
Le jour du scrutin aux États-Unis est maintenant terminé, mais aucun candidat n’a été officiellement élu président… pour le moment. Comment les marchés financiers réagissent-ils face à l’incertitude persistante entourant les élections? Kim Parlee en discute avec Priya Misra, chef, Stratégie mondiale liée aux taux, Valeurs Mobilières TD.
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Bonjour. Le jour des élections américaines est venu et reparti. Et selon notre prochain invité, le jeu d’attente se poursuit. Je suis avec Priya Misra, chef mondial, Stratégie tarifaire, chez Valeurs mobilières TD.
Priya, vous n’avez probablement dormi qu’une heure ou deux hier soir. Alors, que pouvons-nous nous attendre du marché en ce moment? Comment le marché réagira-t-il?
Eh bien, le marché est bien différent d’il y a 24 heures à peine. Je crois que le marché, il y un jour pendant les élections, tenait compte d’un dénouement rapide. Les gens s’attendaient à savoir quel serait le dénouement des élections aujourd’hui ou le lendemain et on prévoyait une vague bleue.
Et au fur et à mesure de l’obtention des résultats, les marchés ont réagi, car les attentes étaient bien différentes des résultats. Et maintenant, on se demande, avec les recomptages, est-ce qu’on aura des recomptages automatiques? Est-ce qu’on aura des résultats contestés? Le Président Trump semble dire qu’il veut faire intervenir la Cour suprême. Donc, ce n’est plus seulement un retard pour les votes postaux, on parle de résultats contestés jusqu’à la Cour suprême. Donc, l’incertitude pourrait durer pendant un moment. Ainsi, les marchés en tiennent compte.
Par ailleurs, on tient compte d’un gouvernement divisé. Certains actifs n’en tiennent pas compte. Pas suffisamment, du moins. Parce qu’il y a toujours beaucoup d’incertitude à mon avis et il faut en tenir compte. C’est négatif pour la croissance, c’est négatif pour les actifs de risque, car il nous faut des mesures de relance et ce sera difficile d’obtenir des mesures de relance avec un gouvernement divisé et de la dysfonction à Washington.
Eh bien, dans vos notes, ce matin, vous avez indiqué que selon M. Trump la contestation du décompte des votes éventuels sera déclencheur de liquidation des actifs en raison du risque. Pourriez-vous élaborer sur la chose, cette tendance, je crois, qui va se maintenir?
Oui. Et on n’a pas connu beaucoup d’épisodes, deux depuis les années 1800, lorsqu’on a eu de telles contestations plus récemment en 2000. Et à ce moment-là, nous avons constaté une cession importante des actifs de risque. Pendant toute la période jusqu’à décembre, mi-décembre, jusqu’à l’intervention de la Cour suprême, bon, on ne savait pas qui était le Président, on ne savait pas si les travaux avançaient au Congrès. D’ailleurs, les clients disent : bon, si le Congrès ne s’ingère pas, n’est-ce pas une bonne nouvelle? Eh bien, dans une économie normale, je dirais oui, laissez les marchés suivre leur cours. Sauf que nous ne sommes pas dans une économie normale. Les cas de COVID augmentent, et ils augmentent. Bon, on a beaucoup parlé de l’augmentation des cas en Europe et au Royaume-Uni, mais c’est le cas aux États-Unis aussi. On n’a pas de soutien depuis la mi-juillet. Les deux côtés ne se sont pas entendus. Donc, de présumer qu’on ait une entente, déjà qu’on ne s’entend pas sur les résultats d’élection, ce sera bien difficile de s’entendre sur des mesures de relance d’ici la mi-décembre.
C’est pourquoi que je dirais que le marché réagira négativement si l’incertitude perdure jusqu’à décembre. Parce que, bon, on ne sait pas quelles seront les politiques, par ailleurs. Le potentiel d’avoir des mesures de relance diminue énormément. Donc, c’est négatif. C’est négatif pour la croissance pour les actifs.
Merci. Et que prévoyez-vous pour le dollar américain?
