
La Banque du Canada n’a pas changé son taux directeur, précisant que l’économie sera en position d’offre excédentaire pour les deux prochaines années, ce qui maintiendra l’inflation sous la cible jusqu’en 2022. Anthony Okolie et James Marple, économiste principale, Groupe Banque TD, discutent des perspectives de croissance pour l’économie canadienne.
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La Banque du Canada a gardé ses taux inchangés comme on s’y attendait, mais elle a indiqué que ces taux devraient rester à ce niveau jusqu’à 2023. James, qu’en dites-vous?
Bien, il n’y a rien de très surprenant dans cette annonce. Bon, nous pouvons chiffrer les dégâts pour l’économie. Nous disposons des données. La Banque a noté que les dégâts initiaux n’étaient pas aussi graves qu’elle l’avait prévu, mais qu’il y a des signes que la croissance ralentit dans l’avenir. Mais bien sûr, à présent, il y a une augmentation des cas de COVID et des confinements ou au moins un ralentissement des déconfinements et cela va ralentir encore la croissance. Donc, oui, dans cette conjoncture on s’attendrait à ce que la Banque continue d’annoncer une politique monétaire favorable.
Alors, parlant de cette perspective de croissance, la Banque du Canada prévoit maintenant que la contraction de l’économie canadienne, ça va inférieur à ce qui avait été prévu en 2020, mais elle s’attend à une certaine faiblesse en 2021. Est-ce que cela vous surprend?
Je pense que la Banque a été très transparente dans son rapport de politique monétaire en disant, bon, dans cette conjoncture, il est très difficile de pronostiquer et tout pronostic dépend énormément de la situation sanitaire, laquelle est impossible à prévoir. La Banque note toutefois qu’il y a certaines choses que nous savons. Nous savons qu’il n’y aura sans doute pas le genre de confinement et d’autres mesures qui ont été prises à l’origine, même s’il y aura diverses restrictions des activités et même si les gens vont réduire volontairement leurs activités afin de rester en sécurité.
Nous savons aussi quelles sont les mesures qui ont été efficaces jusqu’ici, mais la grande question est de savoir combien longtemps ce virus sévira et quand nous aurons un traitement efficace. La Banque affirme que cela ne se produira pas avant la mi-2022. Mais, bon, c’est une hypothèse comme une autre. Dans cette conjoncture, il sera très difficile à l’économie de connaître une relance intégrale. En fait, la Banque prévoit que l’économie renoue avec son niveau prérécession au deuxième semestre de 2021, donc l’an prochain, et qu’il y aura tout de même des distorsions de l’économie. Certains secteurs verront un afflux de ressources aux dépens de certains autres secteurs et ces derniers en souffriront, c’est sûr.
Encore une fois dans cette conjoncture, je crois que la politique monétaire continuera d’être aussi favorable, aussi favorable que possible.
Et dans son communiqué, la Banque du Canada indique qu’elle réduit graduellement le programme d’achat d’obligations du gouvernement du Canada. Quelles en sont les implications?
Oui, la Banque a déclaré qu’elle allait diminuer le montant des achats, mais qu’elle changerait également la composition des achats en privilégiant des obligations à plus long terme. Je pense qu’il est juste de dire, et la Banque le dit dans son communiqué, que cela équivaut au même degré d’assouplissement monétaire. En achetant des obligations à plus long terme… D’abord, la Banque centrale prend un engagement peu plus poussé, parce que ses obligations sont plus difficiles à revendre, prend plus de risques au niveau de l’évolution potentielle des prix que pour les obligations à plus court terme et ces risques ne sont pas affectés par le taux directeur. Mais ce sont les taux qui comptent pour l’économie, au niveau du coût des emprunts pour les entreprises et les ménages. Alors, en changeant la composition des achats, la Banque va sans doute compenser la diminution du montant global des achats.
Je voudrais parler de risques. Vous avez mentionné la COVID-19, bien sûr, mais y a-t-il d’autres risques que la Banque prévoit dans sa perspective?
Oui, bien sûr. Elle le note bien. Bon, les mesures prises ont eu un effet très favorable sur la situation financière, mais cette dernière évoluait défavorablement au niveau mondial, par exemple à cause d’inquiétudes à l’égard du virus ou de déception dans la recherche de traitement ou encore de changements de politique, la volatilité augmenterait. Et ça, c’est toujours un risque. Et puis il y a également toutes sortes de risques géopolitiques.
Mais, par ailleurs, les mesures qui ont été prises jusqu’ici ont permis aux ménages et aux entreprises de survivre. Par conséquent, il n’y a pas eu de forte diminution de la qualité du crédit, d’augmentation des insolvabilités, que ce soit pour les ménages ou les entreprises. Mais plus longtemps ceci durera, plus il sera difficile de maintenir les entreprises en vie et d’éviter une augmentation des défaillances et des insolvabilités, et cela pourrait entraîner une dégradation des conditions financières. C’est évidemment un risque et c’est pourquoi, encore une fois, la Banque va faire le maximum au plan de la politique monétaire afin que les conditions financières demeurent aussi favorables que possible.
Et ma dernière question. À votre avis, comment évoluera le dollar canadien dans un avenir proche?
