
Les mesures budgétaires du gouvernement canadien en réponse à la pandémie de COVID-19 ont largement contribué à atténuer les répercussions économiques. Toutefois, ces mesures ont un coût énorme. Anthony Okolie et Omar Abdelrahman, économiste, Groupe Banque TD, discutent de ce que nous réserve le budget fédéral 2021-2022 à venir.
Print Transcript
Omar, les mesures budgétaires que le Canada a prises en réponse à la COVID-19 ont grandement contribué à réduire les répercussions économiques de la crise. Mais comme vous l’avez mentionné dans votre dernier rapport, qui donne un aperçu du prochain budget fédéral, il y a un coût énorme à payer.
Alors, quels sont les niveaux actuels du déficit canadien et dans quelle direction vont-ils?
Anthony, merci de m’avoir invité. Le déficit de l’exercice précédent s’élevait donc à environ 382 milliards de dollars. Ça représente environ 17 % à 17,5 % du PIB.
L’énoncé économique de l’automne dernier prévoyait également une baisse importante du niveau du déficit à environ 120 milliards de dollars, ce qui représente environ 5 % du PIB. Depuis, la croissance économique a été meilleure que prévu. Cela peut donc nous réserver des surprises à la hausse du côté des revenus. Toutefois, cette hausse sera probablement plus que compensée par les hausses des dépenses depuis la publication de l’énoncé, notamment l’élargissement des programmes de soutien du revenu, des loyers et des salaires.
Qu’en est-il du ratio de la dette au PIB? Est-ce qu’il va se rétablir? Devrait-on s’inquiéter?
La plus forte hausse du ratio de la dette au PIB a été observée l’année passée, lorsque le fardeau de la dette est passé d’un peu plus de 30 % du PIB à environ 50 % du PIB. À l’avenir, on s’attend à ce que le fardeau de la dette continue d’augmenter légèrement en raison des déficits continus prévus.
Toutefois, les marchés de la dette et des devises n’ont pas montré de préoccupations importantes à cet égard. Les agences de notation, par exemple, n’ont essentiellement pas changé la cote de crédit du Canada. Il y a eu une décote, mais dans l’ensemble, elle est demeurée inchangée.
À l’avenir, l’accent sera mis sur la trajectoire de ce fardeau de la dette. Donc, en cette saison du budget, il est certain que nous allons surveiller de près les signes de discipline budgétaire et la façon dont les gouvernements planifient leurs stratégies de retrait de ces déficits historiques.
Prévoyez-vous que le gouvernement va resserrer ses dépenses à court terme, ou qu’il va les réduire?
De par la nature même de la reprise économique, de la réouverture et de l’accélération de la croissance, nous prévoyons que les dépenses vont diminuer considérablement par rapport aux niveaux de l’an dernier. Mais il s’agirait de niveaux supérieurs à ceux que nous avons connus avant la pandémie. Ce ne serait donc pas considéré comme un resserrement en soi. En fait, comme je l’ai déjà mentionné, certaines mesures de soutien d’urgence ont été prolongées.
Nous savons également que l’énoncé économique de l’automne annonçait des mesures de relance supplémentaires éventuelles de 70 à 100 milliards de dollars qui n’étaient pas prévues dans ces estimations du déficit. Il pourrait donc y avoir aussi des augmentations des dépenses ailleurs. Nous nous sommes demandé dans quelle mesure une aide d’urgence demeure nécessaire, étant donné que la reprise économique n’est pas encore terminée. Combien doit-on vraiment dépenser, compte tenu du fait que la croissance est meilleure que prévu du point de vue des mesures de relance? Et, bien sûr, d’un point de vue à moyen terme, un signal de discipline budgétaire pour l’avenir.
Compte tenu de la hausse des taux d’intérêt, pourrait-il y avoir une reprise du service de la dette et des coûts au Canada?
C’est une excellente question. On estime que les coûts du service de la dette devraient augmenter dans la plupart des budgets et des mises à jour économiques. C’est simplement que les taux obligataires sont légèrement plus élevés que prévu dans ces mises à jour. Ici, aux Services économiques TD, on prévoit que les taux obligataires vont continuer d’augmenter en 2021 et en 2022, mais seulement de façon modérée.
Il est donc important d’examiner les choses d’un point de vue historique. Si vous comparez ces taux obligataires à, par exemple, à ceux de la fin des années 1980 et des années 1990, où les coûts du service de la dette étaient vraiment une source de pressions financières, si vous les comparez, par exemple, en pourcentage des revenus, pour l’avenir, du moins pour le moment, le service de la dette devrait demeurer relativement gérable.
