
La COP26, le sommet sur le climat en Écosse, a pris fin avec la signature du Pacte climatique de Glasgow. Kim Parlee et Priti Shokeen, chef, Recherche et engagement ESG, Gestion de Placements TD, discutent des engagements pris par les pays pour préparer le terrain à une limitation du réchauffement climatique.
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[MUSIQUE]
Priti , c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous. Merci beaucoup.
Peut-on commencer par parler des réactions à la COP26 dans l’ensemble? Atteindra-t-elle son objectif initial, soit de ralentir le réchauffement climatique mondial?
Merci, Kim, je suis heureuse d’être ici pour vous donner les dernières nouvelles. La réponse varie selon la personne à qui on pose la question. John Kerry est très positif, mais Greta, pas tellement. Il est clair que des progrès ont été réalisés depuis l’Accord de Paris et les engagements pris il y a cinq ans. En règle générale, je crois que les nations partagent un sentiment d’urgence, mais qui est ralenti par leur réalité économique.
Donc, certains des défis clés qui nous attendent sont essentiellement des progrès à réaliser à court terme pour que les nations respectent leurs engagements climatiques. Les scientifiques ne sont pas optimistes et prévoient un réchauffement de 1,7 à 2,8 degrés selon les mesures qui sont prises maintenant. Le président de la COP26 a d’ailleurs dit : « On a gardé vivant le scénario du 1,5 degré, mais son pouls est très faible. »
Selon l’Agence internationale de l’énergie, si tous les engagements sont respectés à temps, la Terre serait en voie de se réchauffer d’environ 1,8 degré Celsius, ce qui est en fait moins intéressant que la cible établie par l’Accord de Paris. La déclaration suscite donc des réactions mitigées jusqu’à présent. C’est toujours le cas. Les réactions sont toujours mitigées. On peut approfondir certaines choses qui sont ressorties pour mieux les comprendre. Je pense que des mesures contre la déforestation, le méthane et les subventions aux combustibles fossiles ont été décidées, donc il y a eu des mesures positives.
Oui, tout à fait. Il y a certainement beaucoup d’aspects positifs dont on peut parler. La plus grande victoire du début de la COP26 a certainement été celle sur le méthane. L’engagement mondial sur le méthane a été initié par les États-Unis. Il compte plus de 100 signataires, dont le Canada, les États-Unis, l’Union européenne et de grands émetteurs de méthane comme le Pakistan et le Nigeria. Les signataires se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30 % par rapport aux niveaux de 2020 d’ici 2030.
Il faut préciser que le méthane est un gaz à effet de serre plus puissant que le CO2, mais qui demeure dans l’atmosphère de 20 à 30 ans et non des centaines d’années comme le CO2. Cet engagement est donc perçu comme une occasion de réduire vite le réchauffement. Pour les subventions aux combustibles fossiles, environ 30 pays, dont le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont déclaré qu’ils n’accorderaient plus de soutien public direct au puissant secteur international des combustibles fossiles d’ici la fin de 2022.
Selon nous, une autre victoire touche la déforestation. Environ 130 pays, dont le Canada, la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni et, plus important encore, le Brésil se sont engagés à unir leurs efforts pour mettre fin aux pertes et dégradations forestières, et inverser celles-ci d’ici 2030. Il s’agit d’une mesure extrêmement importante parce que la déforestation a un effet majeur sur le climat. En effet, les arbres captent et stockent le CO2 mais, quand ils sont coupés, ils relâchent le carbone qu’ils avaient emmagasiné dans l’atmosphère.
On voit donc certainement des développements positifs. Une autre victoire que j’aimerais souligner rapidement touche le secteur des transports : 30 pays se sont engagés à rendre les véhicules zéro émission disponibles, accessibles, abordables et durables dans toutes les régions d’ici 2030 ou plus tôt. On parle aussi de couloirs de navigation verts, ce qui est également très encourageant.
La liste des positifs est longue et les choses bougent. Alors, c’est bien. Par contre, on a aussi vu des ratés. Certains ont mentionné le charbon et le fait qu’on a parlé de réduction progressive au lieu d’élimination progressive.
Oui, plusieurs ont été déçus que l’élimination progressive ait été atténuée pour devenir une réduction progressive. Avant la conférence, les organisateurs avaient indiqué qu’ils espéraient que a COP26 marquerait le début de la fin pour la génération du charbon à l’échelle mondiale. Mais l’Inde et la Chine ont certainement exercé des pressions, ce qui explique le changement de tournure.
