
Guide sur la pandémie à l’intention des parents
Les enfants sont peut-être les plus vulnérables aux effets du confinement lié à la pandémie de COVID-19. Voici certaines choses que les parents d’enfants d’âge scolaire devraient surveiller et la façon de tirer le meilleur parti de la situation actuelle.
Tandis que la pandémie n’en finit plus de finir et que les répercussions continuent de chambouler nos vies, ce sont peut-être les enfants d’âge scolaire et les ados qui ont le plus de difficulté à comprendre ce qui se passe. Même si le niveau d’isolement diffère d’une province à l’autre, la menace d’une maladie potentiellement mortelle, le bouleversement des habitudes et la perte d’activités et de contacts avec des proches et des amis ont sûrement perturbé de nombreux enfants canadiens au-delà de ce à quoi ils sont habitués.
Alors que la pandémie semble s’éterniser, la Dre Naomi Slonim, psychologue auprès d’enfants et d’adolescents à la clinique privée MedCan, à Toronto, insiste sur le fait que les familles doivent gérer leurs propres peurs et leur propre anxiété avant d’essayer de reprendre leurs activités habituelles.
« La priorité absolue, pour vous comme pour vos enfants, c’est de demeurer le plus détendu possible en tout temps. Vous devez d’abord vous assurer que votre enfant est capable de composer avec la situation avant de lui demander de faire des devoirs et des leçons », explique-t-elle.
Au cours de l’été, nous avons discuté avec la Dre Slonim de la façon dont les membres des familles peuvent veiller les uns sur les autres. Nous croyons que ses conseils sont tout aussi pertinents en ce moment qu’ils l’étaient il y a quelques mois. Voici les idées qu’elle propose aux parents pour s’assurer que les enfants vont le mieux possible dans ces circonstances difficiles.
Soyez à l’affût des signes de mécontentement
La Dre Slonim dit que les enfants peuvent avoir de la difficulté à exprimer leurs craintes, et se comporter de manière inhabituelle s’ils ressentent de l’anxiété. Des mouvements de colère à cause de devoirs « stupides » ou des problèmes de sommeil peuvent indiquer qu’un enfant éprouve des craintes ou des frustrations. La Dre Slonim dit que c’est normal compte tenu de l’incertitude omniprésente, mais que si cela devient incontrôlable, il pourrait être approprié que les parents consultent le conseiller en orientation de l’école, un médecin ou une ligne d’assistance en santé mentale locale. Le rôle des parents est d’assurer une présence rassurante auprès de leur enfant et de lui donner des renseignements adaptés à son âge sur la pandémie et ses implications. Étant donné la situation incertaine et les nombreux messages contradictoires qu’on reçoit, la Dre Slonim affirme que c’est normal de ne pas avoir réponse à tout. Les parents peuvent dire aux enfants qu’ils sont frustrés eux aussi, qu’ils ne savent pas quand se fera le retour à la normale, mais que beaucoup d’efforts sont déployés pour assurer la sécurité et le bien-être de tous.
Garder des habitudes, mais en souplesse
La Dre Slonim affirme que les enfants en particulier ont besoin d’avoir des habitudes dans une certaine mesure, car elles apportent de la stabilité à leur vie et renforcent le sentiment de sécurité qu’ils ont dans leur maison et avec leur famille. Il va sans dire que la pandémie a tout bousculé. Elle dit que le fait de garder les heures habituelles pour le coucher, le réveil, les devoirs, les jeux et le temps passé en famille permet à tous de vivre le plus normalement possible. Mais elle ajoute que, compte tenu de la situation actuelle sans précédent, nous devons tous nous adapter et évoluer en fonction des événements. Il ne faut pas avoir peur de faire preuve de spontanéité, de sortir un peu de la routine, si cela peut aider à avoir une perspective plus saine. Les parents doivent garder la même attitude à l’égard de leur emploi et du partage égal des responsabilités parentales, financières et relatives à la scolarité : ce n’est pas parce que votre ordinateur portable est toujours accessible que vous devez devenir l’employé du mois pendant la pandémie. Laisser votre vie professionnelle empiéter sur votre vie personnelle peut nuire à votre famille alors qu’une certaine stabilité est importante pour tous.
