Autrefois, les femmes étaient soit destinées au mariage, soit séparées, divorcées ou veuves. Celles qui étaient plus âgées et qui n’avaient pas de conjoint étaient généralement considérées comme des grands-mères aimantes qui s’occupaient de la famille élargie. C’est surtout à la télévision qu’on voyait des femmes mener une vie indépendante et une brillante carrière. Les temps ont changé.

42 %

des adultes de moins de 29 ans, que l’on appelle la génération boomerang, vivent encore ou sont retournés vivre chez leurs parents 2.

Le Canada compte aujourd’hui quelque 6,1 millions de femmes seules – célibataires, séparées, divorcées et veuves – qui relèvent les mêmes défis que les hommes ou que les femmes mariées : progresser dans leur carrière, élever une famille et profiter de la vie1.

Mais les superfemmes d’aujourd’hui doivent surmonter des difficultés particulières, ne serait-ce que préserver leur indépendance financière et battre en brèche les idées reçues sur les femmes seules.

Dans la présente série, nous traiterons des défis et des possibilités que présente chaque étape de la vie d’une femme : À la conquête du monde, Libérez vos superpouvoirs et Encore super après toutes ces années. Nous donnerons des conseils sur ce qui attend les femmes à chaque étape : les disparités salariales, la monoparentalité et le manque de confiance sur le plan financier. De plus, les statistiques montrent que les femmes vivent plus longtemps que les hommes – elles doivent donc aussi financer cette longévité.

Laima Alberings, planificatrice fiscale et successorale à Gestion de patrimoine TD, soutient que les femmes sont enthousiastes à l’idée d’établir leurs propres règles et de mener une vie indépendante. Elle offre quelques conseils aux femmes seules aux différentes étapes de leur vie afin de les aider à assurer leur sécurité financière.

Jeunes et nouvelles diplômées

Les jeunes femmes fraîchement diplômées font face à une myriade de questions financières, qui dépendent toutes de leur capacité à décrocher leur premier emploi, à rembourser leur dette d’études et à mettre de l’argent de côté tout en s’amusant un peu. De plus, elles quitteront le nid familial pour vivre leur vie, mais pourraient bien y revenir en cas de nécessité.

Les finances et les femmes seules : À la conquête du monde

Les femmes touchent en moyenne de 13 à 33,3 cents de moins pour chaque dollar que gagnent les hommes occupant un poste similaire3.

STATISTIQUE CANADA

Le chemin qui mène des études à un emploi est rarement en ligne droite. Les femmes peuvent décider de prendre une année sabbatique pour voyager ou travailler, de retourner aux études avec un nouvel objectif de carrière en tête ou de faire des études supérieures. Pendant les premières années, elles pourraient avoir à composer avec la perte de leur emploi ou décider de fonder une famille ou de congeler leurs ovules, une méthode de planification familiale coûteuse, mais qui gagne en popularité4.

Voler de ses propres ailes ou rester chez ses parents

Malheureusement, réussir son entrée sur le marché du travail n’est pas toujours facile. La croissance de notre économie reste faible et la situation de l’emploi chez les jeunes a toujours été moins reluisante que celle des travailleurs plus âgés et plus expérimentés5. De plus, les prix élevés des logements dans les agglomérations urbaines au Canada découragent les acheteurs et les locataires. Selon les statistiques, 42 % des adultes de moins de 29 ans, que l’on appelle la génération boomerang, vivent encore ou sont retournés vivre chez leurs parents6. Un Canadien plus âgé sur quatre affirme continuer à aider financièrement ses enfants une fois ceux-ci devenus adultes7.

Mme Alberings affirme qu’il ne faut pas vous inquiéter si vous habitez encore chez vos parents. Dans certaines familles, il est normal que les enfants restent avec leurs parents jusqu’à ce qu’ils soient prêts à voler de leurs propres ailes. Les jeunes femmes peuvent ainsi mettre de l’argent de côté. Aussi longtemps que vous contribuez aux dépenses de la maison, dans la mesure de vos moyens, vous ne devez pas croire que vous n’êtes pas à la hauteur ou que vous abusez de l’hospitalité de vos parents.

Une planification financière intelligente et rigoureuse est indispensable, que vos objectifs soient ambitieux, comme épargner en vue de la retraite, ou plus modestes, comme quitter le sous-sol de la maison de vos parents.

31 %

des Canadiennes ont un plan financier8.

Pourtant, seulement 31 % des Canadiennes ont un plan financier, et bien des femmes ne se font pas confiance en matière de finance même si elles contribuent à hauteur de près de 1,3 billion de dollars à l’économie9.

