
Après plus d’un an sans sortie de films, les superproductions sont de retour en force. Mais les spectateurs sont-ils prêts à revenir? Kim Parlee s’entretient avec Andriy Yastreb, analyste, Télécommunications et Médias, Gestion de Placements TD, sur les perspectives du secteur du cinéma et de la diffusion en continu.
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KIM PARLEE [00:00:03] James Bond, Dune, Matrix, les super-héros de Marvel, ils arrivent tous après un an sans sortie majeure en salle. Ils sont rapides et dangereux. Mais est-ce que les spectateurs seront au rendez-vous? Qu’est-ce que ça signifie pour les actions dans les secteurs du cinéma et de la diffusion en continu? Pour nous donner son point de vue, Andriy Yastreb, analyste, Télécommunications et Médias à Gestion de Placements TD, est avec nous. Andriy, merci beaucoup pour votre présence aujourd’hui. C’est assez énorme. Selon le New York Times, j’ai jeté un œil, plus de 125 films sont sortis ou vont sortir de septembre à décembre. Il y a l’embarras du choix. Mais est-ce que beaucoup de gens retournent au cinéma? Que disent les chiffres jusqu’à présent?
ANDRIY YASTREB [00:00:48] Bonjour Kim, merci de l’invitation. Vous avez tout à fait raison. Il y a une énorme offre de films en ce moment. Tellement que certains films sont repoussés à l’année prochaine parce qu’il y en a trop. Et comme vous l’avez mentionné, la demande est aussi là. Beaucoup de gens retournent au cinéma et on dirait que la demande repart après le confinement lié à la COVID-19. Il suffit de regarder les chiffres pour voir que les dernières superproductions se portent vraiment bien. Prenons l’exemple de Venom qui a fait 90 millions dollars de recettes au box-office. Et rien qu’en Amérique du Nord pour son premier week-end d’exploitation, alors qu’on attendait 60 millions, donc 50 % de mieux. Le nouveau James Bond est sorti récemment. Il a fait 56 millions lors de son premier week-end d’exploitation. C’est un bon résultat, mais légèrement inférieur aux attentes, qui étaient de 60 à 70 millions. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’environ 25 % des personnes qui ont vu ce film ont indiqué que c’était la première fois qu’elles retournaient au cinéma après environ 18 mois. Il y a donc une forte demande, mais il reste encore à voir si elle rattrapera les niveaux antérieurs à la COVID-19, car certaines personnes peuvent encore être moins enclines à retourner au cinéma, soit pour des raisons sanitaires, soit parce qu’elles ont d’autres possibilités.
KIM PARLEE [00:02:05] Oui, c’est la grande question. Que faut-il pour donner envie au plus grand nombre de retourner au cinéma? Peut-être que, comme vous l’avez dit, les gens sont allés voir un film et ils se disent : « OK, c’était bien. Mais, je vais rester à la maison et continuer avec la diffusion en continu. » Qu’en pensez-vous? Quels sont les défis pour l’industrie du cinéma en ce moment?
ANDRIY YASTREB [00:02:18] Il y a beaucoup de défis pour le modèle d’affaires, et je vais juste me concentrer sur quelques-uns qui sont plus importants. Un des défis pour le modèle d’affaires en général, est que la fenêtre réservée aux salles de cinéma, c’est-à-dire la période d’exclusivité pendant laquelle les films sont présentés uniquement dans les salles après leur sortie, était de 90 jours avant la COVID. Maintenant, elle a considérablement diminué. Pour de nombreux films, elle est de 30 jours. Et pour certains films, elle est même réduite à 17 jours. Cela signifie qu’au moins en termes de marge, les cinémas perdent une partie de l’exclusivité qu’ils avaient auparavant. Et deuxième problème pour les cinémas, comme vous l’avez dit, la diffusion en continu offre plus de solutions de rechange aux gens. C’est beaucoup plus facile pour eux de regarder autre chose. Ou puisque la fenêtre d’exclusivité des cinémas diminue, de juste d’attendre un peu plus. Donc, si ce n’est pas un film à voir absolument, peut-être que je n’ai pas besoin d’aller au cinéma et de payer un billet. Je vais peut-être juste attendre quelques mois et le regarder gratuitement sur cette plateforme de diffusion en continu à laquelle je suis abonné.
