
Anthony Okolie récapitule les faits saillants de la journée, notamment les dernières nouvelles sur la COVID-19, puis discute avec Tariq Aeta, analyste du secteur des soins de santé, Gestion de Placements TD, des résultats préliminaires positifs des essais cliniques de Moderna pour tester un vaccin contre le coronavirus.
Dans quelques minutes, je discuterai avec Tariq Aeta, analyste, Secteur des soins de santé à Gestion de Placements TD, sur les plus récents essais du vaccin anticoronavirus. Mais tout d’abord, voici un survol rapide des nouvelles du jour.
Quelques signes prometteurs dans la lutte contre la COVID-19. Moderna, une biotech américaine, annonce que les premiers résultats d’un vaccin expérimental sont prometteurs, ce qui a fait remonter le Dow hier de plus de 900 points.
Reitmans – détaillant canadien depuis 94 ans – a déposé une demande de protection contre les créanciers; la pandémie ayant forcé la société à fermer tous ses magasins depuis le 17 mars.
Pour sa part, le gros détaillant Walmart a déclaré que ses ventes en ligne aux États-Unis avaient grimpé de 74 %, car les consommateurs ont fait des stocks de denrées d’épicerie, d’articles de nettoyage et d’autres articles de première nécessité pendant la pandémie.
Les pays de l’UE pourraient augmenter leur aide. L’Allemagne et la France ont proposé la mise en place d’un fonds de 545 G$ pour aider les pays européens les plus durement touchés.
Enfin, le nombre de personnes demandant des prestations d’assurance-chômage au Royaume-Uni a atteint en avril son plus haut niveau en près de 24 ans alors que les répercussions économiques de la sévère pandémie s’accentuent.
C’était le résumé des nouvelles du jour. Accueillons maintenant Tariq Aeta.
Tariq, le fabricant de médicaments Moderna a récemment présenté des résultats prometteurs pour les essais cliniques de son vaccin. Qu’ont révélé ces premiers résultats?
Hier, Moderna a publié les résultats de son essai clinique de phase I pour son vaccin contre la COVID-19, amorcé en mars auprès de 45 patients. Lors d’essais cliniques de phase I, on regarde essentiellement deux choses. 1) On veut avant tout s’assurer que le vaccin est sûr et tolérable. Évidemment, la dernière chose qu’on souhaite faire, avec un vaccin, c’est de mettre la vie des patients en danger puisqu’on inocule le vaccin à des personnes en parfaite santé. La bonne nouvelle, c’est que le vaccin a eu de bons résultats sans effets indésirables importants.
2) On veut obtenir les premières indications sur l’efficacité potentielle du vaccin. À ce chapitre aussi, les nouvelles sont bonnes. Que les doses administrées aient été faibles, moyennes ou élevées, le vaccin a réussi à induire une réponse immunitaire chez les personnes vaccinées.
Par exemple, les personnes ayant reçu la dose de 25 microgrammes ont produit pratiquement autant d’anticorps bloquants que les patients qui ont récupéré de la COVID-19. Celles qui ont reçu la dose de 100 microgrammes, quant à elles, ont produit encore plus d’anticorps que ce que le patient typiquement atteint de la COVID-19 produit. Dans l’ensemble, malgré la petite taille de l’échantillon, la forte réponse généralisée est très prometteuse pour le vaccin.
J’ai cru comprendre que Moderna utilise un nouveau type de technologie ou d’approche pour la mise au point de son vaccin. Pouvez-vous nous en parler et nous nommer certains des avantages de cette approche?
En ce qui concerne la mise au point de vaccins, les scientifiques utilisent essentiellement trois techniques. La première est un vaccin viral inactivé. C’est essentiellement le processus utilisé pour le vaccin contre la grippe annuelle. En gros, on cultive le virus, puis on le rend inopérant pour qu’il ne cause aucun dommage.
La deuxième est un vaccin recombinant. Ici, on fabrique génétiquement d’autres virus pour créer un vaccin contre la COVID-19; c’est la principale approche suivie par la plupart des entreprises. Donc, J&J, Sanofi et GSK tentent toutes de concevoir des vaccins recombinants.
