
Anthony Okolie récapitule les faits saillants de la journée, notamment les dernières nouvelles sur la COVID-19, puis discute des répercussions de la Covid-19 sur le secteur de la diffusion en continu et des médias avec Andriy Yastreb, analyste, Télécommunications et médias à Gestion de Placements TD.
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[TRAME MUSICALE]
Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien Parlons Argent Covid-19 du jeudi 16 avril. Ici Anthony Okolie. Dans quelques minutes je m’entretiendrai avec Andriy Yastreb, analyste, Télécommunications et Médias, Gestion de Placements TD, à propos des répercussions de la COVID-19 sur le secteur des médias et de la diffusion en continu. Mais, d’abord, résumons les nouvelles du jour qui touchent les marchés.
[TRAME MUSICALE]
Plus de cinq millions d’Américains ont grossi les rangs des chômeurs la semaine dernière. Les pertes d’emplois atteignent 22 millions depuis l’éclosion de la COVID-19, effaçant les gains réalisés depuis la crise financière de 2008. Pour sa part, le président Trump devrait annoncer sa stratégie pour redémarrer l’économie américaine, estimant que le pays a franchi le pic de la pandémie. En Europe, l’Allemagne commencera à rouvrir son économie graduellement la semaine prochaine après un mois de confinement partiel. Par contre, les mesures de distanciation sociale, comme l’interdiction des rassemblements de plus de deux personnes, sont maintenues indéfiniment.
La COVID-19 frappe à nouveau le transport aérien. WestJet annonce la mise à pied de 1 700 pilotes. Pour sa part, United Airlines entend réduire ses vols de 90 % en mai et faire de même en juin. Le transporteur aérien souligne que la demande est presque tombée à zéro et ne montre aucun signe de redressement à court terme.
Finalement, Amazon compte soumettre régulièrement tous ses employés au dépistage de la COVID-19, y compris ceux qui ne manifestent pas de symptômes.
[TRAME MUSICALE]
Voilà qui résume les nouvelles du jour. Comme promis, je discute maintenant avec Andriy Yastreb des répercussions de la COVID-19 sur le secteur des médias et de la diffusion en continu.
[TRAME MUSICALE]
Andriy, le comportement des consommateurs a beaucoup changé depuis le confinement imposé par la COVID-19. Les entreprises ne peuvent pas toutes prospérer dans ce nouveau secteur, mais la diffusion en continu s’en tire très bien, semble-t-il. Pourquoi?
Bonjour, Anthony. Merci de me recevoir. La population veut se divertir, même durant le confinement. Comme les cinémas sont fermés et qu’il n’y a pas de sport en direct à la télé, la diffusion en continu est l’un des rares secteurs à bénéficier de ce contexte hors de l’ordinaire.
D’après les données publiées, le réseau de diffusion en continu de Comcast affiche une hausse de fréquentation d’environ 38 %. En Europe, selon certains rapports, dans des pays comme la Pologne par exemple, l’utilisation de Netflix a doublé depuis le début du confinement.
Dans le cas des médias traditionnels, quelle est l’incidence?
Dans l’ensemble, la consommation de la télé traditionnelle progresse aussi, mais s’écarte dans une certaine mesure des habitudes le jour, puisque les gens sont alors confinés à la maison. Ils regardent donc plus la télé en après-midi. La consommation durant cette période a augmenté de plus de 10 %. Mais, en soirée, les chiffres sont moins élevés. Et on continue d’observer une diminution. Ça s’explique surtout par l’absence de sport en direct à la télé actuellement.
Les nouvelles télévisées profitent aussi de la situation; la consommation est en hausse d’environ 50 %. Mais, il faut surtout noter que certains annonceurs – les grandes marques – craignent d’annoncer durant le téléjournal, comme les nouvelles sont particulièrement inquiétantes ces temps-ci en raison de la COVID-19 et des difficultés économiques qu’elle entraîne.
Pouvez-vous nous toucher un mot du marché de la publicité?
Oui. En général, durant une récession, la publicité est plus sensible à l’activité économique et les dépenses en publicité diminuent plus que le PIB. Il faut donc s’attendre à ce que les achats publicitaires au deuxième trimestre fléchissent davantage que le PIB. Mais, nous ne connaissons pas l’ampleur exacte des dommages à court terme. Par exemple, le voyage et l’hébergement représentaient environ 10 % du total des dépenses publicitaires avant la crise. À l’heure actuelle, le recul les a ramenées à près de zéro.
Si on ajoute d’autres secteurs qui sont touchés, comme la vente au détail, la restauration et bien d’autres entreprises, la diminution des dépenses publicitaires risque d’atteindre 30 % ou 40 %.
L’impact diffère-t-il entre la publicité télé et numérique?
