
En cette période de propagation du coronavirus, il est normal que vous vous demandiez quelles pourraient être les répercussions sur votre bien-être physique et vos placements. Kim Parlee en discute avec le Dr Vipan Nikore, médecin en chef, Groupe Banque TD, et Michael Craig, chef, Répartition des actifs, Gestion de Placements TD.
KIM PARLEE : Avant de parler des marchés, comme nous le disions, le Docteur Vipan Nicore, qui est en ligne avec nous, va faire le point sur la pandémie de COVID-19. Dr Nicore, pourriez-vous commencer par nous faire part des derniers développements?
VIPAN NICORE : Merci, Kim. Merci pour votre accueil. Je suis actuellement à l’hôpital. Je travaille aussi pour le Trillium Health Center, à Mississauga. Je vous parle en direct de l’hôpital pour vous fournir les plus récentes nouvelles.
Mais avant ça, je pense qu’il y a beaucoup d’information et de mythes qui circulent. Je voudrais donc vous donner des faits de base sur la situation liée au coronavirus. Nous voulons évidemment connaître son taux de mortalité, n’est-ce pas? Pour le moment, il se situerait entre 0,7 et 3,5. Bien entendu, seul l’avenir nous le dira.
Mais j’aime bien regarder les données de la Corée, parce que ce pays a testé intensivement sa population, et son taux de mortalité se chiffre aux alentours de 0,7 %. Mais, encore une fois, on en apprend toujours un peu plus chaque jour. Et c’est un taux sept fois plus élevé que celui de la grippe, qui se situe à 0,1 %. Celui du SRAS était à 10 %. Le SRMO, une autre importante maladie infectieuse, était à 35 %, et l’Ebola, à 70 %. Ça nous donne tout de même un ordre de grandeur.
Un autre facteur important à considérer est le degré d’infectiosité. On regarde dans quelle mesure le virus est infectieux et la COVID-19 l’est un peu plus que l’influenza standard, mais moins qu’une maladie comme la rougeole. Il y a aussi le taux de reproduction (R0) -- qui est à 15 dans le cas de la rougeole. Ne vous préoccupez pas des chiffres, mais pour la COVID-19, ce taux est d’environ 2, soit 1 sur 10. Cela dit, elle est plus infectieuse que la grippe courante.
Elle se transmet par les gouttelettes. Certains pensaient qu’elle était aérogène, comme la tuberculose. Il y a un peu de ça qui pourrait se produire. C’est pour cette raison que, dans les hôpitaux, on utilise des masques N95 pour réaliser certains actes, comme quand on installe un tube raccord ou qu’on intube des patients lors de procédures complexes. Mais sinon, on sait que, la plupart du temps, on peut utiliser des masques chirurgicaux de base. D’ailleurs, j’ai croisé aujourd’hui plusieurs personnes qui pourraient avoir contracté le virus et qui en portaient.
Les gens sont aussi souvent préoccupés par le mode de transmission d’une maladie. La COVID-19 se transmet -- on en apprend plus chaque jour grâce aux recherches-- habituellement lors d’un contact personnel à moins de 2 mètres ou de 6 pieds. La transmission par voie de surface est plutôt rare, mais on doit se rappeler que le virus demeure vivant sur les surfaces. D’autres coronavirus le sont restés de deux à dix jours. La COVID-19, elle, l’a peut-être été jusqu’à trois jours, selon la surface.
Du côté des symptômes, dans environ 81 % des cas, ils sont bénins. Quelque 5 % des personnes infectées présentent des symptômes sévères.
Et l’une des choses importantes à laquelle nous nous préparons c’est comment ça va se passer ici au Canada et en Amérique du Nord. Quand on regarde les chiffres, il y a environ 182 000 personnes atteintes. Vous en entendez parler aux nouvelles; je ne vais donc pas aller dans les détails. Mais l’important, c’est de voir, une fois que le virus s’est propagé hors Chine comment les différents pays ont réagi. Certains, comme la Corée, et même Sinpagour, ont très bien réagi. En Italie, le taux de mortalité tourne autour des 7 %. Ce sont de bons indicateurs de ce qui peut se passer. Et c’est pour ça qu’on adopte une stratégie complètement différente.
Initialement, on avait opté pour une stratégie de confinement, dans l’espoir d’empêcher le virus d’entrer au pays. Ce qu’on voit encore un peu avec la fermeture des frontières. Mais maintenant, on mise plutôt sur la distanciation sociale. En effet, si on réduit les contacts, on va aussi diminuer la propagation. Et peut-être que ça va la limiter dans notre pays -- Attention, je ne prends pas l’épidémie à la légère, parce que oui certaines personnes dans notre entourage seront touchées.
