Le troisième lundi de janvier est le jour le plus triste de l’année, dit-on. « Lundi pénible » fait un bon titre de manchettes, mais se sentir déprimé pendant l’hiver peut durer plus d’une journée. La période des fêtes est derrière nous, et pourtant, seulement le tiers des courtes journées froides de l’hiver s’est écoulé, sans compter que nous avons aussi reçu nos relevés de carte de crédit. Ajoutons à cela nos 10 mois de pandémie, et nous pourrions voir le 18 janvier approcher avec nervosité. La simple pensée que les choses pourraient s’assombrir a de quoi ébranler les plus résilients d’entre nous – réussirons-nous à affronter le « lundi pénible »? Plus important encore, arriverons-nous à survivre mentalement aux prochains mois d’isolement?
« La pandémie et les défis qu’elle nous impose ont accru le sentiment de vulnérabilité, de risque ou de danger », explique la Dre Karyn Hood, psychologue clinicienne, consultante et conférencière détenant un cabinet privé à Toronto. « Ils éprouvent aussi la capacité des gens à composer avec la situation et à faire preuve d’une ingéniosité permanente. Cela peut entraîner un état dépressif, de l’apathie, de l’irritabilité, de l’anxiété et du stress. »
Nos préoccupations peuvent viser un large éventail de situations – de la perte immédiate d’un être cher à la solitude découlant de l’isolement, en passant par la crainte de subir des pertes financières ou de perdre un emploi.
Pourtant, même s’il est difficile de voir les choses de façon positive après une année aussi éprouvante, une meilleure sensibilisation aux problèmes de santé mentale et une normalisation de ceux-ci pendant la pandémie auront assurément des avantages positifs. Quel que soit le terme utilisé (fatigue « covidienne » ou blues de la quarantaine), il n’y a jamais eu autant de gens au Canada, ou ailleurs dans le monde, souffrant de problèmes de santé mentale en même temps pour la même raison : le confinement dû à la COVID-19.
Bien que la santé mentale ait lentement, mais sûrement atteint l’avant-scène de la conscience publique au cours des dernières années, la Dre Hood affirme que la pandémie de COVID-19 tout comme les contraintes et les pressions qui y sont associées ont considérablement exacerbé l’importance et l’urgence de rester en bonne santé mentale.
Si les gens savent qu’il y a de meilleures stratégies d’adaptation et du soutien disponible, il leur sera peut-être plus facile de demander de l’aide. Et cela est très bénéfique pour leur santé, la santé de leur famille et celle de nos collectivités.
La pandémie pourrait avoir été tout particulièrement dure pour les femmes qui ont souvent des responsabilités disproportionnées à la maison et au sein de leur famille. Selon Mme Hood, le fait d’avoir « vécu en quarantaine » une bonne partie de 2020 de même que les inquiétudes liées à notre désir de nous protéger et de protéger notre famille contre la COVID-19 ont eu de lourdes répercussions sur l’état mental des gens. Nous traversons une période de grande incertitude et nombre d’entre nous éprouvent des difficultés, car nous avons soif de stabilité, de prévisibilité et de contrôle.
Mme Hood affirme qu’il est temps pour les femmes – en fait, pour tout le monde – de « se donner un répit » et d’abaisser leurs attentes quant à ce qui est raisonnablement possible de réaliser ou d’assumer pendant cette période, tant à la maison qu’au travail.
« Elles devraient peut-être discuter franchement avec leurs amis et leurs collègues des défis qu’elles affrontent, pour obtenir du soutien et des stratégies. Elle devraient aussi apprendre à accepter qu’il soit parfaitement convenable de se contenter de faire de leur mieux. Elles pourraient, par exemple, tolérer que leur maison soit moins propre, et accepter de se faire livrer des repas au lieu de cuisiner, et de limiter leurs heures de travail. »
Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive, mais le moment est peut-être venu de demander de l’aide si vous éprouvez des troubles du sommeil, des problèmes de concentration, des sentiments d’épuisement ou une dépendance à l’alcool ou aux drogues.
Pour éviter que les petits problèmes s’aggravent, la psychologue exhorte les gens à rencontrer un professionnel de la santé mentale. Si un ami ou un proche a de la difficulté à faire face à la situation, elle vous suggère de lui recommander de voir un professionnel.
En raison du confinement, il est possible d’avoir accès à des services de santé mentale en toute confidentialité, à partir de votre domicile, que ce soit au téléphone ou au moyen d’une séance de vidéoconférence sécurisée. Certaines personnes, étant moins à l’aise de faire appel à ces services, peuvent trouver cela plus accommodant. La Dre Hood souhaite signaler à ceux qui hésitent à demander de l’aide qu’ils peuvent se réconforter à l’idée que des amis ou des proches voient aussi un professionnel de la santé mentale en cette période exceptionnelle.
Elle souligne par ailleurs que les conditions saisonnières peuvent contribuer à amplifier la dépression hivernale et qu’elle aide des clients à composer avec cela depuis septembre. Elle recommande de s’exposer au maximum à la lumière, et tout particulièrement à la lumière naturelle ou à celle d’une lampe thérapeutique qui reproduit la luminosité d’un soleil éclatant. Le fait de sortir et de faire de l’exercice peut aussi vous remonter le moral.
« Nous traversons une période difficile et nous avons tous besoin de soutien pour rester résilients et assurer notre bien-être mental et physique. Si vous croyez avoir besoin de soutien supplémentaire ou de meilleures stratégies pour faire face à la situation, n’oubliez pas que vous pouvez faire appel à votre Programme d’aide aux employés, à votre médecin de famille ou à un professionnel de la santé mentale. »
Ressources en santé mentale
Si vous avez besoin d’une aide immédiate, composez le 911 ou rendez-vous à l’hôpital le plus près.
Communiquez avec les Services de crises du Canada (1-833-456-4566 ou message texte 45645).
Appelez le Service canadien de prévention du suicide (1-833-456-4566).
Pour avoir accès à du soutien en santé mentale et à des outils en ligne, allez sur le portail d’Espace mieux-être Canada.