
Les taux des titres du Trésor américain demeurent faibles. Certains investisseurs se demandent s’il vaut la peine d’ajouter des obligations d’État à leur portefeuille. Kim Parlee et Greg Kocik, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, discutent de différentes stratégies de gestion des risques de placement.
Étant donné la faiblesse des taux obligataires, la grande question pour bien des gens est de savoir si les obligations devraient même faire partie de leur portefeuille actuellement. Mais si l’on souhaite en détenir, quel type d’obligations doit-on envisager?
Greg Kocik est gestionnaire de portefeuille et chef de l’équipe Titres à rendement élevé et Financement à effet de levier à Gestion de Placements TD. Je m’entretiens avec lui aujourd’hui. Greg, j’aimerais commencer par quelques chiffres que vous connaissez si bien. Les taux des obligations du Trésor américain à 1 an et à 10 ans sont respectivement de 0,1 % et de 0,7 %. Avec une inflation de 1 %, je crois, d’après mes calculs, que c’est un rendement négatif. Ont-elles seulement leur place dans un portefeuille actuellement?
Oui, et pour être honnête, cette situation dure depuis longtemps, mais peut-être pas à des taux aussi bas. L’écart entre l’inflation et les taux des obligations d’État n’était pas aussi important qu’il l’est maintenant, mais ça fait un certain temps que cette situation dure.
De toute évidence, les investisseurs se posent des questions, et les Européens et les Japonais s’en posent depuis des années. C’est maintenant à notre tour de nous interroger.
Je pense que les gens cherchent des solutions de rechange. Lorsqu’on investit dans des actions, on peut se tourner, par exemple, vers les biens immobiliers ou les produits de base. Mais lorsqu’on achète des titres du Trésor sûrs, des obligations d’État sûres, c’est vraiment difficile de trouver une solution de rechange à ce type de sécurité, parce qu’après tout, les obligations dans un portefeuille servent à stabiliser les rendements ajustés au risque à long terme. Comment peut-on s’y prendre avec d’autres types de titres?
Je pense qu’il y a des façons d’y arriver, mais il faut faire très attention à la façon dont on construit ces portefeuilles. Je pense notamment aux obligations de sociétés, que ce soit des obligations de qualité investissement ou même des obligations à rendement élevé, mais il faut se montrer très prudent en regroupant ces titres.
Eh bien, parlons un peu des titres de qualité investissement et des titres à rendement élevé. Quel est leur rendement? À quoi ressemblent-ils? À quoi ressemblent les taux cette année?
Eh bien, nous avons commencé l’année avec des niveaux assez serrés. Et, de toute évidence, pendant la crise, nous avons enregistré le repli le plus important et le plus rapide depuis 2009.
Donc après la reprise, qui est en grande partie attribuable à la Réserve fédérale et au fait que l’économie rebondit. Mais la reprise a été différente pour les obligations de qualité investissement et à rendement élevé. On prévoit donc que les obligations de qualité investissement vont produire un rendement positif total d’environ 8 % depuis le début de l’année, pas depuis mars, mais depuis le début de l’année. Ça comprend la baisse initiale. Et le rendement des obligations à rendement élevé est de 0 %.
Les obligations à rendement élevé se sont redressées après cette chute d’environ 22 %, ou 23 % en mars. Mais depuis le début de l’année, l’écart entre ces deux catégories d’actif est assez important. On parle d’environ 8 %.
Des chiffres intéressants. Et je sais, d’après ce que vous et moi nous sommes dit dans le passé, que la qualité est une chose à laquelle vous attachez beaucoup d’importance, et vous parlez aussi de risque. Mais je suis certaine... est-ce que les définitions de ces deux termes ont évolué au cours des derniers mois?
Exact. Et on commence à parler des obligations d’État, de la difficulté de remplacer une sécurité dans ce contexte sans renoncer au rendement ni augmenter le risque d’une manière qui n’est pas souhaitable. Mais vous pouvez démontrer la qualité d’un portefeuille si vous comprenez vraiment ce qu’est la qualité. Vous tenez compte de la qualité sous-jacente de l’actif, mais aussi du prix que vous payez pour cet actif.
Vous pourriez donc avoir le meilleur actif au monde, mais si vous le payez vraiment trop cher, ce n’est pas un placement de qualité, pas du tout. Sur une longue période, le rendement pourrait être nettement inférieur. Supposons que vous recherchez des actifs à risque élevé, comme des produits de base, des actions ou, dans mon cas, des obligations à rendement élevé. Comment peut-on être sûr que la combinaison d’une qualité acceptable... parce que dans le cas de titres à rendement élevé, un actif sous-jacent ne sera pas de grande qualité. Ça va être acceptable, mais ce n’est pas un titre AAA ou AA.
Par contre, vous l’achetez à un prix assez bas et, donc, si vous créez un portefeuille composé des bons titres, vous pouvez obtenir un rendement de placement de qualité sur une certaine période. Mais les titres sous-jacents peuvent être différents de vos obligations d’État sûres, évidemment. Leurs taux sont élevés. Ils vont être plus volatils d’un mois à l’autre.
Mais ce que je veux dire, c’est qu’après cette extraordinaire remontée des obligations d’État ou même des obligations de qualité investissement, le prix que vous payez pour la sécurité du côté des obligations commence à remettre en question les mérites globaux de cet investissement.
Encore une fois, si je vous comprends bien, c’est l’architecture, si vous voulez, la façon dont vous construisez et assemblez ces placements-là pour obtenir le résultat que vous visez. Évidemment, il y a la gestion active, et il y a ce qu’on fait actuellement dans ce contexte, qui, j’en suis sûre, représente un tout nouveau niveau de gestion active. Mais pourriez-vous me parler un peu des occasions que vous entrevoyez dans les secteurs? Qu’est-ce qui est intéressant en ce moment?
Je pense que c’est un excellent contexte pour les gestionnaires actifs, car nous avons des écarts de rendement assez importants entre les différents secteurs et les différents titres. L’écart entre les meilleurs secteurs et les pires secteurs des obligations à rendement élevé est d’environ 25 %. Et certains de ces titres-là sont assez évidents : les compagnies aériennes, l’énergie, les entreprises dans le domaine des voyages. La plupart des gens ne veulent pas y toucher, et je pense que je ne veux pas toucher à beaucoup de ces titres moi-même, sauf dans certaines situations, peut-être dans le secteur de l’énergie ou avec certains fournisseurs d’énergie.
Toute l’industrie du voyage, on ne sait pas trop ce qui va se passer. Ça pourrait être la meilleure occasion d’achat de tous les temps. Mais du côté des obligations, même dans le cas des obligations à rendement élevé, les risques sont asymétriques si vous achetez les mauvais titres. Vous pourriez faire face à des baisses importantes.
On évite donc les sociétés qui sont directement touchées par la situation liée à la COVID, mais on trouve des occasions dans des situations qui pourraient avoir souffert d’un lien avec la COVID, mais qui présentent vraiment des paramètres fondamentaux à long terme raisonnables. C’est donc un environnement propice à la sélection active, parce que vous pouvez trouver... l’univers de ces situations intéressantes est assez vaste, sauf que ce sont des titres moins importants. Ils ne font pas partie des 50 principaux titres des FNB, par exemple. Encore une fois, c’est une excellente occasion pour nous de profiter de certaines de ces situations intéressantes.
KIM PARLEE : Greg, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup d’avoir été des nôtres aujourd’hui.
Excellent. Merci.
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