
Kim Parlee récapitule les faits saillants de la journée, faisant le point sur la COVID-19 et discutant avec Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, des façons d’exorciser ses peurs, de voir les choses en perspective et de prendre des décisions raisonnables.
KIM PARLEE : Bonjour à tous et bienvenue au bulletin quotidien sur la COVID-19 de Parlons d’argent du vendredi 20 mars. Je m’appelle Kim Parlee. Dans quelques instants, on va parler à Brad Simpson, Stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, à propos de la volatilité des marchés et de votre réaction à celle-ci... Est-ce que votre raison l’emporte sur vos émotions ou est-ce l’inverse? Écouter la raison n’est pas toujours facile dans un tel marché, et Brad va nous en parler.
Eh bien, tout d’abord, pour résumer certaines des manchettes de la journée, sachez que le gouvernement fédéral canadien va mettre en place un plan de mobilisation, en guise de nouvelle stratégie industrielle canadienne, en vue d’aider les fabricants canadiens à produire des biens liés à la lutte contre la COVID-19. Air Canada a annoncé la mise à pied temporaire de plus de 5 000 agents de bord, et ce, au moins jusqu’au 30 avril. La Chine a indiqué n’avoir enregistré aucun nouveau cas local pour une deuxième journée.
Entretemps, la Californie a exigé le confinement barricadé de ses 40 millions de résidents qui ne peuvent se déplacer que pour subvenir à leurs besoins essentiels. L’État de New York a aussi déclaré, par décret-loi, que toute la main-d’œuvre non essentielle devait rester chez elle. En même temps, l’État annonçait qu’il augmentait la cadence des tests au niveau de ceux de la Corée du Sud, ce qui est une bonne nouvelle.
L’IRS repousse la date limite du dépôt des déclarations de revenus au 15 juillet. Le gouvernement canadien, quant à lui, a fait passé son échéance du 30 avril au 1er juin. Il y a aussi des rumeurs que des fonds étaient remis à une équipe de Seattle pour qu’elle commence à tester un traitement révolutionnaire de la COVID-19 sur les humains. Ce traitement ferait actuellement l’objet d’essais cliniques pour certains types de cancer. Voilà ce qui fait le tour des nouvelles.
Comme je le mentionnais, les manchettes ne manquent pas. Ce qui rend cela difficile de ne pas laisser les émotions prendre le dessus sur la raison. Brad Simpson, Stratège en chef, Gestion de patrimoine TD, est ici pour nous dire ce qu’il pense de la situation. Et il vient tout juste de publier un rapport qui énonce cinq points importants. Brad, votre premier point, c’est que les mesures en place portent leurs fruits.
BRAD SIMPSON : Oui... Prenons la Chine qui, grâce à la vive réaction du gouvernement et aux sévères mesures mises en place, a vu son nombre de cas baisser de façon drastique. Les travailleurs de Wuhan, l’épicentre de la pandémie, se sont fait dire de retourner au travail. Une chose qui est bien, c’est que, quand on regarde les endroits où la crise a commencé et les mesures qui ont été adoptées, plus la situation s’améliore, et plus l’effet est positif.
KIM PARLEE : Oui, Je suis totalement d’accord. Votre deuxième point, c’est qu’on ne doit pas laisser notre corps amygdalien guider nos pensées et nos actions.
BRAD SIMPSON : Exactement. La peur, en quantité adéquate, est une bonne chose. On sait que c’est la peur qui nous amène, en fin de compte, à prendre du recul et à établir des portefeuilles de placement qui misent sur la diversification. C’est bien d’utiliser une chose à bon escient.
D’un autre côté, on peut expliquer ça en revenant loin en arrière dans notre histoire. Une partie de notre cerveau s’est développée alors qu’on vivait dans des cavernes. Quand il y avait un danger, notre corps amygdalien envoyait un message à notre système l’incitant à fuir! Quand on fait face à une très grande peur, qu’on est physiquement menacé, c’est une réaction tout à fait logique. Mais bon sang que les « menaces » financières peuvent être incroyablement coûteuses.
En ce moment, les marchés sont des plus changeants; et les actifs plus risqués sont liquidés à des prix dérisoires. Et ces prix ne sont pas établis de façon rationnelle. Je pense donc qu’il est très important de se rappeler que l’un des plus formidables outils dont on dispose actuellement est notre capacité à contrôler ce qui se passe entre nos deux oreilles. Il faut se rappeler que, au bout du compte, on doit écouter notre cortex frontal, parce que c’est le centre de commandes de notre cerveau.
KIM PARLEE : Mmm. J’aurais une question à vous poser, et on en a déjà parlé à quelques reprises. Le troisième point de votre rapport porte sur le fait que ce marché baissier est dû à un événement, contrairement à d’autres types de marché baissier.
