
Les problèmes d’endettement croissants du géant chinois de l’immobilier ont suscité des craintes quant aux conséquences de son potentiel effondrement sur l’économie de la Chine. Anthony Okolie et Haining Zha, vice-président et directeur, Gestion de Placements TD, discutent des répercussions possibles sur les marchés mondiaux
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[MUSIQUE]
Un repli mondial se produit aujourd’hui sur les marchés financiers. Pour discuter de ses causes, je reçois aujourd’hui Haining Zha. Il est vice-président et directeur à Gestion de Placements TD. Haining, que se passe-t-il du côté d’Evergrande?
Eh bien, pour vous donner un peu de contexte, Evergrande est un des plus grands promoteurs immobiliers de la Chine, et il est très endetté. Si on se fie à de récents états financiers, son ratio actifs-passifs dépasse les 80 %. Et depuis août, l’entreprise a fait l’objet d’une série de manchettes négatives, ce qui lui a porté des coups durs et a progressivement asséché ses réserves de liquidités. Donc, c’est ce qui est à l’origine du repli mondial.
Et quelle est la source de la crise chez Evergrande?
Certains disent qu’elle est attribuable à un endettement excessif de l’entreprise, mais ce sont plutôt les mesures répressives du gouvernement chinois dans le secteur immobilier qui en sont responsables. Donc, si vous regardez l’expansion du crédit depuis le début de l’année, le flux de crédit global était très stable, mais le flux de crédit du secteur immobilier faisait l’objet d’un contrôle serré, et c’est en partie ce qui a provoqué le repli.
Les investisseurs se demandent : le gouvernement chinois pourrait-il laisser Evergrande s’effondrer?
Eh bien, je ne crois pas, parce que le gouvernement chinois a toujours clairement affirmé qu’il s’opposerait à tout risque systémique. Par contre, on ne s’attend pas à ce que le gouvernement chinois se porte directement au secours d’Evergrande parce que cela créerait un énorme risque moral. Le scénario le plus probable est que le gouvernement continuera de forcer l’entreprise à disposer de ses actifs, et celle-ci remontera la pente avec le temps.
Le mois dernier, les ventes du commerce de détail étaient faibles en Chine. Il en allait de même pour la production industrielle en août. Quelles seront les répercussions de cette nouvelle crise sur l’économie chinoise?
Oui. Elle pourrait créer encore plus de volatilité. Bien sûr, tout dépend de ce que le gouvernement fera pour la gérer. Une mauvaise gestion pourrait entraîner une forte pression économique à plus long terme. Mais, d’ici là, on ne s’attend pas à ce que le gouvernement, la banque centrale, change beaucoup sa politique monétaire parce que l’octroi de crédit d’Evergrande est essentiellement moins efficace parce que le flux de crédit du secteur immobilier fait l’objet d’un contrôle très serré.
Mais au bout du compte, vu les données macroéconomiques peu encourageantes et les mesures réglementaires adoptées dans plusieurs autres industries, dont l’industrie technologique, je crois que vers la fin de l’année et en 2022, la Banque populaire de Chine, donc la banque centrale du gouvernement chinois, pourrait adopter une approche encore plus conciliante. Et une réduction du ratio des réserves obligatoires ou du taux préférentiel des prêts est probable.
Croyez-vous qu’il y ait un grand risque de contagion à d’autres marchés ou économies?
Bon. La contagion pourrait s’étendre de trois façons. Premièrement, si vous êtes une institution et détenez des titres de créance étrangers d’Evergrande en dollars américains, bien sûr, il faut s’attendre à beaucoup de volatilité à un certain point. Deuxièmement, une situation mal gérée par le gouvernement entraînerait de la volatilité dans l’économie chinoise, qui est la deuxième économie mondiale, et il y aura donc des répercussions à l’international. Troisièmement, la confiance des investisseurs pourra avoir un effet. Actuellement, l’évaluation de nombreux actifs à risque est plutôt élevée, et on croit donc qu’ils sont très susceptibles d’accuser un recul.
Et comme les marchés sont à la baisse, la volatilité est au premier plan à l’esprit des investisseurs. Vous attendez-vous à une volatilité accrue d’ici la fin de l’année?
Oui. Dans l’avenir immédiat, oui. Il est possible que la situation d’Evergrande ait une influence. Mais les banques centrales mondiales ont encore en place beaucoup de mesures de relance. Donc, si elles perçoivent que le risque de baisse n’est plus gérable, elles pourraient maintenir leur politique monétaire pour aider l’économie.
