Accompagnement d’un Parent

L’espérance de vie est en constante progression. Ainsi, de plus en plus de Canadiens seront appelés à trouver une solution d’hébergement pour leurs parents vieillissants et à leur fournir un soutien émotionnel et financier.
juin 3rd, 2016
C’est le coup de fil que nous redoutons tous, mais qu’un nombre croissant de Canadiens recevront néanmoins.
Le voisin de maman vient d’appeler. Elle était étendue sur le plancher de la cuisine depuis deux jours à la suite d’une chute. Une hanche cassée. Une vilaine entorse du poignet. Elle n’arrivait plus à se lever. Elle souffre de déshydratation grave.
Les ambulanciers ont dit qu’ils avaient vu pire. Maman aurait pu tomber dans l’escalier ou dans la cour au mois de janvier. Elle s’en remettra, mais elle ne peut plus vivre seule. Il faut l’aider.
Avec un poignet cassé, on ne peut rien tenir. On ne peut même pas s’appuyer sur le matelas pour sortir du lit.
Il est dans l’ordre des choses de vieillir et de mourir à un âge avancé. Mais la nouvelle réalité – difficile à gérer pour plusieurs –, c’est que papa et maman vivront peut-être jusqu’à un âge vénérable et nécessiteront des soins spécialisés en raison de leurs diverses limitations physiques ou mentales. En fait, les aînés vivent maintenant plus de 80 ans, et il incombe principalement à leurs enfants d’âge moyen de les prendre en charge et de leur trouver une solution d’hébergement adéquate, tout en leur offrant un soutien moral et financier. Ces derniers sont-ils à la hauteur?
Les Canadiens vivent plus longtemps que jamais
Les statistiques le démontrent. En 2015, une Canadienne de 60 ans pouvait s’attendre à vivre en moyenne encore 26 ans, contre 23 ans pour son compatriote masculin du même âge 1. Vu l’augmentation de l’espérance de vie et le déclin des naissances, les aînés de 65 ans ou plus pourraient composer jusqu’à 25 % de la population du Canada en 2036, ce qui correspond à 10,9 millions de personnes, un nombre deux fois plus élevé qu’en 2011 2.
MOYENNE DES COÛTS DES SOINS DE SANTÉ
- Préposé aux soins personnels 20 $ à 30 $
- Infirmière autorisée 40 $ à 69 $
- Aide familial résidant à plein temps 3 500 $ à 7 500 $/mois (selon la sévérité du cas)
- Maison de retraite privée 5 000 $/mois ou plus
- Lit d’hôpital à commandes électriques 3 000 $ à 5 000 $
- Scooter 2 400 $ à 5 000 $
- Cadre de marche 100 $ à 450 $
- Siège élévateur de bain 1 200 $
- Lève-personne 500 $ à 1 500 $
- Fauteuil roulant 4 000 $ à 5 000 $
- Rampes 200 $ à 8 000 $
- Machine distributrice de médicaments 800 $
- Soins de proximité 45 $/jour (en moyenne)
- Centre de soins de longue durée 1 800 $/mois (semi-privé); 2 400 $/mois (privé)
- Entretien ménager 90 $/semaine
- Source : Mavencare Inc.
Beaucoup de Canadiens consacrent du temps et de l’argent à aider leurs parents, mais les situations varient considérablement en ce qui a trait aux soins requis – entre nettoyer la gouttière de grand-papa et devenir infirmier à temps plein ou gérer l’alimentation et la toilette d’un parent, il y a une marge.
Les coûts de santé varient aussi beaucoup, tout comme le financement gouvernemental, les subventions et la qualité des soins au privé ou de proximité. Quoi qu’il en soit, les coûts peuvent avoir une incidence importante sur la situation financière d’une famille. Par exemple, les soins à domicile coûtent généralement entre 20 $ et 30 $ l’heure, alors que les services d’une infirmière autorisée s’établissent entre 40 $ à 69 $ l’heure. Pour l’assistance d’une infirmière à temps plein, il faut parfois compter jusqu’à 100 000 $ par année.
Quand vos parents ont besoin de vous
James Cohen, cofondateur de Mavencare, affirme que ses services de soutien aux personnes âgées sont très populaires. Société de soins à domicile axée sur la technologie, Mavencare a élargi ses activités à l’échelle canadienne pour répondre à l’intérêt grandissant pour les services aux aînés. Il indique que 72 % de ses clients souffrent de démence.
« En Amérique du Nord, 10 000 personnes par jour atteignent l’âge de 65 ans. Nous compterons bientôt une forte densité de population vieillissante 3. »
La vente de la maison familiale – où l’aîné n’est peut-être plus en mesure d’habiter – pour payer des services comme les visites d’une infirmière peut s’avérer difficile si les enfants ne s’entendent pas.
Certains signes peuvent révéler aux enfants adultes qu’un parent aîné a besoin d’un soutien accru, dit M. Cohen. Il mentionne que des incidents marquants tels qu’une chute peuvent immobiliser soudainement une personne âgée qui fonctionnait très bien jusque-là.
Les employés de M. Cohen répondent à beaucoup d’appels de planificateurs de congés des urgences, qui renvoient à la maison des personnes âgées à mobilité réduite aux prises avec une côte, une hanche ou un poignet cassé.
« Avec un poignet cassé, on ne peut rien tenir. On ne peut même pas s’appuyer sur le matelas pour sortir du lit », explique M. Cohen.