BRAD SIMPSON : Oui, on considère qu’il y a trois types de marché baissier. Et les deux premiers reposent essentiellement sur la structure de l’économie et la structure du système lui-même. Ces marchés baissiers ont tendance à être très pénibles et très longs. L’origine des marchés baissiers dus à un événement est externe. Et leur chute est dramatique, comme on l’a vu. Quand un événement entraîne un marché baissier, la chute se chiffre en moyenne à 29 %. Comme c’est le cas aujourd’hui.
Habituellement, ils prennent environ neuf mois à récupérer. En général, ils se produisent aussi rapidement en raison d’une cause externe-- Le marché dégringole rapidement, mais la réaction est habituellement vraiment prompte. C’est ce qu’on voit en ce moment. Alors, aussi difficile que c’est à dire qu’à entendre, s’il doit y avoir un marché baissier, c’est le type de marché baissier qu’on veut avoir.
KIM PARLEE : Oui... On en a déjà parlé. C’est un peu comme si on faisait face à une carie plutôt qu’à un traitement de canal. Voilà pour mon analogie à la santé dentaire.
BRAD SIMPSON : Excellente analogie.
KIM PARLEE : Dites-moi-- on en parle aux nouvelles, et c’est votre quatrième point, c’est que les décideurs politiques réagissent. Que ce soit sur le plan fiscal ou monétaire, on peut voir que les gouvernements du monde entier collaborent étroitement pour faire face à la situation.
BRAD SIMPSON : Oui. Cette collaboration peut prendre la forme d’une simple mise à jour; enfin, les banques centrales mettent tellement de politiques en place et les gouvernements du monde adoptent tellement de nombreuses politiques fiscales en ce moment. C’est extrêmement difficile de rester à jour.
J’essaie donc surtout de mettre l’accent sur le système financier; ce qui importe c’est de considérer le système financier un peu comme le corps humain, si vous voulez. Il faut que ça circule. C’est la même chose pour les marchés financiers. Dans ce cas, c’est l’argent-- ce qu’on appelle les liquidités-- qui doivent circuler.
Parmi les principales mesures prises actuellement, mentionnons les facilités de financement adossées à du papier commercial de la Federal Reserve Board. C’est un moyen qui avait été adopté en 2008. Une autre mesure essentielle a été prise l’autre jour; je parle ici des facilités de crédit de courtier principal-- ce sont les plaques tournantes qui permettront à ces systèmes de continuer de recevoir les fonds dont ils ont besoin.
Donc, ces facilités, comme les autres mesures prises, devraient vraiment contribuer à appuyer l’économie et à réduire la pression sur les marchés du financement actuels. C’est ce qu’il faut faire. Les annonces continueront d’affluer au cours des prochains jours et on verra les banques centrales communiquer d’autres mesures de cette nature.
Elles sont excessivement positives, parce que c’est un peu comme si on appliquait un défibrillateur au système, et qu’on l’y maintenait pour s’assurer que le système ne tombe pas en latence. Au bout du compte, c’est ce dont on a besoin. Ce n’est pas magique. La COVID-19 aura tout de même des conséquences sous-jacentes. En effet, il y aura un resserrement des conditions financières ici pendant un certain temps. Mais les mesures prises entraîneront aussi un ralentissement de la production de nombre d’entreprises.
KIM PARLEE : Il me reste 30 secondes, Brad, et je pense que ceci est l’une des choses les plus importantes à prendre en considération. Il y a cette règle du 10-10-10. Qu’est-ce que c’est?
BRAD SIMPSON : En gros, la règle du 10-10-10 est bien simple. Quand tu regardes une situation, tu dois te demander comment tu vas te sentir pendant les 10 prochaines minutes. Il y aura des moments, au cours des prochains jours, où vous vous sentirez horriblement mal. Mais comment vas-tu te sentir à l’égard de cette situation dans 10 mois? Je pense que la situation sera totalement différente dans 10 mois. Je crois que ça le sera aussi pour nos portefeuilles de placement.
Et comment vais-je me sentir dans 10 ans? Je pense que si vous m’aviez dit, pendant la crise de 2008, que je me serais senti aussi positif à l’égard des marchés financiers de 2018, je ne vous aurais pas cru. Donc, selon moi, dans 10 ans, le contexte sera très différent de celui d’aujourd’hui.
KIM PARLEE : Merci beaucoup, Brad, pour le temps que vous nous avez consacré. Je sais que vous êtes très occupé en ce moment. C’était Brad Simpson, stratège en chef, Gestion de patrimoine TD. Merci à vous tous d’être à l’écoute. Prenez soin de vous! [MUSIQUE]