
Une des façons d’évaluer la confiance des investisseurs est le ratio des options de vente par rapport aux options d’achat, qu’on peut considérer comme un indicateur du pessimisme et de l’optimisme. Anthony Okolie et Ben Gossack, gestionnaire de portefeuille, Gestion de Placements TD, discutent de la situation des marchés et de l’utilisation des stratégies d’options pour dynamiser les rendements et réduire les risques associés aux FNB.
L’indice S&P 500 a récupéré ses pertes et s’est stabilisé en cumul annuel. Cependant, avec la hausse des cas de COVID-19, l’intensification des tensions aux É.-U., et la venue des élections américaines, les débats sur l’orientation du marché abondent à l’heure actuelle. Ben, vous avez apporté un graphique qui examine la confiance des investisseurs. Pouvez-vous expliquer l’importance de ces graphiques, surtout dans le marché actuel?
Bonjour, Anthony. Je suis très heureux de vous voir. Oui, quand on y pense, la chute qu’a subi le marché en mars a été subite. La reprise a été très rapide et le marché a presque atteint un sommet sans précédent. L’une des façons dont nous aimons examiner le marché ou adopter une perspective autre consiste à déchiffrer la confiance des investisseurs. Il y a plusieurs façons d’évaluer la confiance des investisseurs.
Parfois, nous examinons les liquidités des fonds du marché monétaire. Nous examinons l’activité des initiés, c’est-à-dire les achats et les ventes d’actions par les gestionnaires.
Nous examinons divers sondages.
Et, comme nous avons connu une reprise extrême, ces indicateurs de confiance se situent eux-mêmes à des niveaux extrêmes. Nous avons la possibilité de tirer parti de ces situations.
Comment l’examen des options nous aide-t-il à comprendre la façon dont l’investisseur se sent ou ce qu’il pense?
Nous sommes très actifs sur le marché des options en ce qui concerne les FNB que je gère, soit le FNB à gestion active de dividendes bonifiés mondiaux TD et le nouveau FNB à gestion active de dividendes bonifiés américains TD. Quand on y pense, le marché des options nous donne une autre perspective. Lorsque les gens achètent des options de vente, en réalité, ils se procurent une assurance contre la baisse du prix des actifs. Lorsqu’ils achètent des options d’achat, ils essaient d’obtenir une exposition par effet de levier à la hausse du prix des actifs.
Ainsi, le ratio des options de vente par rapport aux options d’achat correspond à un terme employé dans le secteur : le ratio options de vente/options d’achat. Toutefois, « indicateur du pessimisme et de l’optimisme » serait un meilleur terme. Ce qui est vraiment intéressant, c’est que nous approchons de sommets records, et l’indice S&P 500 pointe en fait vers un optimisme extrême sur le marché, ce qui est assez surprenant.
Je tiens à faire une mise en garde importante. Le fait que nous prenons une mesure des tendances pessimistes et optimistes sur le marché des options ne signifie pas que nous possédons une boule de cristal indiquant avec exactitude l’orientation du marché à l’avenir.
Ben, comme vous l’avez mentionné, vous utilisez des options dans vos stratégies de FNB. Pouvez-vous nous expliquer ce graphique du ratio options de vente/options d’achat d’Apple? Expliquez-nous ce qu’il signifie.
Bien sûr. Au sommet du marché, il se produit un phénomène d’optimisme extrême. Toutefois, dans notre FNB, nous privilégions les titres individuels, car nous essayons de conclure ces contrats pour accroître le revenu que recevons sur nos dividendes. J’ai apporté un graphique qui montre le ratio options de vente/options d’achat pour Apple. Commençons par prendre un moment pour nous orienter.
