
La pandémie de COVID-19 a accéléré la chute du bénéfice des sociétés au premier semestre, surtout pour les compagnies aériennes, les sociétés hôtelières et les producteurs d’énergie. Mais avec un vaccin à l’horizon, les perspectives de profits commencent à donner espoir. Anthony Okolie en discute avec Damian Fernandes, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD.
Bien sûr, Anthony. Il s’agit de la croissance des bénéfices de l’indice S&P sur 12 mois des dernières années. En fait, j’aime bien étendre les données des dernières années, parce qu’elles révèlent du potentiel. Vous voyez les chiffres exceptionnels pour la croissance des bénéfices pendant la majeure partie de 2018? C’est attribuable aux réductions d’impôt de Donald Trump, à la vigueur de l’économie mondiale et aux résultats des entreprises américaines.
Et après, bien sûr, on voit les bénéfices diminuer. C’est comme s’ils tombaient d’une falaise. La baisse initiale des bénéfices a découlé des difficultés causées par le commerce, de la guerre commerciale avec la Chine.
Pour cette année, 2020, qu’on voit en rouge, on s’attendait à ce que la croissance des bénéfices soit positive. Avant la pandémie, la croissance des bénéfices aurait dû être assez robuste. Mais, bien sûr, la pandémie est arrivée comme un cheveu sur la soupe, et les bénéfices ont littéralement chuté. Par exemple, au deuxième trimestre, les bénéfices ont reculé de plus de 20 %, comme le montre la barre rouge.
Mais ce qui est intéressant, c’est que vous pouvez voir cette inflexion. C’est au deuxième trimestre que les bénéfices ont été les plus faibles. Depuis le troisième trimestre, les bénéfices sont nettement supérieurs aux attentes, au point où les bénéfices du quatrième trimestre sont censés être légèrement inférieurs à 10 %. Dans le contexte d’une pandémie mondiale, d’une récession mondiale, des bénéfices qui baissent d’un peu plus de 10 % au quatrième trimestre, c’est quand même plutôt positif.
J’adore ce qu’on voit à la fin, parce que cette barre verte à la fin nous montre ce qui est censé se produire l’année prochaine, où nous sommes censés revenir à la normale, et à une croissance des bénéfices positive.
D’accord. Parlons d’abord un peu des gagnants et des perdants durant la période de bénéfices en cours.
On voit vraiment une récession anormale des bénéfices, en ce sens que pour de nombreuses sociétés aux États-Unis, les bénéfices ont en fait été positifs. Par exemple, on utilise en ce moment des outils numériques pour avoir cette conversation. Les entreprises du monde numérique, que ce soit Facebook, Amazon, Microsoft, leurs bénéfices et leurs flux de trésorerie sont en hausse sur 12 mois par rapport à beaucoup d’autres sociétés qu’on pourrait tenir pour acquises, par exemple, la rénovation domiciliaire, parce que nous sommes tous confinés à la maison. La rénovation domiciliaire est en plein essor.
La récession des bénéfices s’est donc vraiment concentrée dans les sociétés les plus touchées par la pandémie. Pensez aux entreprises dans le domaine des voyages. Pensez aux banques qui ont été touchées par les pertes sur créances. Un petit sous-ensemble d’entreprises ont donc vu leurs bénéfices disparaître, et c’est ce qui a entraîné la baisse.
Mais si vous croyez que la pandémie… et il y a des nouvelles très optimistes au sujet du vaccin. Si vous croyez que l’effondrement des bénéfices est temporaire, ça crée un contexte vraiment positif pour l’année prochaine, 2021.
Et croyez-vous que cet optimisme à l’égard des bénéfices en 2021 se reflète dans les prévisions de bénéfices?
Eh bien, vous savez quoi? Normalement, lorsqu’on examine les prévisions de bénéfices, il y a toujours un certain optimisme, n’est-ce pas? Les analystes sont toujours exubérants. Ils prévoient toujours des bénéfices élevés qu’ils doivent ensuite revoir à la baisse, au fur et à mesure que les bénéfices sont publiés.
Fait intéressant, l’année prochaine, les bénéfices devraient être d’environ 12 %. Selon moi, ça se situe dans la tranche inférieure. Parce que, quand on y pense, étant donné que les pertes de bénéfices ont été tellement concentrées dans un sous-ensemble de secteurs, selon un scénario où nous aurions un vaccin et que la vie pouvait revenir lentement à la normale, pour ces sociétés-là, ces sociétés énergétiques, ces sociétés financières, la reprise des bénéfices devrait être assez robuste.
Le reste du marché s’est bien comporté cette année. Pour ce qui est des sociétés dont je viens de parler... tout ira bien pour elles l’année prochaine si la croissance économique se poursuit. En fait, vous pourriez... écoutez, je ne veux pas mettre de chiffres ici parce que c’est difficile à déterminer... parce qu’une grande partie de ces chiffres-là sont fondés sur des aspects vraiment difficiles à prévoir, comme le prix de l’énergie et le niveau des pertes sur créances. Mais je crois que les prévisions de bénéfices à 12 % pour l’année prochaine sont assez réalistes. En fait, ça pourrait être dans la tranche inférieure si nous avons un programme de relance massif.
Vous êtes donc optimiste quant aux prévisions de bénéfices?
Oui. Écoutez, je dirais qu’un optimisme modéré est probablement la bonne façon de voir les choses, mais les étoiles sont vraiment alignées, n’est-ce pas? Compte tenu de ce qui s’est produit sur la scène politique, je ne pense pas qu’il y aura des changements importants concernant les impôts ou la réglementation. On sait qu’il y aura encore des mesures de relance et qu’il pourrait même y avoir d’autres mesures de relance budgétaire. Et on sait que nous avons un vaccin qui est efficace, donc les secteurs qui ont été les plus durement touchés devraient voir un semblant de retour à la normale.
Je pense que tous ces aspects-là préparent en fait le retour des bénéfices au niveau où ils étaient et aux niveaux précédents. Il faut voir les choses ainsi. Si les prévisions de bénéfices pour l’année prochaine sont atteignables, elles seront au même niveau qu’en 2019 ou 2020. Je pense que ce n’est pas exagéré, compte tenu de la vigueur de la consommation et de la quantité de mesures de relance dans le système.
Damian, merci beaucoup pour vos explications.
C’est toujours un plaisir, Anthony.
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