Nous avons peur des bactéries; pourtant, certains micro-organismes qui existent naturellement dans notre corps peuvent contribuer à notre santé. Jessica Richman, cofondatrice de uBiome inc., veut que nous les aimions et nourrissions. Dans cette vidéo exclusive de MoneyTalk Life, elle discute avec Kim Parlee de l’importance de notre microbiologie et de ce que nous pouvons faire pour en exploiter toute la puissance.
Les bons germes : Le pouvoir de votre microbiologie personnelle
janvier 20, 2017
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Je suis au Executive Performance Summit, parrainé par Gestion de patrimoine TD, et l’un des sujets abordés aujourd’hui est l’intestin, les bactéries qui vivent dans votre intestin ainsi que sur vous et leurs effets sur la santé. Ils sont considérables. Jessica Richman est cofondatrice de la société uBiome, qui a rassemblé des données scientifiques émanant du grand public du monde entier. Entretien fantastique. Voici un aperçu de notre entretien. Parlons d’abord de l’entreprise. Vous avez fondé uBiome. Il y a beaucoup de choses amalgamées ici, il faudrait les décortiquer pour comprendre. La science grand public a aidé à la création de uBiome, mais vous menez aussi des études. Les bactéries, le microbiote, si je ne me trompe pas, c’est nouveau pour les gens aussi. Commençons par la science grand public. Que fait uBiome? Comment est-elle née? Oui. uBiome est née d’une drôle de façon pour une société de biotechnologie. Nous avons réalisé un financement participatif sur le site internet Indiegogo. Nous avions une vidéo qui formulait l’espoir que les gens se joignent à nous, en apprennent davantage sur leurs bactéries et nous aident à créer cet ensemble de données. Nous avons rassemblé plus de données que le NIH n’en avait à l’époque. Le NIH avait étudié 242 personnes. Après 10 semaines, nous avions plus de 2 500 personnes. Nous en avions 10 fois plus que le NIH grâce à la science grand public, à l’apport de personnes soucieuses d’en savoir plus sur leur microbiome, qui veulent répondre à leurs questions, étudier elles-mêmes leur microbiome et qui n’avaient pas eu l’occasion de le faire jusqu’alors. Et la façon dont cela se fait, pour être simple. Très simple. Ces gens veulent connaître les bactéries qui vivent sur leur corps. Partout, n’est-ce pas? Vous disiez qu’elles représentent entre trois et six livres... Oui. Une formidable proportion de la masse corporelle est constituée de bactéries, mais nous n’en recueillons qu’un petit échantillon. Nous avons expédié aux gens une trousse pour le prélèvement d’échantillons. Il y avait un tampon et un tube. Vous preniez le tampon. Pour l’intestin, vous passiez le tampon sur le papier hygiénique. Ailleurs, vous passiez le tampon sous votre nez, dans votre bouche. Vous le mettiez dans un tube. Pas le même tube, dans différents tubes. Vous l’insériez dans un tube. Vous agitiez le tube et nous le retourniez. Ce que nous faisons, c’est un travail de laboratoire complexe, avec manipulation du tube par des robots. Divers types d’extraction et de purification de l’ADN sont ensuite réalisés. Puis, il y a séquençage de l’ADN au moyen d’un appareil ultra-moderne d’Illumina. Une technologie de pointe pour détecter l’ADN. Nous obtenons une liste de lectures de l’ADN. Quel est l’ADN de chacun des organismes? Nous convertissons cela en une liste de bactéries et nous comparons cette liste à celle des autres personnes et nous disons que nous avons un niveau élevé de... X. X. Tout à fait. Quelles sont les bonnes bactéries? Rappelez-nous cela. Il y a beaucoup de bonnes bactéries. Et il y en a beaucoup qui sont connues pour être commensales, sans que nous sachions ce qu’elles font. Nous ne connaissons pas leur utilité. Parce que c’est relativement nouveau? Tout cela est relativement nouveau. La microbiologie est ancienne, mais l’étude du microbiome à l’aide du séquençage de l’ADN n’existe que depuis que ce dernier existe, que depuis qu’il est rapide, peu coûteux, soit depuis cinq ans environ. Pour ce qui est des bonnes bactéries, nous connaissons lactobacillus, bifidobacterium, akkermansia. Il y a beaucoup de bactéries que nous savons