Haining, merci beaucoup pour ces explications.
Bienvenue.
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Un repli mondial se produit aujourd’hui sur les marchés financiers. Pour discuter de ses causes, je reçois aujourd’hui Haining Zha. Il est vice-président et directeur à Gestion de Placements TD. Haining, que se passe-t-il du côté d’Evergrande?
Eh bien, pour vous donner un peu de contexte, Evergrande est un des plus grands promoteurs immobiliers de la Chine, et il est très endetté. Si on se fie à de récents états financiers, son ratio actifs-passifs dépasse les 80 %. Et depuis août, l’entreprise a fait l’objet d’une série de manchettes négatives, ce qui lui a porté des coups durs et a progressivement asséché ses réserves de liquidités. Donc, c’est ce qui est à l’origine du repli mondial.
Et quelle est la source de la crise chez Evergrande?
Certains disent qu’elle est attribuable à un endettement excessif de l’entreprise, mais ce sont plutôt les mesures répressives du gouvernement chinois dans le secteur immobilier qui en sont responsables. Donc, si vous regardez l’expansion du crédit depuis le début de l’année, le flux de crédit global était très stable, mais le flux de crédit du secteur immobilier faisait l’objet d’un contrôle serré, et c’est en partie ce qui a provoqué le repli.
Les investisseurs se demandent : le gouvernement chinois pourrait-il laisser Evergrande s’effondrer?
Eh bien, je ne crois pas, parce que le gouvernement chinois a toujours clairement affirmé qu’il s’opposerait à tout risque systémique. Par contre, on ne s’attend pas à ce que le gouvernement chinois se porte directement au secours d’Evergrande parce que cela créerait un énorme risque moral. Le scénario le plus probable est que le gouvernement continuera de forcer l’entreprise à disposer de ses actifs, et celle-ci remontera la pente avec le temps.
Le mois dernier, les ventes du commerce de détail étaient faibles en Chine. Il en allait de même pour la production industrielle en août. Quelles seront les répercussions de cette nouvelle crise sur l’économie chinoise?
Oui. Elle pourrait créer encore plus de volatilité. Bien sûr, tout dépend de ce que le gouvernement fera pour la gérer. Une mauvaise gestion pourrait entraîner une forte pression économique à plus long terme. Mais, d’ici là, on ne s’attend pas à ce que le gouvernement, la banque centrale, change beaucoup sa politique monétaire parce que l’octroi de crédit d’Evergrande est essentiellement moins efficace parce que le flux de crédit du secteur immobilier fait l’objet d’un contrôle très serré.
Mais au bout du compte, vu les données macroéconomiques peu encourageantes et les mesures réglementaires adoptées dans plusieurs autres industries, dont l’industrie technologique, je crois que vers la fin de l’année et en 2022, la Banque populaire de Chine, donc la banque centrale du gouvernement chinois, pourrait adopter une approche encore plus conciliante. Et une réduction du ratio des réserves obligatoires ou du taux préférentiel des prêts est probable.
Croyez-vous qu’il y ait un grand risque de contagion à d’autres marchés ou économies?
Bon. La contagion pourrait s’étendre de trois façons. Premièrement, si vous êtes une institution et détenez des titres de créance étrangers d’Evergrande en dollars américains, bien sûr, il faut s’attendre à beaucoup de volatilité à un certain point. Deuxièmement, une situation mal gérée par le gouvernement entraînerait de la volatilité dans l’économie chinoise, qui est la deuxième économie mondiale, et il y aura donc des répercussions à l’international. Troisièmement, la confiance des investisseurs pourra avoir un effet. Actuellement, l’évaluation de nombreux actifs à risque est plutôt élevée, et on croit donc qu’ils sont très susceptibles d’accuser un recul.
Et comme les marchés sont à la baisse, la volatilité est au premier plan à l’esprit des investisseurs. Vous attendez-vous à une volatilité accrue d’ici la fin de l’année?
Oui. Dans l’avenir immédiat, oui. Il est possible que la situation d’Evergrande ait une influence. Mais les banques centrales mondiales ont encore en place beaucoup de mesures de relance. Donc, si elles perçoivent que le risque de baisse n’est plus gérable, elles pourraient maintenir leur politique monétaire pour aider l’économie.
Haining, merci beaucoup pour ces explications.
Bienvenue.
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