Les symptômes de démence ou de la maladie d’Alzheimer sont plus subtils. Par exemple, le parent négligera de plus en plus son animal de compagnie ou son hygiène corporelle. Au nombre des comportements plus inquiétants se trouve un type d’errance appelé « fugue », qui consiste à toujours vouloir quitter son domicile. Même si quelques incidents du genre peuvent être considérés comme de simples oublis, il faut rester vigilant pour éviter que la personne âgée coure un danger en omettant de prendre ses médicaments.
Les membres d’une famille qui finissent par admettre qu’un parent a besoin d’assistance au quotidien éprouvent parfois de l’inquiétude et une certaine confusion quant aux soins requis. Qui doit prodiguer les soins? Quelle est la responsabilité de chacun? Quels seront les coûts dans l’ensemble? La situation se complique si la famille est dispersée à l’échelle du pays.
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Il peut souvent y avoir un fort sentiment de culpabilité. Il est normal qu’un adulte n’ayant pas envisagé de consacrer du temps et des ressources à son père ou à sa mère hésite à prendre en charge son parent – malgré tout l’amour et la compassion qu’il a pour lui. Certaines personnes sont tout à fait à l’aise de prodiguer quelques soins, mais d’autres tâches plus exigeantes, comme le bain ou la toilette, sont trop difficiles à gérer pour beaucoup d’enfants, indique M. Cohen.
James Cohen explique que c’est là le rôle de son entreprise. Celle-ci propose toute une gamme de services, du préposé de soutien qui visite le parent à intervalles rapprochés pour s’assurer qu’il va bien et a assez à manger aux aides familiaux résidants qui répondent en tout temps aux besoins de l’aîné. Dans le cadre de ses services, Mavencare offre une application qui permet aux clients de recevoir des mises à jour photo et des rapports d’activité des soins prodigués à leur parent.
M. Cohen ajoute qu’il est déstabilisant de ne pas savoir quels soins sont requis, surtout si une maladie soudaine prend tout le monde au dépourvu ou que le parent âgé a du mal à définir ses besoins. Faut-il opter pour des soins à domicile, comme les services de proximité subventionnés par l’État qui préservent l’autonomie des aînés, ou pour un centre de soins de longue durée?
Par ailleurs, la vente de la maison familiale – où l’aîné n’est peut-être plus en mesure d’habiter – pour payer des services comme les visites d’une infirmière peut s’avérer difficile si les enfants ne s’entendent pas ou que le parent insiste pour rester autonome, explique Domenic Tagliola, des Services-conseils de Gestion de patrimoine TD.
Assurez-vous de pouvoir agir en leur nom
Au moment de prendre la situation en main, les enfants n’ont pas toujours l’autorisation d’accéder au compte bancaire ni même d’acheter les médicaments du parent si celui-ci est frappé d’incapacité et n’est plus apte à donner son consentement pour être représenté par un membre de la famille.
Une procuration relative aux biens ou aux soins personnels est un outil juridique qui aide les familles à soutenir leurs parents lorsque ceux-ci deviennent invalides ou inaptes à prendre des décisions touchant leurs actifs, leurs biens et leur santé 4. Ce document donne aux banques, aux sociétés de cartes de crédit, aux comptables et à d’autres intervenants l’autorisation légale de suivre les directives de la personne (le « mandataire ») désignée par le parent. Sa portée peut varier considérablement, selon le cas, mais les droits qu’il confère sont nécessaires pour permettre à un enfant de prendre en charge les affaires d’un parent malade, affirme M. Tagliola.
Pour ce qui est de la gestion des finances, la procuration relative aux biens est normalement préparée longtemps avant la survenue d’une maladie, mais est valide dès la signature. Des conditions énoncées dans le document précisent les termes auxquels le mandataire – un enfant adulte, un ami ou même une personne morale, comme une banque – peut commencer à agir au nom du parent, ajoute M. Tagliola.
La procuration peut aussi viser les soins personnels, c’est-à-dire le type de soins de santé qu’une personne souhaite obtenir en cas d’invalidité. Elle peut notamment définir les volontés de la personne en ce qui a trait à son hébergement, à son alimentation et à sa situation de fin de vie.
Selon Domenic Tagliola, mieux vaut engager toute la famille dans la préparation des procurations. C’est pourquoi au moment d’établir les documents, il invite les enfants à la rencontre afin que tous les membres de la famille puissent aborder ouvertement la question des soins de santé et de la gestion des actifs.
« L’issue d’une telle démarche est toujours heureuse. Le parent repart en se disant que ses enfants sont plus à même de saisir ses préoccupations. »
Dans tous les cas, le fait de collaborer avec votre conseiller et de discuter des besoins propres à votre famille peut vous aider à gérer les coûts et les défis liés au vieillissement d’un parent, indique M. Tagliola. Vous gagnerez en tranquillité d’esprit, sachant que vous êtes prêts à assumer votre rôle d’accompagnateur au moment venu.
– Écrit par Don Sutton, Parlons argent et vie
- Organisation mondiale de la Santé, Statistiques sanitaires mondiales 2015, 2015, 46. Consulté le 3 mars 2016, http://www.who.int/gho/publications/world_health_statistics/FR_WHS2015.pdf ↩
- Statistique Canada, Guides des plus récents renseignements, Espérance de vie, modifié le 12 septembre 2015. Consulté le 1er mars 2016, www.statcan.gc.ca/fra/aide/bb/info/vie ↩
- Pew Research, Baby Boomers Retire, 29 décembre 2010. Consulté le 12 avril 2016, www.pewresearch.org/ daily-number/baby-boomers-retire/ ↩
- Chaque province a ses propres politiques concernant la prise de décisions au nom d’autrui ainsi que la capacité et l’autorité d’établir des procurations. ↩