Chart with information on financial literacy FR

Commencer à planifier

Les finances et les femmes seules : À la conquête du monde

« Quand je pense à l’épargne, je me dis qu’il faut que je mette de l’argent de côté pour toute ma vie et pas seulement pour mon avenir. »

LAIMA ALBERINGS,
PLANIFICATRICE FISCALE ET SUCCESSORALE,
GESTION DE PATRIMOINE TD

D’après l’expérience de Mme Alberings, elle-même une femme seule qui mène une vie indépendante comme planificatrice fiscale et successorale, les femmes ont tendance à être trop prudentes quand vient le temps de prendre des risques modérés pour obtenir de meilleurs rendements. Bien que la prudence ait ses avantages dans le domaine des placements – et les études montrent que les femmes sont plus prudentes que les hommes –, la croissance à long terme des placements nécessite la prise de risques raisonnables, surtout quand on est jeune et que le temps joue en notre faveur10. Elle estime qu’il est acceptable de s’endetter de manière raisonnable pour financer ses études ou acheter une voiture ou une maison. De plus, avoir des dettes et investir dans des fonds communs de placement ou des actions, surtout si vous êtes jeune, permet de mieux gérer les hauts et les bas du marché parce que vous avez beaucoup de temps devant vous.

« Je pense que les jeunes femmes doivent apprivoiser l’endettement », explique Mme Alberings. Tout le monde devrait consulter un spécialiste de la finance pour déterminer ce que représente une dette raisonnable et obtenir des stratégies pour gérer cette dette.

Les jeunes adultes ressentent beaucoup de pressions financières et ont des priorités divergentes. Et il est difficile de se projeter dans l’avenir quand on commence dans la vie. Cependant, en plus d’emprunter et d’épargner en vue d’achats importants, les jeunes femmes devraient également envisager d’épargner et d’assurer leur indépendance financière dans une optique à long terme.

Les finances et les femmes seules : À la conquête du monde

« Je pense que les jeunes femmes doivent apprivoiser l’endettement. »

LAIMA ALBERINGS,
PLANIFICATRICE FISCALE ET SUCCESSORALE,
GESTION DE PATRIMOINE TD

« Quand je pense à l’épargne, je me dis qu’il faut que je mette de l’argent de côté pour toute ma vie et pas seulement pour mon avenir. Les femmes seules devraient sans doute épargner davantage que les femmes en couple », soutient Mme Alberings.

« J’épargne 20 % de plus que je ne le devrais, tout simplement parce que je ne veux pas être prise au dépourvu en cas de problèmes. Comme je ne peux compter que sur un seul salaire, je serais vraiment mal prise si ce revenu venait à manquer », ajoute Mme Alberings.

Combler l’écart

L’écart salarial entre les hommes et les femmes est un problème réel auquel bien des femmes font face. Selon Statistique Canada, les femmes touchent en moyenne de 13 à 33,3 cents de moins pour chaque dollar que gagnent les hommes occupant un poste similaire11.

De l’avis de Mme Alberings, les femmes ont tout intérêt à améliorer leurs techniques de négociation si elles veulent réduire les inégalités salariales. Si les femmes ne sont pas en mesure de négocier le même salaire dès le départ, elles auront du mal à combler l’écart par la suite.

Selon Geoffrey Leonardelli, professeur agrégé à la Rotman School of Management et au département de psychologie de l’Université de Toronto, et directeur du programme de négociation stratégique de la Rotman School, les études ont démontré que les femmes négocient moins que les hommes, mais que cette différence est faible et diminue lorsque les femmes acquièrent de l’expérience en négociation, connaissent le point d’acceptation de l’autre partie ou, autre détail intéressant, négocient au nom d’une autre personne.

Comment améliorer vos techniques de négociation

Le professeur Geoffrey Leonardelli, directeur du programme de négociation stratégique de la Rotman School, explique qu’être trop sûr de soi au début d’une négociation peut se solder par un échec lorsque les objectifs stricts ne sont pas atteints. Il considère qu’il faut aborder la négociation avec plus de souplesse, et savoir créer et saisir les occasions pour avoir une meilleure chance de succès. Voici quelques clés de réussite12:

Créer des occasions : Amorcer une négociation en se disant qu’il faut éviter un échec ne donnera probablement pas le résultat escompté. Vous aurez plus de chances de réussir si vous arrivez à tirer avantage des occasions pertinentes des deux côtés de la table.

Faire preuve de souplesse : Ne vous souciez pas de ce que vous avez à gagner ou de ce que l’autre partie a à perdre. Déterminez ce qui serait le meilleur résultat pour vous et négociez avec l’autre partie afin de l’obtenir.

Résoudre les problèmes : Les recherches de M. Leonardelli montrent que vous avez plus de chances de réussir si vous trouvez des solutions créatives aux problèmes et prenez l’initiative de faire une offre.

Offre et contre-offre

Il apparaît clairement, selon M. Leonardelli, que les différences entre les hommes et les femmes s’expliquent surtout par la réticence de ces dernières à s’affirmer, notamment en prenant l’initiative de la négociation salariale, de crainte d’obtenir une mauvaise évaluation.

