Faire une pause : préparer un congé sabbatique

Vous songez à prendre un congé sabbatique? Pour vivre un certain temps sans revenu régulier, il faut établir un budget et accepter des sacrifices. Les conseils ci-dessous vous aideront à financer votre congé pour que vous en profitiez sans craindre d’épuiser vos ressources.
Une personne passe en moyenne 90 000 heures au travail dans sa vie. Au goût de certains, comme Patricia et son mari, ce nombre est trop élevé. Après avoir frisé l’épuisement, le couple en a eu assez et a pris le large : direction l’Asie. « Me plaindre n’y aurait rien fait, tranche Patricia. Il fallait agir; nous sommes partis en voyage. »
28 %
The Families and Work Institute, 2014.
Le milieu universitaire vante depuis longtemps les bienfaits du congé sabbatique. Or certaines entreprises connues offrent à leurs employés d’interrompre la carrière pour entreprendre des projets personnels ou simplement se ressourcer. « Un congé sabbatique peut être salutaire pour le corps et l'esprit, estime Mike Josey, conseiller en planification successorale, Services-conseils de Gestion de patrimoine TD. C’est l’occasion de se recentrer sur soi ou sur sa carrière. » Pour son congé sabbatique de rêve, M. Josey voulait aller en France et y apprendre la langue, tout en travaillant dans un établissement viticole. Chacun a ses rêves et, même si votre employeur n’a pas de politique officielle de congé sabbatique, voici quelques conseils pour pouvoir vous absenter du travail et vous épanouir en même temps.
19 %
Forbes, 2017.
Qu’est-ce qu’un congé sabbatique?
Le congé sabbatique n'est plus l’apanage du milieu universitaire. L’épithète « sabbatique » est dérivée du mot « sabbat », qui désigne un jour de repos et de ressourcement. Aujourd’hui, l’adjectif évoque un projet à réaliser, une compétence à acquérir ou une recherche à mener. Le projet peut être professionnel, comme de démarrer votre entreprise, ou personnel, comme de voir le monde, dans la mesure où le congé contribue à votre épanouissement.
Si vous voulez prendre un congé sabbatique, allez-y, foncez. Fixez une date et mettez votre plan à exécution. Imaginez ce que vous voulez accomplir ou vivre. Si vous avez défini un plan précis, vous serez moins porté à y renoncer en cas d’obstacles.
6 %
Society for Human Resource Management, 2014.
Épargner pour les beaux jours
Vous n’êtes pas sans savoir qu’un congé sabbatique vous obligera sans doute à revoir vos finances. Vos revenus pourraient être intermittents ou même cesser. Si vous prenez un seul mois, il pourrait suffire de puiser dans la petite caisse. Mais, pour un congé plus long, vous devrez vous mettre à l’épargne.
Par où commencer? D’abord, liquidez vos dettes et évitez de les accumuler. « Durant votre congé, il pourrait être difficile de régler votre carte ou votre ligne de crédit, explique M. Josey. Il faut vraiment réduire les frais fixes, et les dettes en font partie. » Limitez certains petits plaisirs, comme le latte de luxe que vous prenez tous les jours, oubliez les rénovations majeures et faites de petits sacrifices pour établir un budget solide. L’exercice peut être pénible, mais plus le projet est ambitieux plus vous en tirerez de satisfaction.
Après avoir déterminé combien il vous faut pour vivre, voyez comment financer votre congé. Si votre employeur n’a pas de programme officiel, mettez de côté un pourcentage de chaque paie. Gérez prudemment vos économies, conseille M. Josey. Ce n’est pas le moment d’investir dans des placements généralement plus risqués. Optez pour un compte d’épargne libre d’impôt qui verse un taux d’intérêt élevé afin de protéger votre épargne et de l’accumuler à l’abri de l’impôt autant que possible. » Durant votre congé, vous pourriez dégager une source passive de revenu en prenant un locataire (surtout si vous voyagez un certain temps) ou en encaissant des intérêts de placements et des dividendes d’actions. Vous pourriez aussi travailler à temps partiel durant votre congé sabbatique et tirer un revenu de tâches que vous effectuez déjà. Tant qu’à promener votre chien, amenez-lui de la compagnie. Songez aussi à offrir vos services à la pige. « Quoi que vous fassiez, souligne M. Josey, prenez-y du plaisir. »
Accumulez un coussin pour les urgences. « Les risques ne prennent pas congé, prévient M. Josey. Envisagez la possibilité d’une blessure, d’une invalidité ou du pire. Il pourrait être judicieux de souscrire une assurance vie temporaire. » Prévoyez une assurance médicale pour vous protéger en voyage ou à la maison.
Quitter votre emploi
Durant votre congé sabbatique, vous comptez peut-être démarrer votre entreprise; vous n’allez donc pas reprendre votre emploi. Si votre employeur dispose d’un programme, vous n’avez rien à craindre et pouvez rentrer au travail. Sinon, vous devrez annoncer votre congé à votre patron en espérant qu’il vous soutienne.
Patricia a repris son travail et, selon elle, pour suivre son exemple, vous avez intérêt à ce que votre employeur vous tienne en haute estime. En faisant valoir à votre employeur qu’il conservera vos compétences, vous jouez sans doute votre meilleure carte. Vous pourriez être tenté de vous plaindre d’épuisement et de souligner les bienfaits d’une pause, mais insistez plutôt sur les avantages pour votre employeur et vous. Peut-être que votre congé permettra à l’entreprise de réduire ses coûts ou de profiter des nouvelles compétences que vous comptez acquérir.
Coût d’un voyage d’un an :
Billets d’avion pour un tour du monde :
3 000 $ à 5 000 $ (classe économique, Star Alliance)
Hébergement : 50 $/nuit en moyenne = 18 250 $
Nourriture : 20 $/jour en moyenne = 7 300 $
Activités : 10 $/jour en moyenne = 3 650 $
Assurance médicale : 675 $/six mois
(TD Assurance, durée maximale de couverture à l’étranger)
Patricia n’arrivait pas à s’épanouir à son travail. Sa décision de démissionner avant son congé était donc la bonne. « En général, on m’a trouvé insensée de laisser tomber un poste assorti d’un régime de retraite et d’avantages sociaux. On m’a plutôt suggéré de marquer une pause, confie Patricia. Mais, j’étais résolue à ne pas reprendre mon travail. J’avais besoin de faire le saut en espérant que quelque chose m’attende au retour. » Si vous en êtes aussi là, préparez un plan pour changer d’emploi après votre congé. « Mettez à jour votre curriculum vitae avant le départ alors que vous avez encore bien en mémoire vos responsabilités et vos réalisations conseille M. Josey. La mention de votre pause professionnelle dans votre curriculum vitae peut prouver votre sens de l’initiative, surtout si vous en avez profité pour vous perfectionner.
Un congé sabbatique peut changer votre vie. « Je ne sais pas exactement en quoi j’ai changé, ajoute Patricia, mais je ne suis plus la même. J’ai visité des endroits incroyables et vu des choses étonnantes. Les quatre derniers mois ont été plus enrichissants que les quatre dernières années. » Comme le dit M. Josey, une certaine planification optimise l’emploi du temps et réduit le stress des finances ou de la précarité d’emploi.
— Denise O’Connell, Parlons argent et vie