Il y aura malheureusement des décès au cours des mois à venir. Il s’agit de savoir combien. Plus notre système sera prêt-- vous avez sûrement entendu parler de l’aplanissement de la courbe. C’est le moindre que l’on puisse faire pour s’assurer d’être en mesure d’y faire face. Dans la région de Toronto, il y a actuellement trois personnes aux soins intensifs. Il y a donc des choses qu’on doit savoir et prendre au sérieux.
Pour terminer, je veux préciser qu’il n’y a aucun moyen précis de traiter la maladie. Certains traitements sont actuellement mis à l’essai. Et le Galidesivir est probablement le plus prometteur pour le moment, mais il y a encore du chemin à parcourir avant d’avoir des vaccins et un traitement.
KIM PARLEE : Dr Nicore, je sais que vous devez retourner vous occuper de vos patients, je vais donc vous poser une dernière question. Pour réduire les risques, comme vous l’avez dit, pour le moment, on essaie juste d’aplanir la courbe. En fonction de ce que vous avez dit plus tôt, selon vous, dans quelle mesure le système de santé est prêt? Parce que c’est l’une de nos plus grandes craintes quand on regarde les pays d’Europe, qui sont tout simplement dépassés.
VIPAN NICORE : Oui, je pense que tout le monde au pays prend ça très au sérieux, et c’est essentiel. Je peux vous dire que, à tous les hôpitaux avec lesquels j’interagis, à tous services de santé publique avec lesquels j’échange, etc., tout le monde essaie de planifier les moindres détails. Des systèmes de ventilation aux trousses de test, tout un chacun travaille sans relâche pour penser à tout. Comment va-t-on -- il y a tellement d’aspects --, donc comment va-t-on gérer les personnes en soins de longue durée? Enfin, on ne veut pas en transférer un grand nombre dans les hôpitaux pendant cette période, évidemment. Ce serait plus dangereux pour elles! Alors, qu’allons-nous faire? Il y a tellement de petits trucs auxquels il faut réfléchir. La bonne nouvelle, c’est que plusieurs personnes s’attaquent à ces choses-là. C’est donc un avantage...
Pas que ce soit une bonne chose en soi... qu’il y ait eu le SRAS. Ce que je veux dire, c’est que cette expérience nous a probablement aidé à mieux nous préparer. C’est pourquoi, quand ils ont été frappés par la pandémie de SRMO, ils étaient un peu mieux préparés.
KIM PARLEE : Dr Nicore, merci. Nous allons vous laisser retourner au travail. Bonne chance!
VIPAN NICORE : Bien sûr.
KIM PARLEE : Et merci pour tout ce que vous faites!
VIPAN NICORE : Merci pour votre accueil.
KIM PARLEE : Ce fut un plaisir. Parlons de nouveau avec Michael Craig-- directeur général et chef, Répartition des actifs à Gestion de Placements TD. Michael, vous et moi en avons déjà parlé auparavant. Ceci n’est pas une crise financière. Je dis aux gens que c’est plutôt une crise de santé publique. Mais peut-être que vous pourriez commencer par nous parler des répercussions que peut avoir une pandémie sur l’économie globale?
MICHAEL CRAIG : En gros c’est assez déconcertant de voir ce qui se passe et le contraste qu’il y avec ce à quoi on est habitués. J’étais dans le réseau souterrain de Toronto et c’était vide. C’était vraiment étrange. Ça arrive dans le temps des Fêtes, mais pas au beau milieu d’une semaine de travail. Ce que je veux dire, c’est qu’on assistera à l’arrêt des activités de nombreux secteurs dans le monde dans un avenir rapproché. Ça pourrait durer des semaines, voire quelques mois.
Dans le fond, on assiste à un arrêt complet. Et, je pense à juste titre, que c’est nécessaire pour ralentir la propagation et prévenir les répercussions à long terme. Cette mesure signifie toutefois que, à court terme, l’économie globale va être paralysée. De petites et moyennes entreprises vont fermer. Et il faudra seulement attendre que la tempête passe.
Les marchés ont certainement été volatils! Les effets se sont déjà pas mal fait sentir sur les marchés financiers. Mais je pense que c’est temporaire. Je crois que ça va durer quelques mois. Mais on ne réalise que maintenant la vitesse à laquelle les chutes se multiplient, au Canada et en Amérique du Nord.
Les chiffres commencent à s’améliorer dans d’autres régions. La Chine a été touchée quelques mois avant nous et on commence à voir leur économie reprendre vie. Ce n’est que passager. Mais en ce moment, on observe pratiquement un arrêt complet du commerce.