Il ajoute que les femmes, tout comme les hommes, deviennent de meilleures négociatrices en acquérant de l’expérience, en suivant une formation et en effectuant des recherches sur le salaire pour déterminer leur valeur sur le marché. Il propose (ci-contre) une stratégie efficace qui consiste à faire preuve de souplesse à l’égard de ses objectifs plutôt que de vouloir gagner à tout prix.

Il y a encore aujourd’hui des situations, à part celle de la rémunération, où les hommes et les femmes ne sont pas traités de la même façon en affaires ou dans le commerce. Certains pourraient considérer les jeunes femmes comme des proies faciles. Mme Alberings se souvient d’avoir fait affaire avec des entrepreneurs qui ne semblaient jamais capables d’achever les travaux. Elle a laissé en plan un vendeur d’automobiles après avoir supporté son attitude condescendante et son mauvais service. A-t-elle été traitée différemment parce qu’elle n’était pas accompagnée d’un homme?

Il est probablement arrivé à toutes les femmes, à un moment ou l’autre de leur vie, de voir quelqu’un sous-estimer leur confiance, leurs connaissances et leurs capacités. Sa collègue Barb se rappelle qu’un jour elle a refusé de payer des frais supplémentaires pour l’entretien courant de sa voiture parce qu’elle estimait que les services additionnels n’étaient pas justifiés. À sa grande surprise, un mécanicien, témoin de la scène, s’est approché d’elle et lui a dit de manière désinvolte qu’elle avait bien fait de refuser les « extras ».

Mme Alberings conseille aux jeunes femmes de faire des recherches et de se préparer avant d’effectuer un achat important. Elle ajoute qu’elles devraient toujours fixer une limite et ne jamais hésiter à refuser une transaction qui ne leur plaît pas.

« La recherche est essentielle. Si vous êtes bien renseignée, il y a moins de chances que l’on profite de vous », conclut Mme Alberings.

En bref

Les femmes seules qui commencent dans la vie rencontreront quelques difficultés. Mais, grâce au soutien de leur famille, de leurs amis et de spécialistes de la finance, elles peuvent établir un plan et se donner les outils nécessaires pour partir à la conquête du monde, sans faire de concessions.

– Don Sutton, Parlons argent et vie

  1. Population selon le sexe et le groupe d’âge, 2016, Statistique Canada, 2 novembre 2016. Consulté le 28 septembre 2016, statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/l02/cst01/demo10a-fra.htm.
    Population selon l’état marital et le sexe, 2016, Statistique Canada, 2 novembre 2016. Consulté le 24 avril 2016, statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/l02/cst01/famil01-fra.htm.
  2. La situation des jeunes adultes âgés de 20 à 29 ans dans les ménages http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2011/as-sa/98-312-x/98-312-x2011003_3-fra.cfm.
  3. The Facts About The Gender Wage Gap In Canada, Fondation canadienne des femmes. Consulté le 20 mars 2017, canadianwomen.org/facts-about-the-gender-wage-gap-in-canada.
  4. Charlotte Alter et coll., « What You Really Need to Know About Egg Freezing », TIME, 16 juin 2015. Consulté le 15 mai 2017, time.com/3959487/egg-freezing-need-to-know/.
  5. Young And Restless: A Look At The State Of Youth Employment In Canada, Services économiques TD, étude spéciale, 10 décembre 2014. Consulté le 6 juin 2017, www.td.com/document/PDF/economics/special/YoungAndRestless.pdf.
  6. The Facts About The Gender Wage Gap In Canada, ibid.
  7. Le déjà boom : les enfants boomerang se heurtent aux objectifs de retraite de leurs parents baby-boomers, Banque TD, 18 janvier 2017. Consulté le 6 juin 2017, td.fr.mediaroom.com/2017-01-18-Le-d-j-boom-lesenfants-boomerang-se-heurtent-aux-objectifs-de-retraite-de-leurs-parents-baby-boomers.
  8. Communiqué, Fact and Fiction: The Truth about Women and Investing, Banque TD, 16 novembre 2011. Consulté le 26 avril 2017, td.mediaroom.com/index.php?s=19518&item=85095.
  9. Ibid.
  10. Mary Gooderham, « Men are from Mars, women make better investors », The Globe and Mail, 16 octobre 2015. Consulté le 24 avril 2016, theglobeandmail.com/globe-investor/men-are-from-marswomen-make-better-investors/article26826221/.
    Georgette Jasen, « Male Investors vs. Female Investors », Wall Street Journal, 3 mai 2015. Consulté le 24 avril 2016, wsj.com/articles/male-investors-vs-female-investors-how-do-they-compare-1430709406.
  11. The Facts About The Gender Wage Gap In Canada, ibid.
  12. Geoffrey Leonardelli, The Prospecting Negotiator, Rotman School of Management, Université de Toronto. Consulté le 24 avril 2017, www.rotman.utoronto.ca/ProfessionalDevelopment/Executive-Programs/LandingPages/The-Prospecting-Negotiator.