Cela dit, c’est certainement quelque chose à prendre en considération. Mais cette fois-ci, l’accent sera davantage mis sur les dépenses de programmes dans le total des dépenses et des revenus, et sur la façon dont ces deux éléments vont évoluer pour ramener les finances à un niveau plus durable.
Omar, merci beaucoup pour votre temps.
Merci, Anthony.
[MUSIQUE]
Alors, quels sont les niveaux actuels du déficit canadien et dans quelle direction vont-ils?
Anthony, merci de m’avoir invité. Le déficit de l’exercice précédent s’élevait donc à environ 382 milliards de dollars. Ça représente environ 17 % à 17,5 % du PIB.
L’énoncé économique de l’automne dernier prévoyait également une baisse importante du niveau du déficit à environ 120 milliards de dollars, ce qui représente environ 5 % du PIB. Depuis, la croissance économique a été meilleure que prévu. Cela peut donc nous réserver des surprises à la hausse du côté des revenus. Toutefois, cette hausse sera probablement plus que compensée par les hausses des dépenses depuis la publication de l’énoncé, notamment l’élargissement des programmes de soutien du revenu, des loyers et des salaires.
Qu’en est-il du ratio de la dette au PIB? Est-ce qu’il va se rétablir? Devrait-on s’inquiéter?
La plus forte hausse du ratio de la dette au PIB a été observée l’année passée, lorsque le fardeau de la dette est passé d’un peu plus de 30 % du PIB à environ 50 % du PIB. À l’avenir, on s’attend à ce que le fardeau de la dette continue d’augmenter légèrement en raison des déficits continus prévus.
Toutefois, les marchés de la dette et des devises n’ont pas montré de préoccupations importantes à cet égard. Les agences de notation, par exemple, n’ont essentiellement pas changé la cote de crédit du Canada. Il y a eu une décote, mais dans l’ensemble, elle est demeurée inchangée.
À l’avenir, l’accent sera mis sur la trajectoire de ce fardeau de la dette. Donc, en cette saison du budget, il est certain que nous allons surveiller de près les signes de discipline budgétaire et la façon dont les gouvernements planifient leurs stratégies de retrait de ces déficits historiques.
Prévoyez-vous que le gouvernement va resserrer ses dépenses à court terme, ou qu’il va les réduire?
De par la nature même de la reprise économique, de la réouverture et de l’accélération de la croissance, nous prévoyons que les dépenses vont diminuer considérablement par rapport aux niveaux de l’an dernier. Mais il s’agirait de niveaux supérieurs à ceux que nous avons connus avant la pandémie. Ce ne serait donc pas considéré comme un resserrement en soi. En fait, comme je l’ai déjà mentionné, certaines mesures de soutien d’urgence ont été prolongées.
Nous savons également que l’énoncé économique de l’automne annonçait des mesures de relance supplémentaires éventuelles de 70 à 100 milliards de dollars qui n’étaient pas prévues dans ces estimations du déficit. Il pourrait donc y avoir aussi des augmentations des dépenses ailleurs. Nous nous sommes demandé dans quelle mesure une aide d’urgence demeure nécessaire, étant donné que la reprise économique n’est pas encore terminée. Combien doit-on vraiment dépenser, compte tenu du fait que la croissance est meilleure que prévu du point de vue des mesures de relance? Et, bien sûr, d’un point de vue à moyen terme, un signal de discipline budgétaire pour l’avenir.
Compte tenu de la hausse des taux d’intérêt, pourrait-il y avoir une reprise du service de la dette et des coûts au Canada?
C’est une excellente question. On estime que les coûts du service de la dette devraient augmenter dans la plupart des budgets et des mises à jour économiques. C’est simplement que les taux obligataires sont légèrement plus élevés que prévu dans ces mises à jour. Ici, aux Services économiques TD, on prévoit que les taux obligataires vont continuer d’augmenter en 2021 et en 2022, mais seulement de façon modérée.
Il est donc important d’examiner les choses d’un point de vue historique. Si vous comparez ces taux obligataires à, par exemple, à ceux de la fin des années 1980 et des années 1990, où les coûts du service de la dette étaient vraiment une source de pressions financières, si vous les comparez, par exemple, en pourcentage des revenus, pour l’avenir, du moins pour le moment, le service de la dette devrait demeurer relativement gérable.
Cela dit, c’est certainement quelque chose à prendre en considération. Mais cette fois-ci, l’accent sera davantage mis sur les dépenses de programmes dans le total des dépenses et des revenus, et sur la façon dont ces deux éléments vont évoluer pour ramener les finances à un niveau plus durable.
Omar, merci beaucoup pour votre temps.
Merci, Anthony.
[MUSIQUE]