À l’approche des élections aux États-Unis, les investisseurs se pencheront sur les résultats possibles et leur impact sur les marchés. Greg Bonnell de MoneyTalk en discute avec Kevin Hebner, stratège en placements mondiaux à TD Epoch.
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À l'approche de l'automne, l'élection présidentielle américaine sera au cœur des préoccupations des investisseurs, mais dans une course qui a déjà connu de nombreux rebondissements, comment les choses peuvent-elles se dérouler et qu'est-ce que cela pourrait signifier pour la politique et les marchés? Kevin Hebner, de TD Epoch, nous rejoint. Bonjour, Kevin.
Bonjour, Greg.
Alors, nous avons presque achevé la course officieuse de l'été, nous abordons l'automne, la course présidentielle américaine est au cœur des préoccupations. Que disent les sondages?
Nous étudions beaucoup les marchés des prédictions. Depuis le mois de juillet, les marchés des prédictions ont doublé la probabilité d'une victoire démocrate, de 27 % en juillet à environ 54 % aujourd'hui. Globalement toutefois, les marchés des prédictions annoncent des chances égales aux deux candidats, Trump et Harris.
Alors, vous avez plusieurs graphiques, mais voici la moyenne des sites de paris et l'évolution des chances que révèlent ceux-ci.
Oui. Les prédictions audacieuses pour les deux prochains mois, c'est difficile, parce qu'il y a eu beaucoup de changements depuis six semaines. Il faut faire preuve d'une sage prudence.
Une sage prudence, voilà pour les sites de paris. Nous allons vous en montrer quelques autres. Voici les sondages également. Ils ressemblent à l'évolution des sites de paris.
Les sondages donnent deux points d'avance à Harris sur Trump, ce qui peut paraître favorable, mais en définitive, l'élection américaine n'est pas basée sur le vote populaire mais sur le collège américain. En 2016, Hillary Clinton était en avance de 4 % à 6 % parce qu'il y a de grands États comme la Californie et l'État de New York qui vont voter pour le candidat démocrate à raison de 20 % à 30 %, donc il y a un écart considérable entre le vote populaire et ce qui compte pour le collège électoral. 2 %, c'est bien, c'est beaucoup mieux du point où se situaient les démocrates il y a un mois, mais ce n'est sans doute pas suffisant pour gagner en novembre.
Vous évoquez un événement important. 50 États, mais il y en a seulement un certain nombre qui comptent. Vous dites que 44 États ne comptent pas, il y a six États décisifs.
Oui. En 2016, il y avait onze États qui comptaient. En 2020, il y en avait peut-être huit. Cette fois, au maximum il y en aura sept, peut-être moins. Parmi ces sept, trois sont des États des Grands Lacs, le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie. Deux sont dans le sud-est, le Géorgie et la Caroline du Nord. Et deux du sud-ouest, l'Arizona et le Nevada. En définitive, le reste du pays, c'est-à-dire plus de 80 % de la population, plus de 80 % du PIB, à certains égards, ne compte pas. Ce n'est donc pas vraiment une élection nationale. Il s'agit de quelques États seulement. Par exemple, si vous songez au Wisconsin, Trump a remporté le Wisconsin en 2016 de 20 000 votes. Biden l'a remporté de 20 000 votes. C'est un très petit nombre de votes quand vous songez à une élection où 150 millions de personnes vont aller aux urnes. Cette fois-ci, il se pourrait très bien que tout se solde à la Pennsylvanie. C'est un État que les Canadiens connaissent bien, qui a une composition démographique très diversifiée. Je pense que... Voici donc un graphique des États décisifs depuis que le président Biden a décidé de retirer sa candidature et que Harris l'a remplacé. Donc, les barres rouges montrent l'avance de Trump dans chacun des sept États décisifs en juillet. Il était en avance dans tous les sept. Il y avait 75 % de chances que Trump gagne. Depuis lors, il y a une nouvelle candidate, Harris. Vous voyez les barres vertes, ce sont les sondages les plus récents dans les sept États décisifs. Il y a maintenant une incertitude. C'est une différence spectaculaire en 15 jours. Donc les prédictions audacieuses sont très hasardeuses. Le 5 novembre, nous allons tous regarder la télévision, regarder les votes du collège électoral, ce sera très serré. Avant que je ne fasse du journalisme économique, certains journalistes politiques chevronnés me disaient: le seul sondage qui compte, c'est celui du jour du scrutin. Voilà les États où Biden a pu inverser la tendance. Voilà des États que Trump a remportés en 2016 et Biden en 2020. Il s'agit de cinq des sept États décisifs. Un ou deux États du sud, comme la Géorgie et l'Arizona, et puis les trois États des Grands Lacs, le Wisconsin, la Pennsylvanie et le Michigan. Donc, ce sont les États qui sont susceptibles de changer d'avis. Les autres États, l'État de New York, la Californie ne vont pas changer d'avis. Il y en a au moins dix, dix États au milieu du pays où Trump a gagné par plus de 30 %. Lorsque les campagnes essaient de décider où consacrer leur temps et leur argent, 95 % va être consacré aux sept États décisifs et on va ignorer la Californie, l'État de New York. On va dépenser beaucoup d'argent, 95 % de l'argent, 95 % du temps, dans un petit nombre d'États. Dans une certaine mesure, c'est très différent d'un système parlementaire comme au Canada, le système du collège électoral. Il y a un petit nombre d'États, il se pourrait que quelque comtés dans certains États fassent la différence.
