
Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a témoigné devant le Congrès que la Fed continuera de soutenir l’économie aussi longtemps qu’il le faudra. Kim Parlee et Scott Colbourne, directeur général, Gestion de Placements TD, discutent de l’inflation et des occasions pour les titres à revenu fixe.
Le président de la Réserve fédérale américaine, M. Powell, a témoigné devant le Congrès cette semaine. Et, entre autres, il a également déclaré que « Bien que les retombées économiques aient été réelles et généralisées, le pire a été évité par une intervention rapide et vigoureuse du Congrès et de la Réserve fédérale... [et la Fed] continuera de fournir à l’économie le soutien dont elle a besoin aussi longtemps qu’il le faudra. »
Scott Colbourne se joint à nous pour expliquer ce que cela signifie et ses perspectives en matière d’inflation. Il est directeur général à Gestion de Placements TD. Scott, c’est toujours un plaisir de vous recevoir.
Pourrions-nous commencer par... Nous avons entendu le président de la Fed la semaine dernière, évidemment, au sujet de la décision concernant les taux. Cette semaine, avez-vous entendu quelque chose de différent de ce que nous avons entendu la semaine dernière? Ou est-ce que ce qu’il a dit renforce le même message?
Oui, ça renforce le même message. La Fed est très optimiste et encouragée par les perspectives de croissance économique et de reprise de l’emploi. Mais le président a renforcé le message que la reprise est loin d’être terminée et que la Fed va soutenir fortement cette reprise. C’est donc la suite d’un message très conciliant que nous avons entendu la semaine dernière.
Qu’en est-il de l’inflation? Il a déjà dit que, dans le meilleur des cas, l’effet sur l’inflation ne serait ni particulièrement important ou persistant. Et puis nous savons, bien sûr, que les gens surveillent les prix des produits de base. Nous savons ce qui se passe de ce côté-là, à l’exception des opérations des deux derniers jours sur les marchés boursiers. Que constatez-vous? Est-ce que cela porte à confusion pour les marchés obligataires?
Eh bien, c’est une excellente question. C’est le nœud du problème pour les marchés obligataires en ce moment. La Fed a donc revu à la hausse ses prévisions de croissance. Nous parlons donc d’une croissance de 6,5 % à 7,5 % aux États-Unis cette année, plus l’inflation.
C’est donc une excellente croissance nominale. La Fed a aussi revu à la hausse ses prévisions d’inflation. Mais en même temps, elle est très réticente à tracer la voie vers une hausse des taux.
Par contre, les marchés obligataires ont un peu poussé la Fed de ce côté-là, n’est-ce pas?
Ils ont donc prévu des hausses de taux au début de 2023, avant que la Fed ne reconnaisse qu’elle pourrait le faire. Il y a donc cette tension entre les perspectives optimistes de croissance, de reprise après la pandémie, de reprise de l’emploi et de reprise de l’inflation.
Pourtant, je crois que les marchés obligataires perçoivent cela comme une sorte de contradiction ou de contestation de la politique de la Fed. Cette situation finira donc par être réglée. Mais pour l’instant, le message d’aujourd’hui et celui de la semaine dernière, par rapport à la décision sur les taux, c’est : écoutez, on doit faire preuve de patience. Et les marchés obligataires vont devoir composer avec cette patience.
Jerome Powell s’est laissé une certaine latitude quant à ce qu’il dit par rapport à un régime de ciblage de l’inflation moyenne. En moyenne, les choses peuvent s’emballer et prendre un certain temps avant de revenir à la normale. Alors qu’en est-il de ça? Comment savoir ce que la Fed va faire?
Eh bien, l’inflation devrait augmenter au deuxième trimestre de cette année : 3 % aux États-Unis, et 2,5 % au Canada. La Fed a mis en place ce nouveau cadre de politique selon lequel le personnel de la Fed établit une cible d’inflation moyenne.
En gros, ce qu’elle dit, c’est : écoutez, pendant plus d’une vingtaine d’années, l’inflation a été inférieure à la cible. Aux États-Unis, le taux de base est de 2 %. Au cours du cycle, nous allons le laisser monter un peu plus. Et il y a beaucoup d’incertitude dans cette politique, car elle est nouvelle.
C’est nouveau, comme je l’ai dit, l’automne dernier. Et nous devons déterminer quelle sera la réaction de la Fed. Pendant combien de temps sera-t-elle prête à laisser l’inflation dépasser 2 %? Pendant un an? À 2,5 %? 3 %? C’est vraiment là la question.
Mais, au bout du compte, comme vous l’avez souligné, le président de la Fed, dans son commentaire d’aujourd’hui, ne croit pas que cette flambée de l’inflation soit due au choc de la pandémie, au choc de l’offre de produits de base. Cette reprise en forme de V va durer et va créer une inflation durable.
Il y a une tension entre une hausse cyclique de l’inflation et une inflation persistante. Encore une fois, c’est la tension sur les marchés des actifs. Alors, qu’en est-il de cette divergence?
Scott, il nous reste à peine 15 secondes. Et ce n’est pas suffisant pour la question que je m’apprête à vous poser. Mais quelles sont les occasions, les menaces pour les marchés obligataires?
Écoutez, en tant que gestionnaire d’obligations, je suis heureux de perdre de l’argent cette année. C’est une bonne nouvelle. Nous avons fait notre travail l’an dernier. Nous jouons défensif. Il faut préserver le capital et rechercher des occasions sélectives dans le cadre de la révision des taux.
Mais je lève mon chapeau à mes collègues du côté des actions et des produits de base, parce que c’est vraiment avec ces titres-là que votre portefeuille fera de l’argent cette année. Ce n’est qu’une question de défense et de titres à revenu fixe cette année.
Scott, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup.
Ça m’a fait plaisir. Merci encore.
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