KIM PARLEE [00:03:27] Qu’est-ce qui l’emporte? La diffusion en continu ou le fait de retourner au cinéma? Ou est-ce que vous pensez qu’on s’oriente, comme c’est le cas pour nombre d’entre nous, vers une solution hybride, un peu des deux?
ANDRIY YASTREB [00:03:36] C’est une très bonne question. Il y a encore beaucoup de débats à ce sujet. Je pense qu’au moins dans un avenir prévisible, nous verrons un peu des deux. Et c’est dû au fait qu’il y a plusieurs bonnes raisons pour lesquelles les superproductions ont toujours leur place dans les salles de cinéma. L’une des raisons est que quand les studios veulent réaliser ces superproductions, ils cherchent les meilleurs moyens de les monétiser, d’autant que certains de ces films coûtent 200, 300 millions de dollars, et le box-office est l’option idéale pour pouvoir les réaliser et couvrir leurs coûts rapidement. Certains de ces films peuvent amortir leurs coûts en quelques jours après leur sortie si la demande est au rendez-vous. Et la deuxième raison, c’est que du point de vue des consommateurs, il y a toujours une forte demande à aller regarder un tel film sur un grand écran de très haute qualité. Il y a donc définitivement une niche pour ça. Mais d’un autre côté, comme nous venons de le voir, il y a plus de choix pour les consommateurs. La diffusion en continu permet de se dire, OK, peut-être que je n’ai pas besoin d’aller voir le film maintenant. Je peux peut-être attendre quelques mois et le regarder en diffusion en continu.
KIM PARLEE [00:04:43] Et peut-être que certains aussi, je ne sais pas si je suis la seule, mais je regarde des films en diffusion en continu sur mon téléphone quand je fais plusieurs tâches en même temps, parce que, vous savez, le temps est précieux pour moi. Écoutez, Andriy, nous n’avons plus que quelques minutes, mais si on se penche sur quelques grands noms qui vont bénéficier de nous voir poursuivre avec la diffusion en continu, comme Disney ou Netflix. Dites-moi ce que vous aimez à leur sujet et quels pourraient être les occasions et les défis. Commençons par Disney.
ANDRIY YASTREB [00:05:08] Je crois que Disney est une combinaison intéressante de ces deux mondes. Ils dominent vraiment le box-office avec leurs superproductions comme Marvel et Star Wars, etc. Ils bénéficient énormément de cette fenêtre d’exclusivité et de l’obtention d’une grande part de revenus des salles de cinéma. Ils proposent aussi une gamme complète de services de diffusion en continu qui se développent très rapidement, comme Disney Plus, ESPN Plus et Hulu.
KIM PARLEE [00:05:42] Qu’en est-il de Netflix? Je sais que Netflix se lance dans le secteur des jeux. Qu’est-ce que c’est ça signifie pour eux?
ANDRIY YASTREB [00:05:48] Pour Netflix, je crois, c’est davantage une question de présence exclusive relative à la diffusion en continu. Les jeux pourraient être importants pour eux plus tard, mais je pense que ça va se développer lentement au cours des prochaines années. Ils misent donc tout sur les vidéos en diffusion en continu. Et pour les investisseurs qui ne veulent pas faire de pari sur le box-office et les sorties au cinéma à l’avenir, et qui veulent seulement opter pour une diffusion en continu, Netflix offre probablement la meilleure stratégie dans ce cas. En plus, Netflix a une stratégie légèrement différente en termes de contenu. Alors que tous les grands studios essaient de faire plus de superproductions et s’appuient fortement sur des franchises connues qui existent depuis des décennies, comme Star Wars, James Bond ou les super-héros de Marvel, Netflix essaie de faire quelque chose de différent. Ils essaient d’encourager et de promouvoir les talents inconnus partout dans le monde et de leur donner l’occasion de créer de nouveaux contenus et de voir où ça mène. Ça a donné lieu à un certain nombre de surprises enthousiasmantes, comme comme La maison de papier et Le jeu du calmar récemment.