C'est un paysage incroyable. Merci pour cette analyse du contexte. Compte tenu de tout cela, on pense à la course à la présidence, on ne fait pas de prédictions, mais que dire du Congrès? C'est très important pour quiconque accède à la Maison-Blanche.
Oui. Pour la Maison-Blanche, nous pensions 75 % pour Trump, maintenant c'est 55 %. Mais encore une fois, c'est un chiffre qui va changer, et en particulier, le débat du 10 septembre sera très important pour cela. Pour le Sénat, nous avions 75 % de probabilités que les républicains conquièrent le Sénat. Nous maintenons ce pronostic. La Chambre, c'est 50-50, la Chambre des représentants. C'est pile ou face. Mais globalement, est-ce qu'un parti pourrait conquérir la Maison-Blanche et les deux chambres du Congrès? Parce que le Congrès tient les cordons de la bourse et prend l'initiative des projets de loi, c'est très important. Il y a une probabilité de 30 % que les républicains acquièrent les trois, la Maison-Blanche et les deux chambres, et une faible probabilité, 10 %, que ce soit les démocrates. Les marchés aimeraient un gouvernement divisé, car il n'y a pas de mesures qui doivent être abrogées plus tard, une approche plus délibérée des politiques, et à notre avis c'est 60 % de probabilités.
Que penser des politiques dans l'avenir? Parce que cela irrigue l'évolution des marchés.
On parle beaucoup de politique budgétaire. Personne ne parle d'austérité budgétaire. La candidate Harris, la vice-présidente, a beaucoup parlé de crédits d'impôt pour l'enfance. Ces crédits d'impôt sont payés par une augmentation des impôts sur les personnes aisées et sur les entreprises. Les marchés seraient très déçus par une augmentation des impôts sur les sociétés, mais cela ne se produirait que si les démocrates conquéraient la Maison-Blanche et les deux chambres. En ce qui concerne Trump, il veut réduire les impôts sur tout, sur les sociétés, sur les particuliers, sur les pourboires. Il soutient que si vous réduisez les impôts, cela va créer tellement de croissance que cela va être plus que rentabilisé. Je pense que personne à part l'ex-président Trump ne croit que c'est vrai. S'il pouvait conquérir la Maison-Blanche et les deux chambres du Congrès et mettait en œuvre ses propositions, cela alourdirait la dette américaine de cinq billions. Quoi qu'il en soit, les déficits vont continuer d'être un billion par an. Ce sont des chiffres énormes dans une économie qui est dynamique.
Parlons d'un autre secteur de l'économie qui retient l'attention aux États-Unis. Tout ce dont on parle au Canada, c'est le logement, depuis toujours, mais aux États-Unis, on commence à en parler davantage. Cela devient un dossier brûlant.
Depuis l'effondrement du logement en 2007, on a beaucoup parlé du logement, mais personne n'a vraiment agi. Puis, la semaine dernière, pendant la convention démocrate à Chicago, l'ex-président Obama a fait un excellent discours. La première mesure de politique qu'il a évoquée, c'était le logement. Ça a pris beaucoup de gens par surprise parce que les démocrates n'en ont pas vraiment parlé sur la scène nationale. L'une des raisons en est, comme le graphique que vous affichez montre, c'est l'abordabilité, l'abordabilité pour les primo-accédants à la propriété immobilière, et c'est une situation avec laquelle les Canadiens peuvent s'associer. L'abordabilité est plus basse que prévu. Il y a les prix des logements et l'augmentation des prêts hypothécaires, mais c'est la réduction du nombre de mises en chantier. Alors, voici les mises en chantier. J'ai ajusté pour tenir compte de la croissance démographique, mais le nombre de mises en chantier à l'heure actuelle est 50 % inférieur au niveau pré-2007, c'est-à-dire que les États-Unis manquent donc de deux à huit millions de logements pour la population. Deux à huit millions de logements, c'est énorme. C'est donc cela qui engendre la crise de l'abordabilité, et les groupes de réflexion que convoquent les démocrates comme les républicains citent le logement comme étant l'un des premiers problèmes qui préoccupent les gens.