Nous pensons que le dollar canadien pourrait progresser légèrement contre le dollar américain. C’est en partie parce que nous voyons des perspectives positives pour le cours des matières premières. On ne prévoit pas de hausse majeure, mais tant que l’économie mondiale continue de progresser vers la relance, le dollar canadien devrait progresser un petit peu dans cette conjoncture de relance mondiale, mais vers le haut de la fourchette de 70 à 80, pas plus.
James, merci de votre participation.
Je vous en prie.
Bien, il n’y a rien de très surprenant dans cette annonce. Bon, nous pouvons chiffrer les dégâts pour l’économie. Nous disposons des données. La Banque a noté que les dégâts initiaux n’étaient pas aussi graves qu’elle l’avait prévu, mais qu’il y a des signes que la croissance ralentit dans l’avenir. Mais bien sûr, à présent, il y a une augmentation des cas de COVID et des confinements ou au moins un ralentissement des déconfinements et cela va ralentir encore la croissance. Donc, oui, dans cette conjoncture on s’attendrait à ce que la Banque continue d’annoncer une politique monétaire favorable.
Alors, parlant de cette perspective de croissance, la Banque du Canada prévoit maintenant que la contraction de l’économie canadienne, ça va inférieur à ce qui avait été prévu en 2020, mais elle s’attend à une certaine faiblesse en 2021. Est-ce que cela vous surprend?
Je pense que la Banque a été très transparente dans son rapport de politique monétaire en disant, bon, dans cette conjoncture, il est très difficile de pronostiquer et tout pronostic dépend énormément de la situation sanitaire, laquelle est impossible à prévoir. La Banque note toutefois qu’il y a certaines choses que nous savons. Nous savons qu’il n’y aura sans doute pas le genre de confinement et d’autres mesures qui ont été prises à l’origine, même s’il y aura diverses restrictions des activités et même si les gens vont réduire volontairement leurs activités afin de rester en sécurité.
Nous savons aussi quelles sont les mesures qui ont été efficaces jusqu’ici, mais la grande question est de savoir combien longtemps ce virus sévira et quand nous aurons un traitement efficace. La Banque affirme que cela ne se produira pas avant la mi-2022. Mais, bon, c’est une hypothèse comme une autre. Dans cette conjoncture, il sera très difficile à l’économie de connaître une relance intégrale. En fait, la Banque prévoit que l’économie renoue avec son niveau prérécession au deuxième semestre de 2021, donc l’an prochain, et qu’il y aura tout de même des distorsions de l’économie. Certains secteurs verront un afflux de ressources aux dépens de certains autres secteurs et ces derniers en souffriront, c’est sûr.
Encore une fois dans cette conjoncture, je crois que la politique monétaire continuera d’être aussi favorable, aussi favorable que possible.
Et dans son communiqué, la Banque du Canada indique qu’elle réduit graduellement le programme d’achat d’obligations du gouvernement du Canada. Quelles en sont les implications?
Oui, la Banque a déclaré qu’elle allait diminuer le montant des achats, mais qu’elle changerait également la composition des achats en privilégiant des obligations à plus long terme. Je pense qu’il est juste de dire, et la Banque le dit dans son communiqué, que cela équivaut au même degré d’assouplissement monétaire. En achetant des obligations à plus long terme… D’abord, la Banque centrale prend un engagement peu plus poussé, parce que ses obligations sont plus difficiles à revendre, prend plus de risques au niveau de l’évolution potentielle des prix que pour les obligations à plus court terme et ces risques ne sont pas affectés par le taux directeur. Mais ce sont les taux qui comptent pour l’économie, au niveau du coût des emprunts pour les entreprises et les ménages. Alors, en changeant la composition des achats, la Banque va sans doute compenser la diminution du montant global des achats.
Je voudrais parler de risques. Vous avez mentionné la COVID-19, bien sûr, mais y a-t-il d’autres risques que la Banque prévoit dans sa perspective?
Oui, bien sûr. Elle le note bien. Bon, les mesures prises ont eu un effet très favorable sur la situation financière, mais cette dernière évoluait défavorablement au niveau mondial, par exemple à cause d’inquiétudes à l’égard du virus ou de déception dans la recherche de traitement ou encore de changements de politique, la volatilité augmenterait. Et ça, c’est toujours un risque. Et puis il y a également toutes sortes de risques géopolitiques.
Mais, par ailleurs, les mesures qui ont été prises jusqu’ici ont permis aux ménages et aux entreprises de survivre. Par conséquent, il n’y a pas eu de forte diminution de la qualité du crédit, d’augmentation des insolvabilités, que ce soit pour les ménages ou les entreprises. Mais plus longtemps ceci durera, plus il sera difficile de maintenir les entreprises en vie et d’éviter une augmentation des défaillances et des insolvabilités, et cela pourrait entraîner une dégradation des conditions financières. C’est évidemment un risque et c’est pourquoi, encore une fois, la Banque va faire le maximum au plan de la politique monétaire afin que les conditions financières demeurent aussi favorables que possible.
Et ma dernière question. À votre avis, comment évoluera le dollar canadien dans un avenir proche?
Nous pensons que le dollar canadien pourrait progresser légèrement contre le dollar américain. C’est en partie parce que nous voyons des perspectives positives pour le cours des matières premières. On ne prévoit pas de hausse majeure, mais tant que l’économie mondiale continue de progresser vers la relance, le dollar canadien devrait progresser un petit peu dans cette conjoncture de relance mondiale, mais vers le haut de la fourchette de 70 à 80, pas plus.
James, merci de votre participation.
Je vous en prie.