KIM PARLEE [00:06:55] Nous allons devoir nous arrêter là, Andriy. C’est un excellent résumé. La prochaine fois, je sais que nous parlerons de certaines actions du secteur du cinéma qui sont devenues des actions-mèmes, mais pas aujourd’hui. Andriy, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup.
ANDRIY YASTREB Merci, Kim.
ANDRIY YASTREB [00:00:48] Bonjour Kim, merci de l’invitation. Vous avez tout à fait raison. Il y a une énorme offre de films en ce moment. Tellement que certains films sont repoussés à l’année prochaine parce qu’il y en a trop. Et comme vous l’avez mentionné, la demande est aussi là. Beaucoup de gens retournent au cinéma et on dirait que la demande repart après le confinement lié à la COVID-19. Il suffit de regarder les chiffres pour voir que les dernières superproductions se portent vraiment bien. Prenons l’exemple de Venom qui a fait 90 millions dollars de recettes au box-office. Et rien qu’en Amérique du Nord pour son premier week-end d’exploitation, alors qu’on attendait 60 millions, donc 50 % de mieux. Le nouveau James Bond est sorti récemment. Il a fait 56 millions lors de son premier week-end d’exploitation. C’est un bon résultat, mais légèrement inférieur aux attentes, qui étaient de 60 à 70 millions. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’environ 25 % des personnes qui ont vu ce film ont indiqué que c’était la première fois qu’elles retournaient au cinéma après environ 18 mois. Il y a donc une forte demande, mais il reste encore à voir si elle rattrapera les niveaux antérieurs à la COVID-19, car certaines personnes peuvent encore être moins enclines à retourner au cinéma, soit pour des raisons sanitaires, soit parce qu’elles ont d’autres possibilités.
KIM PARLEE [00:02:05] Oui, c’est la grande question. Que faut-il pour donner envie au plus grand nombre de retourner au cinéma? Peut-être que, comme vous l’avez dit, les gens sont allés voir un film et ils se disent : « OK, c’était bien. Mais, je vais rester à la maison et continuer avec la diffusion en continu. » Qu’en pensez-vous? Quels sont les défis pour l’industrie du cinéma en ce moment?
ANDRIY YASTREB [00:02:18] Il y a beaucoup de défis pour le modèle d’affaires, et je vais juste me concentrer sur quelques-uns qui sont plus importants. Un des défis pour le modèle d’affaires en général, est que la fenêtre réservée aux salles de cinéma, c’est-à-dire la période d’exclusivité pendant laquelle les films sont présentés uniquement dans les salles après leur sortie, était de 90 jours avant la COVID. Maintenant, elle a considérablement diminué. Pour de nombreux films, elle est de 30 jours. Et pour certains films, elle est même réduite à 17 jours. Cela signifie qu’au moins en termes de marge, les cinémas perdent une partie de l’exclusivité qu’ils avaient auparavant. Et deuxième problème pour les cinémas, comme vous l’avez dit, la diffusion en continu offre plus de solutions de rechange aux gens. C’est beaucoup plus facile pour eux de regarder autre chose. Ou puisque la fenêtre d’exclusivité des cinémas diminue, de juste d’attendre un peu plus. Donc, si ce n’est pas un film à voir absolument, peut-être que je n’ai pas besoin d’aller au cinéma et de payer un billet. Je vais peut-être juste attendre quelques mois et le regarder gratuitement sur cette plateforme de diffusion en continu à laquelle je suis abonné.
KIM PARLEE [00:03:27] Qu’est-ce qui l’emporte? La diffusion en continu ou le fait de retourner au cinéma? Ou est-ce que vous pensez qu’on s’oriente, comme c’est le cas pour nombre d’entre nous, vers une solution hybride, un peu des deux?