Bonjour, Greg.
Alors, nous avons presque achevé la course officieuse de l'été, nous abordons l'automne, la course présidentielle américaine est au cœur des préoccupations. Que disent les sondages?
Nous étudions beaucoup les marchés des prédictions. Depuis le mois de juillet, les marchés des prédictions ont doublé la probabilité d'une victoire démocrate, de 27 % en juillet à environ 54 % aujourd'hui. Globalement toutefois, les marchés des prédictions annoncent des chances égales aux deux candidats, Trump et Harris.
Alors, vous avez plusieurs graphiques, mais voici la moyenne des sites de paris et l'évolution des chances que révèlent ceux-ci.
Oui. Les prédictions audacieuses pour les deux prochains mois, c'est difficile, parce qu'il y a eu beaucoup de changements depuis six semaines. Il faut faire preuve d'une sage prudence.
Une sage prudence, voilà pour les sites de paris. Nous allons vous en montrer quelques autres. Voici les sondages également. Ils ressemblent à l'évolution des sites de paris.
Les sondages donnent deux points d'avance à Harris sur Trump, ce qui peut paraître favorable, mais en définitive, l'élection américaine n'est pas basée sur le vote populaire mais sur le collège américain. En 2016, Hillary Clinton était en avance de 4 % à 6 % parce qu'il y a de grands États comme la Californie et l'État de New York qui vont voter pour le candidat démocrate à raison de 20 % à 30 %, donc il y a un écart considérable entre le vote populaire et ce qui compte pour le collège électoral. 2 %, c'est bien, c'est beaucoup mieux du point où se situaient les démocrates il y a un mois, mais ce n'est sans doute pas suffisant pour gagner en novembre.
Vous évoquez un événement important. 50 États, mais il y en a seulement un certain nombre qui comptent. Vous dites que 44 États ne comptent pas, il y a six États décisifs.
Oui. En 2016, il y avait onze États qui comptaient. En 2020, il y en avait peut-être huit. Cette fois, au maximum il y en aura sept, peut-être moins. Parmi ces sept, trois sont des États des Grands Lacs, le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie. Deux sont dans le sud-est, le Géorgie et la Caroline du Nord. Et deux du sud-ouest, l'Arizona et le Nevada. En définitive, le reste du pays, c'est-à-dire plus de 80 % de la population, plus de 80 % du PIB, à certains égards, ne compte pas. Ce n'est donc pas vraiment une élection nationale. Il s'agit de quelques États seulement. Par exemple, si vous songez au Wisconsin, Trump a remporté le Wisconsin en 2016 de 20 000 votes. Biden l'a remporté de 20 000 votes. C'est un très petit nombre de votes quand vous songez à une élection où 150 millions de personnes vont aller aux urnes. Cette fois-ci, il se pourrait très bien que tout se solde à la Pennsylvanie. C'est un État que les Canadiens connaissent bien, qui a une composition démographique très diversifiée. Je pense que... Voici donc un graphique des États décisifs depuis que le président Biden a décidé de retirer sa candidature et que Harris l'a remplacé. Donc, les barres rouges montrent l'avance de Trump dans chacun des sept États décisifs en juillet. Il était en avance dans tous les sept. Il y avait 75 % de chances que Trump gagne. Depuis lors, il y a une nouvelle candidate, Harris. Vous voyez les barres vertes, ce sont les sondages les plus récents dans les sept États décisifs. Il y a maintenant une incertitude. C'est une différence spectaculaire en 15 jours. Donc les prédictions audacieuses sont très hasardeuses. Le 5 novembre, nous allons tous regarder la télévision, regarder les votes du collège électoral, ce sera très serré. Avant que je ne fasse du journalisme économique, certains journalistes politiques chevronnés me disaient: le seul sondage qui compte, c'est celui du jour du scrutin. Voilà les États où Biden a pu inverser la tendance. Voilà des États que Trump a remportés en 2016 et Biden en 2020. Il s'agit de cinq des sept États décisifs. Un ou deux États du sud, comme la Géorgie et l'Arizona, et puis les trois États des Grands Lacs, le Wisconsin, la Pennsylvanie et le Michigan. Donc, ce sont les États qui sont susceptibles de changer d'avis. Les autres États, l'État de New York, la Californie ne vont pas changer d'avis. Il y en a au moins dix, dix États au milieu du pays où Trump a gagné par plus de 30 %. Lorsque les campagnes essaient de décider où consacrer leur temps et leur argent, 95 % va être consacré aux sept États décisifs et on va ignorer la Californie, l'État de New York. On va dépenser beaucoup d'argent, 95 % de l'argent, 95 % du temps, dans un petit nombre d'États. Dans une certaine mesure, c'est très différent d'un système parlementaire comme au Canada, le système du collège électoral. Il y a un petit nombre d'États, il se pourrait que quelque comtés dans certains États fassent la différence.