être commensales. Et nous savons que la diversité du microbiome intestinal est une bonne chose. Maintenant... pour revenir un peu en arrière, jeter les bases, si je peux dire, nous savons que nous avons beaucoup de bactéries sur nous. Pourquoi nous y intéresser? Que font ces bactéries? Pourquoi faut-il nous en préoccuper? Ces bonnes bactéries co-évoluent avec nous depuis des millions d’années. Elles produisent des vitamines que nous ne pouvons produire nous-mêmes. Elles digèrent de la nourriture que nous ne pouvons produire nous-mêmes. Elles produisent des substances chimiques utiles qui circulent dans notre sang, que nous ne pouvons produire nous-mêmes. Nous avons co-évolué avec elles. Si vous supprimiez les bactéries de votre corps demain... Je serais plus légère! Vous perdriez entre trois et six livres, mais ne seriez pas très contente, car vous développeriez des carences nutritives. On ne sait pas si une personne mourrait de cela, mais ce n’est pas très sain de ne pas avoir de bactéries. Si nous éliminions toutes les bactéries qui sont sur vous, d’autres, présentes dans l’air, viendraient sur vous. À moins de vivre dans un milieu aseptisé, vous serez toujours couverte de bactéries. Cela nous intéresse parce que, si nous devons avoir des bactéries, nous voulons avoir de bonnes bactéries, non des bactéries incapables de bien nous protéger des agents pathogènes dangereux. C’est une fête qui se déroule. C’est une fête. Veillons à bien choisir les invités. Tout à fait. Vous ne voulez pas qu’elle soit gâchée par des éléments qui vont vous nuire. Ce serait malheureux. Lorsque les gens s’emballent, vous êtes claire au sujet de uBiome, de ce que sont ses données. Ce que vous avez réussi à faire avec cela, qui est fascinant, c’est d’établir des plages de normalité pour les gens. Une personne qui soumet un échantillon peut voir et vous pouvez dire que ce n’est pas la norme. Les gens peuvent voir ce qu’il en est. C’est nouveau. Ça n’existait pas avant? C’est exact. Nous avons établi des plages de valeurs appropriées pour les bactéries. Une des choses très intéressantes à cet égard, c’est que l’on connaissait peu une foule de ces bactéries auparavant. Grâce aux plages définies, nous pouvons vous dire : ce chiffre est trop bas, ce chiffre est bon. Cela vous aide à optimiser votre microbiome et à savoir ce qui est le mieux pour vous. Mieux je suis renseignée... c’est génial de savoir ce qui se passe dans mon corps, mais comment puis-je utiliser cela? Comment un auditeur peut-il utiliser cela? Oui. Tous, nous mangeons. Bien des gens prennent des suppléments en vue d’améliorer leur microbiome. Une chose qu’un test comme celui-ci peut vous aider à déterminer, c’est si cela fonctionne. Est-ce que c’est efficace? Si vous buvez du kombucha tous les jours pour obtenir un effet sur votre microbiome, vérifions cela. Voyons ce qui vit dans votre microbiome et si c’est aussi diversifié qu’on peut l’espérer. Et si vous avez autant de bonnes bactéries qu’on peut l’espérer. Je pense que l’approche en est une de prévention. Du point de vue de la médecine préventive, un examen de votre microbiome vous permet de voir où vous en êtes, en gros, et si ce que vous faites donne les résultats que vous recherchez. Vous avez donné des indications pratiques afin que votre auditoire puisse comprendre ce qu’il convient de faire et quelles sont les choses que l’on peut faire pour... Je déteste faire des prescriptions, il n’est question que d’aliments. Je ne suis pas médecin. Que ce soit clair : je ne suis pas médecin. Je suis une spécialiste des données. Je ne devrais probablement pas formuler ces prescriptions, mais j’ai appris des choses sur les bactéries à partir de nos analyses et il existe beaucoup d’études attestant que les aliments fermentés sont bénéfiques, du fait que vous transférez de bonnes bactéries d’un milieu où elles sont bien nourries, dans votre kombucha ou votre yaourt, à votre intestin, où l’on espère qu’elles vont s’établir, être heureuses, prospérer. Vous protéger et fabriquer des sous-produits. Vous transférez des bactéries de la nourriture à vous? Oui. Si vous y pensez, si vous mangez un pickle, il y a le biome