
Les craintes d’une hausse de l’inflation ont entraîné une volatilité accrue des marchés. Kim Parlee et Hafiz Noordin, gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe mondiaux, Gestion de Placements TD, discutent de la gravité de la menace d’inflation et des conséquences pour les marchés et les placements.
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Hafiz, l’article que vous venez de publier sur l’inflation s’intitule « Poudre aux yeux ou véritable risque? » Alors, quelle est votre réponse?
Merci de m’accueillir, Kim. Et, oui, l’inflation est notre principale préoccupation, et beaucoup de gens se posent cette question. Pourtant, malgré toute cette agitation, nous pensons que l’inflation est transitoire. En soi, l’inflation ne fera pas dérailler les marchés. Mais ce sera une source de volatilité.
En tant que consommateur, c’est une réalité avec laquelle nous devons composer. L’été dernier, comme bien d’autres personnes, j’étais sur le point de faire des rénovations chez moi. Pour l’un des projets, entre le moment où j’ai parlé à un artisan et le moment où Il a commencé le travail, un laps de temps de deux mois environ, le devis pour le bois avait doublé.
Et aujourd’hui, les prix du bois sont quatre fois plus élevés qu’avant la crise. Mais alors, qu’est-ce qui se passe? Eh bien, malgré la pandémie mondiale, la consommation est encore très forte partout dans le monde. Les gens achètent encore beaucoup... et, dans certains cas, plus qu’avant la pandémie.
Les gens font des travaux dans leur maison, mais il y a aussi l’électronique grand public. Comme on est coincé à la maison, tout le monde veut des appareils électroniques. On achète aussi plus de nourriture et on cuisine à la maison, plutôt que de manger dehors. Et tout cela est alimenté par un grand nombre de mesures de relance gouvernementales pour soutenir les dépenses des ménages.
Les fournisseurs ont vraiment du mal à suivre. Les stocks sont faibles et diminuent sans cesse. Il y a aussi des pénuries de main-d’œuvre, tant sur le plan de la production que de la distribution. La demande est forte, mais l’offre est faible et cette combinaison entraîne une hausse des prix. Jusqu’à maintenant, les producteurs ont absorbé ces coûts et ont vu leurs marges diminuer. Il semble qu’aujourd’hui les entreprises vont transmettre certains de ces coûts aux consommateurs.
Hafiz, c’est une excellente explication de l’inflation. Donc, si vous voulez une nouvelle terrasse, ce n’est pas le moment! Mais pourquoi pensez-vous que cette situation est temporaire et qu’elle ne durera pas?
Tout ce dont j’ai parlé concerne l’inflation des biens. Et les biens représentent environ 40 % de notre consommation. Historiquement, lorsque nous examinons l’inflation liée aux biens, elle a tendance à être volatile. Elle a aussi tendance à être plus transitoire, surtout lorsque les problèmes d’approvisionnement font partie de l’équation. Les services représentent les 60 % restants de notre consommation. Les chiffres concernant l’inflation des services montrent que celle-ci s’améliore. Cela dit, la situation semble toujours morose en ce moment. Et c’est logique compte tenu de toutes les fermetures qui ont lieu.
Mais nous pouvons nous attendre à une amélioration de l’inflation des services, au fur et à mesure qu’on vaccine la population et que l’économie se rétablit. Mais même lorsque nous en serons là, pour avoir une inflation persistante, il faudrait une augmentation des salaires. Et pour l’obtenir, nous avons besoin que l’économie tourne à plein régime.
Autrement dit, nous devons récupérer tous les emplois perdus au cours de l’année passée pour atteindre le plein emploi. À ce moment-là, les travailleurs auront un pouvoir de négociation pour réclamer des salaires plus élevés. Une fois que ces salaires plus élevés seront dans le système, ils alimenteront non seulement l’inflation des biens, mais aussi l’inflation des services. C’est à ce moment-là que les pressions inflationnistes persisteront.
Compte tenu du nombre d’emplois qu’il reste à récupérer, d’après ce que nous voyons, les pressions inflationnistes liées aux salaires sont loin d’arriver.
KIM PARLEE : OK. J’aimerais vous demander… Il me reste environ une minute, Hafiz... mais juste, comme la situation est temporaire et que la croissance des salaires à long terme ne vous préoccupe pas tellement, qu’est-ce que cela signifie pour les gens, et quelles sont les conséquences pour les actions, les titres à revenu fixe, les autres catégories d’actifs? Sur quoi devons-nous rester vigilants?
Eh bien, à long terme, si nous avons raison de penser que l’inflation restera faible et stable, c’est parfait pour les rendements boursiers. Une inflation de 1 % à 3 % est généralement idéale pour les rendements boursiers. Mais même en cas d’inflation inattendue, les actions peuvent quand même bien se comporter. Il suffit d’investir davantage dans des sociétés qui ont les compétences et le pouvoir de fixation des prix requis pour répercuter ces coûts, grâce à la solidité de leur marque ou à un avantage concurrentiel pour protéger leurs marges.
Je crois que les rendements des titres à revenu fixe seront plus difficiles dans un contexte où l’inflation et les taux d’intérêt sont plus volatils. Ainsi, pour protéger le pouvoir d’achat dans un portefeuille largement diversifié, vous vous tournez vers des actions, mais aussi des catégories d’actifs alternatives. L’immobilier, les infrastructures et les produits de base. Par le passé, elles présentaient toutes des caractéristiques de couverture de l’inflation.
Mon principal message à ce sujet est le suivant : la gestion des actifs, tant au niveau des catégories d’actifs qu’au niveau de la sélection des titres, sera cruciale.