Rétablir les attentes à l’égard du rôle de parent
Pendant cette période, les parents devraient accepter d’être simplement « corrects ». La Dre Slonim dit que les pressions sociales pour être de « super parents » sont très fortes de nos jours, pandémie ou non. Oubliez toute idée irréaliste sur ce que les enfants et les parents pourraient accomplir dans une telle situation. En ce moment, ce que votre enfant fait à l’école pourrait n’être qu’une infime partie de ce qu’il ferait pendant une année scolaire normale. Ce qui compte le plus pour votre enfant, ce n’est pas de démontrer son potentiel, mais de gérer les problèmes quotidiens et de vivre un moment à la fois. Les parents devraient accepter cela et ne pas se forcer à agir en tant qu’enseignants ou entraîneurs. Surtout, ils ne devraient pas exercer de pression de ce genre sur les enfants. Selon la Dre Slonim, l’idée qu’on doit tous réussir à surmonter les défis auxquels on est confronté peut être nuisible. Elle précise que d’aider ses enfants à gérer le confinement, de faire face aux répercussions économiques de la pandémie et à toutes les incertitudes qui planent représente déjà un énorme défi. Vous mettre de la pression ou en mettre sur vos enfants peut conduire à de l’épuisement. Si votre enfant a besoin de regarder Pat’Patrouille ou de jouer à Minecraft pour gérer son stress, laissez-le faire.
Prendre une pause et demeurer dans le moment présent
La Dre Slonim affirme que les parents ne doivent pas hésiter à se reposer et à se changer les idées si les circonstances le permettent, en prenant une pause de leur travail, de leur conjoint et de leurs enfants. Un parent anxieux et fatigué aura du mal à aider ses enfants quand ils en ont besoin : comme la consigne donnée dans les avions pour les situations d’urgence, vous devez installer votre propre masque à oxygène d’abord. De même, bien dormir, bien manger et faire de l’exercice peut vous faire voir les choses autrement et vous donner l’énergie nécessaire pour affronter la journée. Cela donne aussi un bon exemple à vos enfants, car vous leur montrez à prendre conscience que tout le monde est stressé (même leurs parents) et à gérer le problème de façon proactive. Dans ces circonstances, il est difficile de trouver le temps et l’endroit pour s’éloigner un peu de la vie familiale. Quelques promenades dans le quartier en écoutant votre musique préférée ou des exercices de pleine conscience quelques minutes chaque jour en utilisant l’une des nombreuses applications gratuites sont des façons de rester ancré dans le moment présent. Les conjoints doivent s’accorder mutuellement un peu de répit et, si possible, les parents célibataires pourraient demander à d’autres membres de la famille de garder leurs enfants.
Rester en contact
La Dre Slonim rappelle que les humains sont des êtres sociables et que nous avons besoin d’avoir des relations avec les autres pour notre santé mentale. Cela signifie que le fait d’être confinés ensemble a pu être éprouvant pour les familles, et ce, d’une manière difficile à cerner. Qui aurait cru qu’un jour on s’ennuierait de prendre le transport en commun? Même si les parents et les enfants passent plus de temps ensemble que jamais, source à la fois de joies et de frustrations, ce que nous procure la vie familiale est différent de ce que nous allons chercher dans les interactions avec des collègues, des enseignants et des amis. La Dre Slonim affirme que les adolescents sont peut-être ceux qui souffrent le plus du confinement, car, en mûrissant, ils s’éloignent peu à peu de leurs parents : forcer les adolescents à passer du temps loin de leurs amis peut nuire à leur confiance en eux et au développement de leur identité. Si votre adolescent a commencé à régresser, c’est peut-être parce qu’il ne voit plus ses amis avec qui il pourrait continuer à développer ses comportements plus mûrs. Il est maintenant plus difficile pour les gens d’avoir des relations, mais cela peut se faire à distance : incitez les adolescents à communiquer de façon sécuritaire avec leurs amis par téléphone ou par message texte et demandez aux grands-parents de faire le rituel du coucher à distance avec les plus petits. On a tous besoin de savoir qu’il y a encore un monde au-delà de nos murs.
Éliminer les soucis financiers
La situation est déjà assez difficile; on n’a pas besoin d’avoir en plus des soucis financiers. Il convient de parler à votre banquier si vous avez des problèmes de flux de revenus causés par la pandémie et de vous renseigner sur le plan d’intervention économique du Canada pour répondre à la COVID-19 pour connaître les options qui s’offrent à vous. Si votre situation financière n’est pas critique, prenez le temps d’examiner vos finances personnelles et de déterminer si vous êtes sur la bonne voie pour atteindre vos objectifs. Vous pourriez notamment planifier un fonds d’urgence en cas de perturbation du revenu, vous assurer de ne pas accumuler de dettes de carte de crédit à intérêt élevé et veiller à ce que votre testament soit à jour. Vous pouvez même parler à un gestionnaire, Services financiers personnels des plans financiers qui peuvent vous aider à faire fructifier votre épargne.
DON SUTTON
PARLONS ARGENT ET VIE
ILLUSTRATION
DANESH MOHIUDDIN