KIM PARLEE : On vit, comme je dirais, quelques jours sombres, mais le soleil se pointe le bout du nez, si on se fie aux activités qui reprennent en Chine. C’est un point réjouissant! Comment, selon vous, ça va se passer? On a vu les banques centrales sortir l’artillerie lourde pour mettre en place un filet monétaire, si on peut dire. Mais les yeux sont actuellement tournés vers les gouvernements.
MICHAEL CRAIG : Oui, en fait, on essaie un peu une nouvelle approche ici. Premièrement, c’est qu’on a besoin que la Banque centrale agisse. Deuxièmement, on a besoin que les gouvernements appuient l’économie lors de telles « périodes d’hibernation ». Troisièmement, on a besoin d’appuyer le système de la santé. Les banques centrales ont réagi rapidement-- en premier. C’est ce qu’elles font habituellement. On a vu des banques centrales du monde apporter de grands changements à leurs politiques; au cours du week-end, la Réserve fédérale a réduit ses taux d’intérêt jusqu’à zéro et annoncé divers programmes pour appuyer les marchés financiers. C’est bien, mais insuffisant. En gros, l’important c’est de savoir quelles politiques seront mises en place par les gouvernements.
Et on commence à peine à en avoir la preuve. Juste avant cet appel, on parlait d’une aide fiscale de 1,2 billion de dollars aux États-Unis, ce qui représente 6 % du PIB, c’est du jamais vu. C’est astronomique.
Et l’aide aux travailleurs déplacés et la remise de fonds aux entreprises temporairement fermées, des trucs comme ça, deviendront monnaie courante. Ici, ça passera entre autres par la réduction des temps d’attente pour l’assurance-emploi. Les mesures sont ciblées. Et ça ne-- Écoutez... Ce sera difficile, mais des mesures sont prises pour tempérer les choses.
KIM PARLEE : Pouvez-nous nous dire à quoi nous devrions nous attendre au cours des prochaines semaines et des prochains mois, selon vous? Et pouvez-vous nous parler un peu de la volatilité qui secoue actuellement les marchés? Je veux dire... C’est plutôt angoissant pour de nombreuses personnes.
MICHAEL CRAIG : Oui, la volatilité n’a rien de rassurant, mais elle va dans les deux sens. Certains jours, les marchés chutent de manière vertigineuse, et d’autres, ils récupèrent abruptement. Selon nous, ce qu’on veut voir ce sont des mesures destinées à aider les entreprises touchées. Je suis convaincu que ça se produira.
Et, ce que je pense qui se passera, c’est que si une politique --et le marché en sera le seul juge-- est émise et qu’elle manque son objectif, la réaction sera franche. Les décideurs politiques rectifieront alors le tir en la modifiant. Nous sommes tous -- vous savez, personne n’a vraiment d’expérience avec ce genre de situation, et surtout à une telle échelle. On doit donc s’attendre à ce que certaines politiques soient appropriées, que d’autres soient déraisonnables et que certaines autres soient insuffisantes. Mais on corrigera constamment le tir, au fur et à mesure qu’on apprendra.
Selon moi et selon mon équipe, on mise essentiellement sur des tactiques défensives en ce moment. Mais dans un avenir rapproché, on devrait se retrouver dans une position où les marchés se réapprécieront grandement, mais sur le plan de la valeur-- et au fil de cette pandémie. La valeur n’est pas aussi importante à court terme. Mais à long terme, on s’attend dans l’ensemble à l’ajout d’actifs qui vont nous offrir un rendement d’une très grande qualité au cours des prochaines années. On gère donc la grande volatilité à court terme, mais on regarde aussi les occasions qui s’offrent à nous dans le monde, comme des actions d’une très, mais très grande qualité qui se négocient à des prix vraiment réduits.
KIM PARLEE : J’ai parlé à de nombreuses personnes, dont vous, après des manchettes qui parlaient de marchés baissiers, et ce ne sont pas de gros titres qu’on aime lire. Mais une chose intéressante à propos de ça-- selon ce que j’ai appris en vous parlant, à vous ou à d’autres membres de votre équipe-- c’est que ça semble découler d’un événement et ne pas être comme la crise financière de 2008, où ça découlait plutôt-- d’un problème dans le système.
MICHAEL CRAIG : Tout à fait. C’est complètement différent de 2008. La crise de 2008 a été causée par une mauvaise affection des fonds dans le marché immobilier américain et un trop grand laxisme pour les banques. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Je pense que la situation actuelle se compare davantage à celle de 2001, pour être honnête, où les marchés ont chuté de manière inattendue. Je pense en fait que la situation actuelle est beaucoup plus grave parce qu’on l’observe dans plusieurs pays, pas seulement aux États-Unis. Mais les chocs boursiers ont tendance à être très violents, mais à ne pas durer longtemps.