Oui, c’est différent. À son avantage, dans l’immédiat, la télévision bénéficie de contrats publicitaires à long terme, au contraire du secteur numérique. À court terme, les grandes marques, comme Coca-Cola et McDonald's, continuent d’annoncer à la télé. Ça soutient l’écosystème télévisuel.
D’un autre côté, les plateformes numériques comme Google et Facebook, ont été particulièrement efficaces dans leurs annonces locales et ciblées. Elles profitent d’une plus grande exposition aux PME et aux entreprises à caractère familial, comme les bars et les restaurants. Nombre d’entre elles sont actuellement fermées. À court terme, la publicité numérique sera donc davantage affectée.
Néanmoins, je pense que la tendance à long terme marquée par le transfert de la part de marché vers le numérique au détriment de la télé va continuer. Ultérieurement, la transition va s’amorcer lorsque le secteur numérique reprendra de la vigueur. Mais, le secteur télévisuel pourrait être plus touché, comme il n’y a plus de sport en direct. Il est difficile de prédire quand la programmation reprendra.
Les Jeux olympiques ont été reportés. Ils devaient offrir une immense fenêtre publicitaire durant l’été. En plus, Hollywood a interrompu la production de tout contenu pour ainsi dire. Par conséquent, les émissions télé qui devaient s’amorcer à l’automne, en septembre, pour la saison complète n’ont pas encore été tournées et risquent de ne pas être prêtes à temps. Le secteur télévisuel pourrait manquer de contenu à présenter.
Vu toutes ces difficultés liées au contenu et à la publicité dans le secteur des médias, quelle est votre stratégie de placement?
Étant donné toute l’incertitude qui règne, les investisseurs devraient cibler les entreprises de premier ordre. J’entends par là des sociétés médiatiques capables de proposer un contenu de qualité, qui sont dotées d’une plateforme de distribution robuste et qui sont présentes dans le secteur de la diffusion en continu. Leurs marques doivent aussi être reconnues. Vu toute l’incertitude actuelle et la récession qui attend l’économie, il importe aussi d’avoir un solide bilan et d’importantes liquidités.
En résumé, je crois que cette crise offre l’occasion d’une décennie d’investir dans des entreprises de premier plan dont les actions se vendent au rabais.
Merci beaucoup, Andriy.
Je vous en prie, Anthony.
[TRAME MUSICALE]
Et, merci à vous d’avoir été des nôtres. Ici Anthony Okolie. Ne manquez pas notre prochain rendez-vous. Et protégez-vous bien.
[TRAME MUSICALE]
Bonjour et bienvenue au bulletin quotidien Parlons Argent Covid-19 du jeudi 16 avril. Ici Anthony Okolie. Dans quelques minutes je m’entretiendrai avec Andriy Yastreb, analyste, Télécommunications et Médias, Gestion de Placements TD, à propos des répercussions de la COVID-19 sur le secteur des médias et de la diffusion en continu. Mais, d’abord, résumons les nouvelles du jour qui touchent les marchés.
[TRAME MUSICALE]
Plus de cinq millions d’Américains ont grossi les rangs des chômeurs la semaine dernière. Les pertes d’emplois atteignent 22 millions depuis l’éclosion de la COVID-19, effaçant les gains réalisés depuis la crise financière de 2008. Pour sa part, le président Trump devrait annoncer sa stratégie pour redémarrer l’économie américaine, estimant que le pays a franchi le pic de la pandémie. En Europe, l’Allemagne commencera à rouvrir son économie graduellement la semaine prochaine après un mois de confinement partiel. Par contre, les mesures de distanciation sociale, comme l’interdiction des rassemblements de plus de deux personnes, sont maintenues indéfiniment.
La COVID-19 frappe à nouveau le transport aérien. WestJet annonce la mise à pied de 1 700 pilotes. Pour sa part, United Airlines entend réduire ses vols de 90 % en mai et faire de même en juin. Le transporteur aérien souligne que la demande est presque tombée à zéro et ne montre aucun signe de redressement à court terme.
Finalement, Amazon compte soumettre régulièrement tous ses employés au dépistage de la COVID-19, y compris ceux qui ne manifestent pas de symptômes.
[TRAME MUSICALE]
Voilà qui résume les nouvelles du jour. Comme promis, je discute maintenant avec Andriy Yastreb des répercussions de la COVID-19 sur le secteur des médias et de la diffusion en continu.
[TRAME MUSICALE]
Andriy, le comportement des consommateurs a beaucoup changé depuis le confinement imposé par la COVID-19. Les entreprises ne peuvent pas toutes prospérer dans ce nouveau secteur, mais la diffusion en continu s’en tire très bien, semble-t-il. Pourquoi?
