Le marché du travail canadien a joliment rebondi, récupérant les emplois perdus durant la pandémie. Toutefois, la demande de travailleurs a augmenté plus rapidement que l’embauche, ce qui a accru le nombre de postes vacants. Anthony Okolie discute avec Sri Thanabalasingam, économiste principal, Groupe Banque TD, des perspectives pour le marché de l’emploi au Canada.
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[MUSIQUE]
Sri, selon votre dernier rapport, les secteurs canadiens sont toujours confrontés à une pénurie de main-d’œuvre persistante, malgré le rebond impressionnant que nous avons observé depuis le début de la pandémie. Pouvez-vous d’abord nous dire où en est le marché de l’emploi aujourd’hui par rapport au niveau d’avant la pandémie?
Bien sûr. Depuis la réouverture en juin, les gains d’emploi ont été solides au Canada. En date de septembre, l’emploi était revenu à son niveau d’avant la pandémie, soit février 2020. Et en octobre, nous avons observé d’autres gains à ce niveau.
D’accord, alors malgré le rebond des emplois, votre rapport montre que les embauches pourraient être encore plus vigoureuses compte tenu du nombre élevé de postes vacants. Mis à part les préoccupations sanitaires persistantes liées au variant Delta et les prestations de soutien gouvernementales, quels autres facteurs pèsent sur la reprise de l’embauche jusqu’à maintenant?
Oui. Les embauches pourraient être plus nombreuses en raison du nombre de postes vacants. Et il y a certains facteurs qui pèsent sur l’embauche. Il y a des changements d’emploi, car des personnes qui travaillaient dans un secteur cherchent un emploi dans un autre. Il y a donc un décalage entre l’offre et la demande de main-d’œuvre.
Il y a aussi des gens qui sont sans travail depuis plus d’un an, ce qui a pu entraîner une détérioration des compétences pouvant affaiblir le processus de recherche d’emploi. Et puis, nous ne sommes pas encore sortis de la pandémie. Une éclosion dans les garderies ou les écoles fait en sorte que les parents restent à la maison. Et ça peut aussi peser sur les embauches.
Et dans quels secteurs en particulier constatez-vous les plus importantes pénuries de main-d’œuvre?
Il y en a deux qui ressortent vraiment. L’un d’eux est le secteur de la restauration et de l’hébergement.
Avec la réouverture, la demande des consommateurs a rebondi rapidement dans ce secteur. Et il y a un grand nombre de postes vacants. Et certaines entreprises peinent à les combler.
Et puis, il y a aussi le secteur de la finance et de l’assurance. Il s’est très bien comporté pendant la pandémie, compte tenu de la forte activité sur les marchés financiers, ainsi que de l’activité immobilière. Mais ici, il semble y avoir un décalage entre les compétences exigées du personnel et les compétences disponibles au sein de la population active à l’heure actuelle.
Et dans votre rapport, vous signalez également une forte augmentation de ce que vous appelez les « travailleurs non classés » au Canada. Pouvez-vous nous aider à définir ce que sont les « travailleurs non classés »? Et où se situent-ils dans l’ensemble du marché du travail?
Bien sûr. Selon Statistique Canada, un « travailleur non classé » est une personne qui cherche un emploi, mais qui a travaillé il y a plus d’un an ou qui n’a jamais travaillé. Et comme je l’ai mentionné pour les chômeurs de longue date, ce sont des gens qui sont sans travail depuis plus d’un an. Cette partie non classée de la main-d’œuvre a vraiment rebondi.
Maintenant, quand on pense à ce qui va se produire à l’avenir, on suppose que bon nombre de ces personnes ont travaillé dans le secteur de la restauration et de l’hébergement pour la dernière fois. Et si elles acceptent ces emplois ou si elles sont en mesure d’en trouver un dans ce secteur, cela réduirait certaines de ces pénuries de main-d’œuvre.
Qu’en est-il de la vente au détail? Comment s’adapte-t-elle? Et quelles sont les conséquences pour la période des fêtes à venir?
Pour le secteur du commerce de détail, en ce moment, nous n’avons pas observé de pénurie de main-d’œuvre importante. Mais quand on pense à la période des fêtes et à l’augmentation des embauches, si ce secteur n’est pas en mesure de trouver de la main-d’œuvre, ça aurait un impact négatif sur l’activité économique. Mais les détaillants sont doublement malmenés, pas seulement en raison d’une possible pénurie de main-d’œuvre, mais aussi en raison de contraintes liées à la chaîne d’approvisionnement, qui pourraient limiter les produits qu’ils ont en stock. Et cela pourrait aussi peser sur l’activité économique.
Malgré ces pénuries sur le marché de l’emploi, pourquoi n’y a-t-il pas eu une hausse notable de la croissance des salaires au Canada? Et est-ce que ça pourrait changer?
Eh bien, les entreprises qui connaissent une pénurie de main-d’œuvre en ce moment semblent prendre d’autres mesures pour y remédier, comme réduire leurs heures d’exploitation. Toutefois, tant que la demande des consommateurs est assez forte et qu’elles subissent des pressions pour fonctionner à pleine capacité, elles devront probablement augmenter les salaires pour attirer du nouveau personnel. Alors voilà.
Encore une fois, nous constatons ces pénuries dans certains secteurs. Et à l’heure actuelle, ce phénomène n’est pas vraiment répandu dans l’économie canadienne. Mais à mesure que l’économie va progresser sur la voie de la reprise, la croissance des salaires pourrait aussi s’étendre à d’autres secteurs de l’économie.
