
Les ventes de véhicules électriques ont augmenté au cours des derniers trimestres. Toutefois, à mesure que les sociétés d’automobiles classiques introduisent les véhicules électriques dans leur gamme, certaines constatent que la conversion a un coût. David Mau, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, examine l’état du marché des véhicules électriques.
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Les véhicules électriques sont l’avenir pour les constructeurs automobiles, mais la recherche et le développement ont un coût. Ford l’a rappelé ces derniers jours en annonçant que sa division de véhicules électriques avait perdu 2 milliards de dollars en 2022 et qu’elle devrait perdre 3 milliards de dollars cette année. David Mar, gestionnaire de portefeuille à Gestion de Placements TD, donne ses perspectives pour les véhicules électriques. C’est un plaisir de vous revoir. Je suis ravi d’être ici, Greg. Entrons dans le vif du sujet. Cette annonce a donc fait beaucoup de bruit et c’est intéressant quand Ford présente ses différents segments, on voit le coût des véhicules électriques. Qu’est-ce que ça vous inspire? Oui, c’est excellent pour le marché et les investisseurs que Ford ait décidé de séparer ses divisions. Cela donne aux investisseurs beaucoup plus de visibilité sur la santé de la division des véhicules électriques et un moyen de mesurer les progrès de Ford ces prochaines années. Vous avez dit que le segment des véhicules électriques de Ford avait perdu 2 milliards $. En 2021, il a perdu 1 000 000 $. Les pertes ont donc augmenté et 3 milliards $ de pertes sont prévus cette année. Ford tire une marge de -40 % sur chaque voiture, chaque véhicule électrique qu’elle vend. Ils espèrent passer d’une marge de -40 % à une marge positive de 8 % d’ici environ 2026. Disons que ce sera dans trois ou quatre ans. Ils prévoient de se développer, d’augmenter leur efficacité et d’améliorer leur production de véhicules électriques pour transformer cette marge négative en marge positive. De toute évidence, le marché continuera de croître. La demande de véhicules électriques continuera d’augmenter. Mais c’est ce qu’ils prévoient pour le moment. Pour tous les constructeurs automobiles, sauf Tesla, le segment de véhicules électriques va perdre de l’argent les premières années. Et même Tesla, qui est devenue une société ouverte en 2010, a perdu de l’argent chaque année pendant ses 10 ou 11 premières années comme société ouverte. Tesla a commencé à réaliser des profits ces deux ou trois dernières années. Alors je ne pense pas que ce soit surprenant. Je pense que les investisseurs le savent. Je pense que le marché le comprend. L’important, c’est l’évolution des marges bénéficiaires et la qualité des véhicules électriques produits par d’autres sociétés automobiles ces prochaines années. Quand je pense à l’équation simplement, jusqu’à ce qu’on arrive à cette échelle de production qui permettra de réduire les coûts de production, on va perdre de l’argent. Alors faut-il vendre ces voitures à un prix intéressant pour le marché et accepter cette perte pendant un moment en attendant de faire un profit? C’est exactement ça. Pour vous donner un aperçu du marché dans son ensemble, en 2022, les ventes de véhicules électriques ont atteint un taux de pénétration d’environ 8 % à 10 %. Cela signifie qu’une voiture sur dix vendue l’an dernier était un véhicule électrique. Il n’y a pas si longtemps, il y a trois ou quatre ans, ce pourcentage n’était que de 2 %. Donc le marché croît rapidement depuis quelques années seulement. D’ici 2028, dans cinq ans, on prévoit que 30 % à 35 % des nouvelles voitures seront électriques. Cela signifie qu’une voiture neuve sur trois vendue dans cinq ans sera électrique. Le marché croît donc très rapidement. Que pensez-vous de la croissance rapide du marché et des différents acteurs qui luttent pour gagner des parts de marché? À la fin de l’année dernière, ou au début de cette année, Tesla a commencé à baisser les prix pour tenter de maintenir sa part de marché. Quelles seront les difficultés pour les principaux concurrents au cours des prochaines années? Car ils ont un plan pour atteindre la