Eh bien, le dollar s’est relativement bien conduit pendant la nuit. Vous savez, il a essayé de se renforcer un peu lorsqu’on a pensé que Trump pourrait remporter la victoire, mais quand on a compris que ce serait mauvais pour la croissance, à mon avis le dollar continuera de baisser.
Le marché des titres du Trésor quant à lui a beaucoup réagi, car il tenait compte d’une grosse offre, il tenait compte d’une toute petite demande provenant de la Fed. Donc, des taux plus élevés. Et c’est pourquoi vous avez constaté une diminution de 15 points de base. Et je pense que les actifs de risque, s’ils commencent à souffrir, il y aura une réaction dans le marché des titres du Trésor. Quand les gens se demanderont : est-ce que ça signifie que rien ne se produira pour les quatre prochaines années au Congrès? Dans ce cas-là, les taux diminuer de plus, parce que la Fed est dans une position difficile. Elle ne va pas augmenter les taux d’intérêt, même pas dans une plus longue période, alors que ça serait peut-être le cas autrement.
Justement, nous allons pouvoir entendre la Fed sous peu. Bon, personne ne s’attend à quoi que ce soit de dramatique, mais peut-être que je me trompe. Et vous, qu’en pensez-vous?
Eh bien, je pense que les gens s’attendaient à ce que la Fed en fasse plus, parce que la politique budgétaire, si elle a peu de répercussions, on veut la remplacer par une politique monétaire. Mais la Fed a fait tout ce qu’elle pouvait. C’est ce qu’elle nous dit. Elle n’a pas de possibilité de stimuler avec des dépenses. C’est plutôt avec des prêts.
Mais une diminution des taux d’intérêt, est-ce que c’est ce qui nous permettra de sortir du marasme de la COVID? Non, ça m’étonnerait. Alors, je ne pense pas que la Fed nous décevra. La Fed fera ce qu’il faut, mais l’efficacité de la politique est très faible à l’heure actuelle. Une diminution de 27 points de base ne signifiera rien. C’est pourquoi je pense que c’est ce qu’attendent les actifs de risque. Oui, ils attendent des taux faibles, mais il nous faut quand même des mesures de relance qui ne proviendra que de la politique budgétaire.
Vous venez de soulever bon nombre de points très intéressants. Quels sont les trois éléments clés pour vous au cours des six prochains mois? Qu’allez-vous surveiller de près?
Eh bien, je dois dire que c’est la COVID que je devrais surveiller le plus, comme tout le monde. On a constaté une augmentation des cas d’infection. Est-ce qu’on aura un ralentissement de cette augmentation? Est-ce qu’on aura un vaccin? Est-ce que les gens seront vaccinés? Ce sont des questions fondamentales. Au final, on est toujours au beau milieu d’une pandémie. C’est quand même ce qui prime. Est-ce qu’on verra un ralentissement du nombre de cas? Et ensuite, il faut se demander : est-ce qu’il y a des dommages structuraux dans l’économie? Est-ce que trop d’entreprises ont fermé leurs portes, de sorte que même si les cas d’infection diminuaient, est-ce que l’économie serait capable de se remettre sur les rails, ou est-ce qu’il faudra faire autre chose, intervenir davantage?
Alors, je pense qu’on cherchera les répercussions sur le plus long terme étant donné qu’on vit avec cette pandémie depuis quasi un an. Et ensuite, on cherchera des mesures de relance. Même si je ne crois pas que ça puisse faire énormément, je ne pense pas qu’on aura les 4 billions que nous promettait une victoire bleue convaincante. On aura peut-être 1 ou 2 billions. Ça nous aidera peut-être jusqu’à ce qu’on puisse contrôler les infections. C’est ce qu’on observera. Et à très court terme, bon, je parle de six mois, c’est à long terme, mais à très court terme. C’est-à-dire dans les semaines à venir, on va suivre l’évolution du dépouillement du scrutin.