Sri, merci beaucoup d’avoir été là aujourd’hui.
Merci, Anthony.
[MUSIQUE]
Sri, selon votre dernier rapport, les secteurs canadiens sont toujours confrontés à une pénurie de main-d’œuvre persistante, malgré le rebond impressionnant que nous avons observé depuis le début de la pandémie. Pouvez-vous d’abord nous dire où en est le marché de l’emploi aujourd’hui par rapport au niveau d’avant la pandémie?
Bien sûr. Depuis la réouverture en juin, les gains d’emploi ont été solides au Canada. En date de septembre, l’emploi était revenu à son niveau d’avant la pandémie, soit février 2020. Et en octobre, nous avons observé d’autres gains à ce niveau.
D’accord, alors malgré le rebond des emplois, votre rapport montre que les embauches pourraient être encore plus vigoureuses compte tenu du nombre élevé de postes vacants. Mis à part les préoccupations sanitaires persistantes liées au variant Delta et les prestations de soutien gouvernementales, quels autres facteurs pèsent sur la reprise de l’embauche jusqu’à maintenant?
Oui. Les embauches pourraient être plus nombreuses en raison du nombre de postes vacants. Et il y a certains facteurs qui pèsent sur l’embauche. Il y a des changements d’emploi, car des personnes qui travaillaient dans un secteur cherchent un emploi dans un autre. Il y a donc un décalage entre l’offre et la demande de main-d’œuvre.
Il y a aussi des gens qui sont sans travail depuis plus d’un an, ce qui a pu entraîner une détérioration des compétences pouvant affaiblir le processus de recherche d’emploi. Et puis, nous ne sommes pas encore sortis de la pandémie. Une éclosion dans les garderies ou les écoles fait en sorte que les parents restent à la maison. Et ça peut aussi peser sur les embauches.
Et dans quels secteurs en particulier constatez-vous les plus importantes pénuries de main-d’œuvre?
Il y en a deux qui ressortent vraiment. L’un d’eux est le secteur de la restauration et de l’hébergement.
Avec la réouverture, la demande des consommateurs a rebondi rapidement dans ce secteur. Et il y a un grand nombre de postes vacants. Et certaines entreprises peinent à les combler.
Et puis, il y a aussi le secteur de la finance et de l’assurance. Il s’est très bien comporté pendant la pandémie, compte tenu de la forte activité sur les marchés financiers, ainsi que de l’activité immobilière. Mais ici, il semble y avoir un décalage entre les compétences exigées du personnel et les compétences disponibles au sein de la population active à l’heure actuelle.
Et dans votre rapport, vous signalez également une forte augmentation de ce que vous appelez les « travailleurs non classés » au Canada. Pouvez-vous nous aider à définir ce que sont les « travailleurs non classés »? Et où se situent-ils dans l’ensemble du marché du travail?
Bien sûr. Selon Statistique Canada, un « travailleur non classé » est une personne qui cherche un emploi, mais qui a travaillé il y a plus d’un an ou qui n’a jamais travaillé. Et comme je l’ai mentionné pour les chômeurs de longue date, ce sont des gens qui sont sans travail depuis plus d’un an. Cette partie non classée de la main-d’œuvre a vraiment rebondi.
Maintenant, quand on pense à ce qui va se produire à l’avenir, on suppose que bon nombre de ces personnes ont travaillé dans le secteur de la restauration et de l’hébergement pour la dernière fois. Et si elles acceptent ces emplois ou si elles sont en mesure d’en trouver un dans ce secteur, cela réduirait certaines de ces pénuries de main-d’œuvre.
Qu’en est-il de la vente au détail? Comment s’adapte-t-elle? Et quelles sont les conséquences pour la période des fêtes à venir?
Pour le secteur du commerce de détail, en ce moment, nous n’avons pas observé de pénurie de main-d’œuvre importante. Mais quand on pense à la période des fêtes et à l’augmentation des embauches, si ce secteur n’est pas en mesure de trouver de la main-d’œuvre, ça aurait un impact négatif sur l’activité économique. Mais les détaillants sont doublement malmenés, pas seulement en raison d’une possible pénurie de main-d’œuvre, mais aussi en raison de contraintes liées à la chaîne d’approvisionnement, qui pourraient limiter les produits qu’ils ont en stock. Et cela pourrait aussi peser sur l’activité économique.
Malgré ces pénuries sur le marché de l’emploi, pourquoi n’y a-t-il pas eu une hausse notable de la croissance des salaires au Canada? Et est-ce que ça pourrait changer?
Eh bien, les entreprises qui connaissent une pénurie de main-d’œuvre en ce moment semblent prendre d’autres mesures pour y remédier, comme réduire leurs heures d’exploitation. Toutefois, tant que la demande des consommateurs est assez forte et qu’elles subissent des pressions pour fonctionner à pleine capacité, elles devront probablement augmenter les salaires pour attirer du nouveau personnel. Alors voilà.
Encore une fois, nous constatons ces pénuries dans certains secteurs. Et à l’heure actuelle, ce phénomène n’est pas vraiment répandu dans l’économie canadienne. Mais à mesure que l’économie va progresser sur la voie de la reprise, la croissance des salaires pourrait aussi s’étendre à d’autres secteurs de l’économie.
Sri, merci beaucoup d’avoir été là aujourd’hui.
Merci, Anthony.
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