Enfin, la dernière nouveauté au chapitre de la création de vaccins est le vaccin à ARNm. C’est foncièrement ce que Moderna tente de créer. Et, en fait, la technologie est si nouvelle qu’il n’y a actuellement aucun vaccin à ARNm sur le marché. Ce serait donc le premier à être approuvé, s’il s’avère efficace.
Le principe ne consiste pas à fournir l’antigène au corps, comme pour les vaccins classiques, mais plutôt à lui fournir le manuel d’instructions pour qu’il produise lui-même des anticorps contre le virus.
En gros, ce manuel d’instructions est inclus dans une nanoparticule lipidique. C’est, fondamentalement, une bulle de gras dans laquelle on a injecté le code de l’ARNm. Le système immunitaire lit ce code, puis, sait à quoi ressemble l’antigène viral. Il amorce ensuite une série d’événements qui permettent au corps de produire les anticorps.
Et la beauté de cette approche est que, contrairement à un vaccin traditionnel, vous n’avez pas besoin de cultiver des virus en laboratoire. Par conséquent, vous pouvez développer ce vaccin beaucoup plus vite. Et surtout, vous pouvez rapidement le produire à grande échelle.
Alors, que fait-on ensuite? Quelles sont les prochaines étapes?
Pour Moderna, la prochaine étape consiste à commencer l’essai clinique de phase II. La FDA l’a autorisée à accélérer la phase II de l’essai clinique; il devrait commencer d’un jour à l’autre. Et, contrairement à un essai de phase I où on teste surtout la sécurité du vaccin, lors d’un essai de phase II, on essaie de mieux déterminer son efficacité et la meilleure dose à utiliser pour l’essai de phase III.
Moderna, pour son essai de phase II, fera appel à 600 patients comparativement aux 45 de la phase I et, surtout, la moitié de ces patients auront plus de 55 ans, alors que les participants à la phase I étaient de jeunes adultes.
C’est un volet important, car les personnes âgées ont tendance à ne pas produire une réponse immunitaire aussi forte aux vaccins que les jeunes adultes. Donc, si Moderna arrive à obtenir une réponse immunitaire similaire chez les adultes plus âgés et qu’il n’y a aucun effet indésirable du côté de la sécurité, cela est de bon augure pour le vaccin et son approbation finale.
Tariq, si tout va comme prévu, quand peut-on s’attendre à ce qu’un vaccin soit disponible?
Le passé nous a montré que, dans le monde des produits pharmaceutiques, il est toujours dangereux de déclarer victoire trop tôt. 90 % des médicaments échouent aux essais cliniques. 70 % des vaccins échouent également aux essais.
Cela dit, les données de la phase I de Moderna suggèrent que les probabilités sont supérieures à la moyenne. L’approbation d’un vaccin d’ici la fin de l’automne est donc fort probable pour le moment.
Il est toutefois important de se rappeler que même si Moderna réussit à faire approuver son vaccin, il lui faudra du temps pour le produire en grande quantité. Par conséquent, les doses initiales seront probablement réservées aux professionnels de la santé de première ligne et aux personnes à risque élevé.
Mais à l’approche de 2021, Moderna s’attend à pouvoir produire 1 milliard de doses chaque année, selon des projections en année pleine. Et si vous combinez cette production à celle que vise J&J d’un milliard de doses, et à celles de Pfizer et de BioNTech qui cherchent aussi à produire des centaines de millions de doses, on pourrait potentiellement avoir des milliards de doses d’ici la fin de l’année prochaine.
Pour l’instant, je pense qu’il n’est pas question de savoir si on va vaincre la COVID-19. Il est plutôt question de savoir quand on y parviendra. Et si le vaccin à ARNm est approuvé, les délais pourraient être raccourcis de quelques mois; ce qui sera une grande victoire.
Tariq, merci d’avoir participé à cette webdiffusion.
Merci, Anthony.
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