Même aujourd’hui, la Géorgie vient de commencer à dépouiller le scrutin et le marché a réagi. Alors, le dépouillement, à mon avis, c’est ce qui doit nous occuper pour les semaines à venir. Surtout avec la Cour suprême qui interviendrait éventuellement.
Priya, nous apprécions vos observations comme toujours. Merci beaucoup.
Merci.
Priya, vous n’avez probablement dormi qu’une heure ou deux hier soir. Alors, que pouvons-nous nous attendre du marché en ce moment? Comment le marché réagira-t-il?
Eh bien, le marché est bien différent d’il y a 24 heures à peine. Je crois que le marché, il y un jour pendant les élections, tenait compte d’un dénouement rapide. Les gens s’attendaient à savoir quel serait le dénouement des élections aujourd’hui ou le lendemain et on prévoyait une vague bleue.
Et au fur et à mesure de l’obtention des résultats, les marchés ont réagi, car les attentes étaient bien différentes des résultats. Et maintenant, on se demande, avec les recomptages, est-ce qu’on aura des recomptages automatiques? Est-ce qu’on aura des résultats contestés? Le Président Trump semble dire qu’il veut faire intervenir la Cour suprême. Donc, ce n’est plus seulement un retard pour les votes postaux, on parle de résultats contestés jusqu’à la Cour suprême. Donc, l’incertitude pourrait durer pendant un moment. Ainsi, les marchés en tiennent compte.
Par ailleurs, on tient compte d’un gouvernement divisé. Certains actifs n’en tiennent pas compte. Pas suffisamment, du moins. Parce qu’il y a toujours beaucoup d’incertitude à mon avis et il faut en tenir compte. C’est négatif pour la croissance, c’est négatif pour les actifs de risque, car il nous faut des mesures de relance et ce sera difficile d’obtenir des mesures de relance avec un gouvernement divisé et de la dysfonction à Washington.
Eh bien, dans vos notes, ce matin, vous avez indiqué que selon M. Trump la contestation du décompte des votes éventuels sera déclencheur de liquidation des actifs en raison du risque. Pourriez-vous élaborer sur la chose, cette tendance, je crois, qui va se maintenir?
Oui. Et on n’a pas connu beaucoup d’épisodes, deux depuis les années 1800, lorsqu’on a eu de telles contestations plus récemment en 2000. Et à ce moment-là, nous avons constaté une cession importante des actifs de risque. Pendant toute la période jusqu’à décembre, mi-décembre, jusqu’à l’intervention de la Cour suprême, bon, on ne savait pas qui était le Président, on ne savait pas si les travaux avançaient au Congrès. D’ailleurs, les clients disent : bon, si le Congrès ne s’ingère pas, n’est-ce pas une bonne nouvelle? Eh bien, dans une économie normale, je dirais oui, laissez les marchés suivre leur cours. Sauf que nous ne sommes pas dans une économie normale. Les cas de COVID augmentent, et ils augmentent. Bon, on a beaucoup parlé de l’augmentation des cas en Europe et au Royaume-Uni, mais c’est le cas aux États-Unis aussi. On n’a pas de soutien depuis la mi-juillet. Les deux côtés ne se sont pas entendus. Donc, de présumer qu’on ait une entente, déjà qu’on ne s’entend pas sur les résultats d’élection, ce sera bien difficile de s’entendre sur des mesures de relance d’ici la mi-décembre.
C’est pourquoi que je dirais que le marché réagira négativement si l’incertitude perdure jusqu’à décembre. Parce que, bon, on ne sait pas quelles seront les politiques, par ailleurs. Le potentiel d’avoir des mesures de relance diminue énormément. Donc, c’est négatif. C’est négatif pour la croissance pour les actifs.
Merci. Et que prévoyez-vous pour le dollar américain?
Eh bien, le dollar s’est relativement bien conduit pendant la nuit. Vous savez, il a essayé de se renforcer un peu lorsqu’on a pensé que Trump pourrait remporter la victoire, mais quand on a compris que ce serait mauvais pour la croissance, à mon avis le dollar continuera de baisser.