C'est un paysage incroyable. Merci pour cette analyse du contexte. Compte tenu de tout cela, on pense à la course à la présidence, on ne fait pas de prédictions, mais que dire du Congrès? C'est très important pour quiconque accède à la Maison-Blanche.
Oui. Pour la Maison-Blanche, nous pensions 75 % pour Trump, maintenant c'est 55 %. Mais encore une fois, c'est un chiffre qui va changer, et en particulier, le débat du 10 septembre sera très important pour cela. Pour le Sénat, nous avions 75 % de probabilités que les républicains conquièrent le Sénat. Nous maintenons ce pronostic. La Chambre, c'est 50-50, la Chambre des représentants. C'est pile ou face. Mais globalement, est-ce qu'un parti pourrait conquérir la Maison-Blanche et les deux chambres du Congrès? Parce que le Congrès tient les cordons de la bourse et prend l'initiative des projets de loi, c'est très important. Il y a une probabilité de 30 % que les républicains acquièrent les trois, la Maison-Blanche et les deux chambres, et une faible probabilité, 10 %, que ce soit les démocrates. Les marchés aimeraient un gouvernement divisé, car il n'y a pas de mesures qui doivent être abrogées plus tard, une approche plus délibérée des politiques, et à notre avis c'est 60 % de probabilités.
Que penser des politiques dans l'avenir? Parce que cela irrigue l'évolution des marchés.
On parle beaucoup de politique budgétaire. Personne ne parle d'austérité budgétaire. La candidate Harris, la vice-présidente, a beaucoup parlé de crédits d'impôt pour l'enfance. Ces crédits d'impôt sont payés par une augmentation des impôts sur les personnes aisées et sur les entreprises. Les marchés seraient très déçus par une augmentation des impôts sur les sociétés, mais cela ne se produirait que si les démocrates conquéraient la Maison-Blanche et les deux chambres. En ce qui concerne Trump, il veut réduire les impôts sur tout, sur les sociétés, sur les particuliers, sur les pourboires. Il soutient que si vous réduisez les impôts, cela va créer tellement de croissance que cela va être plus que rentabilisé. Je pense que personne à part l'ex-président Trump ne croit que c'est vrai. S'il pouvait conquérir la Maison-Blanche et les deux chambres du Congrès et mettait en œuvre ses propositions, cela alourdirait la dette américaine de cinq billions. Quoi qu'il en soit, les déficits vont continuer d'être un billion par an. Ce sont des chiffres énormes dans une économie qui est dynamique.
Parlons d'un autre secteur de l'économie qui retient l'attention aux États-Unis. Tout ce dont on parle au Canada, c'est le logement, depuis toujours, mais aux États-Unis, on commence à en parler davantage. Cela devient un dossier brûlant.
Depuis l'effondrement du logement en 2007, on a beaucoup parlé du logement, mais personne n'a vraiment agi. Puis, la semaine dernière, pendant la convention démocrate à Chicago, l'ex-président Obama a fait un excellent discours. La première mesure de politique qu'il a évoquée, c'était le logement. Ça a pris beaucoup de gens par surprise parce que les démocrates n'en ont pas vraiment parlé sur la scène nationale. L'une des raisons en est, comme le graphique que vous affichez montre, c'est l'abordabilité, l'abordabilité pour les primo-accédants à la propriété immobilière, et c'est une situation avec laquelle les Canadiens peuvent s'associer. L'abordabilité est plus basse que prévu. Il y a les prix des logements et l'augmentation des prêts hypothécaires, mais c'est la réduction du nombre de mises en chantier. Alors, voici les mises en chantier. J'ai ajusté pour tenir compte de la croissance démographique, mais le nombre de mises en chantier à l'heure actuelle est 50 % inférieur au niveau pré-2007, c'est-à-dire que les États-Unis manquent donc de deux à huit millions de logements pour la population. Deux à huit millions de logements, c'est énorme. C'est donc cela qui engendre la crise de l'abordabilité, et les groupes de réflexion que convoquent les démocrates comme les républicains citent le logement comme étant l'un des premiers problèmes qui préoccupent les gens.