L’inflation poursuivant sa tendance baissière, la Banque du Canada a abaissé son taux du financement à un jour de 25 points de base de plus, le portant à 4,25 %. Elaine Lindhorst, gestionnaire de portefeuille principale, Titres à revenu fixe en gestion active à Gestion de Placements TD, discute avec Anthony Okolie de Parlons Argent des raisons pour lesquelles elle estime que d’autres baisses sont probables à court terme.
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[LOGO SONORE] Comme prévu, la Banque du Canada a abaissé son taux du financement à un jour d’un quart de point de pourcentage, et c’est sa troisième baisse consécutive. Elaine Lindhorst, de Gestion de Placements TD, est avec moi pour en discuter. Elaine, y a-t-il quelque chose qui vous a surprise aujourd’hui? Non, Anthony, aucune surprise. Comme vous l’avez dit, le marché avait fortement anticipé cette annonce. Plus important encore, les données encourageaient cette baisse. En juillet, l’inflation au Canada était de 2,5 %. Cela se situe nettement dans la fourchette cible de la Banque du Canada. Et on en est au septième rapport à ce taux. Il y a deux ans, à l’été 2022, l’inflation était de 8 %. Cette situation est maintenant tout à fait derrière nous. Et les taux d’intérêt élevés qu’on a eus au Canada ne sont plus justifiés. Il y a eu trois réductions de taux. Pensez-vous que la Banque du Canada doit faire une pause ou est-ce que d’autres réductions seront décidées plus tard? Aucune pause n’est en vue. Et je vais vous dire pourquoi. Les données ne justifient pas de faire une pause à ce stade. L’inflation se situe à l’intérieur de la fourchette cible... et quand on fait une analyse détaillée de l’inflation et qu’on élimine les frais hypothécaires qui sont sans doute attribuables à la hausse des taux d’intérêt, on est en deçà de la fourchette cible de la Banque du Canada. Les données sur le chômage sont moins bonnes. Le taux de chômage a augmenté de près de 2 % au Canada par rapport à la situation de départ, quand la Banque du Canada a commencé à relever les taux. On est à 6,4 %. Et, historiquement, ce taux n’est pas élevé. 1,5 million de Canadiens ont perdu leur emploi, donc on a une main-d’œuvre affaiblie. Et puis la croissance économique... n’est pas solide au Canada. Elle est positive, mais pas robuste. Quand on analyse les données économiques, on le fait en fonction du nombre d’habitants. Combien chaque personne produit-elle? On a perdu plusieurs points de pourcentage de croissance depuis que la Banque du Canada a commencé à relever les taux. Comment les marchés monétaires anticipent les variations du taux du financement à un jour de la Banque du Canada pour le reste de l’année? Les prochaines réunions de la Banque du Canada sont prévues pour octobre, décembre et janvier. À chacune de ces réunions, une réduction d’un quart de point de pourcentage est anticipée. Si on se projette jusqu’à la fin juillet de l’année prochaine, près de six réductions sont anticipées. Le taux du financement à un jour devrait donc se rapprocher de 3 % en 2025. Actuellement, les marchés anticipent une baisse de taux de la Fed en septembre. Pensez-vous que cela atténuera les pressions baissières sur le dollar canadien? Et, surtout, est-ce que ça réduira le risque d’importation de l’inflation au Canada? Oui, tout à fait. Notre taux du financement à un jour actuel est d’environ un pour cent sous le taux du financement à un jour aux États-Unis. Historiquement, depuis la grande crise financière, c’est vraiment le maximum... qu’on ait atteint. Si la Fed n’avait pas changé son discours et n’avait pas commencé à réduire les taux d’intérêt, alors oui, on s’attendrait à ce que cela ait un impact. Parlez-nous un peu plus des risques pour la Banque du Canada, particulièrement pour le marché de l’habitation. Le marché de l’habitation pourrait-il s’apprécier après cette troisième baisse? À ce stade, on n’observe aucun signe de réaccélération du marché de l’habitation ici au Canada. À court terme, cette tendance devrait se poursuivre. Deux points importants : tout d’abord, l’immigration a été extrêmement forte au Canada. Et on peut penser que l’immigration soutient énormément le marché de l’habitation. Deuxièmement, il y a la révision des taux hypothécaires. Il faut prendre en compte que la majorité des Canadiens n’ont pas encore renégocié leur prêt hypothécaire. Ces renouvellements devraient se produire au printemps de l’année prochaine. À ce moment-là, les Canadiens constateront que les taux hypothécaires sont de plusieurs pour cent plus élevés qu’ils ne le sont actuellement. Et cela contribuera aussi à contenir le marché de l’habitation. Quels sont les indicateurs que vous surveillerez de près pour anticiper la prochaine décision de la Banque du Canada? Je dirais qu’on met l’accent sur les risques de baisse. Les données d’inflation élevées font partie du passé à ce stade. Tout dépend vraiment du marché du travail. Est-ce qu’il tient la route? L’important, c’est la croissance économique au Canada. Comment cela se passe-t-il de ce côté? Enfin, évidemment, nos partenaires américains, parce que les États-Unis demeurent notre principal partenaire commercial. La façon dont ils s’en tireront aura aussi des répercussions sur notre économie. Donc beaucoup de choses à surveiller. On va suivre tout ça de près. [LOGO SONORE] [MUSIQUE ENTRAÎNANTE]