Le marché des titres du Trésor quant à lui a beaucoup réagi, car il tenait compte d’une grosse offre, il tenait compte d’une toute petite demande provenant de la Fed. Donc, des taux plus élevés. Et c’est pourquoi vous avez constaté une diminution de 15 points de base. Et je pense que les actifs de risque, s’ils commencent à souffrir, il y aura une réaction dans le marché des titres du Trésor. Quand les gens se demanderont : est-ce que ça signifie que rien ne se produira pour les quatre prochaines années au Congrès? Dans ce cas-là, les taux diminuer de plus, parce que la Fed est dans une position difficile. Elle ne va pas augmenter les taux d’intérêt, même pas dans une plus longue période, alors que ça serait peut-être le cas autrement.
Justement, nous allons pouvoir entendre la Fed sous peu. Bon, personne ne s’attend à quoi que ce soit de dramatique, mais peut-être que je me trompe. Et vous, qu’en pensez-vous?
Eh bien, je pense que les gens s’attendaient à ce que la Fed en fasse plus, parce que la politique budgétaire, si elle a peu de répercussions, on veut la remplacer par une politique monétaire. Mais la Fed a fait tout ce qu’elle pouvait. C’est ce qu’elle nous dit. Elle n’a pas de possibilité de stimuler avec des dépenses. C’est plutôt avec des prêts.
Mais une diminution des taux d’intérêt, est-ce que c’est ce qui nous permettra de sortir du marasme de la COVID? Non, ça m’étonnerait. Alors, je ne pense pas que la Fed nous décevra. La Fed fera ce qu’il faut, mais l’efficacité de la politique est très faible à l’heure actuelle. Une diminution de 27 points de base ne signifiera rien. C’est pourquoi je pense que c’est ce qu’attendent les actifs de risque. Oui, ils attendent des taux faibles, mais il nous faut quand même des mesures de relance qui ne proviendra que de la politique budgétaire.
Vous venez de soulever bon nombre de points très intéressants. Quels sont les trois éléments clés pour vous au cours des six prochains mois? Qu’allez-vous surveiller de près?
Eh bien, je dois dire que c’est la COVID que je devrais surveiller le plus, comme tout le monde. On a constaté une augmentation des cas d’infection. Est-ce qu’on aura un ralentissement de cette augmentation? Est-ce qu’on aura un vaccin? Est-ce que les gens seront vaccinés? Ce sont des questions fondamentales. Au final, on est toujours au beau milieu d’une pandémie. C’est quand même ce qui prime. Est-ce qu’on verra un ralentissement du nombre de cas? Et ensuite, il faut se demander : est-ce qu’il y a des dommages structuraux dans l’économie? Est-ce que trop d’entreprises ont fermé leurs portes, de sorte que même si les cas d’infection diminuaient, est-ce que l’économie serait capable de se remettre sur les rails, ou est-ce qu’il faudra faire autre chose, intervenir davantage?
Alors, je pense qu’on cherchera les répercussions sur le plus long terme étant donné qu’on vit avec cette pandémie depuis quasi un an. Et ensuite, on cherchera des mesures de relance. Même si je ne crois pas que ça puisse faire énormément, je ne pense pas qu’on aura les 4 billions que nous promettait une victoire bleue convaincante. On aura peut-être 1 ou 2 billions. Ça nous aidera peut-être jusqu’à ce qu’on puisse contrôler les infections. C’est ce qu’on observera. Et à très court terme, bon, je parle de six mois, c’est à long terme, mais à très court terme. C’est-à-dire dans les semaines à venir, on va suivre l’évolution du dépouillement du scrutin.
Même aujourd’hui, la Géorgie vient de commencer à dépouiller le scrutin et le marché a réagi. Alors, le dépouillement, à mon avis, c’est ce qui doit nous occuper pour les semaines à venir. Surtout avec la Cour suprême qui interviendrait éventuellement.
Priya, nous apprécions vos observations comme toujours. Merci beaucoup.
Merci.