Bonjour, Anthony. Merci de me recevoir. La population veut se divertir, même durant le confinement. Comme les cinémas sont fermés et qu’il n’y a pas de sport en direct à la télé, la diffusion en continu est l’un des rares secteurs à bénéficier de ce contexte hors de l’ordinaire.
D’après les données publiées, le réseau de diffusion en continu de Comcast affiche une hausse de fréquentation d’environ 38 %. En Europe, selon certains rapports, dans des pays comme la Pologne par exemple, l’utilisation de Netflix a doublé depuis le début du confinement.
Dans le cas des médias traditionnels, quelle est l’incidence?
Dans l’ensemble, la consommation de la télé traditionnelle progresse aussi, mais s’écarte dans une certaine mesure des habitudes le jour, puisque les gens sont alors confinés à la maison. Ils regardent donc plus la télé en après-midi. La consommation durant cette période a augmenté de plus de 10 %. Mais, en soirée, les chiffres sont moins élevés. Et on continue d’observer une diminution. Ça s’explique surtout par l’absence de sport en direct à la télé actuellement.
Les nouvelles télévisées profitent aussi de la situation; la consommation est en hausse d’environ 50 %. Mais, il faut surtout noter que certains annonceurs – les grandes marques – craignent d’annoncer durant le téléjournal, comme les nouvelles sont particulièrement inquiétantes ces temps-ci en raison de la COVID-19 et des difficultés économiques qu’elle entraîne.
Pouvez-vous nous toucher un mot du marché de la publicité?
Oui. En général, durant une récession, la publicité est plus sensible à l’activité économique et les dépenses en publicité diminuent plus que le PIB. Il faut donc s’attendre à ce que les achats publicitaires au deuxième trimestre fléchissent davantage que le PIB. Mais, nous ne connaissons pas l’ampleur exacte des dommages à court terme. Par exemple, le voyage et l’hébergement représentaient environ 10 % du total des dépenses publicitaires avant la crise. À l’heure actuelle, le recul les a ramenées à près de zéro.
Si on ajoute d’autres secteurs qui sont touchés, comme la vente au détail, la restauration et bien d’autres entreprises, la diminution des dépenses publicitaires risque d’atteindre 30 % ou 40 %.
L’impact diffère-t-il entre la publicité télé et numérique?
Oui, c’est différent. À son avantage, dans l’immédiat, la télévision bénéficie de contrats publicitaires à long terme, au contraire du secteur numérique. À court terme, les grandes marques, comme Coca-Cola et McDonald's, continuent d’annoncer à la télé. Ça soutient l’écosystème télévisuel.
D’un autre côté, les plateformes numériques comme Google et Facebook, ont été particulièrement efficaces dans leurs annonces locales et ciblées. Elles profitent d’une plus grande exposition aux PME et aux entreprises à caractère familial, comme les bars et les restaurants. Nombre d’entre elles sont actuellement fermées. À court terme, la publicité numérique sera donc davantage affectée.
Néanmoins, je pense que la tendance à long terme marquée par le transfert de la part de marché vers le numérique au détriment de la télé va continuer. Ultérieurement, la transition va s’amorcer lorsque le secteur numérique reprendra de la vigueur. Mais, le secteur télévisuel pourrait être plus touché, comme il n’y a plus de sport en direct. Il est difficile de prédire quand la programmation reprendra.
Les Jeux olympiques ont été reportés. Ils devaient offrir une immense fenêtre publicitaire durant l’été. En plus, Hollywood a interrompu la production de tout contenu pour ainsi dire. Par conséquent, les émissions télé qui devaient s’amorcer à l’automne, en septembre, pour la saison complète n’ont pas encore été tournées et risquent de ne pas être prêtes à temps. Le secteur télévisuel pourrait manquer de contenu à présenter.
Vu toutes ces difficultés liées au contenu et à la publicité dans le secteur des médias, quelle est votre stratégie de placement?
Étant donné toute l’incertitude qui règne, les investisseurs devraient cibler les entreprises de premier ordre. J’entends par là des sociétés médiatiques capables de proposer un contenu de qualité, qui sont dotées d’une plateforme de distribution robuste et qui sont présentes dans le secteur de la diffusion en continu. Leurs marques doivent aussi être reconnues. Vu toute l’incertitude actuelle et la récession qui attend l’économie, il importe aussi d’avoir un solide bilan et d’importantes liquidités.
En résumé, je crois que cette crise offre l’occasion d’une décennie d’investir dans des entreprises de premier plan dont les actions se vendent au rabais.
Merci beaucoup, Andriy.
Je vous en prie, Anthony.
[TRAME MUSICALE]
Et, merci à vous d’avoir été des nôtres. Ici Anthony Okolie. Ne manquez pas notre prochain rendez-vous. Et protégez-vous bien.
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