secteur. Elle était actuaire, ce qui signifie qu’elle disait aux grandes entreprises comment gérer leur argent et leurs plans de retraite, mais elle n’a jamais épargné un sou et n’avait pas d’antécédents financiers solides. Moi-même, encore une fois, je passe beaucoup de temps à parler à des entreprises. Pourtant, dans mon propre ménage, j’ai cédé la responsabilité des placements de notre famille à mon mari, qui est un homme d’affaires très intelligent, mais un géologue de formation.
Alors, en fait, si on regarde la situation, on se dit que j’aurais peut-être dû m’imposer un peu plus. Mais cela témoigne vraiment d’un préjugé que nous avons en tant que femmes. On ne s’impose pas en disant : « laisse-moi gérer ça », ou « laisse-moi le temps d’apprendre ». En fait, nous sommes souvent piégées par ces mythes, n’est-ce pas? Le mythe de « Je n’ai pas assez de temps ». Particulièrement au cours des années d’éducation des enfants, où d’autres aspects retiennent notre attention. « Nous n’avons pas assez d’argent ». « Je n’ai pas encore assez d’argent pour vraiment mériter une conversation axée sur les conseils ou pour parler d’argent à quelqu’un. »
Et vient enfin le « Je n’ai pas suffisamment de connaissances ». « Je ne sais pas, alors je ne veux pas me mettre dans l’embarras. » En tant que femmes, nous aimons ce sentiment d’appartenance et de force. Nous ne voulons pas trop faire de vagues. Mais nous devons commencer à remettre en question certains de ces mythes.
Et si on recule encore plus loin, ce n’était pas poli de parler d’argent. Ce n’était pas une affaire de femmes. Donc, encore une fois, j’ose remettre en question certains de ces vieux mythes au nom des femmes, afin qu’elles utilisent mieux leur argent.
Je pense que l’un des aspects que vous avez mentionnés aussi, et je pense qu’il pourrait découler, disons, des normes comportementales et aussi de certains préjugés actuels. Et je sais que vous avez travaillé dans le domaine de la finance comportementale. Et il y a des aspects vraiment intéressants que nous pouvons vraiment soutenir, je dirais, par rapport aux femmes et leurs finances.
Oui, tout à fait. À la TD, nous avons consacré beaucoup de temps à la finance comportementale. Plus précisément, nous avons examiné certaines des différences entre les traits de personnalité clés des hommes et des femmes. Et quand on commence à explorer ça un peu plus, c’est vraiment une bonne nouvelle, n’est-ce pas? Il y a donc certains traits qui amènent les gens à réussir. Le premier est la conscience. Les femmes sont donc beaucoup plus susceptibles d’être consciencieuses, ce qui signifie que si elles établissent un plan, il est très probable qu’elles le suivent, ce qui est de bon augure pour une femme dans une relation de conseil.
Mais je dirais aussi qu’à un niveau plus général, du point de vue comportemental, les femmes pensent en termes d’objectifs et de rêves, et non en termes d’actions, d’obligations, de rendements et d’indices de référence. Je pense que c’est d’une importance cruciale de comprendre la façon dont nos clients peuvent réagir à ce qui se passe sur le marché, et aussi ce que les femmes pensent de l’argent et des placements. Et c’est pourquoi nous consacrons autant d’énergie au programme Les femmes et le patrimoine à l’interne, au soutien qu’on offre à nos conseillers en leur donnant de la formation, etc.
Parlez-moi un peu plus de ce que vous faites. Parce que vous avez parlé de la formation des conseillers, mais je sais que vous travaillez aussi sur d’autres stratégies.
Absolument. Parlons d’abord des conseillers. Très souvent, lorsque vous et moi en parlons, je demande aux femmes de se tenir debout et de prendre le temps de développer leurs connaissances, ce qui va renforcer leur confiance et leur engagement, et les amener sur la bonne voie. Mais je pense qu’en tant qu’industrie, nous avons vraiment dû nous interroger et nous demander ce que nous faisons ou ce que nous avons fait qui n’a pas servi les femmes. J’en reviens donc à ce point. Le langage que nous utilisons avec les femmes par rapport aux hommes. Le langage que nous utilisons en matière de placement, qui rend la conversation beaucoup plus agréable.
Ce n’est donc pas un domaine où nous pouvons nous tenir debout en tant qu’entreprise qui se soucie de la confiance financière et qui dit : « Allez les femmes, faites mieux. Soyez plus confiantes. » Nous devons changer notre façon de faire. Donc, à la TD, on offre des programmes de formation aux conseillers pour changer les choses. Soutenir ces programmes au moyen de la finance comportementale et comprendre les différences entre les hommes et les femmes ou tout autre élément qui peut déclencher la réaction d’une personne sur les marchés. Vous savez, on pense vraiment au succès à long terme en matière de placement, et non aux détails de la compréhension des bilans, des actions et des obligations.
Il s’agit de commencer tôt, de rester engagé, de prendre des décisions et d’élaborer un plan.
Et ce sont tous des aspects pour lesquels nos conseillers doivent aider les femmes.
Un troisième facteur concerne la structure de nos activités, parce que nous avons besoin de plus de conseillères et d’un plus grand nombre de femmes cadres qui travaillent dans les services financiers, car c’est de cette façon que nous commençons vraiment à faire avancer la conversation. Nous avons besoin d’un bassin de collègues qui ressemble à notre clientèle dans tous les aspects de la segmentation et de la diversification. Et ce n’est qu’à ce moment-là que nous pourrons dire que nous nous tenons debout et que nous offrons la confiance financière à tous.
Ingrid, merci beaucoup.
Merci, Kim.
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