ANDRIY YASTREB [00:03:36] C’est une très bonne question. Il y a encore beaucoup de débats à ce sujet. Je pense qu’au moins dans un avenir prévisible, nous verrons un peu des deux. Et c’est dû au fait qu’il y a plusieurs bonnes raisons pour lesquelles les superproductions ont toujours leur place dans les salles de cinéma. L’une des raisons est que quand les studios veulent réaliser ces superproductions, ils cherchent les meilleurs moyens de les monétiser, d’autant que certains de ces films coûtent 200, 300 millions de dollars, et le box-office est l’option idéale pour pouvoir les réaliser et couvrir leurs coûts rapidement. Certains de ces films peuvent amortir leurs coûts en quelques jours après leur sortie si la demande est au rendez-vous. Et la deuxième raison, c’est que du point de vue des consommateurs, il y a toujours une forte demande à aller regarder un tel film sur un grand écran de très haute qualité. Il y a donc définitivement une niche pour ça. Mais d’un autre côté, comme nous venons de le voir, il y a plus de choix pour les consommateurs. La diffusion en continu permet de se dire, OK, peut-être que je n’ai pas besoin d’aller voir le film maintenant. Je peux peut-être attendre quelques mois et le regarder en diffusion en continu.
KIM PARLEE [00:04:43] Et peut-être que certains aussi, je ne sais pas si je suis la seule, mais je regarde des films en diffusion en continu sur mon téléphone quand je fais plusieurs tâches en même temps, parce que, vous savez, le temps est précieux pour moi. Écoutez, Andriy, nous n’avons plus que quelques minutes, mais si on se penche sur quelques grands noms qui vont bénéficier de nous voir poursuivre avec la diffusion en continu, comme Disney ou Netflix. Dites-moi ce que vous aimez à leur sujet et quels pourraient être les occasions et les défis. Commençons par Disney.
ANDRIY YASTREB [00:05:08] Je crois que Disney est une combinaison intéressante de ces deux mondes. Ils dominent vraiment le box-office avec leurs superproductions comme Marvel et Star Wars, etc. Ils bénéficient énormément de cette fenêtre d’exclusivité et de l’obtention d’une grande part de revenus des salles de cinéma. Ils proposent aussi une gamme complète de services de diffusion en continu qui se développent très rapidement, comme Disney Plus, ESPN Plus et Hulu.
KIM PARLEE [00:05:42] Qu’en est-il de Netflix? Je sais que Netflix se lance dans le secteur des jeux. Qu’est-ce que c’est ça signifie pour eux?
ANDRIY YASTREB [00:05:48] Pour Netflix, je crois, c’est davantage une question de présence exclusive relative à la diffusion en continu. Les jeux pourraient être importants pour eux plus tard, mais je pense que ça va se développer lentement au cours des prochaines années. Ils misent donc tout sur les vidéos en diffusion en continu. Et pour les investisseurs qui ne veulent pas faire de pari sur le box-office et les sorties au cinéma à l’avenir, et qui veulent seulement opter pour une diffusion en continu, Netflix offre probablement la meilleure stratégie dans ce cas. En plus, Netflix a une stratégie légèrement différente en termes de contenu. Alors que tous les grands studios essaient de faire plus de superproductions et s’appuient fortement sur des franchises connues qui existent depuis des décennies, comme Star Wars, James Bond ou les super-héros de Marvel, Netflix essaie de faire quelque chose de différent. Ils essaient d’encourager et de promouvoir les talents inconnus partout dans le monde et de leur donner l’occasion de créer de nouveaux contenus et de voir où ça mène. Ça a donné lieu à un certain nombre de surprises enthousiasmantes, comme comme La maison de papier et Le jeu du calmar récemment.
KIM PARLEE [00:06:55] Nous allons devoir nous arrêter là, Andriy. C’est un excellent résumé. La prochaine fois, je sais que nous parlerons de certaines actions du secteur du cinéma qui sont devenues des actions-mèmes, mais pas aujourd’hui. Andriy, c’est toujours un plaisir. Merci beaucoup.
ANDRIY YASTREB Merci, Kim.