Au final, cela signifie que les pays qui dépendent grandement du charbon dans leur mixte énergétique devront prendre des mesures pour réduire cette dépendance plutôt que de l’éliminer complètement. Un autre raté, je dirais, touchait l’agriculture puisqu’elle n’a pas reçu l’attention nécessaire en tant qu’un des secteurs émettant le plus de carbone.
Et je m’excuse, Priti. On va devoir vous réinviter et vous donner plus de temps une autre fois, il ne me reste que deux minutes pour aujourd’hui. Mais je veux prendre le temps d’aborder rapidement le plan de normalisation du marché mondial du carbone. C’est intéressant parce que ce que je comprends, c’est que le prix du carbone commence vraiment à monter en flèche.
Tout à fait. Il n’existe pas actuellement de règles mondiales normalisées gouvernant les échanges de crédits de carbone entre les pays et les entreprises. Les nouvelles règles établies pourraient éliminer l’option de double comptabilisation aussi. Donc, beaucoup de bonnes choses se dessinent pour le marché du carbone. De plus, 5 % des profits tirés de ces changements seront distribués à des fonds d’adaptation aux changements climatiques de pays en voie de développement. On est très enthousiastes par rapport à ce développement.
Oui, il nous reste 30 secondes, Priti. Et ce n’est pas juste de vous poser cette question, mais à quoi exactement le Canada s’est-il engagé lors de la COP26?
La plus grande cible du Canada, issue de l’Accord de Paris sur le climat, est de réduire de 40 à 45 % les émissions de gaz à effet de serre sous les niveaux de 2005 d’ici 2030.
À la COP26, le Canada a pris des engagements significatifs en matière de réduction du charbon et du financement des projets portant sur les combustibles fossiles. Il a aussi établi un plafond sur les émissions du secteur pétrolier et gazier, et s’est engagé à ce que ses nouvelles voitures et camionnettes soient zéro émission d’ici 2040. Maintenant, le défi sera de passer à l’action.
Ce sera tout un défi. Je suis certaine que de nombreuses personnes de part et d’autre parleront de manières d’appliquer ces mesures qui feront sens pour un grand nombre de Canadiens. Priti, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup. J’espère que vous vous joindrez à nous de nouveau.
Merci, Kim.
[MUSIQUE]
Priti , c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous. Merci beaucoup.
Peut-on commencer par parler des réactions à la COP26 dans l’ensemble? Atteindra-t-elle son objectif initial, soit de ralentir le réchauffement climatique mondial?
Merci, Kim, je suis heureuse d’être ici pour vous donner les dernières nouvelles. La réponse varie selon la personne à qui on pose la question. John Kerry est très positif, mais Greta, pas tellement. Il est clair que des progrès ont été réalisés depuis l’Accord de Paris et les engagements pris il y a cinq ans. En règle générale, je crois que les nations partagent un sentiment d’urgence, mais qui est ralenti par leur réalité économique.
Donc, certains des défis clés qui nous attendent sont essentiellement des progrès à réaliser à court terme pour que les nations respectent leurs engagements climatiques. Les scientifiques ne sont pas optimistes et prévoient un réchauffement de 1,7 à 2,8 degrés selon les mesures qui sont prises maintenant. Le président de la COP26 a d’ailleurs dit : « On a gardé vivant le scénario du 1,5 degré, mais son pouls est très faible. »
Selon l’Agence internationale de l’énergie, si tous les engagements sont respectés à temps, la Terre serait en voie de se réchauffer d’environ 1,8 degré Celsius, ce qui est en fait moins intéressant que la cible établie par l’Accord de Paris. La déclaration suscite donc des réactions mitigées jusqu’à présent. C’est toujours le cas. Les réactions sont toujours mitigées. On peut approfondir certaines choses qui sont ressorties pour mieux les comprendre. Je pense que des mesures contre la déforestation, le méthane et les subventions aux combustibles fossiles ont été décidées, donc il y a eu des mesures positives.
Oui, tout à fait. Il y a certainement beaucoup d’aspects positifs dont on peut parler. La plus grande victoire du début de la COP26 a certainement été celle sur le méthane. L’engagement mondial sur le méthane a été initié par les États-Unis. Il compte plus de 100 signataires, dont le Canada, les États-Unis, l’Union européenne et de grands émetteurs de méthane comme le Pakistan et le Nigeria. Les signataires se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30 % par rapport aux niveaux de 2020 d’ici 2030.