Nous comparons les prix que les investisseurs paieront pour une protection après une perte de 10 % et pour une exposition par effet de levier à Apple au-delà d’un gain de 10 %. Si l’on observe notre graphique, on voit que sa moyenne est d’environ 1,35 %. Et si l’on réfléchit en termes de finance comportementale, les investisseurs sont prêts à payer pour se protéger contre les pertes. Les investisseurs ressentent davantage la douleur des pertes que les avantages des gains. Ces options de vente offrent donc une sorte de prime naturelle.
Je dirais donc que ce mouvement d’écart-type témoigne simplement de variations quotidiennes entre des hausses et des baisses et qu’il n’y a pas grand-chose à tirer de ces données. Par contre, quand des niveaux extrêmes sont atteints, comme en janvier et en mars derniers de même qu’aujourd’hui, c’est une excellente occasion pour nos FNB d’en tirer parti et d’obtenir un revenu bonifié.
D’accord. Maintenant que nous savons comment interpréter ce graphique, comment l’appliquez-vous à vos portefeuilles?
Revenons au mois de mars. Il y a eu un pessimisme extrême à cause de l’incertitude quant à la transmission du virus et à l’incidence des mesures de confinement sur la situation économique. Les actions ont plongé en mars, alors la ligne du graphique a bondi jusqu’au sommet.
Plus la ligne du graphique est élevée, plus le marché est pessimiste. On offrait donc des options de vente aux investisseurs qui voulaient se protéger contre le recul d’Apple et ne pas subir les conséquences de cette baisse. Avant la pandémie de COVID-19, notre programme de vente d’options de vente offrait un taux d’environ 15 %. Et donc, pendant les ventes massives de mars, nous avons observé des multiples de ce taux, ce qui signifie un revenu plus élevé pour nos porteurs de parts.
À l’inverse, c’est très intéressant aujourd’hui, car il y a eu un pessimisme extrême, alors que la ligne du graphique touche maintenant un creux. Nous observons un optimisme extrême du côté d’Apple, et ce, même si le titre d’Apple se négocie déjà près de son sommet historique. Encore une fois, nous avons offert cette protection aux investisseurs, mais nous offrons aussi une exposition par effet de levier aux investisseurs qui veulent investir davantage dans Apple.
Donc, concernant notre programme de vente d’options d’achat, encore une fois, avant la pandémie de COVID-19, il aurait offert un taux à un chiffre moyen. Aujourd’hui, nous obtenons des multiples de ce taux. Et, comme il y a beaucoup d’optimisme à l’égard d’Apple, nous sommes en mesure de nous protéger davantage. Donc, lorsque nous concluons ces contrats, nous allons vendre nos actions d’Apple à ces investisseurs. Nous pouvons fixer le prix à un niveau beaucoup plus élevé, ce qui revient à notre objectif, soit de gagner un revenu, mais aussi de faire profiter nos porteurs de parts d’un rendement du cours.
D’où vient l’intérêt pour Apple?
Si je le savais exactement, ce serait incroyable. Malheureusement, nous n’avons pas accès à ce niveau de détails. Cela dit, ce que nous avons observé durant les ventes massives et la reprise, ce sont le retour et la participation accrue des investisseurs particuliers. Le volume de négociation est un facteur qui en témoigne. En particulier, sur le marché des options, si vous y pensez, un contrat d’option représente environ 100 actions. Nous observons donc un fort volume d’activités dans la partie inférieure, du côté des contrats dont le prix est moins élevé.
Pour Apple, le montant notionnel d’un contrat est d’environ 37 000 $ US. À mon avis, il est assez abordable pour bien des investisseurs de négocier un contrat, mais quand il est question de 10 contrats, cela représente 370 000 $. Ce prix pousse donc les investisseurs moyens à s’éloigner du marché. Donc, les investisseurs sont nombreux à acheter un contrat, deux contrats, voire trois, ce que nous n’avions pas vu depuis de nombreuses années, soit depuis un bon moment.
Ben, merci beaucoup de vos commentaires sur cet indicateur de confiance.
Merci de m’avoir invité, Anthony.
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