rentabilité de leurs véhicules électriques, mais le leader du secteur ou les grandes sociétés réduisent les prix. Oui, c’est tout à fait exact. Tesla offre les prix les plus intéressants actuellement. Ils ont une très grande avance. Tesla a réduit les prix au cours des derniers mois, selon la région du monde et le modèle, les baisses de prix diffèrent. Par exemple, au Canada, pour le Model 3 de Tesla, le modèle d’entrée de gamme, le prix de départ est passé de 6 000 $ CA à 55000 $ CA. Il s’agit donc d’une baisse de près de 10 %. Tesla attire plus de clients en réduisant les prix tout en vendant un bon produit. Cela a un effet sur les autres fabricants d’automobiles, qui subissent des pressions de rentabilité et de part de marché. Ford devra donc probablement envisager de réduire les prix. Nous avons vu, surtout en Chine, BMW et Mercedes, chercher à réduire les prix, et pas seulement pour les véhicules électriques, mais aussi pour ceux à combustion interne, car à mesure que le marché des véhicules électriques mûrit, les gens se rendent compte que pour 40 ou 50 000 $, ils peuvent acheter un véhicule électrique. C’est ça, l’avenir. Ils économisent sur l’essence. Ils économisent en réparations. Ou ils peuvent acheter un véhicule à combustion interne à 40 ou 50 000 $, qui disparaîtra progressivement. Tesla et les constructeurs de véhicules électriques en général s’adressent à ce public cible qui est un peu indécis, mais qui finira par passer aux véhicules électriques. Vous avez mentionné la Chine. C’est un marché intéressant pour les véhicules électriques, de notre point de vue nord-américain, avec des sociétés comme Tesla, les fabricants d’automobiles de Détroit comme Ford qui tentent d’entrer dans le secteur, BMW. Il y a des fabricants d’automobiles qui ne retiennent pas beaucoup l’attention en Occident et qui sont très concurrentiels en Chine, où Tesla a une influence sur la production. Que se passe-t-il sur ce marché? Eh bien, la Chine est l’un des marchés de l’automobile les plus saturés au monde. Selon certaines estimations, la Chine compte environ 300 constructeurs de véhicules électriques, c’est beaucoup trop. La plupart d’entre eux vendent un large éventail de modèles super-budgétaires, qu’on peut acheter de 5 ou 6 000 $ jusqu’à un prix comparable à celui d’une Tesla. Mais il y en a trop et la qualité des produits n’est pas bonne. Ils n’ont ni l’envergure ni la portée nécessaires. Donc, il y aura une foule de petites sociétés de voitures en Chine qui fermeront leurs portes. Nous n’en aurons jamais entendu parler et nous n’en entendrons plus jamais parler. Mais ce secteur doit se consolider. Et ces sociétés existent parce que le gouvernement chinois, ces dernières années, a fourni beaucoup de subventions pour que les entreprises entrent sur le marché des véhicules électriques et commencent à produire ces voitures. Leur stratégie était d’attirer le plus d’entreprises possible pour qu’elles fabriquent ces voitures. Les bonnes survivront et les autres finiront par disparaître. Mais c’est bien, car ces marques solides seront les marques phares de la Chine, et pas seulement pour les consommateurs chinois, elles exporteront leurs voitures dans le reste du monde. Une dernière réflexion : tous ces acteurs mondiaux tentent d’être concurrentiels dans le segment des véhicules électriques, avec des cibles ambitieuses quant à la part du parc qui sera électrique dans quelques années. Que faut-il faire pour entrer dans le secteur des véhicules électriques? Ils tentent de réduire les coûts, mais tout le monde sera en concurrence pour le cuivre et les autres métaux et minéraux nécessaires à la composition de ces véhicules. Oui. On voit qu’après avoir grimpé assez rapidement au cours des dernières années, bon nombre des prix des matériaux ont commencé à baisser. C’est ce qui permet à des sociétés comme Tesla ou d’autres de commencer à réduire leurs coûts et de prendre de l’expansion. Je pense que les matériaux seront encore rares, mais le prix des batteries a diminué et la technologie s’est améliorée. Dans l’ensemble, ces sociétés devraient être plus rentables plus rapidement à mesure que les prix des matières premières diminuent.