
La Réserve fédérale américaine s’éloigne d’un taux cible d’inflation de 2 % et adopte une politique de ciblage de l’inflation moyenne, un changement de politique important. Kim Parlee et Scott Colbourne, directeur général, Titres à revenu fixe mondiaux à gestion active, Gestion de Placements TD, discutent des répercussions pour les marchés.
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Il s’est passé beaucoup de choses sur les marchés. Plus précisément, la Réserve fédérale a décidé de changer sa politique de gestion de l’inflation. C’est une nouvelle importante. Nous accueillons Scott Colbourne, directeur général de Titres à revenu fixe mondiaux à gestion active à Gestion de Placements TD.
Scott, ravie de vous voir. Pouvez-vous revenir sur les événements et nous expliquer l’importance de cette décision? La Fed a déclaré qu’au lieu de fixer une cible en fonction d’un calendrier déterminé, elle va adopter une approche plus souple concernant l’inflation. En quoi est-ce important pour les marchés?
Bonjour Kim. Oui, c’est très important. Il y a environ un an et demi, la Fed a entrepris de revoir sa stratégie, ses communications et ses outils. Ce qu’elle a annoncé la semaine dernière à Jackson Hole, c’est un nouveau cadre. Et pour résumer, il s’agit maintenant de cibler un taux d’inflation moyen.
En réalité, quand on regarde l’inflation, ça fait longtemps que la Fed ne parvient pas à garder l’inflation sous la cible des 2 %. Et donc en gros, la Fed dit maintenant qu’elle va tolérer une hausse de l’inflation. Au fond, qu’est-ce que ça signifie pour les investisseurs? Ça veut dire que les taux d’intérêt à court terme vont rester très faibles pendant longtemps. La Fed va donc se montrer fortement expansionniste ces prochaines années. En ce moment, les graphiques à points vont jusqu’en 2022. On peut s’attendre à ce que pendant quatre ou cinq ans, les taux d’intérêt à court terme restent extrêmement bas, voire inchangés.
Je pense que beaucoup de gens sont dans l’attente d’un changement de politique. Pour beaucoup, l’idée que les taux restent aussi bas pendant quatre ou cinq ans est tout simplement ahurissante.
Oui, les répercussions sont énormes pour beaucoup de catégories d’actifs. Les taux d’intérêt à court terme ne vont pas bouger. La Fed a toute une panoplie de politiques à sa disposition - d’outils, en quelque sorte. En ce moment, on perçoit aussi une volonté de la Fed de tolérer une hausse de l’inflation pour favoriser l’emploi. C’est une autre annonce importante de la Fed qui a surpris le marché... c’est laisser le marché de l’emploi s’emballer.
On a donc à la fois une volonté d’accepter une hausse de l’inflation et de laisser l’emploi monter en flèche davantage qu’avant. La vieille analogie de la Fed qui retire le bol de punch quand la fête bat son plein - on va vraiment voir une politique expansionniste de la part de la Fed. Et ça va avoir des effets sur le marché des actions. Ça va vraiment le soutenir. Le dollar américain va probablement s’affaiblir, car il n’y a plus vraiment d’avantage de taux. Pour les investisseurs obligataires, ça va être plus difficile.
Les taux d’intérêt sont vraiment très faibles en ce moment, à environ 60 points de base au Canada et aux États-Unis pour les taux à 10 ans. Jusqu’où les taux vont-ils baisser? Il faut vraiment réfléchir à ce que ça signifie par rapport à l’inflation, c’est-à-dire un rendement négatif, et à ce que ça signifie pour les rendements à long terme. Les effets sont considérables, et ça va se répercuter sur d’autres banques centrales.
Permettez-moi de vous demander... Vous avez parlé des actions et des obligations. De toute évidence, ça va influencer les décisions des entreprises, leurs investissements, et la façon dont les gestionnaires de portefeuilles vont déployer leurs fonds. Et je pense qu’il faudra que vous reveniez nous en parler, car le sujet est vaste. Mais j’aimerais qu’on approfondisse un aspect de la question... Vous avez parlé des rendements négatifs. Quelles seraient les conséquences de rendements durablement négatifs?
Oui. Pour le moment, la Fed a dit que parmi tous les outils à sa disposition, elle n’utilisera pas le contrôle de la courbe des taux ou les taux d’intérêt négatifs. Les taux des fonds fédéraux ne vont pas devenir négatifs. La Fed va prendre des mesures d’orientation des anticipations des taux futurs. Donc on s’attend vraiment à ce que les banques centrales maintiennent de faibles taux d’intérêt sur une base nominale. Ce qu’il faut vraiment prendre en considération, c’est cette notion de rendement réel. Les taux nominaux moins l’inflation.
Donc, si vous avez un taux sur 10 ans à 50 points de base, moins l’inflation, le rendement est négatif. Et ce pouvoir d’achat diminue avec le temps. Historiquement, c’est la façon dont les gouvernements ont toujours cherché à réduire l’endettement réel. Et c’est ce qu’on appelle la répression financière. C’est donc un véritable défi. À mon avis, ce à quoi on peut s’attendre pour l’instant, c’est une période de taux d’intérêt nominaux très bas qui, comme vous l’avez dit, va être très favorable à d’autres catégories d’actifs.