KIM PARLEE : Hafiz, merci beaucoup pour votre présence aujourd’hui. J’étais ravie de vous accueillir.
Tout le plaisir est pour moi.
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Hafiz, l’article que vous venez de publier sur l’inflation s’intitule « Poudre aux yeux ou véritable risque? » Alors, quelle est votre réponse?
Merci de m’accueillir, Kim. Et, oui, l’inflation est notre principale préoccupation, et beaucoup de gens se posent cette question. Pourtant, malgré toute cette agitation, nous pensons que l’inflation est transitoire. En soi, l’inflation ne fera pas dérailler les marchés. Mais ce sera une source de volatilité.
En tant que consommateur, c’est une réalité avec laquelle nous devons composer. L’été dernier, comme bien d’autres personnes, j’étais sur le point de faire des rénovations chez moi. Pour l’un des projets, entre le moment où j’ai parlé à un artisan et le moment où Il a commencé le travail, un laps de temps de deux mois environ, le devis pour le bois avait doublé.
Et aujourd’hui, les prix du bois sont quatre fois plus élevés qu’avant la crise. Mais alors, qu’est-ce qui se passe? Eh bien, malgré la pandémie mondiale, la consommation est encore très forte partout dans le monde. Les gens achètent encore beaucoup... et, dans certains cas, plus qu’avant la pandémie.
Les gens font des travaux dans leur maison, mais il y a aussi l’électronique grand public. Comme on est coincé à la maison, tout le monde veut des appareils électroniques. On achète aussi plus de nourriture et on cuisine à la maison, plutôt que de manger dehors. Et tout cela est alimenté par un grand nombre de mesures de relance gouvernementales pour soutenir les dépenses des ménages.
Les fournisseurs ont vraiment du mal à suivre. Les stocks sont faibles et diminuent sans cesse. Il y a aussi des pénuries de main-d’œuvre, tant sur le plan de la production que de la distribution. La demande est forte, mais l’offre est faible et cette combinaison entraîne une hausse des prix. Jusqu’à maintenant, les producteurs ont absorbé ces coûts et ont vu leurs marges diminuer. Il semble qu’aujourd’hui les entreprises vont transmettre certains de ces coûts aux consommateurs.
Hafiz, c’est une excellente explication de l’inflation. Donc, si vous voulez une nouvelle terrasse, ce n’est pas le moment! Mais pourquoi pensez-vous que cette situation est temporaire et qu’elle ne durera pas?
Tout ce dont j’ai parlé concerne l’inflation des biens. Et les biens représentent environ 40 % de notre consommation. Historiquement, lorsque nous examinons l’inflation liée aux biens, elle a tendance à être volatile. Elle a aussi tendance à être plus transitoire, surtout lorsque les problèmes d’approvisionnement font partie de l’équation. Les services représentent les 60 % restants de notre consommation. Les chiffres concernant l’inflation des services montrent que celle-ci s’améliore. Cela dit, la situation semble toujours morose en ce moment. Et c’est logique compte tenu de toutes les fermetures qui ont lieu.
Mais nous pouvons nous attendre à une amélioration de l’inflation des services, au fur et à mesure qu’on vaccine la population et que l’économie se rétablit. Mais même lorsque nous en serons là, pour avoir une inflation persistante, il faudrait une augmentation des salaires. Et pour l’obtenir, nous avons besoin que l’économie tourne à plein régime.
Autrement dit, nous devons récupérer tous les emplois perdus au cours de l’année passée pour atteindre le plein emploi. À ce moment-là, les travailleurs auront un pouvoir de négociation pour réclamer des salaires plus élevés. Une fois que ces salaires plus élevés seront dans le système, ils alimenteront non seulement l’inflation des biens, mais aussi l’inflation des services. C’est à ce moment-là que les pressions inflationnistes persisteront.
Compte tenu du nombre d’emplois qu’il reste à récupérer, d’après ce que nous voyons, les pressions inflationnistes liées aux salaires sont loin d’arriver.
KIM PARLEE : OK. J’aimerais vous demander… Il me reste environ une minute, Hafiz... mais juste, comme la situation est temporaire et que la croissance des salaires à long terme ne vous préoccupe pas tellement, qu’est-ce que cela signifie pour les gens, et quelles sont les conséquences pour les actions, les titres à revenu fixe, les autres catégories d’actifs? Sur quoi devons-nous rester vigilants?
Eh bien, à long terme, si nous avons raison de penser que l’inflation restera faible et stable, c’est parfait pour les rendements boursiers. Une inflation de 1 % à 3 % est généralement idéale pour les rendements boursiers. Mais même en cas d’inflation inattendue, les actions peuvent quand même bien se comporter. Il suffit d’investir davantage dans des sociétés qui ont les compétences et le pouvoir de fixation des prix requis pour répercuter ces coûts, grâce à la solidité de leur marque ou à un avantage concurrentiel pour protéger leurs marges.
Je crois que les rendements des titres à revenu fixe seront plus difficiles dans un contexte où l’inflation et les taux d’intérêt sont plus volatils. Ainsi, pour protéger le pouvoir d’achat dans un portefeuille largement diversifié, vous vous tournez vers des actions, mais aussi des catégories d’actifs alternatives. L’immobilier, les infrastructures et les produits de base. Par le passé, elles présentaient toutes des caractéristiques de couverture de l’inflation.
Mon principal message à ce sujet est le suivant : la gestion des actifs, tant au niveau des catégories d’actifs qu’au niveau de la sélection des titres, sera cruciale.
KIM PARLEE : Hafiz, merci beaucoup pour votre présence aujourd’hui. J’étais ravie de vous accueillir.
Tout le plaisir est pour moi.
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