C’est donc fascinant de voir, quand on se met à regarder, comment une industrie se remodèle dans de telles circonstances-- des entreprises du Royaume-Uni qui délaissent les moteurs d’avion pour faire des ventilateurs, et des fabricants de parfums qui revoient leur chaîne logistique pour faire du gel antibactérien. C’est vraiment captivant de voir les mesures prises par un secteur pour contribuer à la lutte contre une maladie dangereuse. Je pense que, plus tard cette année, ça va se rétablir. On commence déjà à voir des pointes d’infection commencer à s’estomper à certains endroits, comme en Corée du Sud et en Chine.
On va se retrouver avec un environnement grandement stimulé et de nombreuses demandes contenues. Après tout, si on reste tous à la maison à ne rien faire pendant les trois prochains mois... Dès qu’on aura le feu vert, on va tous vouloir sortir au restaurant et recommencer à vivre de nouveau. Et ça va causer une forte hausse de la demande sur le plan économique. La réaction des marchés boursiers devrait être très positive.
KIM PARLEE : C’est intéressant, car tout ça est lié au comportement humain et le réflexe de fuir ou de lutter s’installe. Et c’est très important, dans une telle situation, au moment de discuter avec votre planificateur financier, de garder ses propres objectifs en tête et de faire confiance aux personnes avec lesquelles vous collaborez, de croire qu’elles vont vous aider à les atteindre. Je sais que nous en avons déjà parlé.
MICHAEL CRAIG : Oui, je pense que les gens vont regarder ça un peu comme ils ont regardé 2009 ou 2002 et se dire, heureusement que j’ai investi à ce moment-là, car mes rendements à plus long terme promettent d’être spectaculaires. Je ne peux pas... Vous savez, je n’ai pas de boule de cristal pour dire à quoi ça ressemblera dans un ou deux mois; je m’attends à ce que la volatilité soit encore élevée, mais je sais aussi que ce c’est lors de périodes comme ça que les perspectives à plus long terme sont bonnes pour les investisseurs, sur le plan financier.
J’ai grandi dans une maison où on craignait toujours de manquer d’argent parce que mes parents ont subi certains coups durs. Et j’ai appris très jeune tout le stress qu’un manque d’argent peut causer. Honnêtement, ça m’a un peu préparé pour mon emploi actuel. Et je sais que de nombreuses personnes sont actuellement très stressées. Nous le sommes ici. Nous travaillons jour et nuit pour nous assurer d’obtenir de bons résultats pour les investisseurs. Et ça me réjouit de penser-- je veux dire... dans un an, de regarder en arrière et de voir tout le travail qu’on a fait pour les investisseurs, car je sais qu’ils seront dans une bonne position.
KIM PARLEE : Sur ce, j’aimerais redonner la parole à David. Merci beaucoup, Michael. David, vous aimeriez ajouter un mot pour conclure?
DAVID : Oui, je vais conclure en répétant ce que Michael a dit. Je pense qui si on regarde ça à long terme, si on s’est donné des objectifs financiers à plus long terme, que ce soit en tant que personne ou d’entreprise, la situation actuelle est évidemment préoccupante, mais c’est aussi une occasion. Merci à tous nos auditeurs et à tous nos clients de continuer de nous confier vos affaires. Planification financière et les expertes de la TD travaillent très étroitement ensemble dans votre intérêt.
J’aimerais aussi profiter de l’occasion pour rappeler aux clients qu’ils peuvent utiliser nos services par Internet BanqueNet pour faire leurs opérations en toute commodité. Nous avons aussi des applications mobiles. Les guichets automatiques continuent de fonctionner normalement. On veut donc juste s’assurer d’être là pour vous, pas juste pour vos besoins en placements, mais pour l’ensemble de vos besoins bancaires. Nos planificateurs financiers peuvent vous guider pour l’un ou l’autre de ces besoins; n’hésitez donc pas à communiquer avec eux. C’est votre personne-ressource principale à la TD. Et on veut juste que vous sachiez qu’on est là pour vous, en ce moment qui sera à la fois riche en émotions et éprouvant tant sur le plan des marchés que celui de la santé. On est donc heureux d’être là pour vous soutenir.
KIM PARLEE : Parfait, David, merci beaucoup. Merci beaucoup aussi à Michael et à Dr. Nicore. Merci à vous tous d’être à l’écoute; merci pour votre temps; merci pour votre clientèle. À très bientôt. Merci.
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