de ce pickle. Je ne verrai plus jamais un pickle du même œil. Je sais. Je vois les pickles d’un œil différent maintenant. Vous mangez et introduisez dans votre microbiome le microbiome du pickle. Avec un peu de chance, il va s’y développer. Les aliments fermentés, les fibres prébiotiques également, il y a certains aliments... que vous ne pouvez digérer, mais les bactéries, si. Vous fournissez donc des aliments à un éventail varié d’organismes. Vous voulez avoir les bactéries, puis nourrir les bactéries; c’est l’élément prébiotique dont vous parlez. C’est cela. C’est fascinant de voir où l’on est rendu et ce qui s’en vient. Je pense avoir lu que, lorsque vous aviez pris la parole déjà... les applications possibles sont qu’un jour vous auriez des pommades qui seraient adaptées à vos bactéries. C’est exact. Ou qui fourniraient de la nourriture aux bonnes bactéries. De la même façon que les aliments fermentés que je conseille pour le développement des bonnes bactéries. Il n’y a pas de raison pour que vous ne puissiez pas mettre sur votre visage une préparation contenant de bonnes bactéries et de la nourriture pour celles-ci, qui préviendrait l’acné, par exemple. On n’est pas encore rendu là, mais vous voyez que c’est parfaitement logique. Pour éliminer l’acné, vous mettriez des bactéries bénéfiques sur votre peau, qui empêcheraient l’acné de se développer. L’autre exemple que vous avez mentionné, que tout le monde... fasciné et déconcerté à la fois. Oui. Les gens ont souvent cette réaction quand je parle des bactéries. C’est fascinant. C’est la souris obèse et la souris maigre. Tout à fait. Et deux mots que je n’avais jamais entendus accolés : greffe fécale. Dites-moi de quoi il s’agit. Il y a une étude qui a obtenu des effets causaux, à savoir que, si vous introduisez un biocome fécal dans une souris, vous pouvez la rendre obèse au moyen du biocome d’une souris obèse. Vous prenez les bactéries intestinales d’une souris... Vous prenez les fèces d’une souris. Les fèces. Soyons clairs. Pour les introduire dans une autre. Je ne le suis pas. Vous l’êtes. Désolée, je l’ai dit. Pour les introduire dans une autre souris. Et alors cette autre souris devient obèse. Cela aussi suscite de multiples questions. Au départ, c’est fascinant. C’est un résultat fantastique. Il y a de la causalité, là! Il ne s’agit pas que de la corrélation entre certaines bactéries et l’obésité. Vous pouvez générer l’obésité par modification du microbiome. L’inverse également, n’est-ce pas? L’inverse également. Vous pouvez réduire l’obésité au moyen d’un microbiome maigre. La question... C’est un résultat formidable, un travail brillant réalisé par Jeff Gordon à l’université de Washington. La question suivante, c’est : génial, mais qu’en est-il du microbiome qui cause cet effet? C’est une chose que l’on est encore à étudier. Il reste beaucoup de recherche à faire. Je pourrais discuter avec vous de ce seul sujet pendant une demi-heure... Il y a beaucoup... mais je sais que vous devez vous rendre à certains endroits et voir des gens. J’aimerais vous demander, pour quelqu’un qui nous écoute, que faut-il retenir de cela? Et quelle est la prochaine étape pour uBiome? C’est une bonne question. La première chose que j’aimerais que les gens retiennent, c’est d’aimer leurs bactéries. On enseigne à l’école que les bactéries sont des agents pathogènes, qu’elles nous tuent, qu’elles sont dangereuses, mais cela provient d’une conception ancienne de la façon dont fonctionne le microbiome et dont les bactéries ont co-évolué avec nous. L’idée que vous devez vous occuper de vos bactéries pour le bien de votre santé est la première chose à retenir, je pense. Il y a plusieurs façons de faire cela, mais il faut modifier notre façon de voir les choses. Quant à nous, à moi, le travail reprend. Nous venons de lancer ce test clinique. Nous voulons apporter des améliorations, des ajouts, simplement au test pour les bactéries. Nous voulons ajouter toutes sortes de virus, la levure, toutes sortes d’autres choses que nous voulons inclure dans ce test. Nous voulons également lancer d’autres tests. Il y a beaucoup à faire. Fascinant. Merci beaucoup! Merci! Super!