Nous allons en rester là, Scott, mais nous aimerions beaucoup vous revoir. Et creuser un peu plus ces questions. Je pense qu’on est tous encore en train de digérer toutes les répercussions possibles. Scott Colbourne, merci beaucoup.
Merci, Kim. Je serais ravi qu’on se reparle.
[INDICATIF MUSICAL]
Scott, ravie de vous voir. Pouvez-vous revenir sur les événements et nous expliquer l’importance de cette décision? La Fed a déclaré qu’au lieu de fixer une cible en fonction d’un calendrier déterminé, elle va adopter une approche plus souple concernant l’inflation. En quoi est-ce important pour les marchés?
Bonjour Kim. Oui, c’est très important. Il y a environ un an et demi, la Fed a entrepris de revoir sa stratégie, ses communications et ses outils. Ce qu’elle a annoncé la semaine dernière à Jackson Hole, c’est un nouveau cadre. Et pour résumer, il s’agit maintenant de cibler un taux d’inflation moyen.
En réalité, quand on regarde l’inflation, ça fait longtemps que la Fed ne parvient pas à garder l’inflation sous la cible des 2 %. Et donc en gros, la Fed dit maintenant qu’elle va tolérer une hausse de l’inflation. Au fond, qu’est-ce que ça signifie pour les investisseurs? Ça veut dire que les taux d’intérêt à court terme vont rester très faibles pendant longtemps. La Fed va donc se montrer fortement expansionniste ces prochaines années. En ce moment, les graphiques à points vont jusqu’en 2022. On peut s’attendre à ce que pendant quatre ou cinq ans, les taux d’intérêt à court terme restent extrêmement bas, voire inchangés.
Je pense que beaucoup de gens sont dans l’attente d’un changement de politique. Pour beaucoup, l’idée que les taux restent aussi bas pendant quatre ou cinq ans est tout simplement ahurissante.
Oui, les répercussions sont énormes pour beaucoup de catégories d’actifs. Les taux d’intérêt à court terme ne vont pas bouger. La Fed a toute une panoplie de politiques à sa disposition - d’outils, en quelque sorte. En ce moment, on perçoit aussi une volonté de la Fed de tolérer une hausse de l’inflation pour favoriser l’emploi. C’est une autre annonce importante de la Fed qui a surpris le marché... c’est laisser le marché de l’emploi s’emballer.
On a donc à la fois une volonté d’accepter une hausse de l’inflation et de laisser l’emploi monter en flèche davantage qu’avant. La vieille analogie de la Fed qui retire le bol de punch quand la fête bat son plein - on va vraiment voir une politique expansionniste de la part de la Fed. Et ça va avoir des effets sur le marché des actions. Ça va vraiment le soutenir. Le dollar américain va probablement s’affaiblir, car il n’y a plus vraiment d’avantage de taux. Pour les investisseurs obligataires, ça va être plus difficile.
Les taux d’intérêt sont vraiment très faibles en ce moment, à environ 60 points de base au Canada et aux États-Unis pour les taux à 10 ans. Jusqu’où les taux vont-ils baisser? Il faut vraiment réfléchir à ce que ça signifie par rapport à l’inflation, c’est-à-dire un rendement négatif, et à ce que ça signifie pour les rendements à long terme. Les effets sont considérables, et ça va se répercuter sur d’autres banques centrales.
Permettez-moi de vous demander... Vous avez parlé des actions et des obligations. De toute évidence, ça va influencer les décisions des entreprises, leurs investissements, et la façon dont les gestionnaires de portefeuilles vont déployer leurs fonds. Et je pense qu’il faudra que vous reveniez nous en parler, car le sujet est vaste. Mais j’aimerais qu’on approfondisse un aspect de la question... Vous avez parlé des rendements négatifs. Quelles seraient les conséquences de rendements durablement négatifs?
Oui. Pour le moment, la Fed a dit que parmi tous les outils à sa disposition, elle n’utilisera pas le contrôle de la courbe des taux ou les taux d’intérêt négatifs. Les taux des fonds fédéraux ne vont pas devenir négatifs. La Fed va prendre des mesures d’orientation des anticipations des taux futurs. Donc on s’attend vraiment à ce que les banques centrales maintiennent de faibles taux d’intérêt sur une base nominale. Ce qu’il faut vraiment prendre en considération, c’est cette notion de rendement réel. Les taux nominaux moins l’inflation.
Donc, si vous avez un taux sur 10 ans à 50 points de base, moins l’inflation, le rendement est négatif. Et ce pouvoir d’achat diminue avec le temps. Historiquement, c’est la façon dont les gouvernements ont toujours cherché à réduire l’endettement réel. Et c’est ce qu’on appelle la répression financière. C’est donc un véritable défi. À mon avis, ce à quoi on peut s’attendre pour l’instant, c’est une période de taux d’intérêt nominaux très bas qui, comme vous l’avez dit, va être très favorable à d’autres catégories d’actifs.
Nous allons en rester là, Scott, mais nous aimerions beaucoup vous revoir. Et creuser un peu plus ces questions. Je pense qu’on est tous encore en train de digérer toutes les répercussions possibles. Scott Colbourne, merci beaucoup.
Merci, Kim. Je serais ravi qu’on se reparle.
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