Il faut préciser que le méthane est un gaz à effet de serre plus puissant que le CO2, mais qui demeure dans l’atmosphère de 20 à 30 ans et non des centaines d’années comme le CO2. Cet engagement est donc perçu comme une occasion de réduire vite le réchauffement. Pour les subventions aux combustibles fossiles, environ 30 pays, dont le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont déclaré qu’ils n’accorderaient plus de soutien public direct au puissant secteur international des combustibles fossiles d’ici la fin de 2022.
Selon nous, une autre victoire touche la déforestation. Environ 130 pays, dont le Canada, la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni et, plus important encore, le Brésil se sont engagés à unir leurs efforts pour mettre fin aux pertes et dégradations forestières, et inverser celles-ci d’ici 2030. Il s’agit d’une mesure extrêmement importante parce que la déforestation a un effet majeur sur le climat. En effet, les arbres captent et stockent le CO2 mais, quand ils sont coupés, ils relâchent le carbone qu’ils avaient emmagasiné dans l’atmosphère.
On voit donc certainement des développements positifs. Une autre victoire que j’aimerais souligner rapidement touche le secteur des transports : 30 pays se sont engagés à rendre les véhicules zéro émission disponibles, accessibles, abordables et durables dans toutes les régions d’ici 2030 ou plus tôt. On parle aussi de couloirs de navigation verts, ce qui est également très encourageant.
La liste des positifs est longue et les choses bougent. Alors, c’est bien. Par contre, on a aussi vu des ratés. Certains ont mentionné le charbon et le fait qu’on a parlé de réduction progressive au lieu d’élimination progressive.
Oui, plusieurs ont été déçus que l’élimination progressive ait été atténuée pour devenir une réduction progressive. Avant la conférence, les organisateurs avaient indiqué qu’ils espéraient que a COP26 marquerait le début de la fin pour la génération du charbon à l’échelle mondiale. Mais l’Inde et la Chine ont certainement exercé des pressions, ce qui explique le changement de tournure.
Au final, cela signifie que les pays qui dépendent grandement du charbon dans leur mixte énergétique devront prendre des mesures pour réduire cette dépendance plutôt que de l’éliminer complètement. Un autre raté, je dirais, touchait l’agriculture puisqu’elle n’a pas reçu l’attention nécessaire en tant qu’un des secteurs émettant le plus de carbone.
Et je m’excuse, Priti. On va devoir vous réinviter et vous donner plus de temps une autre fois, il ne me reste que deux minutes pour aujourd’hui. Mais je veux prendre le temps d’aborder rapidement le plan de normalisation du marché mondial du carbone. C’est intéressant parce que ce que je comprends, c’est que le prix du carbone commence vraiment à monter en flèche.
Tout à fait. Il n’existe pas actuellement de règles mondiales normalisées gouvernant les échanges de crédits de carbone entre les pays et les entreprises. Les nouvelles règles établies pourraient éliminer l’option de double comptabilisation aussi. Donc, beaucoup de bonnes choses se dessinent pour le marché du carbone. De plus, 5 % des profits tirés de ces changements seront distribués à des fonds d’adaptation aux changements climatiques de pays en voie de développement. On est très enthousiastes par rapport à ce développement.
Oui, il nous reste 30 secondes, Priti. Et ce n’est pas juste de vous poser cette question, mais à quoi exactement le Canada s’est-il engagé lors de la COP26?
La plus grande cible du Canada, issue de l’Accord de Paris sur le climat, est de réduire de 40 à 45 % les émissions de gaz à effet de serre sous les niveaux de 2005 d’ici 2030.
À la COP26, le Canada a pris des engagements significatifs en matière de réduction du charbon et du financement des projets portant sur les combustibles fossiles. Il a aussi établi un plafond sur les émissions du secteur pétrolier et gazier, et s’est engagé à ce que ses nouvelles voitures et camionnettes soient zéro émission d’ici 2040. Maintenant, le défi sera de passer à l’action.
Ce sera tout un défi. Je suis certaine que de nombreuses personnes de part et d’autre parleront de manières d’appliquer ces mesures qui feront sens pour un grand nombre de Canadiens. Priti, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup. J’espère que vous vous joindrez à nous de nouveau.
Merci, Kim.
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