Pensez-y. En cas de panique, tout le monde se précipite vers les sorties. C’est également ce qui se produit sur les marchés : En raison de la peur de l’inconnu engendrée par la COVID-19, les investisseurs se sont rués hors des marchés, provoquant une flambée de volatilité. Tourner le dos aux mauvaises nouvelles peut sembler tout à fait naturel, mais vos finances pourraient en souffrir à long terme.

Dernièrement, avec les fluctuations qui secouent les marchés, on a parfois l’impression d’être à bord d’une montagne russe. « C’est une analogie intéressante, affirme Preet Banerjee, journaliste spécialisé en placements et consultant en finance comportementale. Si vous étiez à bord d’une montagne russe et que vous étiez à mi-parcours, parions que vous ne souhaiteriez en aucun cas débarquer avant la fin de la ballade. »

Selon lui, les investisseurs peuvent éprouver ce que les économistes comportementaux appellent l’« aversion aux pertes ». L’économie comportementale est un domaine d’étude qui examine la façon dont notre cerveau prend des décisions financières. Selon la théorie de l’aversion aux pertes, les gens accordent beaucoup plus d’importance aux pertes qu’à des gains équivalents.

« Nous sommes environ deux fois plus sensibles aux pertes qu’aux gains, même si ceux-ci sont similaires. La douleur engendrée par la perte de 10 $ nous paraît deux fois plus intense que le bonheur associé au fait de trouver 10 $ », affirme M. Banerjee.

En de telles circonstances, les investisseurs peuvent ressentir une vive émotion en raison de leurs pertes sur placements, tout en choisissant d’oublier ou de minimiser la possibilité que les marchés connaissent éventuellement un rebond. Le meilleur conseil de placement consiste à acheter à bas prix et à vendre à prix élevé. En réalité, nos envies peuvent souvent nous amener à faire le contraire.

« Comme de nombreux biologistes évolutionnistes vous le diront, le premier objectif pour plus de 99 % de l’histoire de la race humaine a été de survivre assez longtemps pour voir le soleil se lever, affirme M. Banerjee. Cela signifie que notre vie se résumait à une série de décisions à court terme. Par conséquent, nous excellons lorsque vient le temps de prendre des décisions de vie ou de mort fondées sur des informations limitées ».

Selon M. Banerjee, il peut donc sembler naturel de prendre les mesures nécessaires pour prévenir d’autres pertes. « Il s’agit d’une réaction de combat-fuite, dit-il. Vous avez l’impression que vous devez faire quelque chose ».

C’est tout à fait compréhensible. Vous avez trimé dur pour accumuler ces économies, mais comme le rappelle M. Banerjee, choisir de maintenir le cap peut être une action en soi et s’avérer beaucoup moins passif que vous pourriez le croire. « S’en tenir au plan, c’est faire quelque chose, et il faut du courage pour y arriver », affirme M. Banerjee.

Pour en revenir à l’analogie des montagnes russes, si vous encaissez vos avoirs et décidez de sortir dès maintenant de la voiture, vous devrez tout de même décider du moment approprié pour rembarquer. M. Banerjee estime qu’il s’agit d’un piège dans lequel tombent régulièrement plusieurs investisseurs. « De nombreux investisseurs attendent que les rendements soient au beau fixe pendant un an ou deux avant d’avoir suffisamment de courage pour s’élancer à nouveau, explique M. Banerjee. Le cas échéant, ils n’auront pas profité de ces rendements positifs, dit-il. »

Une façon de remédier à ce piège évolutif est de profiter de l’occasion pour réorganiser vos finances. Si certains titres sont en baisse, d’autres pourraient être en hausse. Peut-être avez-vous perdu des milliers de dollars, mais cela pourrait ne représenter qu’un faible pourcentage de votre portefeuille. La valeur de vos placements est-elle encore supérieure à leur valeur comptable? Si vous avez un portefeuille équilibré et diversifié, celui-ci pourrait ne pas fluctuer aussi fortement que les indices boursiers mentionnés dans les nouvelles. De plus, même si votre portefeuille affiche des pertes pour le dernier trimestre, qu’en est-il des cinq dernières années?

M. Banerjee suggère également d’essayer de vous concentrer sur les perspectives à long terme, et non sur le court terme. « Vous pouvez notamment y arriver en passant en revue votre plan à long terme, si vous en avez un. L’idée est d’éviter de prendre des décisions spontanées à court terme en ce qui a trait à vos objectifs et plans à long terme. »

La réorganisation de vos finances pourrait vous aider à dormir sur vos deux oreilles et à prendre des décisions financières en toute confiance.

DENISE O’CONNELL

PARLONS ARGENT ET VIE

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VERONICA PARK